Citations de Kazuo Kamimura (102)
Souillure et punition : dans leur proximité à Baudelaire, ces Fleurs du Mal ne sont pas sans dégager un autre parfum, celui de Michel Foucault lorsqu'il se penche sur "les modes d'asservissement, de contrôle et de dressage des corps, [sur] la place du châtiment dans l'espace des représentations".
Même la « solitude » à elle seule rend capable d’aimer. Et la simple gentillesse de se donner.
Je voulais m'épanouir discrètement. Pas une fois je n'ai songé à me montrer au soleil, car j'ai vu la forme étrange que prennent les fleurs de l'ombre en quête de lumière et je sais qu'il ne me convient pas d'être éblouie.
Le discours, profondément calme, de renoncement de cette femme résonnait comme une sorte de musique dans mes oreilles.
Les rues de Ginza sont jonchées de petites flaques d'eau formées par les larmes que laissent couler les papillons de nuit. Et les soirs d'hiver, elles forment de légères plaques de verglas. Mais moi, je ne pleure pas !
Yûko: Dis, tu veux qu'on aille boire un verre après le travail?
Ken-chan: Hein?!
Yûko: J'ai comme un trou à combler dans la poitrine.
Ken-chan: Oh! Mais c'est terrible! Tu n'aurais pas un début de pneumonie?
Yûko: Idiot! Je te dis que je me sens seule!
_ Mais moi, j'ai vraiment envie de me marier! Je suis prête à tout pour ne plus avoir à retourner à Ginza.
_ Mama, dis quelque chose.
_ Hum... pour dire les choses en un mot: le mariage, c'est du théâtre! Il y a le rôle du "mari" et le rôle de "l'épouse", et si chacun joue son rôle comme il faut, tous deux peuvent continuer leur vie normalement.
_ Du théâtre?
_ Oui... et comme une actrice qui jouerait éternellement le même rôle, on finit par fusionner avec son personnage, non? Et seules les femmes qui se confondent complétement avec leur personnage deviennent véritablement de bonnes épouses.
"Si tu concentre toute ta passion sur un homme, il ne peut pas y être insensible, et c'est comme ça que tu peux créer des liens forts. Des liens amoureux ou des liens physiques... une relation, en fait."
Tout le monde avait souhaité un jour éhanger une rupture contre la mort.
Les hommes inconstants et pleurnichards sont pires que des limaces.
"Je suis à présent en voyage, du printemps à l'hiver. Le train file en direction du passé. Là, je compte rencontrer celle que j'ai été jadis, cracher sur la petite fille qui croyait en tant soit peu en l'amour, la mépriser de toutes mes forces. Et à cette fillette que je fus, je lancerai: "L'amour, dis-tu? Peuh!"".
"La Shinano... j'ai toujours craint et aimé ce cours d'eau qui a bercé mon enfance. Je puis dire que jamais je n'ai autant aimé mon pays natal comme aujourd'hui. Car en cette journée, je sais que la seule chose qu'on peut véritablement aimer, ce sont les paysages."
"Je suis cependant une femme de 35 ans, qui attend le jour où sa chair, son rôle achevé, se dirigera lentement vers sa fin. Mes deux enfants jouent au soleil, oublieux de tout le reste. Et dans cette même lumière, mon second mari s'approche lentement de moi. Moi qui ne suis qu'une victime sacrifiée sur l'autel du destin familial."
"J'ai connu cinq hommes durant ma vie et j'ai donné naissance à deux enfants de pères différents, cela parce que j'étais une femme à la volupté excessive. Je ne prétends nullement avoir eu raison de mener pareille existence. Cette sensualité trop envahissante, je la tiens de ma propre mère, et mes enfants, à leur tour, en hériteront. En ce sens, cette lubricité ne débute ni ne finit avec moi, je n'en suis qu'un maillon. En quelque sorte, cette perversité dans laquelle baigne ma famille a emprunté et traversé mon corps, je n'ai fait que le prêter pour que se réalise le destin des miens."
"Tout comme deux personnes qui n'ont plus que peu de jours à vivre, ils employaient à s'aimer, à s'aimer et à rien d'autre, cette liberté qui leur était mesurée."
Profil, miroir à main, poudre légère
Confusion, bruit de la pluie, parure de cheveux
Paupières closes, souffle retenu, j'ai accepté le contact de tes lèvres
Sous la bruine interminable, ce soir-là toute tremblante
J'ai ouvert la main et laissé choir mon parapluie à la surface de l'eau
Les hautes graminées ont oscillé, Shinanogawa
Epingle à cheveux, mèche folle, tabi blancs
Rouge à lèvres, chemin de neige, épaule frêle
Dans la neige hurlante, cette nuit d'hiver
Ma poitrine s'est languie, puis enflammée
Triste est le chemin à la lueur de la neige
Fuyons ensemble, ai-je pleuré
Renonçant à mon passé et à mon coeur
Rancune d'amour, Shinanogawa
"En des temps reculé, le Dieu Asahiko no Mikoto descendit dans la lande de Murasakino, dans laquelle il eut la vision d'une merveilleuse jeune fille à qui il adressa la parole. Or, comme, au lieu de lui répondre, elle se métamorphosa en neige et s'enfuit. Il se transforma en souffle d'air pour la poursuivre. Bientôt, tous deux arrivèrent au bord d'une grande rivière. La jeune fille se jeta dans les flots et Asahiko no Mikoto en conçut une profonde tristesse. "Aimable vierge", se lamenta-t-il, étouffé par ses larmes. "Détestable rivière!". "Mortelle rivière!", cracha-t-il en la maudissant. Et c'est ainsi que les générations suivantes appelèrent la rivière "Shinanogawa" (mortelle rivière)."
"Oui, je pense qu'elle a été heureuse. Mais je dois admettre qu'elle souffrait d'une anxiété et d'une tristesse qu'elle ne parvenait pas à partager avec moi et je suis coupable de ne pas m'en être rendu compte. C'est ma faute si nous en sommes là." # Jirô
"Dans notre appartement froid, nous vivions dans l'illusion. Je pensais que c'était notre façon de nous aimer. J'ai pleuré, crié et tu m'as enlacée. Toi aussi, tu pleurais doucement. J'ai pensé que c'était ça l'amour et j'en ai oublié les jours sombres passés."
"Nous vivions tous les deux en nous blessant mutuellement. Je pensais que c'était notre façon de nous aimer. J'ai pensé que si c'était possible, je te tuerais et je me donnerais la mort ensuite. J'ai pensé que c'était ça l'amour et j'en ai frémi de plaisir."