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Citations de Jean-Pierre Duprey (56)


Donnez-moi de quoi changer les pierres,
De quoi me faire des yeux
Avec autre chose que ma chair
Et des os avec la couleur de l'air ;
Et changez l'air dont j'étouffe
En un soupir qui le respire
Et me porte ma valise
De porte en porte ;
Qu'à ce soupir je pense : sourire
Derrière une autre porte. ..
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  Y. mais peut-être, cette nuit-là, là, apparaîtra à la minute
de derrière les horloges, certain Chevalier Noir, maître d'un
monde sans clef où gît l'Aurore Cristal fusée d'une déchirure
de la nuit possédée qu'un bond ne franchit pas, qu'une main
de feu n'éclaire pas, qu'une porte battante n'ouvrira pas.
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AMÈRE


Au point du jour pisse un brouillard bleu

Il épile un soleil
Et se taille un croûton de jour

Il veut s'asseoir dans un fauteuil
Mais se suicide avant

Désespéré de n'avoir pas ce qu'il n'a pas
le poète
le poète

Il mêle son sanglot au chewing-gum
Et s'ébat devant les grains de sang
Qui habitent son plastron

Il voulut voler les amours perdues
Et les fumer comme des mégots sans goût
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Où que j’erre


Sortir de la mort, sortir de la pluie, sortir du pays,
Sortir du pays, sortir de son pain, sortir de l’ennui,
Sortir du toujours, sortir du jamais, sortir du pays,
Il y a là-dedans quelque chose qui ne me revient pas,
Quelque chose qui me ronge et me découpe. Ah sortir
De sa boue,
Et sortir de sa nuit et de la nuit des autres,
Sortir de sa chance et de sa mauvaise chance,
De l’amer et de l’aigu, de la mer et de la terre (…)
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        UN SAFRAN DE MARS



  extrait 3

  La machine de l'Amour battait la campagne, hâtait
les saisons. L'échelle de son ombre dépassait l'horizon.

  Il y est un soleil et quelques allumettes perdus dans
la boîte du vide…

  Une étoile avec la chair de l'œuf.

  Un grand rideau d'objets. Rien devant et tout APRÈS.
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Dans son coin, l'araignée noire.
Elle file son drame et dort
D'un sommeil de chevelure.
Et la chambre mange ses rêves.
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Jean-Pierre Duprey
Il y a de la mort dans l’air



II

      À minuit sonnant, un vaisseau de marbre entra dans
le port, l’appel des sirènes répercuté par toutes les clo-
ches d’alentour devint comme une révélation pour l’esprit
du vagabond. On vit sortir des squelettes bancals portant
l’insigne des pirates d’Epinal. Des têtes armées de visières,
des pieds torturés, des mains, des yeux sans propriétaire
les suivaient, innombrables petits chiens. Les araignées
conquérantes occupèrent immédiatement la rade et
pendant qu’ils pillaient les magasins, on leur construisit
des baraquements de toile. Les peintres appelés en hâte
teignirent en rouge les voles décolorées du navire de mar-
bre ; ce qui prouve que la mort va jusqu’aux pierres.
                                                                  (14mars 1946.)

/Revue « Seine » 1946
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TOUT ENFANT DANS LA LANDE
A SES VISION


  La fée déguisée en feuillage, tout en elle sent la mer, lac
et ressac. La mer ? d'une enjambée on la franchit. Après la
lumière l'onde est devenue verte. On ne discute pas avec les
morts.
  Apportez la lumière ? Viennent trombes, pics, vals et char-
dons. Le dernier couac est celui du pendu. Hamlet, Hamlet,
c'est moi (to be or not to be). Trombes, sacs, ressacs, carnages,
espoirs tout nus.
  La mare est rouge et sue du sel.
  Je l'adore.
  Jadis elle se fit construire un palais dans la lande. Feux
follets, lutins, nains dans la ville temple, dans la montagne
chaude des bruits et la sarabande s'exténuent jusqu'au silence du coq.
  C'était au temps de la grande prêtresse Lune.

XII-45.
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        UN SAFRAN DE MARS



  extrait 1

  Le maître de l'Amour se maintient au carreau de lune.

Ses yeux, tirés du blanc, découvrent l'ombre de Ce-qui-n'est-pas.
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La lande des au-delà



J’habite l’intérieur de la maison des ombres, aux parois
vertébrées comme la coquille du chien. Chaque nuit,
je m’enfonce un peu plus profondément, selon le rythme
de la grande pendule de légende dont les aiguilles n’avan-
cent qu’à partir de vingt-cinq heures.
Les fenêtres sont laissées à l’extérieur, car la maison est
réversible et des chemins s’enfoncent partout.

JE M’ENFONCE DAVANTAGE, et le monde qui s’allonge
s’écoule goutte à goutte devant moi et derrière moi, en
une rue de sable mouvant.
Et les voix me rejoignent; les paroles retrouvées
contiendront à jamais l’alphabet des anciens passages :
si tu t’endors face au vampire, ton sommeil aura des ailes
noires. […]
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  La fée déguisée en feuillage, tout en elle sent la mer, lac
et ressac. La mer ? d'une enjambée on la franchit. Après la
lumière l'onde est devenue verte. On ne discute pas avec les
morts.
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Où que j’erre


Extrait 2

Sortir de la mort, sortir de la pluie, sortir du pays,
[…]

Sortir de ce pays qui m'assèche,
Ce pays qui me pousse dans le ventre en roses rouges de douleur,
en roses de vie et d'eau de vie, en ombres et en attentes, en silence
 et en amour,
  derrière ma vie, mon rêve et mon identité.
Car moi je veux m'endormir profondément
Et me réveiller plus profondément encore
Dans le sorti du jour, le sorti des transes, le sorti du quotidien, et du
 pain qu'on
  nous mange et de la douleur qu'il faut manger
Pour devenir plus grand, plus lourd et plus dur qu'un jour de travail
Dans l'horizon mal construit de son malheur.
Ah je crois bien, je crois bien n'y voir plus très clair !
Mais : Sortir de son pain, sortir de l'amer, sortir de sa soif
Sortir de l'envers, sortir de l'endroit.
Et du droit de penser que ça vous est égal
De n'avoir plus de droits,
Voilà, voilà ce qui est clair !
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UN SAFRAN DE MARS


Le maître de l’Amour se maintient au carreau de lune,
Ses yeux, tirés du blanc, découvrent l’ombre de Ce-qui
n’est-pas.
« Donnez-nous, disait-on, ce qui manque à l’étincelle
pour faire du bois, ce qui manque à la rivière pour mouler
une forêt de feu ! »
La machine de l’Amour battait la campagne, hâtait
les saisons. L’échelle de son ombre dépassait l’horizon.
Il y est un soleil et quelques allumettes perdues dans la
boîte du vide…
Une étoile avec la chair de l’œuf.
Un grand rideau d’objets. Rien devant et tout APRÈS.
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QUE CHERCHENT LES REGARDS


Que cherchent les regards du ciel au fond du lac
Où dorment des momies ?
Légères se balançant sur le sable bleui
Leurs membres sont des sacs

Je ne suis pas de celles-ci car mes bras qui sont lourds
Ne se détachent point
Mais mes yeux vont au loin et j’ai peur qu’un jour
Ils perdent leur chemin

Il a moins de soucis le vagabond qui part
Souhaitant mourir demain
Quant à moi mon sentier n’est pas pareil au sien
Je veux finir plus tard

Mais le fil qui casse laisse en guise de passé
Des cercueils de bois
Et la mort n’oublie pas qu’elle a pour nous faucher
Une mer de bras



Un jour je dormirai du sommeil dont j’ai peur
Pour ne plus m’éveiller
Je descendrai au fond de ces temps oubliés
Où les sirènes pleurent

Et les très longs voyages repliés dans ma tête
Seront chiffons de rêve
L’archange qui nous garde et sans nous ne s’élève
Sera l’ange de la fête

Puisse durer longtemps le phare du vaisseau
Qui nous porte sur terre
L’abri que se construisent les marins sous les flots
Me semble bien précaire

Allégés de leur poids ils sont bulles de verre
Portés par les anges
Un rêve qui les cogne claque comme une orange
Entre deux bras de mer.
           Juin 46
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I. Qui dirait
CHANSON À RECULONS/B



Un, deux, droit sur l’épaule de son sort,
S’en remettant,
Un petit peu, en petite peau, à petits pas,

Le camarade Ballant
Disait : Je ne m’encombre pas
De ma mort couchée en roue
Dans les anneaux de mon être rond.
Mon affaire est sans prospérité
A la lumière de ce qui est.

Mon affaire a sa personnalité
Dans les anneaux de mon être-roue
En ma personne se couche en rond,
Dans son encombrement personnifié.

Voyez, voyez, et maintenant recommençons,
Le décor a toujours raison.

Voici celui, sans tête, sans pied,
Qui n’en peut plus, qui ne peut rien
Et qui n’y peut plus rien,
N’ayant pour se déplacer
Que le coup de pied.

Voici, voici le Ballant ballotant
Saluez ici le Baîllant bâillonné,
Sans bras, sans pied,
Mais en rond seulement.

Balloté de Rien à rien
Du tout, dans tout complètement ;
Qui n’est que boule et
Qui boule seulement.

Mais comment, mais comment ?

Parce qu’au commencement...
Parfaitement, parfaitement !
Car il faut un commencement et
Recommençons-le par le commencement.
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Sommeil


Extrait 2

Les paupières les rêves fondent comme des bouts de chandelle

Au-dessus le ciel s'anime de zéros

Mais la terre ne marque rien

Et la lune a durci sous mon regard éteint

Tranche d'or tournant à vide

Lueur dépolie

Étape lointaine du ciel

Dans les trous du sommeil tombent les clefs du ciel
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Sommeil


Extrait 1

Je dors la tête pleine d'étincelles

Je dors le cœur gonflé de mies de rêve

Le silence retourne l'haleine sur ma bouche

Et le noir m'ouvre le cerveau

Je dors, la nuit travaille pour moi
Dessous l'oreiller dur perce un fil de sueur
Un doigt lourd retourne un bloc d'acier
Sur les gerçures de mon sommeil

Je dors et je m'écoute en rêve

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  En poésie toute prudence est mortelle.
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Où que j’erre


Extrait 5

Sortir de la mort, sortir de la pluie, sortir du pays,
[…]

Allons, allons, encore un petit verre Jean-Pierre Duprey.
Duprey le mol, Duprey le momo,
Duprey le sec, Duprey le plein
Duprey-la-vie-qui tache les mains
(Comme si vraiment il espérait lui aussi sortir de sa boue et de
 ses mains)
Allons, allons, encore un petit verre, les gars.
Un petit verre de vie, un petit verre de vin, un petit verre de la
 création du monde,
Un petit verre de sang rougi au crayon rouge.
Un petit verre d'amour coloré d'un autre amour prochain,
Avec un doigt du plus mauvais bonheur.
Un excellent cocktail.
Allons, allons, un autre petit verre,
Vous me raconterez vos histoires une autre fois garçons,
Et je vous dirai qui j'aime.
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SILENCE

Silence, haleine douloureuse
Où s'étalent les derniers sanglots des fleurs,
A chaque pas poussé plus avant, on
Reconnaît en toi cette cicatrice
Sans visage d'une étoile
Prise dans le givre.

Et parfois, un court instant de bonheur
Passe et s'en va dans le même souffle,
Ainsi un ange vire de l'aile
S'abat, son extase
Pénètre tout.

(p.263)
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