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Critiques de Jean Rolin (304)
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Ormuz

Ormuz c’est ce détroit qui relie le golfe persique au golfe d’Oman. Une zone à embrouilles ! Wikipédia vous indiquera que 2400 pétroliers y transitent chaque année autant dire que c’est un lieu sous tension, surveillé par une flopée de pays arabes (Iran, Emirats Arabes Unis, Quatar, Sultanat d’Oman, Irak), les Etats Unis sans doute aussi l’Europe… Dans cette zone dangereuse, désertique, surchauffé par le soleil, un homme, Wax, veut effectuer une traversée à la nage. Dès le début, on comprend que cette traversée fut un échec car le narrateur - qui est celui qui doit négocier les autorisations avec les autorités revêches du coin - débute le récit en explorant la chambre du nageur. Tout est dit, et pourtant le roman va faire 217 pages ! Une sorte de roman géographique épuisant avec un souci du détail qui confine à la lecture d’une carte Michelin : les villes, les îles, leurs distances, les falaises, les routes, les noms de lieux… Pour exprimer la complexité de la zone, Jean Rolin nous fournit des descriptions si détaillées qu’elles nous perdent et finalement nous ennuient : qui surveille qui, les bateaux, leurs noms, leur appartenance à telle ou telle flotte, leur commandement, les escarmouches de la zone, des plages brûlées de soleil et salies de mazout, des stations balnéaires à la limite de l’abandon rouillées par le sel, le repas de la veille, la rencontre de tel militaire, le refus de tel autre… J’ai dû m’y reprendre à plusieurs fois avant de terminer ce livre qui a pourtant reçu des critiques élogieuses. Je me suis accrochée pour ne pas passer à côté et de loin en loin j’ai croisé des passages plus convaincants, avec une pointe d’humour. J'aurais aimé savoir ce qui motivait Wax - qui entreprends la traversée malgré ses limites physiques et les interdictions - mais je n'ai rien trouvé qui m'éclaire, je n’ai pas compris son défi, ni ce que voulait dire Jean Rolin. Le livre dans son entier m’a paru plombé par le soleil incendiaire d’un midi de la péninsule arabe… Pas d’ombre, tout est blanchi et desséché par la lumière et le sel.
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Le ravissement de Britney Spears

En dépit de la vénération dans laquelle je tiens Jean Rolin, j'ai été déçu par son dernier opus.

S'il écrit toujours à la première personne, l'auteur se glisse dans la peau d'un improbable agent secret français dépêché à Los Angeles pour aller déjouer le kidnapping de Britney Spears ourdi par une association terroriste.

Certes, la plume de Jean Rolin est toujours aussi vagabonde et toujours aussi caustique. Comme dans ses précédents carnets de voyage, on retrouve l'ironie mordante et l'empathie qui caractérisent ce grand reporter.

Mais, le biotope californien lui convient moins bien que l'Hexagone. Ses errances dans le metro de Los Angeles nous parlent moins que ses déambulations le long du péripéhrique parisien.

Cher Jean Rolin, revenez-nous vite !
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Un chien mort après lui

Lire ce livre est une expérience très étonnante!



Le narrateur, obsédé par les chiens errants, profite de ses nombreux voyages pour aller les contempler aux quatre coins du monde, et collectionne les citations d'auteurs qui leur sont consacrées...



Quand on a dit ça on a tout dit et on n'a rien dit.



Car ce qui est fascinant dans ce court récit est le rapport du narrateur au monde et à son obsession, sorte d'impuissance étonnée, de distance sans recul, le tout imprégné d'un humour doux et un un peu triste.



Depuis que je l'ai lu il y a quelques années, je ne peux plus croiser un chien errant sans être replongé dans l'ambiance de ce livre.
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La Traversée de Bondoufle

Deuxième livre de voyage à pied en temps de confinement. Après Le Pont de Bezons, publié en 2021, qui racontait des escapades de l’auteur le long de la Seine entre Mantes et Melun, le nouveau Jean Rolin quitte la ligne du fleuve pour adopter une figure circulaire autour de Paris. La première et la dernière page se situent ainsi au même endroit.



La Traversée de Bondoufle ne raconte donc nullement une traversée, et ne se passe pas à Bondoufle (commune de l’Essonne), c’est la magie des titres. Il se passe dans les communes d’Aulnay-sous-Bois, de Gonesse, du Thillay, de Bouqueval, de Villiers-le-Bel, de Garges, d’Écouen, etc.



Le but est de suivre la limite entre la ville et la campagne. Faire le tour de Paris d’une manière psychogéographique : suivre la ligne qui marque la fin de Paris. Marcher sur la zone qui opère le passage de l’urbanisation parisienne à la campagne française. Le projet n’est pas nouveau mais il reste intéressant et surtout, c’est un régal de lecture.



Pour parler de ce livre, on est tenté de dresser un inventaire de tout ce que le marcheur rencontre et voit : des champs de maïs, des camps de Roms, des fermes, des cèpes, des prisons, des mosquées, des décharges sauvages, des chemins aux noms incroyables, des chasseurs qui forcent le narrateur, pour ne pas se prendre une balle, à traverser un champ en chantant comme un dément.



La plupart des lieux traversés, Rolin y est allé deux fois bizarrement. Il ne cesse d’écrire « la première fois que suis entré à … » ; « Le fait est qu’un an plus tard, dans les premiers jours d’août 2020, repassant par le même chemin, je constaterai que … » (38) ; « Après deux tentatives de sortie de Cergy par la campagne … » (70). Ces dédoublements fantomatiques ajoutent à l’ambiance globalement mystérieuse et presque fantastique de La Traversée de Bondoufle. On sait que tout est vrai, vérifiable, et pourtant tout est nimbé de poésie diaphane.



Le narrateur est seul (sauf quand il retrouve la mystérieuse "Celui des Ours" qui l'accompagnait dans le précédent récit). Il est souvent seul, parfois invisible et parfois clownesque, burlesque et objet de moqueries. Certaines scènes sont dignes du cinéma muet. Par ailleurs, si l’auteur n’a peur de rien quant à son style, le narrateur a toujours peur qu’un malheur lui arrive, qu’un délinquant l’agresse, qu’une chienne lui morde les mollets. La raison de cette peur est toujours la même depuis les premiers livres de Jean Rolin : il n’a rien à faire là, ceci n’est pas un territoire touristique, ni un chemin de randonnée, il peut gêner par sa seule présence. En témoignent les mots qui figurent sur la quatrième de couverture.



"Car à vrai dire, en cette chaude journée de septembre, il n’y a guère que moi à traîner sans raison dans les parages." La Traversée de Bondoufle, quatrième de couverture.



Chaque court chapitre est un délice de lecture, tout à l’heure j’ai dit régal de lecture, ce n’est pas tout à fait pareil. C’est le style, le phrasé de Rolin, qui fait toute la différence, c’est pourquoi on ne peut pas en dire grand-chose d’intéressant. Il faut citer ces moments où l’on se prend à rigoler à propos de chevaux et de haras :



"… la traversée d’un cavalier. Lequel m’accusa au passage d’avoir fait peur à son cheval, mais sur un ton si outrageusement snob qu’il ne pouvait s’agir que d’une parodie. En m’éloignant dans la direction de Poissy sur le chemin de la Bidonnière, je ruminais l’incident minuscule qui venait de se produire, me demandant si le cavalier avait effectivement voulu rire en s’adressant à moi sur ce ton." La Traversée de Bondoufle, p. 94-95.



C’est ainsi qu’est dressé le portrait d’une France périurbaine qui ne manque pas de charme, qui est un peu dégueulasse par endroits mais qui n’est pas à feu et à sang. Une France où l’on ne rencontre pas grand-monde, au fond, et où les animaux prennent bien plus de place que les humains.



Jean Rolin se fait arpenteur de la limite ville-campagne sans juger, sans fermer les yeux sur les choses désagréables, politiquement incorrectes, mais en essayant de ne pas tenir de discours politique sur les évolutions du pays et de ses territoires. Certains y verront la preuve que le « grand remplacement » est bien en marche, d’autres que le pays est en paix et plutôt harmonieux. Voyez les toutes dernières lignes :



"Dans les jardins se voyaient des cerisiers dont certains étaient chargés de fruits, une circonstance assez rare, cette année-là, en raison des gelées tardives. Et toujours une grande abondance de roses. En approchant de ce bois que la carte au 1/25 000e désigne comme le bois d’Amour, il me sembla entendre des coups de feu, puis j’observai le vol ondulé d’un pic-vert. En contrebas de la route, juste avant le bois, un chemin que je n’avais pas encore emprunté filait droit au milieu des blés." La Traversée de Bondoufle, p. 201.


Lien : https://gthouroude.com/2022/..
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Le pont de Bezons

Un voyage dit "banaliste" le long de la Seine entre Melun et Mantes.

Ce circuit fait au gré des envies de l'écrivain nous fait découvrir des villes, leurs histoires, leur géographie, les rencontres avec des personnages quelquefois hauts en couleur mais quel ennui ce fut pour moi.

Je n'ai pas vu l'intérêt de ce livre classé dans les romans et qui pour moi irait mieux dans récit de voyage.
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Le pont de Bezons

Ce que j'ai apprécié en premier lieu dans ce récit, c'est l'admirable écriture de l'auteur, au rythme ensorcelant, qui sait, par l'utilisation d'anecdotes, de détails, voire d'hypothèses, dépeindre avec méticulosité le présent pour laisser affleurer le passé. Il ressort de ce récit une mélancolie discrète, teintée d'une subtile ironie, parfois dirigée contre l'auteur lui-même.
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Le pont de Bezons

Drôle de livre ....

Plus un guide touristique, un guide qui aurait du être publié par la Fédération Francaise de Randonnée Pédestre !

On voyage avec l'auteur de Melun à Mantes sur les bords les plus inattendus de la Seine.

L'auteur a une telle maîtrise de la langue, une description des sites si précise, qu'on arrive quand même à lire le livre en diagonale. Par contre je ne laisserai pas de pourboire au guide à la fin de l'excursion ! Il ne faut quand même pas exagérer :)
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Le pont de Bezons

Savouré avec grand plaisir ces récits a priori insignifiants qui nous promènent le long de la Seine (théoriquement avec le « projet » de relier Melun à Mantes à pied) principalement dans des zones ignorées des guides, hérissées de grues, machines de chantiers, ponts roulants, par des chemins qui longent des gravières abandonnées, bifurquent devant les clôtures des entrepôts, tous lieux décrits exactement avec la même précision que s’il s’agissait de paysages pittoresques, exotiques ou familiers. Les oiseaux les plus inattendus se nichent dans les détritus, des maisons abandonnées tiennent leurs secrets emmurés ; on rencontre des Roms pêcheurs près d’Athis Mons, des Tibétains campeurs exilés à Conflans. Avec ça, quelques personnages semblent tout droit sortir des bords de Loire de chez Genevoix pour accompagner Rolin sur les rives de la Seine…. Impossible d’expliquer pourquoi, mais ces pages ont toutes un goût de reviens-y qui explique que malgré leur trame décousue on arrive vite, trop vite, à la dernière d’entre elles.

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Le Traquet kurde

Mince ouvrage (171 p) qui commence légèrement comme la vingtaine de grammes de ce petit oiseau et qui raconte la traque de ce passereau improbable en Europe occidentale,  originaire du Kurdistan rappelant l'actualité quand les images du siège de Kobané occupait les journaux télévisés. 



Le narrateur, un ornithologue amateur, intrigué commence sa recherche en Angleterre dans la collection ornithologique du British Museum et y croise les souvenirs d'un étrange personnage Meinerzhagen qui deviendra, plus que l'oiseau, le sujet principal du roman. 





Meinerzhagen, savant et espion, tricheur mais ornithologue réputé fait partie de toute cette compagnie de britanniques, entre Egypte et Route des Indes, qui ont intrigué dans les sérails et les congrès autour de la Première Guerre mondiale. Archéologie et ornithologie étaient des couvertures parfaites pour les Services Secrets. On y croise T E Lawrence, Philby espions de père en fils, les plus connus, mais aussi Thesiger que je ne connaissais pas. Les 100 premières pages du Traquet kurde font penser aux romans anglais, entre Somerset Maugham et Durrell avec ironie, légèreté et humour british. Je me suis régalée de leurs aventures dans un Proche Orient qu'on explorait avec la bénédiction des souverains, ou clandestinement, selon....et dont les mission menaient les savants jusqu'en Espagne pendant la Guerre civile, puis en Allemagne. 



Abandonnant ces espions-ornithologues qui ont offert les dépouilles des oiseaux au British Museum, le narrateur arrive en Irak et cherche son oiseaux au Kurdistan irakien puis en Turquie. La légèreté n'est plus de mise quand il raconte les dévastations de la guerre, les populations sur les routes de l'exil. Randonnée hasardeuse dans les montagnes kurdes : l'oiseau a une préférence pour les altitudes élevées. La piste est abandonnée, peut-être minée mais rien ne décourage l'ornithologue, il note les espèces rencontrées et poursuit sa quête du Traquet. En route, il rencontre aussi des hommes dont un évêque syro-orthodoxe dans un monastère suspendu au- dessus de la plaine dominant Mossoul. Avec ses jumelles, on pourrait le prendre pour un espion....



Curieux contraste entre les deux parties du livre, et pourtant une parfaite cohérence, une lecture agréable. Un livre qui fait voyager. 












Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Les événements

Jean Philippe Rolin, né en 1949 à Boulogne-Billancourt, est un écrivain et journaliste français. Etudiant, Jean Rolin s'investit dans la tendance maoïste de mai 68. Au début des années 1970, il intervient comme représentant de la Gauche prolétarienne à Saint-Nazaire. Journaliste, il a surtout effectué des reportages, entre autres pour Libération, Le Figaro, L'Événement du jeudi et GEO. Écrivain, il est l'auteur de récits de voyage, de chroniques, de souvenirs, de romans et de nouvelles. Paru en 2015, son roman Les Evènements vient d’être réédité en poche.

La France est en guerre civile. Pour venir en aide à un ami qui serait malade, le narrateur doit quitter Paris, au volant d’un véhicule déglingué, et rouler vers le sud. En chemin, toutes sortes de difficultés vont surgir, imputables aux différents groupes armés qui se disputent le territoire, ou aux casques bleus qui s’efforcent mollement de les séparer.

Encore un de ces romans qui me laissent perplexe à la lecture et bouche bée quand je le referme, car honnêtement, je ne le comprend pas. Certes, je l’ai lu jusqu’au bout sans envisager de l’abandonner en route mais seulement parce qu’il est très court. Un roman sans histoire réellement construite et sans fond (message) apparent, ce n’est pas ma tasse de thé.

Nous suivons donc un narrateur (on ne sait qui) partant de Paris avec des médocs (on ne sait pour quel traitement) devant être remis en mains propres à Brennecke, un vieil ami de jeunesse, qui aurait (peut-être) été son amant d’alors, en tout cas, ils formaient avec une certaine Victoria un trio amoureux pas très clair. Cet ami est chef d’un groupe armé, un de ceux (de droite, de gauche ou islamistes ou encore chrétiens) qui se combattent à travers la France, sous le contrôle franchement mou des casques bleus de l’ONU (des finlandais et des ghanéens). Le narrateur donnera ses médicaments à son ancien pote, il recroisera le chemin de Victoria qui lui avoue avoir un fils de seize ans disparu (rejeton qui pourrait être du narrateur ou bien de Brennecke) et qu’elle aimerait qu’il l’aide à le retrouver, du coup ils partent tous les deux vers le Sud, elle se fait enlever (on ne sait par qui), il arrive à Port-de-Bouc, retrouve Victoria en possession d’une valise pleine de fric (venant d’on ne sait où) mais pas le fils (qui n’a jamais existé) et ils se préparent à l’exil vers les Baléares ! Fin de l’histoire, n’oubliez pas de fermer la porte en sortant !

Le texte est fait, le plus souvent, de phrases assez longues avec un excès de détails topographiques ou autres qui n’ont aucun intérêt particulier mais franchement agaçants quand on les oppose au manque d’indications claires concernant la narration proprement dite. Une histoire complètement floue dans des décors extrêmement précis ! La virée, de Paris à la Méditerranée s’apparente à un documentaire de France3 genre Des racines et des ailes, un peu gâché par le fait que nous sommes en guerre (molle, si on se fie à la lecture). Le ton varie de l’humour pince-sans-rire (« Puis par des rues que je n’eus guère le loisir d’identifier, dans la position que j’occupais au milieu de la banquette arrière, les mains menottées dans le dos et la tête sur les genoux… » [L’humour, c’est que tout du long du roman, Rolin nous soule avec les noms des rues, boulevards et places qu’il emprunte !]) à l’ironie critique, seul point positif de cet étrange bouquin.

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Les événements

Au début, l’histoire est assez prenante et renvoie à m’actualité. Puis, assez vite, cela devient très répétitif, quelques anecdotes sentimentales ne suffisent pas à maintenir l’intérêt de la lecture.
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Les événements

La France est en guerre, la plus cruelle, la plus sale : la guerre civile. On ne saura rien des tenants de ces « évènements ». La FINUF (Force d’Interposition des Nations Unies en France) est, théoriquement, garante de quoi, je n’en sais fichtrement rien. Les finlandais et Ghanéens qui la composent s’en moquent royalement et font un léger trafic (faut bien passer le temps). Qui sont les belligérants ? Plusieurs factions de l’ultra droite à la gauche révolutionnaire en passant par les salafistes.

Le narrateur, on ne saura rien de plus sur lui, ni pourquoi il se trouve dans cette galère. Il tient une sorte de journal tout au long de la route qui le conduit jusque dans le sud.

« C'était un des petits plaisirs ménagés par la guerre, à sa périphérie, que de pouvoir emprunter le boulevard de Sébastopol pied au plancher, à contresens et sur toute sa longueur. Ainsi débute le voyage du narrateur au volant d’une Toyota en bout de course, muni de sauf-conduits idoines. Ce pourrait être déchirant, dur, cruel. Non, Jean Rolin manie l’ironie, la mélancolie, le rêve désenchanté. L’itinéraire, les paysages sont prépondérants dans ce livre avec une précision de carte routière ou de guide du routard. Les villes et villages sont déserts si l’on excepte les différentes milices. Un voyage du nord vers le sud par les petites départementales et de l’hiver vers l’été.



Le narrateur restera toujours à la périphérie de la guerre, pardon, des évènements. Pourtant, ce conflit en arrière-plan est omniprésent et je n’ai pu m’empêcher de penser à ce qui s’est passée en Yougoslavie ou, plus lointain, en Algérie.



Le narrateur raconte son odyssée avec, de temps à autre, les commentaires d’une tierce personne qui replace dans son présent les évènements. Le récit tient plus du relevé toponymique des paysages, des villes et lieux-dits traversés que du récit de guerre. Aucun affect, rien qui ressort d’un sentiment quelconque. L’humain, hormis les belligérants en arrière-plan, est absent. Un livre très étrange où j’ai retrouvé la petite musique de Jean Rolin, ce décalage entre l’horreur des évènements et la permanence des paysages traversés où tout semble tranquille, les oiseaux chantent, l’Allier coule, seuls les villages traversés sont déserts.

Par contre, Port de Bouc, citadelle aux noms de rues fleurant bon le communisme d’après-guerre, est très agitée. Là, nous assistons aux combats entre milices d’extrême-gauche (temporairement unies) et Al Quaïda dans les Bouches-du-Rhône islamiques (AQBRI). La guerre existe vraiment dans cette poche.



Un livre très étrange qui peut désemparer, voire plus, comme ma Comète. Cette distanciation, ce grand écart entre l’horreur que sous-tend une guerre civile et l’apparente tranquillité et le détachement du narrateur désoriente. L’absurde, la neutralité, le décalage, l’ironie, le désenchantement sont la marque de fabrique de Jean Rolin. On aime ou on n’aime pas. Moi, j’aime son écriture et son style.

Déjà lu : Chrétiens, Chemins d’eau, Ormuz


Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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L'explosion de la durite



Je me suis régalée à accompagner Jean Rolin de Paris à Matiba, Congo, où sous prétexte de convoyer une Audi vieillissante (celle dont la durite explose) il s'amuse à nous noyer sous les combats internes des diverses factions politiques. Relisant la Recherche, se remémorant Joseph Conrad ou WG Sebald,

rêvant d'être pris pour un agent des services secrets, il nous emmène dans des aventures aussi statiques que prenantes tout au long de trois semaines en cargo. C'est un récit de voyage élégant et plein d'humour, un autoportrait goguenard, où il considère l' Afrique post-coloniale d'un œil à la fois tendre et sans concession
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Ormuz

J'ai lu quelques chapitres. Il ne s'est rien passé.



Des descriptions à n'en plus finir, des phrases interminables...



C'est un roman ? Mortel ! à mourir d'ennui !



J'ai abandonné.

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Ormuz

Dans cet étonnant bouquin, on sait exactement où on se situe géographiquement, il ne manque aucun détail. Pour le reste, par contre, c’est moins clair. Je me suis demandé tout au long de cette lecture où l’auteur voulait m’emmener, j’étais perdue mais je n’ai pas pu décrocher. J’ai navigué au hasard entre les sous-marins, les pétroliers, les porte-avions, entourée d’animaux inconnus, dans des endroits lointains et j’ai aimé ça.



La quatrième de couverture m’avait attirée ; l’histoire d’un type, "Wax, un personnage aux contours indécis", qui "a formé malgré" le danger, "le projet de traverser" le détroit d’Ormuz "à la nage". Y parviendra-t-il, avec l’aide du narrateur et en dépit de difficultés innombrables, ou bien va-t-il plutôt se noyer dans le détroit, pour finir ?"



Lire ce livre n’est pas une aventure facile. Le genre de roman qui ne fait pas rêver, et pourtant tellement bien écrit, hyper réaliste, d’une précision folle, qu’il m’a captivée.



http://levoyagedelola.wordpress.com/
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Chemins d'eau

1 km à pied ça use, ça use,

1 km à pied, ça use les souliers……

Petit problème d’arithmétique :

Si 1 km à pied ça use les souliers, combien de paires de pompes, de grolles, de godasses Jean Rolin a-t’il usées en parcourant 2000 km le long de canaux de France, sachant qu’il a également emprunté les chemins à bicyclette ou les caisses à savon pour touristes à naviguer sur les canaux ?



Certains « font » le chemin de Compostelle, Jean Rolin, lui, s’est offert une dure folie ou un doux enfer, c’est selon l’état de ses pieds, de ses rencontres au bord de canaux. Ce voyage, il le fait en compagnie de Mérimée, de Madame de Sévigné (ah ces petites jersiennes jouant à divers jeux rostopchiniens !), de Toussenel et son guide ornithologique….



De rencontres ronchonnes en merveilleuses découvertes, il parcourt les canaux de France sans passer par la Navarre. Il nous donne à voir la beauté des paysages mais également les pollutions. Le canal du Midi à Toulouse en prend pour son grade tant il a été abimé pour cause d’urbanisation. Nous passons par les banlieues industrielles, de moins en moins industrieuses et de plus en plus abimées et sordides.

« Au matin, sous le crachin qui estompe au loin la silhouette de la centrale thermique de Pantegnies, la ressemblance d’Aulnoy avec Belfast est encore plus frappante ; il n’y manque même pas les enseignes invitant à consommer de la Porter, ni les signes extérieurs de la foi, sous l’espèce de petites cages où l’on enferme des statues de la Vierge Marie. »



Jean Rolin est un poète de tous les jours, un peintre littéraire. Sa plume se fait tantôt poétique, tantôt paysagère. Oui, Rolin est un écrivain paysagiste, qui regarde les canaux, leurs habitants, les villages riverains dans le fond des yeux. Et nous les restituent avec sa verve, son humour, sa poésie, ses grondements pour ne pas dire ses gueulantes.

Dans ce livre, comme dans d’autres ouvrages, il décrit le quotidien, ses micro-aventures, ses rencontres. Ainsi sa description du canal de Briare, de sa gironde charcutière, son pétulant vieillard : « Nous y fûmes magnifiquement traité par une charcutière ronde et fraîche comme il sied à une dame adonnée aux pâtés et aux rillettes, puis fort bien accueilli dans un bistrot où nous allâmes aussitôt, sans aucune retenue, dévorer ce que venait de nous débiter a susdite charcutière, enfin reçu comme le fils prodigue par un long, mince et pétulant vieillard, coiffé d’une casquette de marinier juste assez usée pour n’avoir pas l’aire d’une pure fantaisie vestimentaire, que nous avions élu pour nous renseigner sur l’état du halage pari le lot habituel de pêcheurs. »

« La nuit, le spectacle est peut-être encore plus déconcertant qu’au grand jour : au-dessus d’une mer d’ombre exhalant des coassements, des crins-crins de grillons et de lointains frémissements de feuillage, le pont-canal, bordé d’une double haie de réverbères en fonte, ressemble maintenant parfaitement à quelque avenue de cauchemar, absolument déserte, éclairée somptueusement mais en pure perte, lancée dans le vide et ne menant nulle part, ou Dieu sait où. » c’est vraiment cela !!

Merci Jean Rolin, pour votre description peinture du « Latéral à la Loire » et du « Nivernais ». Je m’y suis bien retrouvée. Lorsque je reprendrai le chemin de halage pour faire quelques photos, je penserai à vous. Depuis la première parution de votre livre en 1980, quelques petites choses ont changé car nos élus prennent conscience de la valeur aussi bien touristique (surtout) qu’écologique des canaux et prennent soin d’eux.



Un livre à surtout ne pas lire d’un seul trait, mais faire des escales, fermer les yeux, le reprendre plus tard. En faire un voyage immobile. Les mots de Jean Rolin s’y prêtent bien.

Un bon moment de rêverie et de poésie.



Jean Rolin, je vous ai découverte avec « Chrétiens », heureuse de vous retrouver sur ces « Chemins d’eau » et « Le ravissement de Britney Spears » m’attend.


Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Les Papillons du bagne

L’auteur découvre un livre de Katherine Mansfield dans sa bibliothèque qu’il ne connaît pas, probablement un héritage de sa mère et décide d’aller sur les pas de cette auteure sur la cote varoise. Et puis regardant le film “Papillon” avec Steve Mac Queen en bagnard chasseur de papillon à Cayenne, fait des recherches sur les papillons (ce fameux papillon bleue), et part en voyage en Guyane Française. Il y visite Cacao, Saint Laurent, fait une trop brève excursion sur l’Oyiapok.

C’est un récit très documenté, un peu trop et le lecteur est perdu dans de nombreuses phrases à tiroirs, où les thèmes se télescopent.

La partie en Guyane est passionnante (peut-être parceque j’ai fréquenté les mêmes endroits fin des années 70…). Mais encore faut-il lire armé d’informations complémentaires de notre “ami”Google…



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Le pont de Bezons

Jean Philippe Rolin, né en 1949 à Boulogne-Billancourt, est un écrivain et journaliste français. Etudiant, Jean Rolin s'investit dans la tendance maoïste de mai 68. Au début des années 1970, il intervient comme représentant de la Gauche prolétarienne à Saint-Nazaire. Journaliste, il a surtout effectué des reportages, entre autres pour Libération, Le Figaro, L'Evénement du jeudi et GEO. Ecrivain, il est l'auteur de récits de voyage, de chroniques, de souvenirs, de romans et de nouvelles.

Paru en 2020, Le Pont de Bezons est retenu dans les premières sélections de nombreux prix littéraires dont le prix Goncourt, le prix Renaudot ou le prix du Livre Inter, avant de recevoir finalement le prix Joseph-Kessel en mai 2021. En lisant cela sur sa fiche Wikipédia, j’en suis tombé de ma chaise car ce bouquin est épouvantablement mauvais !!

L’écrivain se propose de visiter les bords de Seine de Melun au sud à Meulan au nord sur une durée d’un an, avec le pont de Bezons très approximativement au centre. Intéressant pitch de départ et l’innocent lecteur se prépare à une expédition poétique à la Bernard Ollivier ou cultivée et intelligente à la Sylvain Tesson, hélas, après trente pages la désillusion est frappante et le chemin de croix va s’avérer supplice jusqu’à la dernière ligne.

Rolin a écouté Brassens, « Jadis ici c’était la zone » mais contrairement à lui qui était capable de voir une petite fleur se frayer un chemin au cœur du bitume, l’auteur ne voit que les plaques de béton du paysage urbain et désolant de son itinéraire. Terrains vagues, pylônes, béton décrépi, ligne du RER (« les voies du RER D franchissent la Seine après avoir survolé les montagnes de ferraille à différents degrés de transformation »), étrons humains (« il m’est désagréable d’imaginer que deux personnes capables de chier au beau milieu d’un quai autrement impeccable s’y trouvent embusquées ») etc.

Ce paysage, réel certes, peut faire le sujet d’un bouquin respectable, il n’est pas question de se voiler la face. Encore faudrait-il qu’il soit servi par une écriture à la hauteur d’un projet littéraire, ce qui n’est pas le cas. Le récit est écrit dans un style journalistique et pas des meilleurs, voire administratif, qui en rend la lecture très désagréable (« à la date de ma première visite dans le contexte du projet, le vendredi 17 août 2018 »), ponctuée maintes fois de « comme la suite devait le prouver ». Le déroulé est décousu, on passe de Melun au nord à Corbeil au sud sans crier gare, les précisions fatiguent le lecteurs (les noms des rues qui s’enchainent…), les objectifs de l’auteurs n’intéressent pas (« établir un compte exact des salons de coiffure de la rue de Paris ») etc. etc.

C’est sur les genoux que je suis arrivé au bout de ce bouquin où j’ai retrouvé les mêmes travers lus précédemment dans Les Evènements. Il y a pont et pont, ici c’est le pont des soupirs d’ennui !



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La Traversée de Bondoufle

A la suite de la lecture du Pont de Bezons, j'ai suivi avec beaucoup de plaisir le parcours à pied autour du Grand Paris à la recherche des confins entre la métropole urbanisée et la campagne. Rolin a bouclé ce tour complet  en commençant à Aulnay-Sous-Bois le 2 Août 2020 pour y revenir le 24 avril 2021, parachevant son périple par une seconde Traversée de Bondoufle. 



Rolin a noté avec une précision confinant à la maniaquerie parfois, toutes ses observations avec le noms des rues et routes. A l'occasion j'ai appris un mot odonymie. Sa démarche ne manque pas d'humour :



" Que le chemin des Glaises soit justement boueux, c’est le genre de petites satisfactions que ménage de temps à autre une entreprise aussi vaine que la recherche de la limite entre ville et campagne."



Cette entreprise coïncide avec la tentative d'occuper une ZAD à Gonesse : Le promeneur recherche l'emplacement de la ZAD sans être investi d'une mission militante, d'ailleurs, la ZAD a été évacuée par la police à sa seconde visite. Cependant l'établissement de ces "zones à défendre" marquent une tentative d'arrêter l'urbanisation galopante et la bétonisation de la campagne. Plus loin dans le livre, à Brou- Chelles,  il note un autre emplacement menacé par l'entreprise Placoplâtre .



Sans entrer dans le détail de son grand tour, il note toutes les installations caractéristique de la limite entre ville et campagne



"Parmi les commodités qui fleurissent sur la limite entre ville et campagne, à côté des établissements

d’enseignement et des équipements sportifs, des Ehpad et des centres équestres, des plateformes logistiques et

des terrains de golf, des lieux à l’abandon et des installations militaires à demi enterrées mais trahies par leurs longues oreilles, à côté des fortifications déclassées ou des campements roms, il faut compter aussi, comme je devais le vérifier à maintes reprises au cours de ce périple, avec les petits aérodromes voués principalement aux activités de loisir."



Je remarque la permanence de ces installations aussi bien dans le Val d'Oise, qu'en Essonne ou en Seine-et-Marne. Récurrence aussi des décharges de gravats ou de déchets qui enlaidissent la campagne quand ce ne sont pas des labourages sciemment organisés pour empêcher des squatteurs de s'y installer.



J'ai parcouru quelques uns de ces itinéraires avec le Voyage Métropolitain je retrouve ici les souvenirs de balades moins aventureuses puisqu'elles étaient en groupe et guidées. J'ai beaucoup souri aux passages de Boissy-Saint-Léger dans la forêt Notre Dame que je sillonne par tous les temps. mais où est donc cette Ferme de Beaurose que je n'ai jamais remarquée?



De Bondoufle, je n'apprendrai pas grand-chose, pourquoi a-t-il choisi cette commune pour la consonnance un peu originale qui rimerait avec pantoufle? Il ne la traverse que p. 140 sans y trouver rien d'extraordinaire si ce n'est une "extraordinaire monotonie" Et pourtant, il y est retourné avant de terminer son livre





j'ai préféré Le Pont de Bezons qui est un coup de cœur mais je relirai volontiers La Traversée de Bondoufle comme un topoguide quand mes pas me mèneront dans ceux de Rolin. 
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La Clôture

Je poursuis avec délices ma découverte du monde avec Jean Rolin. Ce nouveau voyage que je fais avec lui nous entraîne comme chaque fois en un lieu extraordinaire qu'il décrit avec ce style si particulier qui me touche énormément. Ce monde extraordinaire est cette fois-ci à notre porte : le boulevard Ney et le quartier qui l'entoure, les dessous du périphérique, les bords du canal... Il s'y passe tant de choses, on y rencontre des personnages tellement étonnants ! Jean Rolin les décrit avec humour et affection, accordant de l'intérêt à mille choses parfois insignifiantes, mais toujours passionnantes.

Et puis il y a aussi l'auteur lui-même qui conte ses propres pérégrinations et aventures dans cet étrange milieu, avec cette auto-dérision à laquelle je trouve tant de charme.

Et il y a enfin la Grande Histoire que croise tout au long du récit celle de l'auteur et des habitants ou usagers des lieux. Le destin du Maréchal d'Empire Michel Ney tel qu'il nous est conté, s'entrelaçant avec délicatesse avec les destins du Boulevard Ney, est un régal.

Merci Monsieur Rolin. Je repars très vite avec vous, où vous voulez.
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