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Citations de Juan Gabriel Vásquez (188)


Rien ne paraît abracadabrant parce que tout l’est....
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Les souvenirs fatiguent, personne ne nous apprend cela, se souvenir est une activité exténuante qui draine les énergies et sollicite les muscles.
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Dans « La longue vie de Gavrilo Princip », une des meilleures fictions jamais écrites sur ce que nous a légué 1914, l’écrivain serbe Senka Marniković invente un monde où la Première Guerre mondiale n’a jamais éclaté. Gavrilo Princip, jeune nationaliste serbe, arrive à Sarajevo pour tuer François-Ferdinand, mais son pistolet se bloque et l’archiduc reste en vie. Princip meurt un an plus tard de la tuberculose, et le monde est différent.
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Mais moi, c’était la seule chose que je trouvais captivante dans les romans : l’exploration de cette autre réalité ; non la réalité des faits ni la reproduction romancée des événements véritables et vérifiables, mais le terrain du possible, de la spéculation ou de l’intromission, qui pousse le romancier vers des endroits interdits au journaliste ou à l’historien.
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Qui l'aurait cru ! S'exclama Humberto. Je pensais que le métro arriverait à Bogotá avant que la paix soit signée !
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"J'aimerais vous quitter en vous rappelant une évidence qu'on a souvent tendance à oublier : la vie est le meilleur caricaturiste qui soit. [...]"
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Nul ne sait a quoi sert le souvenir, s’il s’agit d’un exercice profitable ou qui peut se révéler néfaste, ni en quoi l’évocation du passé peut changer ce que l’on a vécu.
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C'était en 1991.......Les bombes explosaient dans des lieux choisis avec soin par les narcos dans le but de tuer des citoyens anonymes qui n’avaient rien à voir avec la guerre.....j’avais entamé mes études de droit à l’université située dans le centre de Bogotá,......Nos professeurs n’abordaient guère les événements extérieurs : les cours consistaient à se demander si des spéléologues bloqués dans une grotte ont le droit de s’entre-dévorer, ou si le vieux Shylock du Marchand de Venise peut prélever une livre de chair sur le corps d’Antonio, et s’il est légitime que Portia lui interdise de le faire en déployant des ruses faciles.
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Les décorations de Noël commençaient à envahir les rues : des guirlandes nordiques, des bâtons de sucre d'orge, des mots anglais et des flocons de neige faisaient leur apparition dans cette ville où il n'a jamais neigé et où décembre est précisément le mois le plus ensoleillé de l'année.
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A 18 h 05, la manifestation révolutionnaire envahit peu à peu les rues de Panamá. Des cris collectifs s'élèvent : « Vive le Panamá libre ! Vive le général Huertas ! Vive le président Roosevelt ! » et, surtout : « Vive le canal ! » Les militaires gouvernementaux, alarmés, chargent leurs armes. L'un d'eux, le général Francisco de Paula Castro, se fait surprendre, caché derrière un cabinet malodorant, le pantalon bien relevé, les boutons de son uniforme bien logés dans leurs boutonnières, de telle sorte que l'excuse qu'il avance (il a parlé de désordres intestinaux) perd toute crédibilité Pourtant. par la magie du langage, le fameux Francisco est entré dans la postérité comme étant le général peureux qui «s'est chié dessus ». 20 h 07 : le colonel Jorge Martínez, aux commandes du croiseur Bogotá, ancré dans la baie de la ville révolutionnaire, apprend ce qui s'est passé sur la terre ferme et envoie au docteur Manuel Amador, leader des Insurgés, le message suivant : « Ou vous me remettez les généraux, ou je bombarde la ville de Panamá. » Amador, ému par la révolution, perd contenance et répond : « Faites donc ce qui vous sortira des couilles. » 20 h 38 : le colonel Martínez examine ses couilles et les trouve pleines d'obus de quinze livres. Il s'approche de la côte, charge son canon et tire neuf fois. Le premier obus tombe sur le quartier d'El Chorrillo, touche Sun Hao Wah (un Chinois qui meurt sur le coup), à quelques mètres d'Octavio Preciado (un Panaméen si effrayé qu'il a un infarctus). Le deuxième obus détruit la maison d'Ignacio Molino (Panaméen absent de chez lui à ce moment-là) et le troisième s'abat sur un immeuble du 12, rue Oeste, fauchant la vie de Babieca (panaméen, cheval percheron). Les obus quatre à neuf ne causent plus aucun dégât.
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Je suis un dessinateur satirique, une activité qui comporte également ses risques, inutile de vous le préciser. Le risque du dessin, c'est de venir un analgésique social : sous forme de dessins, les choses sont plus compréhensibles, plus assimilables. Il est moins douloureux de les affronter.
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Il n'y a pas de manie mplus funeste ni de caprice plus dangereux que de spéculer ou de conjecturer sur les chemins qu'on n'a pas empruntés.
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La scène de l’aéroport a été tournée sept fois de suite. A chaque prise, quelque chose clochait. Polanski changeait d’avis ou la lumière ne convenait pas. Je refaisais les mêmes gestes et les automatismes s’installaient, me permettant de m’intéresser à d’autres choses qu’à mes mouvements : la veste de Johnny Depp, sa barbe qui semblait postiche mais ne l’était pas, la désillusion savamment étudiée qu’il affichait en marchant. A un moment donné, j’ai levé les yeux vers la plate-forme mobile et regardé le petit homme inexistant dans lequel Johnny Depp et les figurants évoluaient, le monde apocryphe où l’aéroport Charles-de-gaulle avait perdu son identité pour devenir Barajas. Je n’étais plus un écrivain débutant las de vivre à Paris qui allait bientôt partir en Belgique et s’installerait un an plus tard à Barcelone, mais le passager d’un vol venant d’atterrir à Madrid, ignorant que l’homme qui marche à ses côtés s’apprête à entrer en contact avec une secte satanique. Nous autres, jeunes gens de vingt-cinq à trente ans au profil méditerranéen, étions des éléments de ce monde parallèle placé sous les ordres de Roman Polanski, seigneur et maître de nos existences et des lois qui les régissaient. Il dirigeait nos mouvements, pouvait nos intimer l’ordre de parler si tel était son désir, contrôlait nos gestes dans cet univers fictif et, plus important, décidait de la façon dont on nous traitait.
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Pourquoi l’a-t-on tué ? Je ne sais pas. Pourquoi l’a-t-on tué, Antonio ? Je ne sais pas, je ne sais pas. Antonio, pourquoi l’a-t-on tué ? Je ne sais pas, je ne sais pas, je ne sais pas. Ils m’interrogeaient avec insistance et je leur fournissais toujours la même réponse, puis, très vite, il est devenu évident que cette question n’avait pas besoin de réponse : c’était plutôt une lamentation. La nuit où Ricardo Laverde avait été assassiné, seize autres crimes furent perpétrés selon divers modes opératoires dans plusieurs quartiers de la ville. Je garde en mémoire les meurtres de Neftali Gutiérrez, chauffeur de taxi battu à mort à coups de manivelle, et de Jairo Alejandro Niño, mécanicien automobile qui avait reçu neuf coups de machette sur un terrain vague, à l’ouest de Bogota. L’assassinat de Laverde était un meurtre parmi d’autres et il était presque insolent ou prétentieux de croire que nous aurions droit à une réponse.
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Il n'est jamais de Dieu dans un pays où les hommes ne veulent pas s'aider eux-mêmes.

Joseph Conrad
Nostromo
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De l’autre côté du mur, derrière l’arène des combats, se trouvait une boulangerie qui vendait des mojicones et une droguerie où les garçons allaient chercher le journal du dimanche à la demande de leurs parents, et se procuraient en cachette des paquets de cigarettes. Castro était chargé de les acheter et de les distribuer ensuite. Les autres le respectaient à cause de son âge et de sa taille, et aussi parce que son père était juge, mais surtout parce que celui-ci avait été assassiné. On savait qu’il avait instruit le meurtre du ministre de la Justice, perpétré deux ans auparavant, et qu’il avait impliqué les narcos de Cali en plus de ceux du cartel de Medellin, alors sur toutes les lèvres. Un jour, le juge commença à remarquer des individus suspects autour de chez lui et à la sortie du tribunal, mais il refusa toute protection officielle au motif qu’il ne voulait pas que les tueurs liquident d’autres personnes en essayant de le supprimer. En juillet (un mardi), il monta dans un taxi avenue de las Americas et demanda au chauffeur de le conduire rue 48. Quand il arriva à destination, une Mazda verte s’arrêta derrière le taxi et un homme à la tête couverte d’une écharpe en sortit. Sans le questionner ni le menacer ou même l’insulter, l’homme à l’écharpe tira neuf balles à bout portant sur le père de Castro. Sa femme, qui l’attendait dans un funérarium pour veiller une connaissance, apprit sa mort alors que le médecin légiste était un train de lever le corps.
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....une phrase attribuée à Napoléon m’est revenue à l’esprit, comme quoi pour comprendre un homme, il faut comprendre le monde dans lequel il vivait à vingt ans.
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L’état civil de mon père avait donc été porté sur des pointillés, à côté d’indications rédigées en français (Nom, Prénom, Nationalité). En face de Profession ou emploi, quelqu’un avait écrit : « journaliste », et « mort naturelle » pour expliquer la Cause du décès. Je songeai à aller voir l’administration pour faire constater que Miguel Altamirano était mort de désillusion, voire de mélancolie, mais Charlotte me convainquit que ce serait une perte de temps.
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Tu sais, Eloísa chérie, que si mon récit se passait au temps du cinématographe (ah, le cinématographe : une créature qui aurait enchanté mon père !), l'appareil focaliserait à cet instant une fenêtre de la Jefferson House qui, soyons francs, était le seul hôtel de la ville digne de recevoir les ingénieurs du Lafayette. Le cinématographe se rapproche donc de la fenêtre et s'arrête sur des règles à calcul, des rapporteurs et des compas, puis sur la tête d'un enfant de cinq ans profondément endormi et sur le filet de salive qui s'échappe de sa bouche et tache le velours rouge du coussin ; après avoir franchi une porte close la magie des caméras ne connait pas d'interdits, l'engin capte les derniers mouvements d'un homme et d'une femme en plein coït. On remarque à leur transpiration qu’il ne s'agit pas d'habitants du cru. Je reparlerai de la femme plus longuement dans quelques lignes, mais ce qui compte pour l'instant, c'est de dire qu'elle ferme les yeux, masque d'une main la bouche de son mari pour que l'enfant ne soit pas réveillé par les inévitables (et imminents) bruits de I’orgasme. J’ajoute aussi qu'elle a de petits seins qui ont toujours été une source de conflit entre elle et les corsets. Passons à l’homme : un angle de trente degrés sépare sa poitrine de celle de la femme ; son bassin bouge avec la précision et l'invincible régularité d'un compresseur à gaz, et son habileté à respecter ces variables - l'angle et le rythme - est due en grande partie à la savante utilisation qu'il sait faire du troisième type de levier, dont la force, tout le monde le sait, est entre la charge et le point d'appui. Oui, lecteurs intelligents, vous l'avez deviné l'homme est un ingénieur.
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La mort d'un animal nous ébranle toujours, sans doute parce qu'elle nous semble plus injuste, se dit-il.
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