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Citations de Jennifer Johnston (106)


C'est vraiment formidable d'être dans sa baignoire ; c'est un endroit sûr, calme, apaisant... tant que vous ne pensez pas à Charlotte Corday - mais, bien sûr, elle a agi dans des circonstances très différentes. Il est peu vraisemblable que Lar entre en douce pour m'égorger.
Les branches bruissent contre la petite fenêtre. J’irai les tailler un jour, quand il fera beau, sinon le soleil ne pourra plus passer entre les feuilles de la clématite et du jasmin lorsque viendra l'été, et cette pièce sera plongée dans l'obscurité.
La mousse court le long de mes bras, disparaît dans l'eau. Un battement régulier, une mélodie soudaine, puis le saxo, ô mon Dieu, quel instrument ! Comment vivait-on avant l'invention du saxo ?
Le piano.
Se laisser glisser, tout au fond. C'est ça, prendre un bain, je me laisse glisser de plus en plus profondément dans l'eau qui m'enveloppe.
Booodeeboooo.
Ooooh, comment...
La mélodie du piano à nouveau.
Roulades. Trilles. L'eau qui apaise. Le saxooo...
Oui. Oh oui.
Je me sens tellement...
Vivante. Débordante de vie.
Belle ?
Je peux encore être belle.
Oui.
Peut-être serai-je... Oui.
Rayonnante.
Saxo... sensation de chaleur. Puis les drums. Étouffés, vibrant à travers l'eau... ohhhh, merveilleux. Je vais me redresser, jaillir de l’eau avec le solo de batterie.
Il joue plus fort maintenant. Chasser l'eau qui me bouche les oreilles. Remonter à la surface. Vapeur, peau luisante, mousse. Il risque de faire froid en sortant. Les drums. Les drums. Oh, la barbe !
« Pour l'amour du ciel, Clara, on vous demande au téléphone. »
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Les gens qui n'ont pas souffert n'ont aucun mal à prodiguer des conseils
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"Je dors mal. Je fais des rêves que je ne veux pas faire. Je ne cesse de me débattre pour me réveiller et n'y arrive pas. C'est comme si quelqu'un maintenait mes yeux fermés et introduisait de force ces scènes à l'intérieur de mes paupières. Des scènes terribles de..."
Il se tut. Porta sa main à sa bouche pour empêcher les mots de s'en échapper.
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Il n'y a rien à dire. Trop de gens ont déjà tout dit. Trop de ces foutus mots. Je préfère le silence.
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Son sourire lui fit penser à la caresse de deux corps, à l'odeur qui se dégageait de son oreiller, un mélange de cheveux emmêlés et de chaleur.
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« Peut-être Clara a-t-elle raison. Peut-être êtes-vous malade dans votre tête.
- Parce que je désire garder le secret ? Qu'y a-t-il de maladif à cela ?
- Vous voulez enchaîner la douleur et la garder au fond de vous, la nourrir, la laisser grandir jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de place pour autre chose.
- C'est mon affaire.
- Pas vraiment. Mon avis est que nous devons conserver notre santé morale et physique afin de remplir nos obligations envers le reste du monde - enfin, envers les gens qui nous aiment et nous font confiance, en tout cas. »
II prit sa cuiller et remua son café. Elle lui lança un regard désapprobateur.
« On ne doit pas remuer un cappuccino », dit-elle.
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« Vous voulez un cognac ? »
Il fit non de la tête.
« Bien, moi si. »
Elle se leva, se dirigea vers le buffet, prit une bouteille carrée et un verre et les rapporta à la table.
« Je vais m’en mordre les doigts, dit-elle tout en se servant.
- Pourquoi le faire, alors ?
- Parce que j’adore sentir l’alcool chaud descendre au fond de ma gorge. Parce que je sais qu’après un seul verre je dormirai comme une bûche. Parce que j’aimerai avoir l’impression que je suis gentille. Vous ne me donnez pas l’impression que je suis gentille ; peut-être le cognac m’y aidera-t-il. »
Il éclata de rire. « Vous êtes un drôle de numéro. Vous lui auriez sans doute plus. »
Elle éleva son verre vers lui.
« Sláinte.
- A l’éternité. Peut-être vais-je prendre un verre, après tout. Peut-être pourrions-nous être gentils tous les deux pendant un moment. »
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Je vais me servir un bon verre de côte-rôtie plein à ras bord et...
Encore le téléphone.
Ma mère.
"Bonjour, maman.
- Comment as-tu deviné ?
- Clairvoyance. J'étais dans mon bain.
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Pourquoi le téléphone sonne-t-il toujours quand vous êtes dans votre bain ? C'est l'un des mystères de la vie.
Je ne répondrai pas. Je vais rester plongée dans cette délicieuse vapeur et le laisser sonner.
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À mes pieds, aujourd'hui, la mer se teinte d'argent ; à dire vrai, la regarder plus d'une ou deux minutes me fait mal aux yeux. Tel un énorme animal elle rampe, des rides d'écume blanche se déplacent sur son dos fripé. Je ferme les yeux. Je sens sur moi la chaleur du soleil d'avril et tout de suite après la morsure de ce maudit vent d'est qui souffle d'on ne sait où ; des steppes de Russie, ai-je toujours entendu dire, mais j'ai pour principe de ne jamais croire ce qu'on me dit. Je pourrais rester là les yeux fermés indéfiniment, s'il n'y avait le vent d'est. Il s'engouffre dans mes vêtements et presse sa lame contre les cicatrices, contre les signes visibles de ma mutilation. Je serre mon manteau autour de moi. J'écoute les bruits de la vie normale derrière moi ; les mères qui appellent leurs enfants, l'aboiement des chiens, le pas d'un coureur isolé qui résonne avec un bruit sourd.
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je dis moi que c'est pire. Maintenant, on essaie de détruire l'âme de l'homme, car ce n'est pas...... pratique que l'homme possède quelque chose d'aussi gênant, d'aussi troublant qu'une âme. Comment faire entrer l'âme humaine dans un ordinateur? Tu souris? Tu crois que je plaisante. Pas du tout. Ce que les nazis ont fait à mon peuple, ce n'est rien, comparé à ce qui se prépare. La neutralisation de l'esprit. La soumission totale, lente, pénible, nécessaire. Plus de problèmes. Plus de questions . Plus de rêves.
p 137
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Un moment avec Dan lui revint en mémoire. Elle était en train de passer le chiffon humide sur la table pendant qu’assis là, il l’observait lui aussi, comme le chat, d’un air désapprobateur.
– Ce que je trouve vraiment pénible, débilitant, dans les travaux domestiques, ou de ménage, appelle ça comme tu veux, c’est d’avoir à refaire sans cesse les mêmes foutus gestes.
Il avait horreur de ce mot-là. Elle ne l’employait que lorsqu’elle voulait vraiment l’embêter.
– Oui, foutus, répéta-t-elle. Débarrasser la table.
Elle envoya le torchon valser à travers la pièce, en direction de l’évier. Le torchon atterrit sur le carrelage.
– Puis remettre la table. Laver ces foutues assiettes, puis les resalir. Les laver rien que pour les resalir. Faire, défaire. Faire les lits pour se mettre sus les draps et les défaire. Et recommencer comme ça éternellement, jusqu’à la mort… à moins de finir dans l’asile du coin, gaga, incontinent et abandonné des siens.
– Ton problème, c’est que tu es une souillon.
– Non, dit-elle sur un ton cassant. J’aimerais mieux. Si j’étais vraiment une souillon je m’en foutrais. Je ne suis qu’une femme assommante qui a un sens assommant du devoir. J’ai l’impression que ma vie entière s’engloutit dans ce foutu évier avec l’eau de vaisselle.
– j’aimerais bien que tu cesses d’employer ce mot.
– Foutu, répéta-t-telle, juste pour montrer qu’elle n’allait pas se laisser intimider.
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- Pas la prison, dit-elle en ne quittant pas ses cigarettes des yeux. Vous m'avez dit que c'était une clinique privée.
- Avec de jolies barres aux fenêtres, pour que je ne saute pas. Avec une ombre qui me suivait, me suivait partout, me surveillait pendant que je lisais, pendant que je mangeais, pendant que je dormais. Je n'avais même pas le droit de m'enfermer dans la salle de bains. Peu importe le degré de confort, peu importe les règles. Une prison, c'est toujours une prison.
- Que leur avez aviez-vous fait ?
- Rien du tout. Ils voulaient juste que je sois normal. Prêt. Prêt à être exhibé dans le beau monde. Notre héros de fils. Un héros bien conforme. Les héros doivent être reconnaissants de l'admiration qui passe dans le regard des autres. Reconnaissants de ce qu'on leur accorde une pension. Reconnaissants des petites attentions dont ils font l'objet. Reconnaissants d'être en vie. Je ne voulais ni être prêt ni cadrer avec cette image-là. Alors ils se sont dit qu'il valait mieux m'enfermer quelque part. Ils n'arrêtaient pas de parler de tout l'argent qu'ils dépensaient pour moi.
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Il avait repris son tambourinement. Le vin trembla dans les verres.
- La vérité ? Ma chère enfant, s'ils se mettaient à nous dire la vérité, nous retournerions vite fait dans le ventre de notre mère et refuserions d'en sortir... De toute façon les gens ont besoin de ces mensonges pour continuer. Plus vous répétez une chose, plus elle a de chances de devenir vraie...
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Ils firent des grimaces, un peu comme des enfants, en se regardant à travers les verres.
- Où est la différence entre le rêve et la réalité, dit-il. Entre la folie et la santé mentale ? Chacun vit sa vie à sa façon. Ce n'est que lorsqu'on commence à ne plus savoir où on en est qu'on devrait s'inquiéter. Et je sais très bien où j'en suis.
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Tout le monde les regardait.
Il l'attira vers le centre de la salle en la faisant tournoyer. Elle se dit que le plancher était poisseux, que ses pieds n'allaient pas glisser, avec toutes ses taches d'humidité, les capsules de bouteilles de Coca et les paquets de pommes chips qui jonchaient le sol. Pas tout à fait la salle de bal du Metropole ou de l'Hôte Gresham. "Dansez", lui murmura-t-il à l'oreille. "Dansons. Montrez-leur de quoi nous sommes capables." Et ils tournoyèrent malgré le plancher poisseux. Quel plaisir, se dit-elle. Et ça fait longtemps. Je suis surprise qu'il danse aussi bien malgré son... son infirmité. Le rythme, c'est ça qui compte. Le rythme. Ca devait être un bon danseur quand il était... quand il était ... Il a bien dû être entier à une certaine époque. Des visages un peu rouges souriaient autour d'eux.
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J'eus de grandes espérances quand finalement je réussis à persuader mes parents de me laisser étudier à l'Académie des Beaux-Arts, espérances que des révélations me viendraient peut-être, à la fois artistiques et spirituelles. J'avais besoin d'une révélation quelconque à ce moment là. Bien entendu, il ne se produisit rien de tel. Je n'avais pas assez de jugeote ou d'énergie pour comprendre que c'est à nous de créer nos propres miracles.
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Solitude.
Un si merveilleux mot.
Isolement.
Elle était là, la connexion, dans le dictionnaire, qui me sautait aux yeux.
Ne pas vivre en un lieu isolé ou à l'écart ; mais faire un îlot de ce lieu ; être séparé, détaché ou rompre ses liens avec le reste du monde, s'isoler....
Je voulais la mer pour moi toute seule, là, emprisonnée. Printemps, été, automne, hiver, pouvoir la regarder changer. Matin et soir, isolée de sa réalité. Craquements, fracas, éclats de tessons et d'éclisses en colère. Vent violent labourant ses sillons dans des eaux profondes et d'un gris transparent. Je peux contempler. Je sais que ma solitude est là dans cette contemplation. Je n'ai pas d'autre fonction.
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Je peux m'enfoncer dans ma nuit sans cesser d'aimer ni de détester.
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J'ai longtemps abrité en moi des désirs que je n'ai pas osé affronter et que même aujourd'hui je ne peux évoquer par écrit.
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