AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Erika Abrams (Traducteur)
EAN : 9782371000766
304 pages
Le nouvel Attila (31/12/2019)
4.45/5   10 notes
Résumé :
Prague, octobre 1941. Reinhard Heydrich, protecteur de Bohême mélomane, s’évertue à déboulonner de l’Opéra la statue de Mendesshon. En vain, car personne n’arrive à identifier Mendelssohn : il n’y a pas de plaque sous les statues… en cherchant celle qui a le plus groz nez, ils tombent sur la statue de Wagner !

Ainsi commencent le récit et les malheurs des petits fonctionnaires tchèques chargés de la purification du Prague… Sauf que Heydrich a vraiment... >Voir plus
Que lire après Mendelssohn est sur le toit, suivi de complainte pour les 77 297 victimesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
L'Allemagne envahit la république tchécoslovaque en mars 1939, elle y établit le nazisme dans un protectorat de Bohême Moravie où vont s'engloutir et mourir toute velléité d'indépendance de liberté et de dignité humaine. La machine à écraser ceux qui ne se conforment pas au modèle idéologique prôné par le régime, est parfaitement huilée ; elle fonctionne avec ses puissants qui incarnent autorité et contrôle, elle avance aussi irrésistiblement par la soumission des faibles, ces petites mains qui exécutent les ordres, incapables de voir l'ignominie collective, tant le souci de leur propre salut les préoccupe.
Ce monde contrasté, des puissants et des sous fifres, des bourreaux et des victimes, Juri Weil le fait revivre, autour du printemps 1942, marqué par l'attentat contre Heydrich, gouverneur du protectorat, éminent dignitaire nazi, concepteur de la solution finale. Au fil des pages, la réalité de l'occupation prend forme, entre compromissions ouvertes et résistances cachées, tchèques et juifs sont esquissés dans leur quotidien, dans un récit haché, à la manière d'un kaléidoscope qui laisserait apparaître des fragments de vie, avec simplicité, comme croqués dans un instantané terrible qui conduit les victimes à la mort.
Jiri Weil écrit une fiction grinçante dont il puise les ressorts dans le vécu de l'occupation, il a l'idée du roman en 1946, peu après avoir traversé l'enfer en se cachant de 43 à 45 dans le Musée juif de Prague qu'il met en scène dans son livre. le caractère exceptionnel du roman réside dans la manière dont l'auteur choisit de mettre à distance les faits qu'il relate, choisissant de brosser l'ordre nazi par un absurde exacerbé, la tragédie des victimes s'en trouve instantanément mise en relief et le sourire du lecteur s'efface. le roman s'ouvre directement sur cette approche ; l'idéologie d'exclusion et d'extermination des nazis ne négligeant aucun détail, ordre est donné d'ôter du toit de l'opéra, la statue de Mendelssohn. Outre le choix du musicien à déboulonner (baptisé à sept ans) Jiri Weil va au bout de l'absurde en rendant la nomenclature nazie dépendante d'« un juif savant » qu'il faut aller quérir pour identifier la statue que personne parmi les tchèques et allemands concernés ne réussit à identifier…Ainsi le Dt Rabinovitch entre en scène, dans sa simplicité et ses illusions, lesquelles ne le sauveront pas d'un dernier voyage via Theresienstadt, ghetto et camp évoqués tout au long du livre.
L'ignominie nazie n'a pas guéri le monde de l'obscurantisme, en 1958 le livre de Jiri Weil subit la censure du régime, pour lequel l'auteur ne fait pas la part assez belle à l'héroïsme positif, on pourra lire avec intérêt les pages expurgées alors, elles confirment que les régimes autoritaires n'apprécient guère l'humour. le livre de Jiri Weil fait la preuve de son efficacité dans le tableau de la comédie humaine.
Un livre majeur.
Commenter  J’apprécie          130
Ouvrage mentionné dans le HhHH de Laurent Binet, mais sur lequel je n'avais pas réussi à mettre la main (l'édition 10/18 était pas facile à trouver à des prix abordables), mais réédité ici avec Complainte pour 77 297 victimes (témoignage de la vie-et la mort- des Juifs dans la Bohème occupée), Mendelssohn est sur le toit est un livre surprenant qui commence comme une farce mais qui se termine dans les larmes.
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (3) Ajouter une citation
(Préface)
En 1958, Jiri Weil, l'un des quelques milliers qui ont pu survivre au massacre en se cachant, employé alors au Musée juif de Prague, publie sa Complainte pour 77 297 victimes en même temps qu'il reprend le travail sur Mendelssohn est sur le toit, oeuvre ébauchée dès le lendemain de la guerre.
L'histoire du roman est narrée par l'auteur en 1959, dans un projet de préface demeuré inachevé: "Au printemps 1946, je suis monté sur le toit du Rudolfinum avec Bozena Vranova, professeur au conservatoire, pour lui montrer la statue abattue de Mendelssohn-Bartholdy. La statue était presque intacte, seule une main avait été cassée. C'était un an après la plus terrible de toutes les guerres, conflit qui avait englouti tant de millions de vie et marqué tant d'autres, dont nous n'avions réchappé tous les deux que par miracle (...) Nous étions montés sur le toit parce que je voulais raconter l'histoire de la statue renversée, narrer ce petit évènement presque oublié, à première vue insignifiant, mais qui me semblait propre à illustrer l'arbitraire sanglant des pillards et des assassins, à rendre témoignage de ces jours d'humiliation et d'espoir. A l'époque, je n'ai pas réussi à présenter l'histoire comme je l'aurais voulu. J'ai abandonné mon manuscrit, car le roman que j'étais en train d'écrire aurait été comme tous les autres qu'on publiait alors sur l'Occupation, un simple compte rendu des faits historiques, sans la force de frappe nécessaire pour redonner vie aux images de ces années. (...) J'ai repris plusieurs fois le travail, toujours sans pouvoir le mener à bien. Finalement, en 1958, avec plus de dix ans de recul, j'ai abordé le sujet sous un angle nouveau en jetant tout ce que j'avais écrit jusque-là. J'avais enfin trouvé, ou du moins je crois avoir trouvé le moyen de présenter l'histoire de façon qu'elle parle à notre vie actuelle."
L'histoire, malheureusement, ne s'arrête pas là. Envoyé à la composition en 1959, le roman sera à la dernière minute interdit par la censure, qui reproche à Weil de ne pas avoir mis suffisamment en relief le rôle de la résistance communiste et les victoires de l'Armée rouge, comme dix ans plus tôt la critique marxiste fustigeait le "défaitisme" du premier roman reflétant son vécu de l'Occupation (Vivre avec une étoile, 1948, traduit chez Denoël en 1992). Déjà très atteint par la leucémie qui l'emportera avant la fin de l'année, l'auteur, qui tient à témoigner et se fie sans doute à ses lecteurs pour faire la part des choses, accepte de revoir sa copie.
Commenter  J’apprécie          138
Pour la commission de la Croix-Rouge, on prépara une représentation de l'opéra pour enfants "Brundibár", de Hans Krása. La commission et les SS furent très contents des performances des enfants-comédiens, du compositeur et du metteur en scène. Après le départ de la commission, tous furent déportés à Auschwitz, où ils périrent dans la chambre à gaz.
Complainte pour 77 297 victimes.
Commenter  J’apprécie          30
Quelques locataires allemands étaient venus s'y installer après le 15 mars. C'étaient des gens effacés, qui ne se faisaient pas remarquer. Ils allaient tuer de neuf à cinq, mais à la maison, ils jouaient les employés tranquilles, s'essuyaient les pieds sur le paillasson et se rangeaient courtoisement dans l'ascenseur pour faire place aux femmes.
P. 180
Commenter  J’apprécie          30

Video de Jirí Weil (1) Voir plusAjouter une vidéo

Un livre, un jour : Sélection de livres
Olivier BARROT présente dans cette dernière émission de la saison des livres dont il n'a pas pu parler : "Vivre avec une étoile" de Jiri WEIL, "Les chemins d'Ilje" de ALI SAAD, "Embuscade à Palestro" de Maurice Pons, "Journal 1901-1948" de Jacques COPEAU et "Ce que dit l'autre" de Jean GRUAULT.
autres livres classés : tchécoslovaquieVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (18) Voir plus



Quiz Voir plus

Oyez le parler médiéval !

Un destrier...

une catapulte
un cheval de bataille
un étendard

10 questions
1564 lecteurs ont répondu
Thèmes : moyen-âge , vocabulaire , littérature , culture générale , challenge , définitions , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}