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Critiques de Keizo Hino (9)
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L'île des rêves

« VOUS QUI ETES EN TRAIN DE MOURIR DANS UN MONDE DE BÉTON,

L’ILE DE VOS RÊVES EST LA, A PORTÉE DE MAIN »



Derrière ce slogan publicitaire se cache la puissance du rêve, l’éclat d’un roman onirique. Il suffit parfois d’un regard pour tomber sous le charme. Une longue crinière noire sur un quai de train ou sur une moto en combinaison de cuir moulant ses si belles formes. Il déambule dans les rues de Tokyo, âme solitaire et errante, le regard rivé sur les gratte-ciel jusqu’à cette rencontre fortuite qui ouvrira son cœur. Amoureux de l’architecture de sa ville, il découvre une autre parcelle de vie dans cette île des rêves. En compagnie de cette brune, il va ouvrir son cœur émerveillé par cette troublante rencontre et par le nouveau monde qu’elle lui propose.



Mais cette île n’est pas peuplée de naïades totalement dénudées comme mon esprit s’égare souvent dans un univers orgiesque. L’île est juste un bout de terrain vague presque inaccessible, construite sur une décharge municipale de la mégapole…



Ce roman de Keizo Hino offre ainsi une réflexion écologique sur notre mode de vie. Mais derrière ce discours militant, le cri des oisillons me fait attraper des suées sauvages. A sa manière ce roman fait peur, car il ne semble pas si loin de la vérité de notre ère contemporaine, bafouant la nature au profit des détritus de plus en plus nombreux. Les déchets des hommes toujours plus conséquents, toujours plus éloquents. Ils parlent d’eux-mêmes et détruisent le silence de ma vie par d’étranges bruits de détresse. Ils ne nous restent plus qu’à mourir, plus qu’à pourrir.
Lien : http://memoiresdebison.blogs..
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L'île des rêves

Le titre est évidemment enchanteur, et quand on a compris que le roman était japonais, on se dit que l’histoire va être légère, que les descriptions de nature feront rêver, que tout y sera délicat et poétique.

Poétique, c’est certain, enfin d’une certaine façon, mais pour le reste…

Un homme découvre un immense terrain vague entièrement constitué d’ordures, étrangement, il y revient sans cesse lors de ses jours de repos, irrésistiblement attiré et fasciné par cet endroit.

Il sera aussi question d’une jeune femme qui roule à moto, d’une autre qui crée d’étranges vitrines de magasins avec des mannequins, de hérons, et de la sensation de revivre après avoir végété toute une vie ou presque.

J’ai beaucoup aimé ce court roman même s’il pourra mettre mal à l’aise car la vie, la mort, la beauté, l'amour et la pourriture y semblent étroitement emmêlés, comme des fils invisibles.

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L'île des rêves

L’île des rêves est un roman étrange, original, assez envoûtant. L’auteur raconte cette histoire à la troisième personne, l’histoire de Monsieur Sakai. Cet homme veuf qui doit avoir la cinquantaine, vit à Tokyo, dont il adore la modernité de béton, métal et verre des buildings qu’il a contribué à ériger. En effet il travaille dans une des entreprises de BTP de la mégalopole. C’est sa fierté. Mais un jour il s’éloigne un peu du centre pour explorer la baie, avec ses terre-pleins, ses remblais qui ne cessent de s’étendre, pour accueillir les déchets de la ville. Un jour qu’il s’attarde, une moto manque de le renverser. Surprise, la chauffarde est une jeune femme. Quelques temps plus tard, sur les mêmes lieux, il est témoin de la lourde chute à pleine vitesse d’un motard au sein d’un groupe qui ne s’attarde pas. Venant à son secours, il se trouve que c’est elle. Plus de peur que de mal…Mais elle se volatilise de l’hôpital. Il la cherche, et pousse la porte d’un hangar désaffecté dans la baie, où il découvre une femme artiste, qui expose des mannequins dans différents lieux en ville, il a déjà eu l’occasion de la voir. Or cette femme-aux-mannequins ressemble à la femme-à-la-moto…bizarre, elle semble la connaître, mais ne nie ni ne confirme vraiment être apparentée. Elle le met en garde, il vaut mieux qu’il ne cherche pas à revoir cette femme. Pourtant, il est déjà poussé irrésistiblement à retrouver cette femme, et en effet tout naturellement il la recroise avec sa moto. Elle est avec un adolescent, son petit frère ? Elle non plus ne nie ni confirme leur lien familial. Ils vont explorer tous les trois les terre-pleins, arpentant les bras de mer en canot pneumatique, dormant à la belle étoile, au milieu d’une végétation luxuriante et un paysage mouvant, comme se transformant sans cesse, habité par une faune de serpents et surtout d’oiseaux, mouettes et hérons et leurs criaillements presque inquiétants…



Sakai peu à peu est attiré comme un aimant, par cette femme-à-la-moto, par ces paysages étranges comme échappés d’un rêve, qui mêlent la nature la plus sauvage et poétique à la pollution recrachée par le ventre de ce monstre que devient Tokyo…Sakai perd peu à peu pied avec la réalité, et à l’occasion d’une nouvelle visite à la femme-aux-mannequins, elle semble lui prédire un sombre destin…



J’ai trouvé ce livre marquant, tellement on sent le héros sous l’emprise d’une puissance magnétique qui l’attire vers ce monde mystérieux, où la nature est reine, digérant les ordures pour en restituer une sorte de beauté étrange et, étonnamment, de paradis écologique luxuriant pour la faune et la flore. Sakai en perd peu à peu les certitudes qui ont guidé toute sa vie, le développement urbain à outrance, celui qui ravage tout, peut-être bien pour sonner un jour la fin de Tokyo, cette pieuvre tentaculaire, que le petit garçon annonce tel un prophète de malheur. Il s’abandonne, au choix du lecteur, à une prise de conscience radicale et réaliste du règne souverain de la nature, ou à un rêve total qui le dépouille de lui-même et de son âme et le tient prisonnier de ces deux envoûteuses que sont les femme-à-la-moto et la femme-aux-mannequins, qui peut-être ne font qu’une ?

L’Ile des rêves est le seul roman, aux belles qualités de style, publié en français de Keizo Hino. Décédé il y a une vingtaine d’années, il mériterait d’être davantage publié, quand on pense que plusieurs de ses autres romans ont reçu les plus grandes récompenses littéraires nippones. Peut-être les excellentes éditions Philippe Picquier pourraient-elles poursuivre ce travail ?

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L'île des rêves

Mon petit résumé



Monsieur Sakai est un employé comme les autres. Tous les dimanches il se promène. Il aime profondément cette ville qui semble pour lui organique et vivante. Ses pérégrinations l'emmènent là où Tokyo secrète son propre avenir sous la forme de terrains vagues anciennes décharges d'ordures.

Il va faire là une rencontre ....



Mon avis



Comme son nom l'indique, c'est un roman très onirique. Les promenades de Mr Sakai sont prétextes à des sortes de rêves éveillés. Le rythme est lent comme dans un mange de Taniguchi.

Monsieur Sakai est l'un des personnages du roman. Tokyo est l'autre personnage principal.

Cette ville est vivante. Elle semble se construire elle même consciemment vers la mer. C'est là que Monsieur Sakai retrouve les témoignages d'une vie qui lui échappe. Les ordures produites puis assimilées sont à la fois les témoins d'une vie révolue et bases de l'avenir toujours plus grand étendu et haut de Tokyo.



Si vous ne connaissez pas Tokyo, ce roman vous en donnera un image très particulière.

Si vous la connaissez peut-être retrouverez-vous ces traits qui font de Tokyo ce qu'elle est. Ce mélange de beau et de laid, de massif et d'intimiste, de peuplé et de désert, de vertical et d'étendu, d'oppressant et de libérateur ... Car depuis ces terrains vagues c'est bien Tokyo qui est sans cesse au cœur du roman.



Un roman très particulier donc, mais fascinant (bon je ne suis pas neutre cette ville me fascine... j'y retourne d'ailleurs pour la troisième fois bientôt pour une trop courte semaine)



J'ai retrouvé dans ce roman l'onirisme des premiers Haruki Murakami (avant qu'il devienne plus conventionnel).
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L'île des rêves

Voilà un roman étrange que L'île aux Rêves de Hino Keizo. Paru au Japon en 1985, il met en scène un homme, Sakai Shôzô, quinquagénaire, veuf et travaillant avec sérieux pour une firme bâtissant des gratte-ciels. Sakai a connu la guerre et Tokyo dévasté par les bombes américaines. Il aime la rigueur architecturale des gratte-ciels, admirer leurs prouesses techniques, l'alliage du béton, de l'acier et du verre.

Jusqu'à ce qu'il se mette, les dimanches, à découvrir les terre-pleins de la baie de Tokyo, territoires gagnés sur la mer en empilant en strates ordures de la ville et terre. Dans cet espace horizontal en regard de la verticalité toujours plus dense du centre-ville, Sakai va rencontrer une jeune motarde tout de noir vêtue. Désormais, la vie de cet homme sérieux et cartésien va connaître de profonds changements.



Hino Keizo décrit un Tokyo du gigantisme architectural des années 1980. Le Japon est alors en plein dans la bulle immobilière, celle-là même qui va exploser dans les années 1990 et provoquer une grave crise économique dans le pays. Mais pour le moment, l'heure est à la construction et les promoteurs se livrent une guerre acharnée pour occuper l'espace de leurs bâtiments toujours plus hauts. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que les Japonais s'acharnent à polderiser le plus possible afin d'augmenter une surface de sol allant se restreignant.

Dans son Île des Rêves, la ville est un personnage à elle toute seule. Peut-être même le principal. Sakai, depuis les terre-pleins où s'amassent et s'amalgament par pourrissement détritus et terre, sent l'organisme Tokyo vibrer d'un cycle permanent, croissant toujours plus, se poussant toujours plus et rejetant sans cesse plus d'ordures issues du consumérisme à tout va de cette période dorée de la société tokyoite.



Hino Keizo signe ici un roman minimaliste, à la tonalité oscillant entre réflexion urbanistique et contemplation métaphysique, proche du réalisme magique qu'on retrouve aussi dans certains ouvrages de sa compatriote Ogawa Yoko. Il y a peu d'actions, peu de personnages en-dehors de la capitale mais pour Sakai, la fille à la moto et le gamin comme pour la ville, tout est question de vie qui fourmille sans qu'on en ait vraiment conscience et qui change incidemment les choses et les êtres. L'auteur se réfère beaucoup aux mannequins des vitrines, simulacres en produits synthétiques des humains. Sakai songe peu à peu que ses congénères ressemblent, et lui avec, à des mannequins mus par des actions limitées : travailler, consommer, se reproduire.

L'île des rêves qu'est le terre-plein et l'île désertée d'Odaiba l'amène à cette pensée et à se démarquer pour découvrir ce qu'est être vivant.



Bien que court (environ 180 pages en grand format Picquier), ce roman véhicule beaucoup de notions et réflexions avec peu de moyens mis en oeuvre. Sa lecture est assez déroutante, quoiqu'intéressante.
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L'île des rêves

Un belle écriture que j'ai savouré, en proie de paisibles sensations. Je me suis enfournée dans cet amour envoûtant, dévorant que l'auteur témoigne en décrivant Tokyo, une ville en plein développement industriel, juste au moment où les gratte-ciel ont commencé à pousser comme des champions, donnant peu à peu l'impression de comprimer l'air, faisant disparaitre le flair de la nature. Tout semble tendu, violent, rapide dans ce monde où vit Monsieur Sakai, un veuf quinquagénaire qui passe ses dimanche à se balader dans les rues de la ville, scrutant tout changement survenu aussi rapidement après la guerre. La beauté de ces battisses phénoménales, l'apogée de l'intelligence humaine, est étourdissante pour M. Sakaï qui ne cesse d'admirer l'architecture tout en imaginant ce que ça deviendra dans le futur, alors qu'il travaille, lui-même, dans une société de construction de ces gratte-ciel. Cet homme a une autre obsession, un peu insolite, c'est celle de contempler les ordures, de se soucier de leur évacuation ou de leur recyclage. Mais quand il va découvrir, suite à une rencontre étrange, une petite île encore sauvage, c'est tout un rêve d'Alice au pays des merveille qui s'offre à lui, il est vite secoué de l'intérieur

croyant entendre la voix des plantes et des animaux, une paix déliée s'empare de son âme

Un roman captivant qui s'interroge solennellement sur la portée de notre vie actuelle sur l'environnement!
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L'île des rêves

Pour construire leurs intrigues, les auteurs japonais contemporains, souvent, partent d'une réalité désastreuse, pour nous emmener au fil de leur récit vers un univers poétique, mystique, voire fantastique, nous offrant ainsi l'échappatoire vers un monde rêvé. Hino Keizo est de ceux-là. Tout commence avec les buildings de Tokyo, se poursuit dans les terrains vagues servant de décharges, au milieu de la baie pour enfin se terminer dans un vaisseau spatial imaginaire. L'auteur transcende le désastre écologique et urbain à travers le malaise de ses personnages improbables, à la découverte d'eux-même. La nature tente de reprendre ses droits dans un retour aux origines, sur une île à quelques encablures de la ville. Les humains, eux, ne sont plus que des mannequins au milieu des immeubles toujours plus nombreux. Pourtant dans ce combat, personne ne semble l'emporter. Même les oiseaux, pris dans des fils de nylon, ne parviennent plus à s'envoler et se retrouvent pendus par les pattes.

Cependant, sans être franchement optimiste, la fin du roman nous permet, à nous lecteurs, de prendre notre envol par le rêve et l'imaginaire. Ce n'est déjà pas si mal.
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L'île des rêves

J'ai toujours eu un petit faible pour les romans qui, sans verser dans le fantastique ou la science-fiction, baignent dans une atmosphère étrange, onirique ou surréaliste. C'est exactement le cas de cette "Ile des rêves" qui nous fait évoluer dans un Tôkyô décalé, bien loin des quartiers traditionnels ou futuristes de la célèbre cité nippone.

Dans ce roman particulièrement minimaliste (un entrepôt, un bout de digue et seulement trois personnages) Keizo Hino nous emmène voir ce qui se cache derrière notre environnement quotidien. Il nous fait découvrir les vestiges de l’ancienne cité et nous promène dans les quartiers industriels ou sur les terrains vagues, nous forçant à regarder ces lieux déclassés où l'on ne met habituellement pas les pieds. Son île est ainsi un témoignage du passé recouvert par le modernisme des constructions d'après-guerre. Elle est aussi la preuve vivante de l’impact du mode de vie occidental sur notre environnement. Elle est à la fois ce qu'on a oublié et ce que l'on préfère ignorer, un témoignage de notre passé et une vision de notre futur.

Mais pour le découvrir, encore faut-il s'engager sur des chemins de traverse et aller regarder le monde sous un angle nouveau. Comme Monsieur Sakai, ce n’est qu’en rompant avec notre routine que l’on peut accéder à ce monde parallèle. Pour cela, il faut accepter de sortir de sa zone de confort, il faut expérimenter, se mettre en danger.

« L’île des rêves » est donc autant une réflexion sur la ville et la place de l’homme dans l’habitat urbain qu’un appel à changer des habitudes qui, peut-être, nous font passer à côté de l’essentiel. C’est en tout cas un roman déconcertant qui m’a laissé une impression profonde. Il m’a aussi rappelé une autre île, de béton celle-là, dans laquelle James Ballard explorait déjà les réactions de trois individus confrontés aux aberrations d’une urbanisation anarchique.


Lien : http://sfemoi.canalblog.com/..
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L'île des rêves

Je partage tout à fait le plaisir qu'ont eu les trois premiers (le bison, chtisuisse, ericbo) à s'exprimer sur ce livre.

C'est malheureusement le seul livre traduit de Hino Keizo (1929-2002). Peut-être les éditions Picquier vont-elles poursuivre cette tâche.



L'île des rêves est un roman singulier et très prenant. C'est une déambulation comme je les aime.

Monsieur Sakai est employé d'une entreprise de construction. Il est veuf, et se passionne pour les tours, les buildings et les architectures récentes.Un jour, il s'aventure sur les terres-pleins sur les îles artificiels de la baie de Tokyo, et découvre un autre monde, un no man's land de déchets rejetés par la ville.

"Shôzô n'en revenait pas d'être ému par cet humble estuaire, lui qui, encore récemment, était convaincu que c'était dans les forêts de gratte-ciel que se trouvait la beauté." (p. 100)



Hino propose une vision organique de ces espaces, de ce Tokyo loin des grandes artères bruyantes, commerçantes, mais le Tokyo du devenir puisque la ville s'étend toujours sur ces îles artificielles.

Pour rappel ou info, le roman est paru en 1985. Les espaces décrits dans le livre (je conseille d'offrir une application maps pour savoir où on est) sont aujourd'hui des espaces bâtis.

C'est aussi une fable écologique, sorte de mise ne garde contre la déshumanisation (la place importance des mannequins dans le livre en est révélatrice).

Un mot pour terminer sur la verticalité : elle se révèle mortifère, inhumaine. Ce sont les tours, mais aussi - image belle et terrible - les hérons pendus aux fils de pêche.

Le livre n'est pour autant pas sombre : les déambulations urbaines de Sakai sont très sensorielles, les terres-pleins mystérieux, et pas dangereux.
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