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Critiques de Joanne Richoux (329)
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Les collisions

Wow… Quelle claque… Ce livre me laisse sans voix…

Avec une telle accroche en quatrième de couverture, impossible pour moi de résister à la tentation de lire cet ouvrage.





Si j'ai aimé ? Je ne peux pas employer ce terme…



« Ce n'est pas ma faute »…



Associer le sentiment d'amour à ce livre ne me convient pas. Aimer est un verbe auquel j'associe des émotions positives telles que la joie, le bonheur et la gaîté. Hors cela ne représente pas cette histoire.

J'ai ressenti un panel d'émotions sombres: colère, dégoût, tristesse, crainte, haine. Certaines scènes m'ont choquée, dérangée, perturbée, écoeurée, révulsée. J'ai été émue mais d'une façon différente dont je n'ai pas l'habitude. Joanne Richoux m'a fait sortir de ma zone de confort livresque pour mon plus grand plaisir. J'ai été happée par ce livre. Je l'ai lu avec voracité, sans m'arrêter et sans m'en rendre compte.

Le parallèle avec « Les liaisons dangereuses » est un pur régal. C'est jubilatoire. L'exercice est particulièrement réussi, la promesse est tenue. Mais je ne pensais pas que « Les collisions » seraient des liaisons aussi dangereuses…





Si c'est un bon livre ? Incontestablement…



« Ce n'est pas ma faute »…



« Les collisions » est un excellent bouquin qui vous fera ressentir. Mais allez-vous aimer ce que vous allez ressentir ? Telle est la question…

C'est une lecture qui marque, qui heurte. le genre inclassable et difficilement qualifiable comme ils savent le faire chez Sarbacane. La plume de Joanne Richoux est incisive. Elle tranche, elle pique, elle griffe, et elle bouleverse aussi. C'est un livre dur. « Les collisions », c'est un concentré d'émotions fortes. L'auteure aborde les thématiques du suicide, de l'alcoolisme, de la violence conjugale, de la manipulation, de la mort, de la tristesse, de la paranoïa, de la dépression, de l'anorexie, du mal-être, de la confiance en soi, de l'adolescence, du harcèlement scolaire, de l'amour interdit, et tout cela en seulement 252 pages… Un tour de force. Et l'auteure accomplit cela sans s'éparpiller et avec beaucoup de crédibilité. Qui aurait cru que tant de thématiques fortes puissent être abordées en si peu de pages et sans que cela soit bâclé ? Pas moi. Et pourtant, Joanne Richoux l'a fait.





Si je vous le conseille ? À vous de décider…



« Ce n'est pas ma faute »…



Les deux personnages principaux, Laetitia et Gabriel sont des écorchés de la vie. Profondément malheureux à cause de leur situation personnelle, ils ressentent un profond mal-être. Gabriel m'a touché. Blessé et blessant, c'est un personnage auquel on s'attache. Son évolution au fil de l'histoire est intéressante et émouvante. Il mène un combat avec lui-même entre coeur et raison. Il prend conscience de la gravité de la situation et sait se remettre en question. J'ai beaucoup apprécié sa personnalité aussi complexe qu'attachante.

Laetitia, quant à elle, est détestable. À mon sens elle n'a aucune excuse. Certes, elles est malheureuse mais elle a tout de même des circonstances bien moins atténuantes que Gabriel… Sa cruauté est telle, que je m'attendais à un passé bien plus « lourd » que celui révélé. Elle est le cerveau pervers des deux (la marquise de Merteuil, tout simplement). Je l'ai haï à partir du moment où Ninon commence à subir les conséquences de son jeu. J'ai eu beaucoup d'empathie pour Ninon, j'ai tellement souffert pour elle… Mais aussi pour Dorian, pour Amandine (bien que nous ayons mal commencé toutes les deux), et finalement même pour Solal…





Est-ce qu'il vous plaira ? Je ne sais pas…



« Ce n'est pas ma faute »…



Je me demande bien où Joanne Richoux a pioché cette idée de créer des liaisons dangereuses made in 21e siècle tout en restant aussi fidèle à l'oeuvre initiale? Une chose est sûre c'est réalisé avec brio.

Manipulation est le maître mot de l'histoire, les actes accomplis ne restent pas sans conséquence… C'est dramatique, douloureux, bouleversant, mais aussi terriblement et honteusement délicieux.

Attention tout de même, ce livre porte bien son nom, je ne le conseillerai pas en dessous de 15 ans.





Les trois dernières lignes sont… je n'ai pas de mot…



« Ce n'est pas ma faute »…



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Juste avant que

Le monde s'écroule mais ils sont là. À deux, dans leur bulle. Ils n'ont pas de nom, s'appellent « meilleur ami » et « meilleure amie » quand ils parlent de l'autre, avec douceur, chaleur et attachement. L'époque ressemble étrangement à la nôtre, peut-être seulement quelques années après, à la vitesse où va le monde. Mais « Juste avant que » c'est surtout leur histoire composée d'un peu de tout et de beaucoup de rien mais qui touche, marque à sa façon.



C'est une histoire brute, il y a de la tendresse mais pas de guimauve. Comme une sensation d'urgence face à ce monde qui périclite à grande vitesse. Les explosions assourdissent leur quotidien, le réseau internet s'éteint mais étonnamment l'essentiel reste là. L'écriture, quant à elle, est percutante et de nombreuses phrases ont fait écho à mes pensées. Une description précise et incisive des dérives de notre époque pousse à la réflexion et donne parfois le sourire, un sourire crispé je le reconnais mais la justesse de l'écriture m'a plu.



Une histoire pas comme les autres dans un monde qui brûle.
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La peau des filles

Trois copines trentenaires, à la croisée des chemins.

Louise souffre d’un « troublé anxieux généralisé » et vient de poser sa dem’ sur un coup de tête.

Rose affronte un divorce et doit se réconcilier avec son corps.

Jenna, strip-teaseuse, est la plus décomplexée mais pas la moins sensible.



Auvergne, côte basque, Hautes-Alpes, au gré de leurs impulsions les trois jeunes femmes tracent la route pour rallier diverses maisons familiales. Ces vacances improvisées ont un parfum d’insouciance, des résurgences d’adolescence, coucher à pas d’heure, repas pris sur le pouce, expeditions drague et gueule de bois.

Un peu de drogue et d’alcool, quelques étreintes réparatrices, du bon « son » dans les bars, les autoradios, les souvenirs.



« Tous les adultes de la planète sont des gosses, qui dupent et se démerdent, avec plus ou moins de talent. » Louise, Rose et Jenna n’ont plus 18 ni 20 ans, elles connaissent maintenant l’importance des choix, des engagements et des renoncements. Ces quelques jours vont leur permettre de prendre du recul, et des décisions. Ou d’accepter que l’on en prenne à leur place.



J’ai aimé l’écriture ardente, sensuelle, incisive, troublante, de Joanne Richoux, ce texte parfumé et musical. J’ai eu chaud, car c’était l’été. J’ai découvert Saint Jean de Luz, un « spot » finalement assez « hot ». Exaspération des sens. J’ai senti le parfum de ces filles et de ces garçons, j’ai entendu les Strokes, les Doors, les Shades, Janis Joplin et Polnareff.



Bref j’ai kiffé ce « roman uppercut, ancré dans son époque.



À lire ! »
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Désaccordée

J’ai beau avoir terminé le roman hier soir et avoir réfléchi sur ma future critique pendant de longues minutes, je ne sais toujours pas quoi penser de « Désaccordée », ni comment je vais vous en parler… Ce titre m’a interpellée depuis sa sortie, notamment grâce à sa sublime couverture et grâce à divers avis dithyrambiques comme celui de mon amie Mikasa. Le fait qu’il soit dans les sélectionnés du PLIB a également renforcé ma curiosité. J’étais donc aux anges lorsque l’ouvrage est arrivé sous le sapin et me suis empressée de le découvrir ! Hélas, le résultat ne fut pas à la hauteur de mes attentes. Je me suis retrouvée face à un ovni littéraire qui m’a déstabilisée, charmée, enchantée, déplu et laissée perplexe. Tant d’émotions contradictoires ! Une chose est certaine : c’est un texte qui ne laisse pas de marbre, mais qui rentre dans la catégorie des ouvrages avec lesquels « ça passe ou ça casse ».



Le synopsis est volontairement inspiré d’« Alice au Pays des Merveilles » de Lewis Carroll, puisque l’on a une jeune fille innocente qui va basculer dans un monde parallèle rempli de personnes et de créatures fascinantes. On sent énormément l’affection de l’auteure pour la végétation luxuriante, les plantes aux fragrances subtiles, les teintes chatoyantes, les animaux fantastiques mais dangereux… C’est une véritable ode à la nature ! D’ailleurs, je me suis souvent laissé séduire par la beauté des descriptions et le côté onirique de ce monde floral. On imagine aisément plusieurs scènes. Dans ce monde, la musique a une place omniprésente. Les personnages ont tous un nom en rapport avec la musique ou le son. De plus, il y a souvent des extraits des chansons à travers le récit, car les protagonistes poussent régulièrement la chansonnette. En fin de chapitre, il y a toujours un titre d’une mélodie avec son interprète. Je ne l’ai pas fait, car cela m’obligeait à interrompre ma lecture, mais je pense que l’expérience doit être agréable si l’on passe les chansons au moment où Joanne Richoux les cite dans le livre… Pour ma part, j’ai plutôt décidé d’écouter sa playlist une fois le roman terminé. Libre à vous d’agir selon vos préférences cependant, je pense que cela donne une autre dimension d’écouter en même temps que l’on dévore les pages…



En plus d’Alice, cet univers ensorcelant m’a donné la sensation d’un mélange entre « Bienvenue à Pandorient » (La boîte à musique T1) de Gijé et Carbone, « Au pays de l’ailleurs » de Tahereh Mafi et, surtout, « Le voleur de cœur » de Rawia Arroum. Ce cocktail est assez surprenant, mais pas déplaisant, car le résultat est on ne peut plus original ! Dans le Monde des Muses, on va distinguer trois Ordres : les Vivaces, l’élite qui dispose de pouvoirs magiques, les Prunelles que l’on ne verra que trop peu à mes yeux ainsi que les Diapasons, des rebelles aux allures de loubards se déplaçant sur des motos vivantes et dotées de personnalités. Le concept est bon néanmoins, je regrette que l’on n’approfondisse pas davantage ces castes, en particulier les Prunelles qui furent assez inutiles. On se concentre surtout sur les dirigeants des deux factions ennemies, la Reine Trille et Crescendo, et quelques membres des Vivaces dont on va découvrir les pouvoirs. J’ai également regretté que l’on reste en surface avec l’idée de société matriarcale où le sexisme est inversé (les Femmes dirigent. Comme chez les Amazones, les Hommes ne sont là que pour ensemencer ses dames quand elles le désirent et sont très en retrait par rapport aux Femmes…). C’est dommage ! Peut-être que ce manque de développement est volontaire afin de ne pas impacter le rythme ? Ce dernier s’est révélé correct : les différentes parties du récit s’enchaînent avec aisance. Découvertes, tensions, rencontres, fuite, rebondissements, guerre, … Hormis la dernière partie, le récit n’est pas haletant toutefois, on progresse avec plaisir. Je n’ai ressenti aucun temps mort.



Du côté des personnages, je n’ai pas ressenti spécialement d’attachement. Il me manquait systématiquement quelque chose. Violette a une personnalité simple, crédible, ingénue et assez sympathique. Encore jeune adolescente, elle n’a pas toujours conscience du danger ou des faux-semblants et ne connaît encore rien à l’Amour. Cette plongée dans le Monde des Muses sera pour elle une découverte constante, à commencer par elle-même. À mon sens, elle rentre parfaitement dans l’archétype de l’héroïne des contes. Par ailleurs, j’ai apprécié son évolution au fil des pages ainsi que ses réactions plutôt réalistes… J’aurais cependant souhaité qu’elle possède un peu plus de tempérament. Dièse, le beau Diapason, m’a semblé avoir du potentiel, mais manquait clairement de profondeur. L’héroïne n’a malheureusement pas passé assez de temps avec lui pour le découvrir, mais je suis certaine qu’il aurait été un parfait ami auquel on s’attache aisément. Enfin, ma principale déception vient d’Arpège, un Vivace charmeur, vif, taquin et sensuel. Si j’ai compris l’attirance immédiate et rapide de la narratrice pour lui, j’ai en revanche eu du mal avec leur relation que j’ai trouvé étrange, relativement voire malsaine. Il m’a donné l’image d’un chat jouant avec sa proie qui en a conscience, mais se laisse doucement conduire entre ses griffes… Cette attraction m’a dérangée, en particulier avec la scène de la cascade qui m’a mise mal à l’aise, car j’avais l’impression que cette idylle était un peu forcée. L’assurance dont a fait preuve Violette plus tard m’a finalement donné tort néanmoins, mon impression sur leur relation déroutante n’a malheureusement pas pu changer.



La plume de Joanne Richoux m’a laissé plusieurs ressentis. J’ai par exemple été séduite par ses descriptions lyriques de cet univers végétal, atypique, poétique et musical. Elle retranscrit également très bien les émotions de la narratrice. En revanche, je n’ai pas accroché à ses nombreuses onomatopées que ce soit dans les dialogues (AAAAAHHHhhhhh !, UuuuH, OoooH !) et l’utilisation de majuscules pour souvent accentuer des mots. Lorsque Violette est en plein trip, c’est déstabilisant. J’ignore si c’était pour renforcer le côté adolescent de la narratrice ou si le style de Joanne Richoux est toujours comme ça. Ainsi, malgré mon ressenti partagé, j’ai envie de lire « Toffee Darling », un road-trip apparemment déjanté se déroulant durant les années soixante.
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Les collisions

J'ai été saisie par ce roman, saisie par l'écriture de cette jeune auteur , douée et très prometteuse ; saisie par les personnages, Gabriel, Laetitia et les autres,   ados complexes,  attachants et tellement réels ; saisie par la mécanique du récit. Il faut dire que Joanne Richoux est une jeune femme et que son adolescence n'est pas si loin ; elle sait donc retranscrire de façon vraie et sans stéréotype les codes de langage de ces adultes en devenir, l'amour entre eux mais aussi la violence.

Quand en plus, cette jeune auteur a du talent pour utiliser un classique de manière si moderne , cela donne un livre fort et une histoire marquante : celle de deux ados intelligents, déjà meurtris par la vie, unis à la vie à la mort (comme on peut l'être exagérément à cet âge) , qui manipulent leurs camarades en rejouant le pervers échiquier sentimental des Liaisons Dangereuses, celle d'un jeu qui dépasse leurs créateurs au risque de leur exploser à la tête ;

Quand en plus, Joanne Richoux, écrivain décidément bien de son temps, compose une bande son au diapason de son récit (magnifiques insertions quand on sait combien la musique accompagne nos vies, particulièrement nos jeunes années) ;

Cela donne un roman poignant, grave, rock'n'roll, et romantique dans le sens premier .

MERCI à la Masse Critique de Babelio sans lquelle je n'aurais probablement jamais découvert ce roman parce que celui-ci est classé "pour ados" et merci aux Éditions Sarbacane.

Je le conseille à tous je suis sûre que vous prendrez une grande claque de l'ange Gabriel et de la fille au sourire banquise.
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Les collisions

Dévoré en à peine une soirée, "Les Collisions" de Joanne Richoux me laissent avec une étrange impression, avec la sensation inconfortable mais captivante de ne pas savoir quels mots ou même quels sentiments poser sur ma lecture. J'ai laissé infuser pourtant... Ai-je aimé, adhéré? Peut-être, oui, mais pas complètement. Ai-je été embarqué? Un peu, mais à mon corps défendant et pas pour les raisons en lesquelles je croyais en ouvrant le roman... "Les Collisions" m'ont bousculée tout en m'agaçant, ont teinté de gris mon moment de lecture quand l'intrigue appelait le noir absolu ou le blanc aveuglant. C'est étrange, flou, brumeux.

Si j'ai plongé la tête baissée dans "Les Collisions", ce n'est pas tant par désir de troquer une fois encore mes lectures d'adulte contre un roman au gout d'adolescence mais plus parce que j'ai été attirée par l'idée d'une réécriture de l'un des classiques que j'idolâtre: "Les Liaisons Dangereuses" (et par ailleurs, vous savez mon penchant pour les réécritures...). Paradoxalement, ce que j'ai préféré dans "Les Collisions" fut son versant adolescent. Quant à son penchant Laclosien, c'est peut-être ce que j'ai trouvé de moins convaincant.



Gabriel et Laetitia sont beaux, félins et attirants. D'aucuns diraient même qu'ils sont dangereux. Septembre est là et la rentrée avec lui, les deux adolescents retournent au lycée, terminale littéraire.

Parce qu'ils se refusent à mettre des mots sur ce qu'ils ressentent vraiment, ils avancent masqués, arrogants et fiers.

Parce qu'ils sont blessés, que leurs vies ont déjà plus de fêlures qu'il n'en faut, le monde qui les entoure leur paraît étriqué, maussade, ennuyeux. Parce qu'ils ont dix-sept ans, ils rêvent d'absolu, de violence, de jusqu'auboutisme, de grandiose.

Et soudain, en cours de littérature, l'idée jaillit, limpide, géniale, séduisante et scandaleuse: ils vont rejouer "Les Liaisons Dangereuses" et tant pis pour les camarades qu'ils vont sacrifier sur l'autel de leur flamme et de leur ennui. Laetitia sera Merteuil et Gabriel jouera Valmont; Dorian figurera Gercourt; Ninon deviendra Cécile tandis qu'à Solal échoit le rôle de Danceny. Ne reste qu'à choisir la présidente de Tourvel. Elle est si jolie la nouvelle professeure d'arts plastiques, si douce et elle s'anime si joliment quand elle évoque et invoque Fragonard...

En moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire, le pacte est scellé, l'œuvre de Laclos rebaptisée ("Les Collisions", voilà qui sonne bien! Titre cogneur, titre agresseur pour adolescents incandescents!). L'enjeu reste le même que dans l'œuvre originelle: Gabriel pourra enfin posséder Laetitia dont les fesses moulées dans le jean le rendent fou et cette dernière osera peut-être enfin ôter son masque...

S'ensuit un terrible jeu de manipulation où éclate toute la perversité des adolescents... Jeu de manipulation, jeu de massacre jusqu'à ce que tout déraille car, comme dans le roman de Choderlos de Laclos, les marionnettistes se font prendre à leur propre jeu. L'amour éclot là où on ne l'attend pas et cette étrange douceur, le camélia qui pousse malgré les épines, rebat les cartes et les redistribue à l'envie.

Jusqu'à ce qu'il soit trop tard. Jusqu'à l'ultime bouleversement.



L'idée de base est géniale: proposer une réécriture contemporaine des "Liaisons Dangereuses" n'est pas nouvelle et elle est (presque) toujours efficace. L'implanter dans un lycée était un pari risqué, audacieux et s'il fonctionne et est plus réussi ici que dans le délire teenage qu'est "Sex Intentions", il présente une faiblesse qui à mon sens découle du second enjeu du roman. "Les Collisions" se présentent en effet comme une réécriture des "Liaisons Dangereuses" mais pour ne pas tomber sans doute dans l'écueil de la transposition gratuite, il semble que cette réappropriation soit pour Joanne Richoux un moyen de traiter l'adolescence et ses tourments. De fait, elle ne nous épargne rien, ni le suicide et l'anorexie, ni la délinquance et l'alcoolisme, ni les parents démissionnaires et les relations abusives. Il fallait donc croiser ses deux enjeux et le résultat est parfois un peu poussif, un peu artificiel, un peu bâclé. Les conquêtes et leurs retombées m'ont parue trop rapides, trop peu subtiles et certains personnages auraient gagné à un traitement plus profond, plus fouillé, plus complexe (je pense à Amandine notamment!).

Il en va de même pour la partie "adolescence". C'est bien entendu fort louable de vouloir évoquer ces sujets sensibles, délicats mais les ficelles sont un peu grosses, le chemin plus que balisé. C'est dommage!

Ces points négatifs ne sont pas grand chose mais ils suffisent à créer un déséquilibre dans la narration, un petit quelque chose qui m'a gênée... Peut-être était-ce un peu naïf de vouloir parler du drame de l'adolescence à partir d'un canevas certes sulfureux et profond mais très loin, au fond, des préoccupations des personnages...

Personnages dont j'ai trouvé le traitement assez inégal: je parlais d'Amandine plus haut, dont je trouve qu'elle manque de profondeur, mais il en va de même pour Solal par exemple. Quant à Laetitia, je l'ai trouvé monolithique. En revanche, bien sûr que j'ai aimé Gabriel et que je me suis attachée à Ninon. Moins à Dorian qui sonne un peu creux.

Objectivement, cela commence à faire assez de remarques pour justifier d'une mauvaise appréciation du roman. C'est sans compter sur le ressenti qui accompagne parfois certaines lectures marquées par certaines faiblesses...

Parce que oui, malgré ces dernières que je déplore absolument, il y a un moment où j'ai été happée par le roman, alors même que je m'en défendais farouchement.

En cause? L'écriture de Joanne Richoux qui colle à merveille au tempérament de ses personnages. Je l'ai trouvé poétique et intense cette écriture, urgente, fiévreuse, blessante. Une syntaxe pleine de rupture de rythme, riche d'images perçantes, marquantes qui épouse parfaitement la dimension excessive et passionnée des personnages, une écriture qui ressemble aux embrasements adolescent. Le tout ou rien, le vivre ou mourir, le pour toujours et à jamais, le feu et la révolte.

L'écriture et la violence parfois crue du propos qui m'a rappelé une certaine forme de romantisme, dans le sens premier du terme et qui en appelle à une certaine forme d'engagement, d'urgence. "Les Collisions" semblent écrites avec les tripes, avec sincérité ce qui d'une certaine manière explique sans doute et excuse les quelques maladresses citées plus haut... Oui c'est excessif, trop sans doute, mais le coup de poignard ressenti était bel et bien là... C'est un signe non?















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Les collisions

Elèves de Terminale Littéraire, Laetitia et Gabriel sont amis. Ils aiment se faire remarquer en faisant les 400 coups. Cette année, ils ont choisi de revisiter Les Liaisons Dangereuses à leur manière. Laetitia sera la Marquise de Merteuil, Gabriel le personnage de Valmont, des élèves de la classe interpréteront à leur insu Gercourt, Cécile, Danceny et une professeur sera choisie pour être Mme de Tourvel. Mais tout ne se passe pas comme prévu et certains protagonistes tombent amoureux. Laetitia, qui ne supporte pas de ne pas diriger le jeu, va précipiter les événements et provoquer des drames.



J'ai découvert ce roman au thème original sur le site et intriguée par cette réinterprétation de ce grand classique de la littérature, j'avais envie de savoir ce qu'il en était.

Au tout début du livre, j'ai eu peur car tout de suite j'ai perçu quelque chose de malsain pouvant s'apparenter à une forme de harcèlement. C'est un sujet sensible pour moi et sur lequel je ne plaisante pas. Mais contrairement à mes appréhensions, je suis tombée justement sous le charme de ce côté malsain, de la perversion contenue dans l'histoire. J'ai tremblé pour les adolescents victimes comme Ninon, Solal, Dorian et même Mme Brugnon qui va en payer le prix fort, elle aussi.

Des deux personnages principaux, Laetitia m'est apparue vraiment comme la plus perverse, la plus manipulatrice, celle qui n'a pas de remords ; Gabriel est nettement plus nuancé, il est capable de ressentir des remords, d'aimer véritablement et en cela il est touchant.

J'avais du mal à refermer le livre à chaque fois que je devais m'arrêter, les chapitres sont courts, ils entretiennent un suspense indéniable et on rebondit de chapitre en chapitre, nous aussi victimes de cette manipulation diabolique.

J'ai été vraiment surprise par la fin du livre, je ne m'y attendais pas du tout et jusqu'à la dernière ligne, j'espérais un autre dénouement. Elle est bouleversante et en tant que parents, ce livre nous engage à prêter encore plus attention à nos adolescents qui peuvent jouer ou être victimes de jeux bien cruels sans en mesurer toutes les conséquences.
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Marquise

Suite à un casting, Charlotte intègre le château du Marquis, un homme mystérieux qui vit comme un roi. Mais tout ne semble pas aussi idyllique que ça en a l'air...



Il est très rare que je n'aime pas du tout un livre. En général, je trouve toujours un petit élément à sauver. Mais pas là. L'intrigue? Inexistante et quand enfin elle se dessine, elle m'as fait bondir tant elle sort de nulle part et est absurde. Je ne parle même pas de la fin que l'auteure sort vraiment d'on ne sait où pour justifier toute son intrigue! Les personnages? Inconsistants, détestables et niais. Charlotte et son Billy adoré auraient mérité une bonne paire de claques. Le style? Et non, retente ta chance! C'est l'élément qui m'as le plus agacé. Vulgaire et totalement décalé (ou alors ce n'est plus de mon âge).

En définitif, rien à garder. Carrément dispensable.
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Nouvelles Sous Antalgiques

Ayant suivi les aventures éditoriales de Joanne sur le site des Jeunes écrivains, et dans la mesure où nous avons désormais le même éditeur, j'avais forcément envie de chroniquer son recueil de nouvelles sur mon blog.



Après ma lecture, je suis définitivement fière d'avoir le même éditeur que Joanne Richoux : Hugues Facorat. J'ai en effet dévoré les treize textes qui composent son recueil. C'est frais, léger, pétillant.



J'ai forcément mes nouvelles préférées : "Adrénaline", "Lettre à Amour", "Les monkey girls" et surtout "Au gré des vitesses", qui se présente d'abord comme une banale histoire de covoiturage pour acquérir la profondeur d'une belle leçon de vie. On entend le plus souvent tinter une petite musique triste. Derrière la grossièreté de surface se cachent les maux des protagonistes.



En quelques pages sont ainsi croqués toute une série de personnages. Les narrateurs, qui s'expriment tous à la première personne, sont variés : de la blonde au miroir de poche, de l'étudiant aux Beaux-Arts à la chatte espagnole. Ils nous révèlent à chaque fois un pan différent de réalité, expriment un regard le plus souvent sans illusion sur le sexe, l'alcool et l'amour. Ils semblent chanter des lendemains de fête qui n'en sont plus.



Le registre se veut tantôt familier, tantôt courant, avec un beau sens de la formule. J'ai d'ailleurs trouvé excellente l'idée des citations sur la quatrième de couverture, qui trouvent chacune leur place dans une des nouvelles. Il manque, à mon humble avis : "Je suis née vieille et désabusée, il mourra immaculé." Je l'y aurais bien vue aussi.



Le recueil se termine sur deux nouvelles un peu particulières. L'une, "Petit dico amoureux pour garçons gogols" , est un petit exercice de style plutôt marrant, un dictionnaire portatif sans prétention sur les relations hommes / femmes. L'autre est un récit autobiographique qui clôt le recueil sur un retour au Je alors qu'il s'ouvrait en nous présentant un petit miroir de poche.



Bref, un recueil qui se veut sans prétention, que j'aurais cru sympa, sans plus, mais qui est définitivement une belle surprise !


Lien : http://lectiole.canalblog.co..
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Sillage

Bilan lecture en demi-teinte, je dois dire que je ne sais pas trop quoi en penser.



Commençons par ce qui a été le plus problématique pour moi, l'écriture. Elle est très désagréable, que ce soit par sa narration ou le vocabulaire. En ce qui concerne la narration, elle est plutôt détachée et froide, j'en ai eu du mal à m'attacher aux personnages. De plus, on suit l'histoire du point de vue de Jade dont la santé mentale vacille peu à peu, on se retrouve alors jeté dans ses pensées, qui sonnent fantasmagoriques, décousues. Ça a eu le don de me perdre à plusieurs reprises. Pour ce qui est du vocabulaire, l'autrice adopte une écriture brute et faussement jeune, qui est décalé, c'est « trop ». Ça me sortait de l'histoire, la vulgarité et ce ton forcé me révulsaient. D'autant plus qu'on est dans la caricature des jeunes, ils ne parlent pas de cette façon et heureusement. J'ai vraiment détesté ce style, je doutais même de pouvoir continuer. Le rythme était également très étrange, parfois haché et plat, ce n'était pas évident de plonger dedans.



Mais là est tout mon désarroi, l'ambiance de l'histoire a su capter mon attention et je me trouvais incapable de lâcher ce livre à la fois insaisissable et troublant. J'ai aimé suivre Jade dans son obsession et ses dérives, ignorant où tout cela allait mener. La santé mentale est bien traitée, on voit l'impact des angoisses et des personnes qui gravitent autour de Jade, jeune fille très sensible et fragile. J'ai trouvé certains passages poignants notamment sur le deuil et les désillusions relationnelles. A ce propos, l'autrice ne se montre pas moralisatrice, elle se contente de pointer des aspects et phénomènes de société à travers la descente aux enfers de Jade, ou encore par les troubles anxieux ou d'attachement que l'on trouve aussi chez ses personnages secondaires. Elle ne condamne rien, elle nous laisse le soin d'y réfléchir, et ça a plutôt bien fonctionné pour moi car « Sillage » a hanté mon esprit quelques jours après ma lecture. Et pour finir, j'ai été agréablement surprise par cette fin bouleversante ! Je n'avais pas imaginé la tournure que prendraient les évènements.



Pour conclure, je ne saurais dire si j'ai aimé ou pas ce livre, il laisse un étrange sentiment une fois la dernière page tournée. Il y avait de bonnes idées, des personnages originaux couplés d'une bonne intrigue, mais une exécution qui n'a pas su me convaincre. Si la plume avait été différente ça aurait changé mon avis, c'est d'ailleurs dommage avec toutes les références de chefs d'œuvres qu'elle fait : du parfum de Patrick Süskind à Baudelaire, ça aurait pu être une véritable claque.
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Sillage

Jade a quitté sa grand-mère en Bretagne chez qui elle a grandi pour s'installer à Paris afin de travailler dans la parfumerie. Elle est recrutée dans la chaîne de parfumerie, Alice Caprices. Grâce à sa collègue Sibylle, elle rencontre un jeune étudiant en philosophie, Victor, dont elle tombe amoureuse. Elle rencontre aussi Bastien, un jeune libraire gay victime de l'homophobie de ses parents et Lou, une jeune femme avec qui elle entretient une tendre amitié. Bientôt, elle rencontre enfin un grand parfumeur, Zacharie Mignard qui a fondé sa marque À fleur de ciel avec trois parfums emblématiques, Ivresse, Émulsion et Rêverie. Celui-ci la recrute et lui donne carte blanche.





"Joanne Richoux est née en 1990, en région parisienne. Elle a grandi dans la campagne auvergnate puis a suivi des études de psychologie à Grenoble. Aujourd'hui, elle vit en Bretagne, où elle se consacre à l'écriture. Elle est l'autrice de plusieurs romans pour adolescents chez Actes Sud junior, Gulf Stream ou Sarbacane, notamment Les Collisions, PLS, Virgile & Bloom, et Désaccordée. En 2022, elle publie son premier roman à destination d'un public adulte, La Peau des filles, aux éditions Actes Sud." source : éditeur





Joanne Richoux commence sa carrière chez Hugues Facorat en 2014 avec Nouvelles sous antalgiques puis elle publie successivement chez Sarbacane Marquise en 2017, Les collisions en 2018 - adaptation moderne des Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos -, Toffee Darling en 2019 - road-trip dans les États-Unis des années 1960 - ; elle publie aussi chez Gulfstream Désaccordée en 2019, Orageuse en 2020, et chez Actes sud junior PLS en 2020, T’as vrillé en 2021, Virgile & Bloom en 2021, La peau des filles en 2022.





Joanne Richoux propose un nouveau texte, semble-t-il, très personnel à la fois sur la création et sur la dépression ou les troubles de l’humeur. Elle met en scène une jeune provinciale qui s’installe à Paris pour pouvoir exercer son métier de parfumeur ; l’héroïne découvre la vie parisienne et tombe amoureuse, elle va surtout pouvoir développer son talent grâce à la confiance d’un artiste de la parfumerie et s’affranchir de toutes les règles.

Joanne Richoux offre ainsi une variation sur Le parfum de Patrick Süskind cité plusieurs fois dans le roman. Elle s’attache au portrait des mouvements de l’âme de l’héroïne avec ses accès de dépression, son obsession pour la mort et le putride et l’autrice livre quelques références à Charles Baudelaire. Il y a une recherche littéraire évidente et cette volonté d'œuvre littéraire de poétesse maudite domine toute l’intrigue, lente et la lecture peut en paraître fastidieuse sur un segment Young Adult soucieux justement du rythme de l’intrigue romanesque. Nous comprenons le parallèle entre le petit monde de la parfumerie décrit dans le roman avec ses soirées parisiennes et le monde de l’édition connu par l’autrice ; elle interroge le monde de l’édition entre la production commerciale et la création littéraire. Il s'agit donc d’une œuvre originale mais celle-ci trouvera difficilement son public.

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Désaccordée

« Do mi sol do do sol mi do

Le vrai musicien répète avec ardeur

De savantes gammes et des arpèges

Mais il faut qu'il sache que sa voix doit sortir du coeur

En chantant ses gammes et ses arpèges »*





Je ressors encore une fois conquise du dernier livre de Joanne Richoux. Ayant pour fil conducteur la musique, « Désaccordée » nous entraîne au pays des Muses. De la fantasy onirique, poétique et subtile aux couleurs chatoyantes et au charme envoûtant. Un univers imaginaire unique qui se démarque de ses congénères. Je suis toujours impressionnée de constater que, même de nos jours, l'imagination n'a pas de limite. Les auteurs réussissent encore à nous surprendre avec leur créativité. Ce texte est une réussite, et du plaisir pour les cinq sens. Le monde des Muses est un enchantement chromatique. À travers les mots que nous murmure Joanne Richoux on regarde avec émerveillement, on se délecte du goût du chèvrefeuille, on respire des fragrances ensorcelantes, on se laisse bercer par les mélodies et on touche de façon charnelle. Les descriptions sont sensationnelles. L'autrice a troqué ses phrases courtes et sa plume juste et percutante (que j'aime tant) contre une écriture poétique à la formulation plus longue et élaborée (que j'aime tout autant). Elle a su adapter sa plume à l'ouvrage. C'est visuel, on est projeté dans ce monde et on y ressent tout. Magique.





Diapasons, Vivaces et Prunelles forment les trois ordres qui cohabitent dans cet univers fantastique. Joanne Richoux nous chante leur histoire à travers ses mots, et fait rêver le lecteur. Rien n'est laissé au hasard, même pas les prénoms des personnages... Pour les principaux, ils s'appellent : Violette, Arpège et Dièse. Violette, jeune fille de 17 ans venant de notre monde est l'élégance de cette fragrance qu'est l'insolence** (phrase tortueuse difficile à comprendre sans le livre... ;) ). Son personnage est crédible, surtout dans ses premières réactions. Elle fait preuve d'un certain courage notamment à travers son dernier acte de bravoure. Arpège, quant à lui, est la volupté incarné. Séduisant, le jeune homme à la personnalité plus qu'atypique est pourvu d'un magnétisme incontestable. Il est à la fois luxurieux et innocent, mais aussi mystérieux, respectueux, attendrissant et un chouïa capricieux. Et puis il y a Dièse, le motard rebelle aux yeux vairons qui défend de belles valeurs. Sincère, honnête et altruiste on l'aime forcément. Je les ai tous trois fortement apprécié. Pour les secondaires, il y a l'attachante Sonate, la Reine Trille, la charismatique Crescendo, le surprenant Dolce (je m'attendais à la première partie le concernant, mais pas à la dernière révélation) etc... Un vrai régal tous ces prénoms! (et il en a d'autres : Bémol, Fa, Croche...) Ils sont tellement bien choisis. L'immersion musicale est totale.





D É S A C C O R D É E

É vasion

S ensualité

A rpège

C hant

C harme

O nirisme

R oyauté

D iapasons

É motion

E nvoûtant.





ENVOÛTANT. Si je devais définir ce livre en un seul mot, ce serait celui-là. « Désaccordée » est un one-shot, mais j'ai malgré tout la terrible envie de retourner dans ce monde féerique. Un joli coup de cœur pour lequel je serai tout à fait partante pour une suite afin de savoir si... mais aussi pourquoi Violette... Chuuuut vous n'en saurez pas plus. Je vous laisse le découvrir, que vous soyez accordée, ou pas ;)









*Marie dans les Aristochats

** Parfum de Guerlain

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Toffee Darling

Bienvenue dans les sixties !

Ils s'appellent Vivianne, Jérôme et Kathleen et ils vont vous embarquer dans un road trip particulièrement immersif au coeur des États-Unis.





Joanne Richoux possède cette capacité de réussir à me faire aimer des ouvrages qui ne sont pas dans mes goûts habituels. Et pourtant, ses textes, je les adore. « Les collisions », son précédent roman, fût ma lecture la plus marquante de mon année 2018, c'est dire. Son secret ? Sa plume en grande partie. Elle sait transmettre l'émotion comme peu savent le faire. Son écriture a du style. C'est fluide et percutant. Chaque phrase est juste, les mots sont choisis avec soin. Quant au dynamisme, elle ne le transmet pas que grâce à son scénario, elle l'instaure également dans sa plume. Ses phrases dansent au rythme de l'action.

Joanne Richoux, elle sait me choper. Oui, me choper. Elle m'attrape, me happe, et sait me garder au creux de son histoire. Elle a un réel talent pour créer de la profondeur dans ses textes, que ce soit au niveau de l'histoire ou concernant ses personnages. Je la soupçonne d'être une hypersensible angoissée et empathe. Car, connaissant moi-même ses sensations, j'ai tendance à être convaincue que seule une réelle anxieuse peut retranscrire la crise de panique avec autant de précision et d'émotion.





Vivianne est angoissée, elle se pose des questions sur son couple, sur elle, sur la vie. Sur sa vie. Jérôme est amoureux fou de Vivianne, il mourrait pour elle. À vivre pour elle, il ne vit plus pour lui. Tous deux ne se comprennent plus, et pourtant ils s'aiment. Ils ne communiquent plus et pourtant c'est la clé. Comment peuvent-ils avancer ensemble si ils n'expriment pas ce qu'ils ressentent ? Comment combler les attentes de chacun si chacun ne les extériorise pas ? Ils gardent tout pour eux, ils ont oublié que l'autre n'est pas devin. Personne ne sait ce que vous avez en tête à part vous. Et même si vous avez une envie folle que l'autre le devine, sachez que ça n'arrivera pas, ça, ce n'est que dans les films. C'est pour ça que j'ai aimé ce texte ; il est criant de vérité. Tellement réel et pas du tout surfait. Il aborde la thématique des problèmes de couple (entre autres) avec authenticité. C'est creusé, c'est mature, c'est profond. Un livre qui peut se trouver dans le rayon adulte autant que dans celui des ados, si ce n'est plus.





Je vous ai parlé de Vivianne et Jérôme mais il y a aussi Kathleen, une pin-up flamboyante au charme envoûtant. Elle a ses plaies au coeur également mais elle est aussi la bouffée d'air frais et le regard extérieur dont a besoin notre jeune couple. Son message ?« AIMEZ-VOUS, FUCKING IDIOTS. » (Oui, elle est Américaine donc elle lâche régulièrement quelques expressions en anglais, mais c'est toujours compréhensible) (J'ai quand même pas besoin de vous traduire « fucking » ? Si? Lol)

Un roman à trois voix donc. Ce qui les lie ? Tous trois étouffent et ont soif de liberté. Vous vous demandez pourquoi ces trois là se sont rencontrés? « Jamais pourquoi. Pourquoi pas. » Les rencontres de la vie construisent le chemin que nous avons emprunté, que nous empruntons et que nous emprunterons. Kathleen va jouer un rôle clé dans le parcours de Vivianne et Jérôme. Et grâce à eux, le sien sera perturbé aussi.

L'authenticité des personnages fait que l'on se sent proche d'eux, on a l'impression de les connaître. Quand je pense à eux j'ai l'impression qu'ils ont vraiment existé. Ils auraient pu en tout cas. Joanne Richoux dépeint des êtres humains comme vous et moi, pas des super-héros. Ils ont leurs hauts et leurs bas.





Ce qui accentue cet effet de véracité, c'est le croisement avec le côté historique. La plongée dans les années 60 est réussie. On s'y croit ! J'avais l'impression d'être aux States 55ans en arrière. De plus, les protagonistes font de nombreuses rencontres lors de leur périple et vont croiser des personnalités, souvent de notoriété publique, qui ont existé et existent vraiment. Je ne vous donnerai pas plus de précisions à ce sujet pour vous laisser la surprise. Associé à cela, l'auteure a parsemé dans son ouvrage des anecdotes historiques. Vous les trouverez en fin de chapitre et c'est un vrai plaisir de grignoter ces informations. Cela apporte un vrai plus. Autre élément qui renforce l'immersion du lieu et de l'époque : la musique et la langue Anglaise.

- Que serait un road trip à cette époque et dans ce pays sans Jim Morrison, The Beatles, Otis Redding, Elvis Presley ou encore The Doors ?

- Nothing.

Ainsi, au fil du livre, l'auteure nous offre des morceaux choisis toujours soigneusement. Mon seul regret, est qu' il manque les traductions de certains passages en anglais (pas pour les expressions de Kathleen juste pour la musique). J'aurai apprécié une traduction en bas de page, mais c'est très personnel.





Je finirai avec mon propre remake de «Hotel California» (The Eagles) :



Welcome to the story « Toffee Darling »

Such a lovely book (Such a lovely book)

Such a lovely text



(à chanter en rythme s'il vous plaît ;) )
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Juste avant que

Après mon coup de cœur pour le goût du baiser de la même collection j’avais hâte de me relancer dans un roman de la Collection L’ardeur. J’en ressors mitigée. Ma lecture m’a paru durer des jours pour une centaine de pages.



En général, ce n’est pas bon signe.



La romance est au second plan. Elle est simple et basique. Cette romance suit le schéma de Friends to lovers. Il est son meilleur ami, un mec à femmes, elle tombe comme des fleurs à ses pieds. Il recherche de l’attention, car sa mère n’est pas capable d’amour. Elle est sœur d’un toxico qui mange tout l’argent de ses parents. Elle est obligée d’être parfaite pour racheter les culpabilités de son frère.



Ils sont en huis clos, seuls dans une chambre. Ils pleurent sur leur sort et leurs blessures sous un fond de fin du monde.



Mais plus qu’une romance c’est un prétexte !



C’est une simple excuse ou un prétexte pour parler de thématique d’actualité et pousser une gueulante. Les mots sont justes et percutants, mais ce n’est pas pour cette raison que je l’ai lu. Elle décrit une génération qui a perdu tout sens à la vie et à zéro perspective d’avenir.



Si j’avais lu la critique sans l’associer à la collection « L’ardeur », j’aurais clairement pu l’apprécier et à sa juste valeur. Cependant, les éditions Thierry Magnier l’ont publié dans cette collection, ils ont créé en moi une attente, et celle-ci a été déçue.



En résumé



Je n’ai pas été touchée par ce roman de l’ardeur. La romance manque de profondeur et elle n’est qu’un prétexte pour une critique sociale.
Lien : https://lesparaversdemillina..
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Sillage

Aïe aïe aïe, j'écris cet avis à chaud, je viens de refermer le livre et c'est une grosse déception pour moi.



Je suis très triste car j'étais très emballée de découvrir ce titre. J'avais hâte de découvrir la plume de Joanne Richoux, j'étais excitée de me plonger dans un roman qui s'inspirerait du Parfum de Patrick Süskind, en bref j'étais impatiente de me plonger dedans ! J'avais peut-être trop d'attentes ? C'est possible...



J'ai très vite compris que ça n'allait pas coller entre "Sillage" et moi. Je n'ai pas adhéré au style d'écriture. C'est très particulier. "Boobs" par-ci, "de ouf" par là, en passant par "trop pas" et "loveuse". Des termes familiers qui m'ont personnellement fait décrocher de l'intrigue durant ma lecture. Ce n'est pas forcément un style dont je suis habitué et malheureusement ce n'est pas quelque chose que j'apprécie.



Néanmoins j'ai aimé l'immersion dans le monde du parfum. C'est détaillé, on pourrait presque sentir les différentes fragrances, c'est très sympa.



En bref, une grosse déception pour moi, le quotidien de Jade dans Paris et son obsession pour l'odeur parfaite ne m'ont pas tenue en haleine.




Lien : https://www.instagram.com/bo..
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La peau des filles

Louise, Rose et Jenna, trois amies trentenaires, décident presque sur un coup de tête de partir se ressourcer et réfléchir à leurs vie lors d'un road-trip qui les mènera de l'Auvergne à Saint Jean de Luz.



Rose, Louise et Jenna sont à un moment de leur vie où tout part en vrille et elles vont essayer de reconstruire ce puzzle ensemble.



De rencontres en disputes, de prises de tête en prises de conscience, ce voyage leur permettra de se redécouvrir et peut-être même de se réinventer et espérer que l'océan lave de ses embruns les failles et les félures profondes



De sa belle plume sensible et poétique, Joanne Richoux, dont c'est le premier roman, dessine en creux le portrait d'une génération qui a perdu une partie de ses illusions mais pas sa fureur de vivre.



Même à travers des bribes de phrases, la romancière dit tout des déceptions, des révoltes, des angoisses qui collent à la peau de cette génération fragile et paumée mais qui veut encore s'accrocher à un semblant d'idéal.



L’écriture de Joanne Richoux touche au cœur car elle est acide, fine, abrupte sensuelle et qu'elle nous fait aimer Jenna, Rose et Louise autant qu'on peut les haïr.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Sillage

Le nez de Jade s'accroche à tout ce qu'elle voit, ce qu'elle perçoit et ce qu'elle ressent. Comme Jean-Baptiste Grenouille dans le livre Le Parfum, elle conquiert le royaume des senteurs et des odeurs et comme ce meurtrier, elle veut créer son parfum ultime.

Paris n'est pas une mince affaire mais pas non plus infranchissable. D'alice Caprices à l'univers tordu et impoli du parfumeur Zacharie Mignard, Jade va se perdre entre ses idées, ses désirs et sa détermination mais aussi entre ses proches dont Victor, champion du Ghosting et visualisant le monde en noir et blanc.

Dans ce roman coup de coeur, Jade donne un sens, du goût, des couleurs et de l'odorat à chaque personne qu'elle croise, chaque lieu et tout l'environnement qui l'entoure. Le style d'écriture de l'autrice est simple, tranchant et en accord avec le personnage de Jade. Je recommande!
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Sillage

Jade a quitté sa Bretagne et sa mamie adorée pour venir s’installer à Paris. Elle veut travailler dans le monde de la parfumerie. Jade est sensible aux odeurs et possède un don rare pour les identifier et les manier.

Elle trouve une place chez Alice Caprices, une grande enseigne qui vend des parfums calibrés, sucrés, standardisés.

Loin de ses propres attentes, cela reste une première expérience et puis, elle doit payer son loyer. Là-bas, elle rencontre Sibylle et puis Victor. C’est le coup de foudre. Mais Victor est quelqu’un de compliqué. La relation qu'ils entament est passionnelle puis obsessionnelle.

En parallèle, Jade tente de s’adapter, de combattre ses démons. Quand une porte s’ouvre dans le monde de la parfumerie, d'autres se ferment, plongeant Jade dans un trouble de plus en plus inquiétant.



Sillage c’est le roman de la noirceur, des odeurs, de la libération dans la douleur et le mal. 

Sillage s’inspire d’un grand roman Le parfum (sous-titré Histoire d'un meurtrier) écrit par l’auteur allemand Patrick Süskind et paru en France en 1986. L’action de ce texte se situe d’ailleurs majoritairement à Paris. C’est déjà devenu un classique qui a été librement adapté au cinéma et en série.



Sillage n’est pas une pâle copie du roman de Süskind. Il y a des allusions précises, des clins d'oeil et on ne peut s’empêcher d’y penser en découvrant l’histoire de Jade, l'héroïne. Mais Sillage, porté par l’écriture de Joanne Richoux, incarné par ses intenses personnages, sublimé par sa façon de voir le monde et de le sentir, est vraiment unique et original. 

Et puis Sillage, je le disais à la principale intéressée il y a peu, c’est un roman que j’aurais aimé lire ado. Parce qu’il évoque avec une sensibilité, une justesse folles les écueils de la vie. Il est puissant et authentique.



Sillage, c'est une histoire d'amour magnifique et terrible, destructrice et passionnelle. C'est d'un romantisme fou. 

Si Sillage parle de l’amour impossible, c'est aussi un roman sur la recherche du bonheur mais aussi la difficulté à trouver sa place dans une société sans repère, la poursuite de ses rêves sans se perdre et la quête d’un équilibre compliqué à trouver et surtout à maintenir. Sillage parle aussi et surtout de la mort qui, si elle nous laisse parfois du répit, reste toujours à proximité.

Sillage est un sublime tableau olfactif et sensoriel qui s’obscurcit au fil des pages.

On y croise des personnages criants de vérité dans leurs failles et leurs faiblesses. Car Joanne Richoux sait très bien faire ça aussi, saisir et montrer ce qui agite les esprits, dépeindre les relations qui nous lient ou nous brisent.

On découvre aussi l'univers du parfum. Joanne Richoux, à travers le parcours de Jade, nous permet d'entrer dans les coulisses du monde de la parfumerie grand public mais aussi plus artisanale. On y apprend beaucoup de choses sur l'histoire de ce milieu passionnant. Comme dans beaucoup de ses textes, elle insère des éléments historiques dans son récit avec subtilité.
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Sillage

J'ai été tentée de lire ce roman car la superbe chronique de @Amy_ m'avait sincèrement intriguée. Je peux le dire maintenant, je rejoins totalement son avis en demi-teinte, et c'est même encore en dessous pour moi...



Je ne souhaite pas rédiger de résumé, simplement exprimer ''brièvement'' mon ressenti. Je n'ai pas particulièrement envie de développer, je suis navrée... Mais il me faut extérioriser afin de penser à autre chose.



• Je vais commencer par ce que j'ai aimé :

- Le monde du parfum : personnellement ça me fascine. Certaines descriptions m'ont été agréables.

- Aussi, je reconnais le côté envoûtant du récit qui nous appel à enchaîner les chapitres et à connaître la fin.

- Le fait qu'on parle d'anxiété, d'angoisses, de santé mentale : ce sont des sujets importants et beaucoup d'entre nous peuvent se sentir concerné(e)s.



Mais malheureusement, la façon dont ces thèmes ont été traités et la direction prise par l'histoire ne m'a pas plu du tout... Il faut savoir que je n'ai pas lu le roman de Patrick Süskind, « Le parfum ». Il semblerait que « Sillage » en soit inspiré. J'ai donc été complètement surprise par le revirement de situation qui m'a, il faut le dire, répugnée... ^^'



Je n'ai donc pas apprécié :

- Le récit dans sa globalité et particulièrement la tournure des évènements comme dit précédemment. Je n'ai pas aimé lire la façon dont Jade, le personnage principal, pète un câble. Certains passages m'étaient malaisants.

- Autre point important qui m'a déroutée, est la façon dont c'était écrit et les mots utilisés. La plume de l'auteure m'a semblé froide, tranchante, parfois... décousue ? Sans oublier le langage très familier du style ''OKLM'', ''Balek'' par exemple, qui me sortait totalement de ma lecture.

- Pour finir, si j'ai aimé certaines descriptions parfumées comme dit plus haut, d'autres odeurs m'ont répugnées - au risque de me répéter - et certaines images m'ont dégoûtées. Vraiment. Comme je le dis toujours, il faut savoir que je suis très sensible... Et les odeurs, la putréfaction entre autres, ont un fort impact sur moi, même en les lisant.



• Pour conclure... Si d'ordinaire je dis que je suis passée à côté d'un livre pour justifier mon avis, ici, sans tourner autour du pot : « Sillage » m'a déplu. Je ne suis clairement pas le public visé mais au vu de cette jolie couverture, je ne m'en serais pas doutée (oui je sais, il ne faut pas se fier à cela, haha...). Il va me falloir un peu de temps pour passer à autre chose, car qu'on le veuille ou non, cette lecture - selon moi - ne laisse pas indifférent. C'est le genre de parfum qui colle à la peau et aux vêtements...



(Il va de soit qu'il s'agit ici de mon ressenti personnel et je vous enjoigne vivement à vous faire votre propre avis si ce roman vous tente. Certaines chroniques étaient très positives !)
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Virgile et Bloom

Virgile & Bloom, c'est d'abord une idée de road trip Breton un peu barré, entre une jeune fille pétillante, senteur fruit, et son prof de violoncelle, un " fichu vampire " lassé et déprimé de toutes ses années de vie.



C'est aussi une romance si bien écrite, qu'on peut frissonner, sourire ou pleurer devant ces personnages follement attachants.



Enfin, une sorte de critique sociale actuelle, sur plusieurs maux du monde, s'entremêlent intelligemment parmi les succubes, sirènes, lycans et vampires que l'on peut croiser.



Si tout cela vous paraît curieux et difficile à lier, foncez : Johanne Richoux fait ça très bien !
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