Citations de Jean-Philippe Depotte (124)
Le XXe siècle est un train plus rapide, et à peine sur le marchepied le temps se met à filer.
Tu es comme les autres. Tu ne vois d'elle que son physique de succube. Les hommes sont tous les mêmes. Qu'ils sentent se refermer sur eux le pouvoir d'une femme et ils crient à la sorcière. J'ai bien vu comment les hommes la regardent. Des phalènes autour d'une flamme. La sorcellerie, elle est dans leurs yeux impudiques. Jusqu'au jour où l'un d'eux, plus faible que les autres, ira la pendre ou la brûler.
Les meilleurs informations se débusquent à la frontière de la légalité.
- C’est vous qui avez coupé le cadenas ?
- Ah… Oui, j’avais oublié la clé.
- Tu parles ! Vous aviez oublié la clé, mais pas votre pince monseigneur !
Les poches, ça déforme le tissu et ça ruine l’art de la couturière.
On se croit maline. On se croit plus intelligente que le reste de la terre. Et puis on se fait doubler.
La religion je devrais m’en méfier : c’est un tribunal qu’on ne pourrait pas berner.
L’argent attire toutes les forfaitures.
L’écriture japonaise à le pouvoir de faire vivre les idées.
C’était ça le problème de l’agent Robiquet. Avec son ventre de femme enceinte et ses pieds plats, avec son vélo cassé et sa robe lie-de-vin, il possédait tout l’attirail de l’attardé congénital. Le berlaud emblématique qu’on a vite fait de tenir pour grandeur négligeable. Et paf ! Voilà qu’au détour d’une phrase, il vous sortait un raisonnement d’académicien.
Après un tel drame, les autorités, souvent, on besoin d’une belle histoire. Un héros est plus utile qu’un coupable pour sécher les larmes.
On a toujours intérêt à s’enrichir du bon goût des artistes.
Ils n’aimaient pas ça, les bourgeois : la liberté d’une fille du XXe siècle, les cheveux au vent ; parce que même pour la nuit de noces, leurs bourgeoises, elles n’osaient jamais rien !
-Cela fait plus de dix ans que plus personne n'a rencontré le roi des Auxcriniens. Il n'existe plus. Victime de la limite du monde qui recule toujours davantage. Victime des lumières des hommes. Des hommes dont l'imagination n'est plus à la hauteur du monde que Dieu leur a confié.
-C'est bien ce que je pensais, s'amuse Philibert. Je les vois d'ici vos marins terrorisés par la tempête, accrochés au bastingage et prêts à reconnaître dans le premier calamar les traits de votre monstre sorti des flots. C'est malheureux pour la légende, mais depuis que vous leur avez appris à naviguer par gros temps, ils ne voient votre fameux roi des mers. Tous les enfants, en grandissant, en font la douloureuse expérience : le monde est moins beau quand il devient plus simple.
- C’est sûr que la mort d’un homme, ça peut impressionner. C’est pour ça qu’à la police, on a des formations.
- C’est la loi du métier… Les bourgeois connaissent les filles et puis, de temps en temps,ils laissent un mauvais souvenir en partant. Un souvenir du genre qu’on met neuf mois à oublier.
Oui, elle en avait commis, des arnaques et des coups pendables. Jamais de vol – ah ça non ! - parce qu’il y a la loi qu’on peut bien contourner, mais il y a aussi la morale qui nous fait marcher droit. Et la morale, Marie-Antoinette ne l’avait jamais écornée. Son domaine, c’est le petit trafic, c’est-à-dire une simple extension des lois du commerce. Une once de neutraline dans la graisse à boudin, du rouge de betterave dans la gelée de groseille : tout ça prête à sourire plutôt qu’à condamner.
Les professions techniques, c’est comme les instruments de musique, on a vite fait de perdre le doigté.
Il accordait trop de dettes à ses patients, Louise le lui reprochait assez. Mais n’avait-il pas promis de guérir tous les malades lorsqu’il avait prêté serment ? Il n’avait pas précisé que ces patients devaient être riches. Et un serment est un serment.
- Marie-Antoinette, je te prie. Je t’ai déjà dit de m’appeler en entier. J’ai un prénom qui n’aime pas qu’on lui coupe la tête !