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Citations de Jean-Paul Kauffmann (447)


La marche change radicalement la relation à l'espace et au monde.
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Et, soudain, cette plénitude... Elle m'a envahi délicieusement. Plaisir d'être seul, dans une solitude recueillie, non pas replié mais rassemblé en moi-même au plus profond, dans un mouvement de confiance et d'intimité avec ce qui m'entourait : les nuages' l'air tiède, les saules blancs, les églantiers bordant la rivière.
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Pour rendre hommage à un lieu attaché à un souvenir d'enfance, il faut se remémorer.
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Remonter un cours d'eau abolit tout. Paysages, humains, sensations, ce qui est derrière soi se volatilise presque aussitôt au profit de ce qui va advenir.
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Marcher le long d'une rivière, ce n'est pas se délester, mais, au contraire, se charger du poids de cette eau qui vous tient sous son emprise.
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Jamais, depuis mon départ, la beauté de la Marne ne m'est apparue avec autant d'éclat. Une beauté tragique, un air d'abandon : troncs morts, eau noire, silence oppressant. Les arbres aux ramures profuses plongent dans le courant. Négligée, mal entretenue. Violente. Il y a, dans ce déploiement souverain, une surabondance, une énergie destructrice, mortifère. La force du fleuve charrie dans ses fonds chocs et blessures, un monde nocturne d'anéantissement. La vie semble l'avoir déserté.
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En marchant, les pensées se transforment en idées fixes sans issue; les images, les impressions changeantes nées de la vue d'un feuillage, du vol d'un héron, d'un talus, n'aboutissent pas.
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Je dois presque tout à l'Italie. Une idée du bonheur, mais je n'y jamais cru. J'aime la phrase de Bossuet: "Le bonheur est fait de tant de pièces qu'il en manque toujours une." Comme on dit ici:
"Le doge a ses chagrins, les gondoliers ont les leurs."
Au bonheur, je préfère l'allégresse que me procure chaque séjour dans ce pays. Vision d'un éternel été, sentiment d'une plénitude qui m'envahit aussi bien à la terrasse d'un restaurant le soir que dans un palais ou une église plongée dans la pénombre. J'aime presque tout.
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La France est au travail et je me promène, confiant, humant l'air tiède de cette fin d'été.
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Ce qu'il y a de plus humain dans l'homme, c'est son chien.

un humoriste anglais cité page 215
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C'est ce qui m'a attiré à Longwood : la révélation de l'homme désarmé au milieu d'un décor immuable. Longwood est un lieu vivant. Les fantômes de la captivité sortent des murs et repeuplent cette maison compliquée, embarrassée de corridors et d'appentis. Pourquoi cette étrange construction laissée à l'abandon a-t-elle l'air si vraie alors que le plancher, les menuiseries mangées par les termites ont été plusieurs fois remplacés ? Parce qu'elle est conforme à l'idée que l'on se fait de l'ennui, de l'exil et de la mort. Le passé n'y est pas aboli. On le sent accompagné d'idées fixes, de manies. La démence rôde dans ce décor absurde. Ce surgissement des temps anciens a quelque chose de terrifiant. L'histoire s'est déposée à la manière de particules solides en suspension. Ce précipité, phénomène chimique bien connu, est visible dans chaque pièce. Un secret se cache tel un corps insoluble dans la moiteur de Longwood. Les murs recèlent le mystère de la relation qui nous unit au passé.

page 21 - prologue
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L'entassement est ici la condition naturelle du touriste. Sur le bateau, comme dans les rues étroites, il permet aux humains de s'examiner à la loupe. Venise est l'un des seuls endroits au monde où on a tout loisir d'étudier ses semblables sans paraitre indiscret. Je ne me lasse pas d'observer avec avidité l'émerveillement du voyageur qui découvre la ville pour la première fois. Son incrédulité.Un effet de saisissement empreint de naïveté.
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La rémission des péchés est une invention géniale. Il n'y a aucune faute, aussi grave soit-elle, qui ne puisse être remise. Avec le catholicisme, on trouve toujours des arrangements.
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Première rencontre avec Hudson Lowe

Les deux hommes se font face. Pas de témoins. Comme à son habitude, Napoléon tâte le terrain, passe d'un sujet à l'autre, pose des questions en apparence incongrues. Savoir à qui on a affaire. A l'ancien chef des Corsican Rangers, il demande ce qu'il a pensé des habitants de son île. Est-il marié? Quels sont ses états de service? Et l'Egypte? Toujours cette nervosité, cette fébrilité de l'intelligence à la recherche d'un indice. Sentir l'adversaire à partir d'un regard, d'une repartie, peut-être d'une odeur - les odeurs donnent des avertissements. A-t-il flairé quelque chose de suspect chez Hudson Lowe ? Lui qui voit si vite sous la surface humaine la vraie nature des êtres a du mal à mesurer le "tirant d'eau" du personnage. Le "tirant d'eau" : une expression qu'il affectionne. Premier chef moderne, il a besoin de quantifier, de jauger, de passer son monde à la toise. Après le départ de Hudson Lowe, il se contente d'affirmer : "Ce nouveau gouverneur parle peu mais il paraît poli."

page 109
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"Remonter la Marne, ce n’est pas revenir en arrière et pleurer le passé, mais au contraire se perdre, chuter pour mieux renaître.

Aller dans le sens inverse du courant est un choix qui d’emblée s’est imposé à moi; je n’ai pas songé un seul instant à partir de la source. Le fleuve qui s’écoule est tellement associé à la direction du temps- à l’instar de la flèche qui indique un sens irréversible-que je me demande si cette idée d’aller à contre-courant ne traduit pas un désir inconscient de revenir en arrière, au début. Une anabase, un retour, une expédition vers l’intérieur, remontée aventureuse vers la patrie perdue que vécurent les Dix Mille au temps de Xénophon.Tout, dans ce voyage, invite à la réversibilité.La rivière descend inexorablement vers sa disparition, j’avance vers son commencement. Hölderlin note que "la rivière n’oublie jamais sa source car, en s’écoulant, elle est la source d’elle-même."
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- "Le cimetière d'Eylau" par Antoine-Jean Gros

C'est à 10 h 30 du matin que se produira la catastrophe. Pour soulager Davout, Napoléon fait donner le corps d'Augereau déployé au sud du cimetière. A cet instant, une soudaine tempête de neige soulève la plaine. Les soldats d'Augereau qui par vent d'est reçoivent de plein fouet les flocons dans les yeux, sont aveuglés. Déviée dans sa trajectoire, la masse des fantassins se présente devant l'artillerie russe. Les six mille cinq cents Français reçoivent à bout portant la mitraille des soixante-douze canons ennemis. Une brèche énorme s'est ouverte dans le dispositif ....

Lors de la Débâcle en 1940, tous les tableaux du Louvre furent évacués. Les convois s'immobilisaient parfois au milieu du flot des réfugiés. "Le cimetière d'Eylau" effrayait. L'immense toile avait été roulée et dépassait d'un camion comme un long tube. Les gens croyaient que c'était un canon de DCA destiné à répliquer à l'aviation allemande (voir Le front de l'art de Rose Valland). Ils se représentaient l'objet comme une menace.


page 158 - NdL : cette bataille d'Eylau donne la chair de poule
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"Il entre dans la politesse d'un voyageur de se donner un but en voyageant", note Stendhal dans son Journal. Je dois être un voyageur mal embouché. Sans objectif ni véritable détermination, un mufle de l'errance. Le voyage comme révélation , dévoilement ou réalisation de soi-même : je n'ai jamais cru à ces fadaises. On ne visite pas un pays étranger pour se connaître, mais, en principe,pour aller à la rencontre de l'inconnu, éprouver autrui.
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Un livre, s'il ne nous reste que la surprise d'une image, une fragile présence au monde, un trait inédit chez un personnage, c'est déjà gagné. Il suffit de peu, d'un signe, d'un rien _ une misère _ pour qu'une œuvre nous interpelle, s'imprime et fasse événement. Une telle expérience est bien plus rare qu'on ne le pense. Que de livres font nous sortons indemnes ! Ils ne créent chez nous aucun dommage. Nous passons au suivant. Mais le chef d'œuvre complet, absolu, qui déstabilise, emporte l'adhésion sans restriction et métamorphose une vie...
Ces livres-là se comptent sur les doigts d'une main.
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Sous la Terreur, les cadavres des rois de France furent extraits de leurs tombeaux à Saint-Denis. On dégagea ainsi la dépouille d'Henri IV, parfaitement conservée, qui fut dressée contre un pilier. La foule arrachait des poils de sa barbe blanche pour les garder en souvenir.
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...Après trois années d'enfermement, j'ai besoin de la démesure de ce paysage, ponctué par des vides au milieu des pinèdes mais jamais borné."

..."Dans le calme du soir, les grands pins noirs renvoient vers la maison une odeur profonde de sous-bois. Une odeur qui souligne un silence duveteux et régalant. Le contraire du vide, du manque. Un silence vivant, balsamique..."

..." Le pin est l'arbre de l'élévation et du dépassement. Une forme de transcendance obtenue non pas par la rectitude mais par la courbure. Sa fausse verticalité maintient en suspension le paysage. Son balancement n'appuie pas sur le surface plane."

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