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Citations de Jean-Luc Bizien (253)


— Vous êtes attendu avec les autres chefs de groupe, commandant. Réunion des « droits co ».
26Un simple coup d’œil à l’écran de son ordinateur suffit à Le Guen pour consulter son agenda et constater que la réunion ne figurait pas à l’ordre du jour.
Agostini sembla lire dans ses pensées :
— Réunion de crise, on a des nouvelles directives du ministère. Les « gilets jaunes » et des débordements annoncés pour samedi prochain
— En quoi ça regarde la Crim ? soupira Le Guen en écartant son fauteuil.
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Le Guen, comme nombre de ses collègues, avait la nostalgie du quai des Orfèvres. Non pas qu’il regrettât les murs verts antédiluviens, ou certains panneaux d’un jaune immonde fleurant bon les années 1980. Il ne se languissait pas non plus de l’exiguïté des locaux, des bureaux biscornus, tellement réduits qu’ils en devenaient étouffants, 16ni de leur aspect délabré, mais ce bâtiment, aux parois et plafonds d’une blancheur immaculée d’hôpital, était beaucoup trop clinique à son goût. Si les scientifiques s’y sentaient parfaitement à l’aise – on ne se refaisait pas ! –, les flics de la génération de Le Guen émettaient encore des réserves. Ils auraient du mal à s’y sentir chez eux.
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Aux premières heures de l’aube, ils étaient tombés dans les bras les uns des autres, s’étaient donné de sincères accolades en se jurant de se retrouver régulièrement – ce qu’ils feraient, à n’en pas douter : on n’arrêtait jamais d’être flic.
On l’était, voilà tout.
Et on le restait toute sa vie.
Dès lors, comment oublier un collègue que l’on avait côtoyé pendant de longues années ?
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En entrant au 36, rue du Bastion, Jean-Yves Le Guen hésita à ôter ses lunettes noires. Après réflexion, il découvrit ses yeux bleus et cilla sous les néons. Autant assumer les cernes qui ourlaient ses paupières, ses joues bleuies d’une barbe naissante et son teint blafard, digne d’un figurant tout droit jailli de la série The Walking Dead. On ne pouvait pas échapper aux regards des collègues et certains, en l’apercevant, avaient déjà esquissé des moues goguenardes.
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Au vrai, la scène était insoutenable : le défunt, partiellement décomposé, présentait un visage de vieux cuir fripé par les intempéries. Il dardait sur les témoins des orbites vides et ses joues en lambeaux semblaient agitées d’un rire empreint de démence.
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On appela le commissariat du 20e arrondissement. Des hommes de l’Unité de police de quartier Père-Lachaise furent dépêchés sur les lieux. Ils sécurisèrent le périmètre et appelèrent le procureur, qui saisit la 2e DPJ.
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En découvrant à son tour la profanation, le gardien étouffa un juron. Il eut la présence d’esprit de relever l’enfant, qu’il entraîna à sa suite pour le soustraire au spectacle insoutenable.
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Elle s’affaissa, sans plus de résistance qu’une poupée de chiffon.
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La vieille dame se figea soudain. Elle plaqua une main fébrile sur ses lèvres, comme pour contenir une exclamation. Rodolphe voulut la rassurer : il n’était pas blessé. Il allait lui parler, mais elle ne lui prêtait plus attention. Elle vacillait, les yeux écarquillés par l’horreur. Fixant le cadavre exhumé et le cercueil béant. Après un temps qui lui parut interminable, Rodolphe vit sa grand-mère lever la tête. Le cri de détresse de la malheureuse lui vrilla les tympans.
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Prologue
La découverte était si stupéfiante que Rodolphe en oublia la vive douleur qui avait transpercé ses mains et ses genoux quand il avait roulé, cul par-dessus tête, entre les tombes. Son vélo gisait un peu plus loin dans l’allée. Voilée, la roue avant tournait encore dans un grincement déchirant.
Rodolphe avait neuf ans, de grands yeux noisette, des cheveux bruns et bouclés et des joues rondes, en dépit de tous ses efforts pour se vieillir et ressembler à ses grands frères. Le front creusé d’une ride profonde, encore hébété par sa chute, il fixait la silhouette allongée devant lui. Sans parvenir à détacher les yeux du regard vide, plus sombre qu’une coulée de nuit, de ce rictus ignoble qui déformait sa bouche et de la… chose fichée entre ses lèvres.
Rodolphe tressaillit.
La voix de mamie lui parvenait aux oreilles, comme dans un rêve cotonneux.
— Rodolphe ! s’époumonait-elle. Mon Dieu ! Tu aurais pu te tuer !
Alerté par ses cris, le gardien du Père-Lachaise arrivait sur les talons de la grand-mère, bien décidé à rétablir le calme des lieux. Rodolphe releva la tête dans leur direction. Sans un mot, il désigna du doigt 10la dalle écartée dont il avait percuté l’angle, le puits opaque de la fosse, le cercueil dont le couvercle avait été arraché… et la dépouille abandonnée à terre.
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Il esquissa un sourire en songeant que ce rituel l’apaisait, à chaque fois. Il se figura la manie d’Ulysse, qui ne pouvait s’empêcher de triturer sa casquette quand il était concentré ou joyeux. Le visage de Léonce et son cérémonial de la pipe, qu’il récurait et bourrait avec application quand il lui fallait réfléchir, lui apparurent soudain. Bloomberg revit défiler la silhouette d’Antonin dans son bureau, quand il faisait tourner le pommeau de sa canne chaque fois que la colère le submergeait…
Il sut d’instinct que le sujet de réflexion du jour était là et, de son écriture élégante, inscrivit « Rituels et manies diverses » en tête de page.
Passant une main sur ses joues, il fit crisser sa barbe.
Par où commencer ?
Chacun était sujet à ce type de comportement et développait, selon sa nature et sa sensibilité, un cérémonial intime qui lui permettait de conserver le contrôle…
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Sarah avait devant elle les plans détaillés des souterrains qui couraient sous la capitale. Un incroyable réseau de galeries et de cavernes, qui étendait sa toile sous les rues de la capitale, dessinant un monde parallèle, voué à la nuit perpétuelle.
Sarah en demeura estomaquée.
Pour quelle raison l’aliéniste avait-il demandé ces plans ?
On racontait tant de choses à ce propos que l’on ne savait plus vraiment ce qui, des légendes ou de la vérité, l’emportait. On évoquait à voix basse des messes noires, des cérémonies impies organisées par des fous. On affirmait avec des mines effarées que certains n’hésitaient pas à s’y enfermer pour invoquer les esprits. On disait aussi que des groupes politiques y fomentaient la révolte. On murmurait parfois que les morts, fâchés de voir leurs ossements profanés, se levaient pour se venger, frappant sans discernement tous ceux qui osaient troubler leur repos éternel…
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Le mensonge ?
Épineux sujet.
Pourquoi le mensonge me plonge-t-il dans une telle rage ? Pourquoi ne suis-je pas capable de l’analyser pour ce qu’il est : un simple déni, une fuite de la réalité ?
Le mensonge, quel qu’il puisse être, me cause souffrance. C’est à la fois une insulte à mon intelligence et la preuve d’une défiance à mon égard – sans doute est-ce là que le bât blesse.
Lorsque l’on me conte des sornettes, je le perçois vite – sur-le-champ, dans la plupart des cas. J’ai toujours eu cet instinct qui me permet de saisir ce qui, dans une fable, relève de la pure fantaisie.
Bien sûr, certains menteurs sont plus doués que d’autres. Ils inventent des histoires plus souvent qu’à leur tour, savent masquer sous un visage lisse et des yeux transparents les pires fourberies…
Mais ils ne parviennent pas à m’abuser longtemps.
Je lis le mensonge.
Je le sens, je le devine.
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Ainsi allait Paris ! Autrefois, on pouvait s’y promener sans risquer une mauvaise rencontre… Hélas, trois fois hélas, les choses avaient changé aujourd’hui. La sécurité n’était plus assurée nulle part, les agressions se multipliaient et – il fallait avoir la lucidité de le constater – tout allait de mal en pis, malgré les efforts redoublés de la Sûreté.
Et ça n’était pas l’inspecteur Desnoyers qui le contredirait ! Léonce croisait parfois Simon Bloomberg dans le quartier Saint-Michel. Les deux hommes, que les tragiques événements de l’Exposition universelle avaient rapprochés, prenaient alors le temps de boire un verre à la terrasse d’un café. Ils parlaient sans faux-semblants de leurs métiers respectifs et s’accordaient sur un point : l’Homme ne s’améliorait guère. On assistait même à un phénomène fascinant : plus le progrès lui offrait confort et avancée, plus « l’animal humain » en revenait à des pensées primitives, à des comportements relevant de la sauvagerie…
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Antonin Genest confessait des accès de folie violente... et voilà que sa femme, Clémence, venait lui montrer les horribles dommages qui en résultaient.
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L'allumette de sûreté, capricieuse, refusait de s'enflammer. Une seconde tentative, pourtant lente et appliquée, demeura infructueuse : une fois de plus, la petite baguette à tête de chlorate frotta le support nappé de poudre de verre sans s'embraser.
Simon Bloomberg réprima un claquement de langue excédé. Il s'efforça au calme, dans l'espoir de contenir la boule d'angoisse qui prenait naissance dans sa gorge. Après avoir rangé avec soin le grattoir dans la poche de son manteau, l'aliéniste passa la main sur son visage moite. Il dut s'éponger au revers de sa manche pour se débarrasser des gouttes de sueur qui brûlaient ses yeux.
Le médecin était transi de froid, mais suait d'abondance. Il grelottait, ses jambes étaient la proie de tremblements convulsifs et son cœur s'emballait...
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C'était un très bel hôtel particulier, campant au milieu de la rue Notre-Dame-des-Champs, à un jet de pierre des jardins du Luxembourg. La bâtisse offrait à la vue des passants une façade sobre, lumineuse, à la silhouette élancée. Un regard inquisiteur aurait en vain tenté de percer la frontière de ses rideaux légers : le savant agencement de voiles ne laissait pénétrer que la lumière du jour. On en était donc contraint à imaginer l'intérieur, et les avis ne manquaient pas, tant le voisinage se plaisait à développer la question. On évoquait de vastes espaces, comblés par des meubles précieux. On ne supposait rien d'autre qu'une ambiance feutrée. On jalousait le calme, le luxe, la volupté de l'endroit.
Souvent, on surprenait les heureux propriétaires quittant leur logis douillet pour se rendre, bras dessus, bras dessous, dans le jardin où, aux beaux jours, il faisait si bon flâner.
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Tel un enfant qui, dans un accès de colère, fracasse le jouet qu’il adore par-dessus tout pour ensuite pleurer toutes les larmes devant l’ampleur des dégâts, Antonin Genest s’applique à briser ce qu’il a de plus cher : sa femme Clémence.
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Une lueur provenait de la galerie. Quelqu’un revenait sur ses pas ! L’assassin, sans nul doute. Une main de givre étreignit le ventre de l’aliéniste, qui ramassa sa canne-épée, se remis sur ses pieds et bondit vers une faille rocheuse pour y trouver refuge
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 Ainsi allait Paris ! Autrefois, on pouvait s’y promener sans risquer une mauvaise rencontre… Hélas, trois fois hélas, les choses avaient changé aujourd’hui. La sécurité n’était plus assurée nulle part, les agressions se multipliaient et – il fallait avoir la lucidité de le constater – tout allait de mal en pis, malgré les efforts redoublés de la Sûreté.
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