Jean-Paul Nozière

- Lili, venez voir, répéta Vlad, puis il recommença, retrouvant le tutoiement naturel qu'il employait lorsqu'ils n'étaient que les deux.
- Lili, viens voir ce que j'ai trouvé.

L'adjudant-chef Lili Rigosi se retourna.
Elle s'aperçut que Vlad se tenait accroupi auprès du cadavre.
La main droite de la victime, jusque-là fermée et posée sur le ventre, s'était ouverte en tombant le long du corps.
Elle contenait un objet. Lili s'approcha. Une pièce d'un jeu d'échecs. Un fou.

Lili jeta la lettre dans la boîte en haussant les épaules. Pas de signature, sinon un dessin représentant une pièce d'échecs, une reine (...)

Lili consulta sa montre. 23h30. Elle devait absolument dormir, maintenant.
Le téléphone sonna. Lili tressaillit. Le téléphone, aux alentours de minuit, indiquait un pépin.
Elle décrocha.
- Chef, claironna la voix de Marc Balu, le permanencier de cette nuit-là, il faut que vous descendiez. On a un os. Un assassinat rue Molière. Vlad vous attend pour les constats.

(...) Deux gendarmes de la brigade barraient l'accès à l'immeuble, six étages plus bas.
(...) L'immeuble, réveillé, grondait de rumeurs extravagantes.
Un assassinat. Non, plusieurs. Une prise d'otage. Un attentat.

les quatre premiers mois de1691, on ne faisait plus le travail pour lequel l'armée était la-bas, c'est à dire combattre les fells. Ma section du 54ème R.I. avait reçu la mission de surveiller les fermes qui existaient encore dans le coin. Dieu merci, il n'en restait guère, soixante pour cent des terres appartenaient à la compagnie genevoise, et eux, avec leur quinze mille hectares, ils se débrouillaient à peu près seuls, sans recours à l'armée. Le F.L.N menaçait les autres fermes : incendies des bâtiments ou des récoltes, assassinat des propriétaires, de leurs ouvriers. Les fells agissaient la nuit et massacraient tout ce qui se présentait sous leur fusil, les bêtes comme les hommes. Alors, on nous a envoyés faire un boulot de policier : garder les fermes jour et nuit, protéger les travaux dans les champs, etc. Les fermes que les Arabes menaçaient, entre nous, on les appelait Alamo.

“Les légumes doivent toujours être bien en terre si on veut qu’ils poussent. C’est le b.a.ba du jardinage, mon chéri. Tout ce qui est bien en terre pousse admirablement et un beau matin tu aperçois la tête de la carotte qui point son nez. Un miracle de la nature dont on ne se lasse jamais, tu verras.” Ce même printemps, Héloïse, la mamie de LinLin, était morte dans un accident d’auto. Du vent dans la tête ou pas, il voyait bien, chaque fois qu’il accompagnait sa mère au cimetière de Sponge, que sa mamie, pourtant bien en terre, ne repoussait pas. Aucun miracle de la nature ne l’autorisait à pointer son nez hors du trou infect dans lequel on avait couché Héloïse Quitani. N’importe quel crétin comprenait que la quantité ahurissante de terre jetée dans le trou étouffait définitivement sa mamie.

-Le Ramadan de la parole de Jeanne Benameur-

Je fais le ramadan de la parole.
Aucun mot ne sortira plus de ma bouche. De mon lever à mon coucher. Et tant pis pour le soleil. Je ne parlerai plus qu'à la nuit.
Parce qu'à la nuit, personne ne m'empêchera de parler comme je le veux, de dire ce que je veux.
Parce qu'à la nuit je vais à la fenêtre de ma chambre, je regarde le ciel. et je parle. Libre (p.13)

- Je ne la [l'étoile jaune] porterai pas, dit Louis, les dents serrées.
Son regard affrontait celui d'Hannah, tant il était certain que sa mère se présenterait au commissariat de police.
- Non, personne ne la portera, dit Abraham. Seuls les animaux qu'on s'apprête à abattre sont ainsi distingués du reste du troupeau.
Il s'exprimait d'une voix neutre, mais dans ses yeux bruns luisait l'éclat de la haine.
- Les Français ne laisseront pas faire ça, murmura Hannah, atterrée. Demain, il y aura des manifestations, des protestations dans les journaux, je ne sais pas moi, des...
- Rien ! Il n'y aura rien du tout ! coupa Abraham.

...la souris est à la bibliothèque ce que l'iceberg est au Titanic.

Lire, c'est une fabuleuse façon de s'isoler, même si les bouquins sont aussi des passerelles vers les autres.

Tres beau livre je viens de le finir bref a lire je le nseille mais pas fortemen

Ayant a peu près le même âge que l'auteur et ayant souffert moi aussi d'une énurésie persistante toute l'enfance et une bonne partie de l'adolescence, j'ai retrouvé pas mal de mon propre vécu.
Ca devenait ma préoccupation unique et celle de ma famille.
J'aurais aimé lire ça étant ado, et aussi le faire lire aux moqueurs...A l'époque la seule référence "littéraire" sur le sujet était "Poil de carotte" de Jules Renard
Tu seras la risée du monde, est bien meilleur !

" Nous somme juifs, voila tout"

I y a des moments où il faut choisir entre vivre sa propre vie pleinement, entièrement, complètement, ou trainer l'existence creuse du monde. Cela te fait peur mais tu es juste en train de grandir, ..

Linlin détestait les gosses. Ils jouaient au foot sur la plage. Hurlaient. Se battaient. Se conduisaient le plus souvent comme des sauvages. ils l'insultaient. Cinglé. Toqué. Maboul. Dingue. Tordu. Neuneu. Mongol. Un dictionnaire entier auquel Linlin ne prêtait guère attention.

la guerre faisait rage et je n'avais pas d'autre choix que de m'y engager pour sauver ma patrie

De toute façon, je serai écrivain. John Steinbeck en mieux, un Steinbeck qui inventera une solution pour épargner Lennie.

Une canicule épouvantable régnait depuis trois jours.

Elle préfigurait les futures catastrophes climatiques, déclaraient certains scientifiques, avec des regards ricanants qui disaient "depuis le temps qu'on tire en vain la sonnette d'alarme !"

D'autres, moins pessimistes, constataient que la même canicule avait asséché les rivières et les lacs, dix ans auparavant, sans que l'espèce humaine n'ait disparu pour autant.

Aimer est le plus faux jeton des verbes de la langue française.

Je revivais une version moderne de la Belle et la Bête. Sauf que, dans les histoires d'amour, avoir douze ans, c'est pire qu'être moche.

On ne rigole pas avec l'amour, qui doit être comme un excellent plat créole : on ne s'empiffre pas à toute allure sur un coin de table.

– C'est quoi, cinquante millions de dollars ? demanda Djodjo, aussitôt les soldats partis.
– Cinquante millions de problèmes et autant de dangers, répliqua Pa.