Citations de Jean-Philippe Depotte (124)
La vie d’un homme ne pèse pas grand-chose. Seule importe la vie des idées. Les faits surviennent, les événements se produisent, et puis l’instant d’après ils n’existent plus. Mais l’idée qui en reste, elle, est immortelle. L’idée qu’on se passe d’une âme à l’autre avec une telle légèreté. Juste un mot, un geste, parfois même le silence suffit à transmettre ce que l’on sait.
Quand on arrive à l’essentiel, il n’y a plus besoin de multiplier les mots.
- Quand j’étais jeune, à Cracovie en Pologne, j’ai vu mourir des gens, j’ai vu mourir des femmes, j’ai vu des soldats russes sabrer les innocents des manifestations libérales.
- Ah… Vous êtes polonais ? C’est donc ça votre accent ?
- Souvent, vous savez, je pense à ces soldats russes. Je les plains. Comment peut-on vivre après avoir tué des innocents ?
Le travail, ça se respecte.
Y a que les bourgeois pour voir de la noblesse dans l’esclavage.
Les pedros de la porte 35 – elle les appelait ainsi parce qu’ils bossaient à la toiture du pavillon du Mexique – les pedros l’avaient laissé entrer en douce contre un fourniture de gelée de groseille. Son copain Fernand, de la pharmacie Geiger, lui en fournissait un pot à la demande : une base de pectine colorée à la betterave rouge, solidifiée à la gélatine et remontée d’une pointe d’arôme framboise. Le tout à moins d’un franc le litre. Elle en avait retenu la formule parce qu’elle aimait les mots savants et qu’elle avait promis à Fernand que si elle avait une fille, un jour, elle l’appellerait Pectine. Cet idiot de Fernand avait prit ça pour une avance et la discussion avait tourné court. Faut faire gaffe à ce qu’on dit avec les jouvenceaux ! Bref, les pedros n’étaient pas dupes, amis la sucrerie les contentait. Elle leur rappelait le chaudron à confiture de leur campagne aveyronnaise – car en vérité, ils n’avaient jamais mis les pieds au Mexique. Voilà pour la recette du laisser-passer de la porte 35.
Le remords est le pire ennemi de la corruption.
La négligence est la mère de toutes les catastrophes !
Au Japon, voyez-vous, il n’y a pas de honte à servir, il n’y a pas d’orgueil à commander.
- Vous avez vu ? Non, mais vous avez vu ? C’est incroyable. C’est mieux que l’imagination !
- La beauté de cinéma… cabotina Méliès.
- Ceci est un traité moderne de chimie d’investigation. C’est écrit en anglais. Je l’ai acheté il y a deux mois – j’y ai passé toute ma paye – parce que j’ai entendu dire que la préfecture de Paris inaugurait un laboratoire scientifique dédié aux affaires policières !
- Les argousins font des études, maintenant ? Je croyais qu’ils ne savaient pas lire !
- Vous plaisantez, j’espère.
La modernité, ça n’a jamais empêché la vicelardise !
Dans le petit peuple, on a des règles que les grands n’ont pas.
La science corrompt l'imagination des hommes. Il y a mille ans encore, de merveilleuses créatures hantaient les terres et les océans. N'ont elles jamais existé comme l'affirment ces hommes de science depuis que la Terre s'est mise à tourner ? Si, Elles ont existé. Et elles ont disparu à mesure que la science a convaincu les hommes qu'elles n'avaient pas leur place dans leur monde.
Un homme, on l’enferme. Un homme, on le tue. Mais qui peut saisir une idée ?
- Un sabotage, vous n’avez pas honte ? C’est votre Américain qui paie la besogne ? Un gars qui s’achète des manteaux à col vison, ça doit payer grassement !
- Je ne fais pas ça pour l’argent.
- Alors c’est encore pire ! Pour l’argent c’est du besoin, ou à la rigueur de la cupidité. Pour des noix, ça devient carrément du vice ou de la malhonnêteté..
Règle numéro 1 : brouiller les cartes en s’incluant soi-même dans le camp de l’agresseur.
Règle numéro 2 : flatter, flatter, et se déprécier soi-même pour flatter mieux encore.
Règle numéro 3: connaître son ennemi et exploiter ses faiblesses.
Règle numéro 4 : quand on a touché la cible, confirmer l’estoc.
Règle numéro 5 : laisser faire le silence.
- Ah, vous êtes une artiste ?
- Vous allez finir par me vexer ! Et puis d’abord, on dit créatrice de mode ! Vous savez que la mode est le nouvel art du XXe siècle.
Y a Marie-Antoinette. Y a l’avenir et y a l’Exposition Universelle ! Y a un monde tout neuf qui n’appartient qu’à ceux qui tentent de l’attraper. Ceux qui se donnent la peine de monter plus haut que les autres. Sur une caisse à charpie et deux-trois tonneaux de Satinex.
La famille, c’est bien, c’est la gratuité ; mais c’est aussi les obligations.