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Critiques de Joris-Karl Huysmans (337)
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À rebours

Je donnerai mon avis en deux nuances.

La première.

Si vous êtes dépressif, lisez A rebours: les caprices névrosés de Des Esseintes ont refait ma journée (et pourtant je suis de nature enjouée et gaie). Quelques exemples qui m'ont fait mourir de rire: l'épisode de la tortue, le dénouement du voyage avorté, le bar transformé en orgue à ventre ouvert et les alcools en une symphonie déjantée, j'en passe et des meilleures.

Le texte fourmille de références en arts et en littérature, la plume est juste exquise, les idées développées tellement pertinentes et parfaitement mises en couleur dans la prose de l'auteur (un exemple, l'allégorie de l'humanité incarnée dans le foisement de la flore)

La deuxième.

Malheureusement, à partir de la moitié de l'ouvrage, j'ai décroché. L'ennui de De Esseintes a fini par m'atteindre, m'empoisoner comme lui, et j'ai peiné à finir ma lecture.

Le fourmillement de références littéraires a fini par me donner à moi aussi la nausée, l'excès a agi sur mon estomac comme celui du protagoniste.

Dommage.

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À rebours

Je me suis profondément ennuyé en lisant cet ouvrage dans lequel il ne se passe rien ...
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À rebours

"Seigneur, prenez pitié du chrétien qui doute, de l'incrédule qui voudrait croire, du forçat de la vie qui s'embarque seul, dans la nuit, sous un firmament que n'éclairent plus les consolants fanaux du vieil espoir !"



Exhalant de capiteux fumets de venaison, À rebours estampe irrémissiblement le goût de ses ouailles ; on ne se remet jamais d'une telle lecture et, quelques trente ans après mon baptême, j'y communie avec une ferveur intacte.



Dans ces envoûtantes miscellanées du beau bizarre, Huysmans nous guide, cicérone pervers, à travers les dédales d'une névrose. Celle du duc Jean Floressas des Esseintes, raffiné blasé, qui s'isole du commun et du vulgaire dans sa villa de Fontenay-aux-Roses. Souffrant de nervosisme -et plus certainement d'une syphilis-, ce misanthrope recrée dans sa thébaïde un univers qui lui ressemble : original, factice et décadent.



Plus son sanctuaire s'orne des oblations qu'il y dépose, plus son être se vide de sa substance. L'ennui et le pâle tréponème le tuent à petit feu en une immolation funeste. Qu'il feuillette avec passion les décadents latins, les Parnassiens et Poètes Maudits du jour, distille les parfums les plus suaves, s'immerge dans l'exubérance d'un jardin corrupteur ou se noie dans les pigments faisandés des tableaux de Gustave Moreau ou dans les gravures tératologiques d'Odilon Redon, ce triste babilan reste désespérément flasque.



Car le fruit est pourri. Des Esseintes, "né sur un lit de roses fanées", snobissime pourfendeur du naturel qui se grise d'artifices, entretient un cœur vicié. Pédéraste refoulé, sadique perfide, il s'est longtemps nourri de la détresse humaine. Seul face à lui-même, "dans ce confinement contre nature où il s'entêtait", ce devancier d'un Dorian Gray, exsude ses poisons sans le secours d'une rédemption divine.



Démiurge excentrique, Huysmans brode une étoffe chatoyante où brasillent les fils d'or d'une imagination baroque : un orgue à alcools dont Vian saura se souvenir, un dîner monochrome, une Salomé chelonienne qui meurt sous le poids des pierreries dont elle est revêtue, un voyage immobile où seuls les sens sont activés... Son génie séminal a généré de beaux enfants et la littérature comme la chanson lui doivent beaucoup.



Véritable pierre philosophale, la plume de l'écrivain transmute le plomb ordinaire en or. Tout à la fois chantournée et plantureuse, l'écriture huysmanienne surabonde de préciosités et d'extravagances mais privilégie une expression lumineuse et un débraillé de façade. Sa mise en voix procure d'ineffables plaisirs. Morbide ou rutilant, chaque chapitre profusément référencé est un miracle d'intelligence et de poésie. De la gelée royale !



Une aventure "déliquesseintes", une épectase littéraire : l'indispensable Baedeker Fin de Siècle.



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Là-bas

Une structure à la precision diabolique, l'érudition habituelle de Huymans au service d'une plongée dans le satanisme, l'ésotérisme, longtemps avant le pendule de Foucault d'Umberto Ecco. On assiste aux joutes intellectuelles entre les rebelles de la fin de siècle dont Huymans s'efforce de faire partie. Il se définit contre le naturalisme, expérimente, cherche le salut dans la fange des originaux, des fous. Car Durtal, l'alter-ego, poursuit ses questionnements, tâtonne au gré des rencontres, sans doute sans se rendre compte qu'il donne naissance au mouvement décadent..
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En ménage

Ah ça, c'est du roman noir ! Noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir pour nos deux héros, André le littéraire timoré et Cyprien le peintre avant-gardiste et raté. Quant à leurs belles, bien des déboires les guettent en leur compagnie, empêtrés qu'ils sont dans leur rejet des mentalités bourgeoises fin de siècle, mais réfléchissant et agissant toutefois comme de bons machos, qui voient arriver la fin de leur jeunesse et se languissent d'une femme sachant soigner, cuisiner, réconforter, et surtout - la fortune n'étant pas venue - économiser les maigres ressources.

Contemporain et admirateur de Zola, Huysmans se rattachait au courant naturaliste. Pourtant, à la lecture de En ménage, les différences d'approche sautent aux yeux. Huysmans décrit la misère sociale avec une grande efficacité mais ne propose pas de remèdes. Zola est un irréductible optimiste, Huysmanns un incorrigible rabat-joie, même si l'écriture - volontairement ou non - dans les dialogues et les comiques de situations, égayent l'esprit du lecteur. Je pense, notamment, aux scènes où André se retrouve cocu et Cyprien, devenu papa du chat roux et caractériel de sa concubine-infirmière.

Le lecteur patauge dans un XIXe siècle coincé, bourbeux, craintif, adorateur des nouvelles technologies de l'époque et pourfendeur des idées morales et sociales nouvelles. C'est une autre lecture du XIXe, intéressante, où l'on voit la campagne décliner, les usines et les gazomètres envahir l'espace, les quartiers chics cadenassés et mutiques devant les premiers bidonvilles de Paris (prémices des désastres environnementaux et des difficultés toujours présentes d'une juste organisation sociale).

D'une belle écriture inventive, j'ai lu et découvert avec un grand plaisir (et mon dictionnaire à la main) En ménage, que je recommande.
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À rebours

Ce livre est d'un abord difficile si l'on ne possède pas les clés et les références nécessaire à sa compréhension, néanmoins j'ai eut la chance de le lire lors de ma licence de lettres avec une prof passionné par cette oeuvre. Il ne faut pas hésiter à aller lire quelques articles expliquant le contexte de l'oeuvre et de son auteur, cela ne fera que renforcer l’intérêt de cette oeuvre.



L’intérêt n'est pas dans l'histoire, puisqu'il n'y en a pas, mais dans l'écriture de la décadence et de la putrescence; dans cette fascination de l’opulence et de cet ennui morbide.



C'est une oeuvre à lire et à relire car cela permet de remarquer une construction atypique de l'oeuvre qui fait partie à part entière du style.



Ce livre qui restera une de mes plus belles et fascinantes découvertes.
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La cathédrale

Bonsoir à vous chers lecteurs et chères lectrices !

Aujourd'hui , nous allons parler d'un auteur , dont à sa grande honte, votre serviteur ne savait rien avant d'écouter une serie d'émissions sur France Culture ...

Votre serviteur a eu l'occasion de mettre la main sur ce tome de l'œuvre de Huysmans , et Il en est plus qu'heureux ...

Pourquoi me direz vous ?

Cela faisait bien longtemps que votre serviteur n'avait pas etait mis KO par un livre ....

Votre serviteur est lui même athée, donc normalement un texte qui traite de religion , n'auraient pas dû susciter en lui un interet quelconque , sauf que ...

Sauf que Huysmans est un genie ...

Oui, un genie ...

Il faut etre un genie pour parvenir à allier dans un seul volume une passion dévorante pour l'architecture religieuse et ces mystères, pour les mystères de l'art religieux dans son ensembke , des interrogations philosophiques de très haut niveau, cela en utilisant l'un des styles parmi les plus beaux que votre serviteur n'a jamais lu ...

Le nombre de mots nouveaux que votre serviteur a decouvert avec cet opus, c'est tout simplement hallucinant ...

Les contemplations de Durtal devant la cathédrale , chers amis es, c'est genial, les discussions avec Ie pere Grevesin, c'est genial, ce texte mes amis es, c'est l'une des pièces maîtresses de la litterature de notre contree , et Il faudràit que chacun et chacune, comme votre serviteur, découvre Huysmans .....

Merci de votre attention, et lisez des livres !
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À rebours

À rebours, par Joris-Karl Huysmans. Roman curieusement revenu au goût du jour, cité comme un ”classique” à lire, mais aussi livre culte pour certains, À rebours est un livre difficile, écrit pour une élite qui attend du neuf, un renouvellement du genre littéraire, une œuvre originale, marquée du sceau de la rareté et de la confidentialité.

Des Esseintes est un aristocrate fortuné, qui ne supporte plus la société parisienne dont il était membre, et qui s’isole dans une maison à l’écart de tout, à Fontenay-aux-Roses. Il se présente comme un névrosé (terme de l’époque et qu’il lie à son hérédité), et on le sent nerveux, instable, hypersensible, insatisfait… C’est un esthète, un dandy qui aimait à se donner en spectacle, un collectionneur d’objets rares, porté sur un raffinement sophistiqué, persuadé de vivre dans un monde décadent et qui s’imprègne de cette même décadence, en fait une valeur montante dans ses choix et ses attitudes. Pour lui, « la nature a fait son temps », il fait l’éloge de l’imagination, de l’excentricité et s’extasie devant tout ce qui relève de l’artifice.

Atteint d’une maladie digestive qu’il met sur le compte de sa ”névrose”, il se verra prescrit de retourner en société. C’est l’échec d’une vie repliée sur soi, retirée du monde, autarcique.

Entre-temps, Il aura longuement disserté sur les aménagements divers de sa nouvelle vie, sur ses goûts et ses couleurs, en commençant précisément par les couleurs, celles de ses murs et de ses rideaux. Des Esseintes se constitue dans son logis un refuge protecteur, dont il décide de chaque détail. Il fait l’acquisition d’une tortue dont il veut garnir la carapace de pierres précieuses, prétexte pour les passer toutes en revue. Puis c’est le tour des saveurs. Le chapitre suivant traite des peintres et de la critique d’art, occasion pour Des Esseintes de distinguer la peinture onirique, symboliste de Gustave Moreau, d’Odilon Redon et d’autres, moins connus. Un chapitre floral permet l’illustration de fleurs et de plantes exotiques, étranges, suggestives, quasi sexuelles, aussi belles que si elles étaient artificielles, à l’origine cependant d’un cauchemar épouvantable où il doit subir l’assaut de femmes atroces et de plantes monstrueuses, tandis que les parfums et la musique seront abordés spécifiquement, et que trois chapitres seront consacrés aux auteurs latinisants de la longue décadence romaine, aux auteurs contemporains qualifiés de catholiques (Lammenais, Veuillot, Falloux, Barbey d’Aurevilly…) et à quelques monstres sacrés de son temps comme Baudelaire, Hugo, Leconte de Lisle, Zola, Poe, Villiers de l’Isle Adam, Mallarmé.

A rebours des usages romanesques caractérisés par une action, une progression dramatique, voilà un roman immobile, qui égrène des listes parfois interminables, de véritables catalogues de tout, personnes, plantes, objets, arômes, et qui, par moments, distille des souvenirs, des rêveries, des réflexions, toujours sur un mode esthétisant, explorant l’intériorité et le monde alentour.

Il évoque aussi des épisodes de sa vie antérieure, telle ce repas de deuil avec ses tentures et sa nappe noires, ses assiettes bordées de noir et un orchestre jouant des marches funèbres, ou sa rencontre avec un jeune ouvrier de 16 ans qu’il initie à la débauche dont il deviendra dépendant. La vocation du Mal est une tentation chez le héros.

En dépit de l’importance que le roman donne à des choix de vie, à des valeurs comme la peinture, la littérature, la rêverie, l’auteur fait le constat d’une impasse, d’une fin de civilisation, comme frappée de malédiction divine. Vraiment, c’était mieux avant ?


Lien : http://lireecrireediter.over..
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Le drageoir aux épices - Textes inédits

Sonnet, poème en prose, chanson populaire, comptine, description, chronique sociale… Entre naturalisme, romantisme, décadentisme et symbolisme, l’auteur explore les champs de la littérature et l’on trouve dans ce recueil tout ce qui constitue l’œuvre de Huysmans, de ses évolutions passées à celles à venir. Chaque texte est une friandise à la saveur nouvelle.



Il est beaucoup question des femmes : amantes adorées, prostituées sordides et jeunes filles indécises composent un portrait de la femme à l’époque de l’auteur. Qui dit femme dit amour et jalousie. « Mille petits riens se dressent devant moi ; le doute, l’implacable doute me torture. Il fait froid, eh ! qu’importent le froid, le vent, la neige, quand on aime ? Oui, mais elle ne m’aime pas. » (p. 22) Avec quel plaisir l’auteur se moque des images d’Épinal ! Ah oui, parlons-en de la rose bergère et du joli vacher quand il faut patauger dans la boue pour rassembler les bêtes !



Féru de peintures, l’auteur cite les maîtres flamands et leur rend hommage autant que possible. Il a aussi d’autres modèles, comme François Villon, premier poète maudit. « Meurs donc, larron ; crève donc dans ta fosse, souteneur de gouges ; tu n’en seras pas moins immortel, poète grandement fangeux, ciseleur inimitable du vers, joailler non pareil de la ballade. » (p. 52) Avec son lexique toujours riche et inventif, Joris-Karl Huysmans peint des natures mortes et des natures vivantes. Le texte sur le hareng saur est une merveille : on voit le poisson briller sous nos yeux. Et sous la plume de l’écrivain, Paris et Bruxelles se dressent devant nous, superbes, crasseuses et sublimes.

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Les Dames Baroques

J'ai profité de l'évènement Un mois, une maison, un achat organisé par Vision Livre pour lire Les Dames baroques, l'une des anthologies des éditions du Riez, maison mise à l'honneur en septembre.

Il y a à peine quelques années, je n'étais vraiment pas attirée par les recueils de nouvelles, n'appréciant pas ce format trop court et dans lequel je n'arrivais pas à me plonger. Aujourd'hui, je me suis rendue compte qu'écrire un texte bref mais complet est un exercice difficile et qu'il permet de découvrir rapidement de nouvelles plumes et donc de nouveaux talents.



Autour du thème de la femme, Les Dames baroques propose 20 nouvelles de 20 auteurs différents. Et il y en a pour tous les goûts. Je mentirais en disant que je les ai toutes adorées mais aucune ne m'a véritablement déçue. J'ai noté quelques faiblesses (notamment de style) sur une ou deux d'entre elles, mais dans l'ensemble, j'ai été conquise et suis ravie d'avoir découvert quelques nouveaux auteurs que je ne manquerai pas de suivre, dès que l'occasion se présentera.



Femmes fortes ou persécutées, humaines, déesses, sorcières ou créatures mythologiques, princesses ou esclaves, femmes d'hier ou d'aujourd'hui... autant de personnalités qui prennent vie sous la plume de nos 20 auteurs. Je ne reviendrai pas sur chacun des textes car ce serait trop long - et j'avoue que je serais bien incapable de vous résumer certaines histoires - mais sur les 8 qui ont retenu mon attention, 4 sortant encore plus du lot.



Avec Lapidaire, Karim Berrouka nous offre un joli conte oriental où l'héroïne, une princesse faite de pierres précieuses, cherche l'Amour avec un grand A, celui qui se moque des apparences et de l'or. Un schéma classique mais une belle sensibilité qui fait la différence.

Classique, c'est aussi le cas du Baiser de la sorcière de Armand Cabasson qui met en scène une sorcière condamnée au bûcher. La chute n'est pas très surprenante mais l'ensemble reste efficace. J'ai aimé la narration et l'alternance des paragraphes, tantôt rédigés à la première personne, tantôt offrant un flash-back.

Plus modernes, avec une touche de suspense et de thriller à la Thilliez (notamment pour la deuxième nouvelle), Jusqu'au bout de la vérité de Cyril Carau et Isabella de Sophie Goasguen offrent des chutes particulièrement surprenantes. Du rythme et de la tension au creux de ces pages, j'ai été happée par ces histoires !

On retourne au Moyen Age et au fin' amor avec Serments, Eternels serments d'amour de Léonor Lara où les codes du genre sont respectés. Un chevalier épris d'une Belle Dame sans merci qui lui fait tourner la tête. Absence de l'être aimé, attente de son retour, soupirs et combats chevaleresques. J'ai adoré retrouver l'amour courtois et la rencontre avec une femme éthérée grâce à cette nouvelle.

On reste dans le passé avec le conte proposé par Madame d'Aulnoy. Animaux qui parlent et héros qui doit surmonter quelques épreuves sont au programme de ce conte qui m'a très agréablement rappelé les histoires de mon enfance. Un charme désuet imprègne La Belle aux cheveux d'or et je suis heureuse de l'avoir enfin découvert !

Beaucoup plus sombre, Les Crocs de la Basilicate de Elie Darco est, me semble-t-il, la plus longue nouvelle de l'anthologie et une de mes préférées. L'héroïne est ici une servante maltraitée (du fait d'un handicap physique) qui est au service d'un alchimiste un peu fou. Entre deux expériences sur des vampires et des goules, la pauvre jeune femme doit nourrir les monstres et nettoyer les tâches de sang quand le pire est arrivé. Une ambiance de cachot et d'ésotérisme se cache entre ces pages...

Enfin, j'ai envie de mettre en avant la nouvelle de Sophie Dabat, baptisée L'Essor. On y fait la rencontre de deux peuples ennemis qui s'affrontent sans cesse... jusqu'à la chute qui apporte une grosse révélation. J'ai vraiment beaucoup aimé l'émotion qui se dégage de ce conflit où la haine de l'autre fait des dégâts irréparables. J'y ai également trouvé une certaine animalité, comme un retour aux sources des plus anciennes légendes et de la mythologie. Mais par dessus tout, ce qui m'a fait m'arrêter sur ce texte en particulier, c'est l'univers créé par l'auteure. En quelques pages seulement, Sophie Dabat nous happe complètement et nous plonge dans son histoire... et ça fonctionne super bien. C'est maîtrisé et très riche malgré la brièveté de la nouvelle. Et c'est la seule nouvelle qui m'a donné l'impression qu'on pouvait aller plus loin et écrire d'autres choses (un roman !) dans cet univers. Bravo.



J'aurais pu vous parler brièvement d'autres textes mais je préfère m'arrêter là car même s'ils m'ont plu et fait passer d'assez bons moments dans l'ensemble, ils ne m'ont pas assez marquée. Quant à la nouvelle de Sire Cédric - très certainement le nom le plus connu de la liste aujourd'hui, en tout cas du côté des auteurs contemporains - baptisée Succube, si je l'ai trouvé pertinente quant à son thème (le succube, d'où son titre), je n'ai pas été particulièrement fan du sujet. Comme vous pouvez vous en douter, on suit les aventures sexuelles d'un succube (une femme) et de sa proie... sur plusieurs pages. Pas mal écrit, mais ce n'est pas le genre "d'intrigue" qui me passionne.



Vous pouvez le constater, les nouvelles de cette anthologie sont très variées, aussi bien dans le fond que dans la forme ; nul doute que vous y trouviez votre bonheur. Je félicite Estelle Valls de Gomis - l'anthologiste - qui a réussi à rassembler 20 textes de bonne qualité. Difficile de tout aimer dans un recueil, mais pour le coup, il y a peu d'histoires (peut-être deux) qui n'ont pas fait mouche... on peut donc parler de réussite !
Lien : http://bazardelalitterature...
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À rebours

Roman d’un homme sorti de sa chrysalide naturaliste – ce que Zola, chef de file du mouvement, ne lui pardonnera pas –, A rebours est un tournant dans la littérature.

Ne cherchez pas l’intrigue : elle n’est plus. Seul un personnage, des Esseintes, ayant bien vécu, se retire du monde, entouré d’œuvres et d’objets rigoureusement choisis et sur lesquels il s’appesantit, cédant à une certaine débauche, voire une folie liée à sa solitude volontaire. Cette vie d’ermite iconoclaste sera pourtant un échec, et il se rendra à la « raison » du monde.

Mais l’intérêt majeur du livre c’est ce monologue si original avec l’art. On y rencontre aussi bien les auteurs antiques que des contemporains, explorant eux aussi de nouvelles voies littéraires – je pense notamment à Villiers de l’Isle-Adam ou Mallarmé.

A rebours rompt avec la narration traditionnelle en même temps qu’il est un manifeste, souvent cynique, de la décadence, née d’un certain désenchantement.

Huysmans, avec ce roman, décide de ne plus être un suiveur et d’innover. Tâche qu’il poursuivra désormais, au fil de ses créations.

Dérangeant, inhabituel, inconfortable, tous ces qualificatifs collent parfaitement à cette non-histoire. Cependant, posons-nous cette simple question : le confort est-il productif ? Je me garderai de répondre, tout en ayant ma petite idée !

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À rebours

À rebours /J.K.Huysmans



Le duc Jean des Esseintes a trente ans. Il a perdu ses parents alors qu’il n’avait que dix-sept ans. Il est d’un caractère nerveux et passionné.

Après des études chez les Jésuites au cours desquelles il fit montre d’une belle intelligence, éveillée mais indocile et indépendante, sa foi malgré les efforts de ses maîtres eut vite fait de vaciller pour devenir débile. Lorsque échut le moment de quitter les Jésuites, c’est son cousin le comte de Montchevrel qui devint son tuteur en son hôtel particulier de la rue de la Chaise où s’entretenaient des quartiers de noblesse et des lunes héraldiques au cours de soirées mémorables et de cérémonies surannées. Jean considérait avec mépris toutes ces momies ensevelies dans leurs hypogées pompadour à boiseries et à rocailles d’un autre âge ainsi que les débauches alvines basses et faciles les accompagnant.

Il fréquenta ensuite des hommes de lettres aux jugements rancuniers et mesquins dont les conversations nageaient dans la banalité la plus affligeante. Son mépris de l’humanité s’accrut quand il comprit enfin que le monde est en majeure partie composé de sacripants et d’imbéciles. Il rêvait alors d’une thébaïde raffinée, calme et propice à la méditation et la prière où il se réfugierait loin de l’incessant déluge de la sottise humaine. En fait, une seule passion le retenait de sombrer dans cet universel dédain qui le poignait : la femme.

« Un tumulte se levait en son âme, un besoin de vengeance des tristesses endurées, une rage de salir par des turpitudes des souvenirs de famille, un désir furieux de panteler sur des coussins de chair, d’épuiser jusqu’à leurs dernières gouttes, les plus véhémentes et les plus âcres des folies charnelles. »

Mais d’une façon générale, quoiqu’il tentât, un immense ennui l’opprimait, les sens en léthargie allant jusqu’à l’impuissance.

Même la nature, qui pour lui a fait son temps, ne trouve plus crédit à ses yeux, cette sempiternelle radoteuse qui a usé la débonnaire admiration des vrais artistes ; le moment est venu de la remplacer autant que faire se pourra par l’artifice qui est la marque distinctive du génie de l’homme. À bas le naturalisme !

Le temps passant, Jean réalise alors qu’il a dévoré la majeure partie de son patrimoine. Aussi décide-t-il de vendre le château familial de Lourps pour chercher la demeure où il pourra vivre dans une définitive quiétude. C’est ainsi qu’il acquiert la maison de Fontenay aux Rosespour vivre dans un silencieux repos.

Après avoir mené naguère une vie agitée en goûtant à tout, il se retire donc dans un pavillon au cœur de la Brie, dans lequel il réunit une collection sans égal de livres anciens et rares, et se consacre en toute oisiveté à l’étude critiques des textes. Féru de culture latine, il a une passion pour certains auteurs de l’Antiquité comme Pétrone tout en exprimant son mépris pour d’autres comme Salluste un peu décoloré selon lui, Tite-Live le pompeux sentimental, ou Tacite le nerveux.

Seul donc le séduit Pétrone, metteur en scène « des aventures des gibiers de Sodome, observateur perspicace dépeignant en une langue splendidement orfévrée les vices d’une civilisation décrépite et d’un empire qui se fêle, délicat analyste et merveilleux peintre déroulant la menue existence du peuple, ses bestialités et ses ruts, avec ses gitons et ses femmes offrant leurs garçons et leurs filles aux débauches des testateurs. »

Quant aux auteurs contemporains, seuls Baudelaire, Verlaine ou Mallarmé, trouvent grâce à ses yeux. Ou encore Poe, Flaubert et sa langue d’une inimitable magnificence, Barbey d’Aurevilly et Villiers de l’Isle Adam. Et bien sûr le marquis de Sade. Chez les Anciens, il préfère largement la poésie superbe d’Ausone, le chant de l’enlèvement de Proserpine écrit par Claudien ou les écrits dogmatiques, les plaidoyers et les homélies de Tertullien, aux emphases cicéroniennes.

Il éprouve ensuite une dilection pour le peintre Gustave Moreau et son tableau figurant La princesse Salomé, déité symbolique de l’indestructible luxure, la déesse de l’immorale hystérie, une beauté maudite, une danseuse coruscante qui l’écrase, l’anéantit de vertiges le privant de toute perspicuité. L’insapidité de toute autre peinture le désespère.

Des Esseintes est l’archétype du jeune homme européen atteint du « mal du siècle », illustrant la décadence qui rejette le naturalisme de Zola et le romantisme en général.

Bientôt, l’esprit saturé de littérature et d’art, des Esseintes dont le cerveau a subi l’action narcotique de la solitude dans un confinement contre nature, est attiré par la religion qui l’apaise, mais il sait déjà qu’il n’aura jamais l’esprit d’humilité et de pénitence d’un vrai chrétien. Son maître est tantôt Lacordaire, tantôt Schopenhauer et ses aphorismes célèbres. Sa jeunesse chez les Jésuites et les réminiscences liées lui laisse encore parfois penser que la religion est une superbe légende, une magnifique imposture. Argumentant avec lui-même ainsi qu’un casuiste, il se pose la question de savoir si sur la croix était clouée la Trinité ou Jésus seul de la triple hypostase. Et cela l’obsède jusqu’au délire ! En regardant alors avec une certaine concupiscence les œuvres de Gustave Moreau pendues aux murs de la maison, il est pris d’un état peccamineux qui lui apporte une sorte d’orgueil et de plaisir sacrilège.

Peu à peu sa diète littéraire et ses tourments relatifs à la foi suscitent des troubles aggravant sa névrose chronique originelle et il se prend subitement d’une dilection irrépressible pour les fleurs et s’en fait livrer des tombereaux assimilant le magasin d’un horticulteur à un microcosme qu’il veut reproduire chez lui. Curieusement il veut des fleurs naturelles qui imitent les fausses fleurs ! Et vénéneuses si possible !

Or comme toujours il est vite blasé et s’en retourne vers la peinture : Goya, Rembrandt et peu à peu l’ anaphrodisie dont il souffrait se dissipe. Mais dans son esprit torturé, il est encore obsédé par la religion, non pas par elle-même mais par la malice des actes et des péchés qu’elle condamne. Après ses obsessions libertines et mystiques il connait des hallucinations olfactives. Et pour contrer ce parfum fictif de frangipane qui le poursuit, il se constitue une collection avec musc, civette, eau de myrte, myrrhe, oliban, ambre, patchouli, ambroisie, chypre, vétiver. Et une manière d’orgue à parfum…

Et puis, son esprit toujours en ignition, c’est une passion pour le plain-chant et le chant grégorien qui le saisit ! Il n’avait pourtant pas étudié la musique avec cette passion qui l’avait porté vers la peinture et la littérature. Malgré cela la maladie névrotique agit sur son organisme qui va de mal en pis. La seule option reste de consulter un médecin qui en guise de traitement ultime lui conseille de changer radicalement d’existence. Il lui faut abandonner sa béatitude loin de Paris, rejoindre la capitale et rentrer dans la turpitude et la servile cohue du siècle. Il appelle à l’aide, pour cicatriser le traumatisme, les consolantes maximes de Schopenhauer.

Quittant Fontenay, il s’écrie : « Seigneur, prenez pitié du chrétien qui doute, l’incrédule qui voudrait croire, du forçat de la vie qui s’embarque seul, dans la nuit, sous un firmament que n’éclairent plus les consolants fanaux du vieil espoir ! »



Paru en 1864, ce roman de 430 pages a la particularité de faire défiler des pages et des pages sans qu’il ne se passe rien ou presque, la narration se concentrant essentiellement sur le personnage principal, Jean des Esseintes, une manière d’antihéros cacochyme et égrotant, esthète et excentrique, en évoquant ses goûts et surtout ses dégoûts, ses délices épulaires et autres ribotes, le tout dans un exercice de style foisonnant et un vocabulaire somptueux rendant l’histoire de des Esseintes tout à fait anecdotique.

Cet ouvrage est considéré comme un manifeste de l’esprit décadent apparaissant à la fin du XIXe siècle. Il reste une œuvre à part dans l’histoire de la littérature, une expérience romanesque jamais réitérée par Huysmans. Au cœur de la narration évoquant les addictions et dilections de des Esseintes, s’intègrent nombre de réflexions sur l’art, la littérature et la foi. À noter qu’Oscar Wilde reconnait s’être inspiré de ce roman pour écrire Le Portrait de Dorian Gray et que À rebours est l’œuvre préférée de Michel Houellebecq.



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A vau-l'eau

J'y ai lu plusieurs choses que je connais d'ailleurs... La bureaucratie médiocre, avec sa hiérarchie, son travail répétitif, ses mesquineries et ses promus par relations... Ca, c'est du Dostoïevski, c'est du Balzac. le personnage principal, que je n'ose pas qualifier de héros, est petit, vieilli avant l'âge, mal habillé, boiteux, timide... Un de ces hommes que l'on ne regarde pas, auquel on ne fait pas attention.

Ensuite, j'ai lu un homme qui s'enferme dans un quotidien répétitif, sans famille, sans ami, sans passion. Il traîne sa peine, son spleen, dans les rues de Paris – les plus belles pages sont celles qui décrivent les promenades du personnage le long des quais, ses flâneries devant les boîtes des bouquinistes sur les quais de Seine. Mais ce loisir aussi lui échappe peu à peu, il n'est pas particulièremet cultivé, ne cherche pas à l'être. Il essaye alors de remplir sa vie par le confort matériel, comme le personnage de la nouvelle le Pigeon de Patrick Süskind, en se repliant sur son logement. Mais, là non plus, rien ne va : son concierge fait mal son ménage, sa fumée ne le chauffe pas assez, ses meubles sont viellots, ses papiers peints défraîchis... Il n'arrive pas à trouver de bon restaurant et multiplie les mauvaises expériences d'oeuf pas assez cuit, de boeuf trop dur, de vin aigre...

L'écriture nous fait passer par différents sentiments face au personnage, puisqu'on alterne donc entre la moquerie, la pitié, le frisson mêlé d'inquiétude – et si, moi aussi, je vivais une vie si vide ?

J'ai enfin pensé au poème de Victor Hugo « Ceux qui vivent ce sont ceux qui luttent dans les Châtiments, avec certains vers qui pourraient décrire le personnage de la nouvelle :

« Ceux-là vivent, Seigneur ! les autres, je les plains.

Car de son vague ennui le néant les enivre,

Car le plus lourd fardeau, c'est d'exister sans vivre.

Inutiles, épars, ils traînent ici-bas

Le sombre accablement d'être en ne pensant pas ».



Une courte lecture, qui bouscule un peu tout en pinçant le coeur.
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Gilles de Rais : La Magie en Poitou - Deux ..

Ce court texte (moins d'une trentaine de pages) reprend l'essentiel de la fascination de Joris-Karl Huysmans pour le monstrueux personnage de Gilles de Rais, très certainement le plus grand criminel de tous les temps.

Si Huysmans ne s'aventure pas dans la recherche psychologique des sources de la démence de l'ogre, il se plaît à tenter de le situer dans les paradoxes de son époque.

Cet antagonisme du bien et du mal dont la frontière est si perméable au Moyen-âge fascina un homme comme Huysmans en constante recherche de sens.

Mais on a peu dit aussi que Gilles de Rais, par sa démesure, offrait à l'écrivain un champ d'exploration fantastique à sa passion des mots et des descriptions fouillées.

Cet opuscule est un complément « tout public » et il servit d'ailleurs à des conférences dans le Poitou, du livre « Là-bas » qui n'édulcore pas le caractère diabolique de Gilles de Rais.
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A vau-l'eau

Sinistre cancrelat flapi, Jean Folantin, "célibattu" veule et fonctionnaire étriqué, est le parfait candidat au suicide.



Une vie terne, des plaisirs subalternes et tarifés, des loisirs mesquins (feuilleter sans relâche de méchants bouquins, fureter tous les coins d'un Paris languide...) et des pitances sordides : rien qui n'engage à l'espoir d'autant plus que, bonasse, le pauvre bougre est la victime désignée de toutes les entourloupes.



Cependant il tient bon, l'insignifiant, et il traîne un estomac fatigué dans toutes les gargotes de son quartier. L'appel du ventre le soumet à l'ingurgitation de mets plus débectants les uns que les autres. Son hilarant périple de pouacres boui-bouis en graillonneux caboulots est d'une lecture délectable tant Huysmans peaufine chacune des formules de son épatante nouvelle.



À vau-l'eau est un petit chef d'oeuvre d'ironie cafardeuse. Les adjectifs enchâssés dans la matière précieuse de la prose de l'écrivain fulgurent, les tournures malicieusement musquées réjouissent et chaque avanie subie par Folantin consolera le plus navré des lecteurs, heureux de trouver plus affligé que lui.



Citant Schopenhauer en conclusion ("la vie de l'homme oscille comme une pendule entre la douleur et l'ennui"), nul doute que Huysmans avait à coeur de déplorer -en riant sous cape, le fourbe- la fugacité illusoire des plaisirs et la permanence des soucis de l'humaine condition.



Enfin, et ce ne fut pas le moindre de mes ravissements, le subtil écrivain plagie par anticipation un auteur chéri : "(...) et il eut, pendant une seconde, dans la bouche le goût des biscottes que (sa grand'mère) lui donnait, tout enfant, lorsqu'il avait été sage." Lire c'est aussi mailler des chaînes de connivences.



Indispensable "must read" !
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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Les Soirées de Médan

Joli divertissement que ce recueil de six nouvelles écrites par Zola, Maupassant, Huysmans et trois autres auteurs que je ne connaissais pas.

Ce recueil a paru en 1880, a donc en toile de fond la guerre de 1870-1871 entre la France et la Prusse.

Ma nouvelle préférée était Boule de suif, de Guy de Maupassant...
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À rebours

Je me demandais du haut de mes arrogant 20 ans, « amis pourquoi je lis ce roman ? » Cela me parle-t-il d’un temps, d’une époque ? D’une fin d’époque ? Cela me parle-t-il de l’ennui d’un type qui ne s’intéresse pas à ses frangines et frangins humain.e.s.

Bien écrit, appartient a notre histoire, OK, je me souviens que je l’ai finalement finis celui-là. Ce qui ne fut pas le cas de son descendant 99 Francs (14,99 Euro) de Frédéric Beigbeder, je l’avais finalement déjà lu 15 ans auparavant.

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Là-bas

On ne dit plus assez quel immense écrivain était et demeure Joris-Karl Huysmans (1848-1907). La beauté, l'ampleur de son style, sa liberté de ton, l'originalité de ses écrits méritent d'être redécouverts.



Quelle ne fut pas ma surprise de le voir classé dans les écrivains étrangers lors de ma dernière visite dans une grande librairie de Toulouse ! Preuve que ce génial écrivain, bien français est oublié aujourd'hui.



« Là-bas » est un roman, un essai historique et philosophique et s'inscrit dans les préoccupations intemporelles que sont la part du bien et du mal en chaque individu. Questionnements qui ont marqué et la littérature d'Huymans et sa vie puisqu'il perdit puis retrouva la foi.



C'est parce qu'il souhaite construire avec conscience son étude sur le plus grand criminel que notre monde ait connu Gilles de Rais (1405-1440) que Durtal, le héros de « Là-bas » va enquêter sur le satanisme en France en cette fin de XIXeme siècle. Prouvant que le mal loin de s'éteindre avec les infantiles croyances du Moyen-âge, s'est au contraire étendu sur le monde moderne.



Julien Gracq écrivait à propos de Huysmans : » Il est difficile de trouver un écrivain dont le vocabulaire soit plus étendu, plus constamment surprenant, plus vert et en même temps plus exquisément faisandé, plus constamment heureux dans la trouvaille et même dans l'invention » et il avait totalement raison !



On découvre sur le premier tiers du livre qu'un dictionnaire est nécessaire à la compréhension de certains mots qui, oh surprise n'y figurent pas !



On ne dira jamais assez tout ce que la littérature contemporaine doit à Huysmans. Il a à l'évidence inspiré bien des auteurs qui n'ont su retrouver son humour mordant, sa satire habile ou parfois cruelle des salons parisiens, son pessimisme et parfois aussi son sexisme. Etrangement, il semble aussi avoir deviné ce que deviendrait la littérature car voici ce qu'il fait dire à ses protagonistes Durtal et des Hermies :



— Oui, c'est exact ; maintenant les hommes jouent et ne lisent plus ; ce sont les femmes dites du monde qui achètent les livres et déterminent les succès ou les fours ; aussi, est-ce à la dame, comme l'appelait Schopenhauer, à la petite oie, comme je la qualifierais volontiers, que nous sommes redevables de ces écuellées de romans tièdes et mucilagineux qu'on vante !



Ça promet, dans l'avenir, une jolie littérature, car, pour plaire aux femmes, il faut naturellement énoncer, en un style secouru, les idées digérées et toujours chauves.



« du mysticisme exalté au satanisme exaspéré, il n'y a qu'un pas. »



Christian Attard



J'ai eu le plaisir d'enregistrer ce livre pour le site Litteratureaudio.com. Téléchargement MP3 gratuit, sous forme de fichiers séparés ou d'archives groupées ; durée : 12 h 20 min environ.

http://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/huysmans-joris-karl-la-bas.html
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Là-bas

Fossoyeur du naturalisme, chantre du mouvement décadent, Huysmans offre ici un opus sur le spiritisme contemporain et son alter ego moyenâgeux à travers le cas "Gille de Rais" (Barbe-bleue). Plutôt assemblage de morceaux choisis sur la question que roman proprement dit, ce livre ma surtout plu pour sa dantesque description d'une crucifixion du Christ par Mathaeus Grünewald et son évocatrice description du château de Tiffauges, repère de "Barbe-bleue".
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Trois nouvelles naturalistes : Zola, Huysma..

C'est un livre de trois nouvel naturaliste: Jacques d'Amour, la retraite de M.Bourgran et Hautot père et fils.

La première nouvelle ( Jacques d'Amour ) ma beaucoup plus j'ai bien aimé l'histoire mais je la trouve longue a démarrer et un peu compliquer a lire. Le personnage principale ma beaucoup fait de la peine et toucher et le dénouement et vraiment bien.

La deuxième nouvelle ( La retraite de M.Bourgran ) ma déçue je n'ai pas du tout aimer l'histoire et le style d'écriture de Huysmans ne me plait pas.

La troisième nouvelle ( Hautot père et fils ) est vraiment bien j'adore déjà l'auteur, elle est facile a lire et l'histoire est très bien réfléchie.
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