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Citations de Jirí Weil (39)


"Vous avez un ticket de sucre?"m'a demandé le fonctionnaire. "Vous devez avoir votre ticket de sucre, sinon on ne vous donnera pas votre étoile."
Je n'y tenais pas trop, à cette étoile. Elle était jaune, avec une inscription en langue étrangère, en caractères noirs et pointus, ce n'était pas une bonne affaire de l'échanger contre un ticket de sucre. J'avais besoin de sucre pour améliorer l'ersatz de café que je me faisais,
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On m'a donné une étoile, elle n'est pas belle du tout, et elle a quelque chose d'étrange. La nuit, elle ne brille pas, elle ne brille que le jour. Un marin ne pourrait pas se fier à elle pour conduire son bateau, il ferait naufrage. Et elle est sur mon coeur.
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Je voyais à mes pieds tout le quartier comme dans un profond abîme noir, des profondeurs la ville appelait en vain le Seigneur, elle devenait encore plus petite et se courbait encore plus sous la pauvre noirceur de ses fripes. Elle n'appartenait plus au monde, c'était par pitié qu'on souffrait sa présence, il semblait que n'y habitaient plus que les ombres des humiliés, c'était un quartier d'ombres.
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Le rideau se lève peu après le 27 septembre 1941, lorsque Reinhard Heydrich, chef des services de sécurité du Reich (...) remplace comme gouverneur du Protectorat le diplomate de carrière Konstantin von Neurath, jugé trop doux. Il décrète aussitôt la loi martiale qui restera en vigueur jusqu'au 1er décembre et se soldera par quatre cents exécutions sommaires.
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Il y avait eu d’abord un ordre du protecteur par intérim lui enjoignant de trouver pour les Juifs une cité close. La mort devait faire halte un instant dans une ancienne ville tchèque. C’était indispensable, pour mieux tromper l’opinion internationale. Et il n’était pas non plus inutile, pour prévenir toute velléité de résistance, de donner aux victimes une petite lueur d’espoir.
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À quoi lui servait de suivre tous les préceptes, d'observer le shabbat, de prier et de se repentir, alors qu'il commettait tant de péchés en une seule journée!
Les traits des mannequins rayonnaient de paix et de bien-être, car la fête qui les réunissait était une fête joyeuse à laquelle tous participaient, même le plus petit et le plus ignorant. Mais ces statues avec leur sérénité semblaient elles aussi lui reprocher ses péchés.
Il quitta précipitamment la salle d'exposition et se rendit à son bureau.
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Quelques locataires allemands étaient venus s'y installer après le 15 mars. C'étaient des gens effacés, qui ne se faisaient pas remarquer. Ils allaient tuer de neuf à cinq, mais à la maison, ils jouaient les employés tranquilles, s'essuyaient les pieds sur le paillasson et se rangeaient courtoisement dans l'ascenseur pour faire place aux femmes.
P. 180
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Pour la commission de la Croix-Rouge, on prépara une représentation de l'opéra pour enfants "Brundibár", de Hans Krása. La commission et les SS furent très contents des performances des enfants-comédiens, du compositeur et du metteur en scène. Après le départ de la commission, tous furent déportés à Auschwitz, où ils périrent dans la chambre à gaz.
Complainte pour 77 297 victimes.
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A l'origine la statue avait été allemande, dans le style gothique, mais au XVIe siècle un bousilleur tchèque l'avait refondue et retravaillée, en en faussant les proportions. Le héros était désormais plus petit que son cheval et ses traits n'avaient pas l'expression sévère, fermée et ascétique propre à un héros allemand, ils degoulinaient de miel comme une crêpe tchèque. Il était hors de question que la statue ainsi souillée orne la Chancellerie du Reich. Elle était donc restée dans la cour du Château.
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Reisinger se mit à marteler la statue. Il fit tomber d'abord la tête aux yeux bandés, puis le glaive brandi, lui asséna encore un bon coup en plein visage et s'attaqua au tronc. L'instant d'après il ne restait dans la cour que des plâtras dont le blanc sale trahissait envore quelques vestiges de patine. Il les ramassa à la pelle et les jeta à la poubelle.
La Justice ne gênerait plus personne.
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Certains convois étaient envoyés vers l'Est, d'autres dans la ville fortifiée où on avait monté une ménagerie. C'était une grande chance de devenir animal et de partir pour la ménagerie, mais on gardait peu de gens là-bas. Beaucoup étaient envoyés plus tard aussi vers l'Est. Et, même dans cette ville, le cirque donnait ses représentations, même dans cette ville il fallait marcher sur la corde sans filet de sécurité et passer au-dessus d'obstacles haut placés.
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Le vapeur manoeuvra pour entrer dans la première écluse, ornée de la statue d'une belle et mince jeune fille. La statue était une allégorie du fleuve entouré de ses affluents, l'image de ses jeunes eaux qui en amont coulaient entre les prés, tourbillonnaient dans les rapides aux berges boisées, remplissaient les biefs et faisaient tourner les roues des moulins, réfléchissaient les châteaux construits sur les hauteurs. Au-delà de l'écluse, sur le pont de pierre, attendaient des statues étrangères, ennemies, érigées autrefois par d'autres envahisseurs. Vues d'en bas, elles paraissaient plus grimaçantes et convulsées que jamais. Plus loin, sur des ponts plus récents, le fleuve saluait des statues évocatrices d'espoir, élevées pour marquer la fin de la servitude: des figures aimées qu'on aurait dites sur le point de s'envoler cueillir la victoire, ou encore des colosses reposant, lourds et inebanlables, sur leurs piédestaux symétriques, dont les membres robustes semblaient s'enraciner dans le sol.
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Avant, j'essayais de m'enfermer dans une maison en ruine, entre des murs délabrés, dans une chambre vide. Mais Ils m'ont tiré de là comme on tire un lapin de son clapier, par les oreilles. Ils m'ont fait sortir pour avoir plus de place pour leur chasse démente. Et si nous disions que nous ne jouons plus?
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Jusqu’à l’hôtel de ville juif, la rue était semée de grappes humaines qui sans cesse bougeaient, se désagrégeaient, se reconstituaient, les gens courant de-ci de-là, s’attroupant autour d’un homme qui venait d’inventer encore une nouvelle alarmiste, pour ensuite se précipiter vers un autre qui se faisait l’écho d’un bruit plus rassurant. Ils allaient ainsi d’espoir en désespoir, faisant circuler les nouvelles qui, bonnes ou mauvaises, se heurtaient de front.
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