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EAN : 9782809703740
181 pages
Editions Philippe Picquier (05/10/2012)
3.48/5   22 notes
Résumé :
Contrairement à ce que laisse supposer ce titre poétique, l'"île des rêves" n'est rien d'autre qu'un immense terrain vague dans la baie de tôkyô, recouvert d'ordures et de montagnes d'immondices rejetées par la ville.
C'est là qu'aime aller se promener tous les dimanches Monsieur Sakai, employé dans une société de construction, l'une de celles qui ont édifié les tours, les gratte-ciel et les échangeurs de cette mégapole dont il est amoureux; amoureux comme d'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
« VOUS QUI ETES EN TRAIN DE MOURIR DANS UN MONDE DE BÉTON,
L'ILE DE VOS RÊVES EST LA, A PORTÉE DE MAIN »

Derrière ce slogan publicitaire se cache la puissance du rêve, l'éclat d'un roman onirique. Il suffit parfois d'un regard pour tomber sous le charme. Une longue crinière noire sur un quai de train ou sur une moto en combinaison de cuir moulant ses si belles formes. Il déambule dans les rues de Tokyo, âme solitaire et errante, le regard rivé sur les gratte-ciel jusqu'à cette rencontre fortuite qui ouvrira son coeur. Amoureux de l'architecture de sa ville, il découvre une autre parcelle de vie dans cette île des rêves. En compagnie de cette brune, il va ouvrir son coeur émerveillé par cette troublante rencontre et par le nouveau monde qu'elle lui propose.

Mais cette île n'est pas peuplée de naïades totalement dénudées comme mon esprit s'égare souvent dans un univers orgiesque. L'île est juste un bout de terrain vague presque inaccessible, construite sur une décharge municipale de la mégapole…

Ce roman de Keizo Hino offre ainsi une réflexion écologique sur notre mode de vie. Mais derrière ce discours militant, le cri des oisillons me fait attraper des suées sauvages. A sa manière ce roman fait peur, car il ne semble pas si loin de la vérité de notre ère contemporaine, bafouant la nature au profit des détritus de plus en plus nombreux. Les déchets des hommes toujours plus conséquents, toujours plus éloquents. Ils parlent d'eux-mêmes et détruisent le silence de ma vie par d'étranges bruits de détresse. Ils ne nous restent plus qu'à mourir, plus qu'à pourrir.
Lien : http://memoiresdebison.blogs..
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L'île des rêves est un roman étrange, original, assez envoûtant. L'auteur raconte cette histoire à la troisième personne, l'histoire de Monsieur Sakai. Cet homme veuf qui doit avoir la cinquantaine, vit à Tokyo, dont il adore la modernité de béton, métal et verre des buildings qu'il a contribué à ériger. En effet il travaille dans une des entreprises de BTP de la mégalopole. C'est sa fierté. Mais un jour il s'éloigne un peu du centre pour explorer la baie, avec ses terre-pleins, ses remblais qui ne cessent de s'étendre, pour accueillir les déchets de la ville. Un jour qu'il s'attarde, une moto manque de le renverser. Surprise, la chauffarde est une jeune femme. Quelques temps plus tard, sur les mêmes lieux, il est témoin de la lourde chute à pleine vitesse d'un motard au sein d'un groupe qui ne s'attarde pas. Venant à son secours, il se trouve que c'est elle. Plus de peur que de mal…Mais elle se volatilise de l'hôpital. Il la cherche, et pousse la porte d'un hangar désaffecté dans la baie, où il découvre une femme artiste, qui expose des mannequins dans différents lieux en ville, il a déjà eu l'occasion de la voir. Or cette femme-aux-mannequins ressemble à la femme-à-la-moto…bizarre, elle semble la connaître, mais ne nie ni ne confirme vraiment être apparentée. Elle le met en garde, il vaut mieux qu'il ne cherche pas à revoir cette femme. Pourtant, il est déjà poussé irrésistiblement à retrouver cette femme, et en effet tout naturellement il la recroise avec sa moto. Elle est avec un adolescent, son petit frère ? Elle non plus ne nie ni confirme leur lien familial. Ils vont explorer tous les trois les terre-pleins, arpentant les bras de mer en canot pneumatique, dormant à la belle étoile, au milieu d'une végétation luxuriante et un paysage mouvant, comme se transformant sans cesse, habité par une faune de serpents et surtout d'oiseaux, mouettes et hérons et leurs criaillements presque inquiétants…

Sakai peu à peu est attiré comme un aimant, par cette femme-à-la-moto, par ces paysages étranges comme échappés d'un rêve, qui mêlent la nature la plus sauvage et poétique à la pollution recrachée par le ventre de ce monstre que devient Tokyo…Sakai perd peu à peu pied avec la réalité, et à l'occasion d'une nouvelle visite à la femme-aux-mannequins, elle semble lui prédire un sombre destin…

J'ai trouvé ce livre marquant, tellement on sent le héros sous l'emprise d'une puissance magnétique qui l'attire vers ce monde mystérieux, où la nature est reine, digérant les ordures pour en restituer une sorte de beauté étrange et, étonnamment, de paradis écologique luxuriant pour la faune et la flore. Sakai en perd peu à peu les certitudes qui ont guidé toute sa vie, le développement urbain à outrance, celui qui ravage tout, peut-être bien pour sonner un jour la fin de Tokyo, cette pieuvre tentaculaire, que le petit garçon annonce tel un prophète de malheur. Il s'abandonne, au choix du lecteur, à une prise de conscience radicale et réaliste du règne souverain de la nature, ou à un rêve total qui le dépouille de lui-même et de son âme et le tient prisonnier de ces deux envoûteuses que sont les femme-à-la-moto et la femme-aux-mannequins, qui peut-être ne font qu'une ?
L'Ile des rêves est le seul roman, aux belles qualités de style, publié en français de Keizo Hino. Décédé il y a une vingtaine d'années, il mériterait d'être davantage publié, quand on pense que plusieurs de ses autres romans ont reçu les plus grandes récompenses littéraires nippones. Peut-être les excellentes éditions Philippe Picquier pourraient-elles poursuivre ce travail ?
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Le titre est évidemment enchanteur, et quand on a compris que le roman était japonais, on se dit que l'histoire va être légère, que les descriptions de nature feront rêver, que tout y sera délicat et poétique.
Poétique, c'est certain, enfin d'une certaine façon, mais pour le reste…
Un homme découvre un immense terrain vague entièrement constitué d'ordures, étrangement, il y revient sans cesse lors de ses jours de repos, irrésistiblement attiré et fasciné par cet endroit.
Il sera aussi question d'une jeune femme qui roule à moto, d'une autre qui crée d'étranges vitrines de magasins avec des mannequins, de hérons, et de la sensation de revivre après avoir végété toute une vie ou presque.
J'ai beaucoup aimé ce court roman même s'il pourra mettre mal à l'aise car la vie, la mort, la beauté, l'amour et la pourriture y semblent étroitement emmêlés, comme des fils invisibles.
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Voilà un roman étrange que L'île aux Rêves de Hino Keizo. Paru au Japon en 1985, il met en scène un homme, Sakai Shôzô, quinquagénaire, veuf et travaillant avec sérieux pour une firme bâtissant des gratte-ciels. Sakai a connu la guerre et Tokyo dévasté par les bombes américaines. Il aime la rigueur architecturale des gratte-ciels, admirer leurs prouesses techniques, l'alliage du béton, de l'acier et du verre.
Jusqu'à ce qu'il se mette, les dimanches, à découvrir les terre-pleins de la baie de Tokyo, territoires gagnés sur la mer en empilant en strates ordures de la ville et terre. Dans cet espace horizontal en regard de la verticalité toujours plus dense du centre-ville, Sakai va rencontrer une jeune motarde tout de noir vêtue. Désormais, la vie de cet homme sérieux et cartésien va connaître de profonds changements.

Hino Keizo décrit un Tokyo du gigantisme architectural des années 1980. le Japon est alors en plein dans la bulle immobilière, celle-là même qui va exploser dans les années 1990 et provoquer une grave crise économique dans le pays. Mais pour le moment, l'heure est à la construction et les promoteurs se livrent une guerre acharnée pour occuper l'espace de leurs bâtiments toujours plus hauts. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que les Japonais s'acharnent à polderiser le plus possible afin d'augmenter une surface de sol allant se restreignant.
Dans son Île des Rêves, la ville est un personnage à elle toute seule. Peut-être même le principal. Sakai, depuis les terre-pleins où s'amassent et s'amalgament par pourrissement détritus et terre, sent l'organisme Tokyo vibrer d'un cycle permanent, croissant toujours plus, se poussant toujours plus et rejetant sans cesse plus d'ordures issues du consumérisme à tout va de cette période dorée de la société tokyoite.

Hino Keizo signe ici un roman minimaliste, à la tonalité oscillant entre réflexion urbanistique et contemplation métaphysique, proche du réalisme magique qu'on retrouve aussi dans certains ouvrages de sa compatriote Ogawa Yoko. Il y a peu d'actions, peu de personnages en-dehors de la capitale mais pour Sakai, la fille à la moto et le gamin comme pour la ville, tout est question de vie qui fourmille sans qu'on en ait vraiment conscience et qui change incidemment les choses et les êtres. L'auteur se réfère beaucoup aux mannequins des vitrines, simulacres en produits synthétiques des humains. Sakai songe peu à peu que ses congénères ressemblent, et lui avec, à des mannequins mus par des actions limitées : travailler, consommer, se reproduire.
L'île des rêves qu'est le terre-plein et l'île désertée d'Odaiba l'amène à cette pensée et à se démarquer pour découvrir ce qu'est être vivant.

Bien que court (environ 180 pages en grand format Picquier), ce roman véhicule beaucoup de notions et réflexions avec peu de moyens mis en oeuvre. Sa lecture est assez déroutante, quoiqu'intéressante.
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Mon petit résumé

Monsieur Sakai est un employé comme les autres. Tous les dimanches il se promène. Il aime profondément cette ville qui semble pour lui organique et vivante. Ses pérégrinations l'emmènent là où Tokyo secrète son propre avenir sous la forme de terrains vagues anciennes décharges d'ordures.
Il va faire là une rencontre ....

Mon avis

Comme son nom l'indique, c'est un roman très onirique. Les promenades de Mr Sakai sont prétextes à des sortes de rêves éveillés. le rythme est lent comme dans un mange de Taniguchi.
Monsieur Sakai est l'un des personnages du roman. Tokyo est l'autre personnage principal.
Cette ville est vivante. Elle semble se construire elle même consciemment vers la mer. C'est là que Monsieur Sakai retrouve les témoignages d'une vie qui lui échappe. Les ordures produites puis assimilées sont à la fois les témoins d'une vie révolue et bases de l'avenir toujours plus grand étendu et haut de Tokyo.

Si vous ne connaissez pas Tokyo, ce roman vous en donnera un image très particulière.
Si vous la connaissez peut-être retrouverez-vous ces traits qui font de Tokyo ce qu'elle est. Ce mélange de beau et de laid, de massif et d'intimiste, de peuplé et de désert, de vertical et d'étendu, d'oppressant et de libérateur ... Car depuis ces terrains vagues c'est bien Tokyo qui est sans cesse au coeur du roman.

Un roman très particulier donc, mais fascinant (bon je ne suis pas neutre cette ville me fascine... j'y retourne d'ailleurs pour la troisième fois bientôt pour une trop courte semaine)

J'ai retrouvé dans ce roman l'onirisme des premiers Haruki Murakami (avant qu'il devienne plus conventionnel).
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
La montagne de détritus recrachés par Tôkyô était ainsi en train de créer les terrains de la nouvelle ville ! Shôzö imaginait un gigantesque courant circulaire, invisible à l’œil. Il s’agissait certes d’un mouvement conçu, planifié et mis en œuvre par l’homme, mais il avait cependant l’impression qu’un autre courant, d’une force incomparablement supérieure, agissait sur ces opérations humaines. Une odeur de pourriture mêlée d’effluves marins pesait lourdement sur toute la zone. Des bulles de méthane éclataient à la surface du monticule. En cet instant même, la terre sous ses pieds s’enfonçait. La ville de Tôkyô était en train de combler le vide de sa baie, il en percevait l’agitation, la respiration, la température aussi…
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Nous avons cassé nos maisons de papier et de bois, légères et fragiles, et détruit nos minuscules jardins tapissés de mousses mélancoliques, puis nous avons sans trêve dressé des buildings, des immeubles résidentiels, des HLM, des usines, des autoroutes surélevées, se dit Shôzô. Des constructions de fer et de béton. Des constructions stables, sûres et résistantes, même parfois belles. Mais, en fin de compte, avons-nous fait autre chose qu'assembler et entasser des matériaux froids et rigides ? Nous avons enserré les espaces, sans le moindre intervalle, or, comme ici, c'est un vide glacial qui règne dans ces lieux ainsi clos. On se croirait dans une mine abandonnée. Cette atmosphère immobile chargée d'une étrange odeur et des ténèbres mortes, vides et hermétiquement fermées sur elles-mêmes, voilà ce que, pour la première fois dans notre pays, nous avons construit.
Quelle sensation détestable ! J'ai reconstruit Tôkyô. Cette mégalopole surgie des ruines. Mais, ce faisant, j'ai également détruit des choses invisibles. Jusqu'à moi-même, comme l'a clairement annoncé la fille-à-la-moto ! Oui, à l'intérieur des mannequins, c'est certainement ce genre de vide qui doit régner.
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La lumière faiblissait rapidement. L’obscurité approchait. Le noir ondulant du ciel, le noir transparent de la terre. Seule la ville renversée de Tokyo, qui émettait une lueur phosphorescente d’un gris blanchâtre, brillait toujours plus fort.
Le paysage des ruines vint vaguement se dessiner sur cet arrière-plan. Des murs délabrés restés debout au milieu des espaces brunâtres calcinés, des troncs d’arbres dénudés, des tramways en train de brûler. Le ciel tout entier tourbillonnait violemment. Il entendait résonner des cris.
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Derrière lui, seule l’imposante silhouette blanche du musée des Sciences maritimes s’élevait, tel un spectre flottant dans le désert de cet espace nu. En arrière-plan, les contours des gratte-ciel de Tôkyô se dissolvaient dans la grisaille des nuages. Les grues à portique alignées sur les quais d’Ôi évoquaient une procession de squelettes de girafes mortes debout, dressés à l’horizon des rêves.
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Ils n’avaient pas échangé un seul mot. Parler n’était pas nécessaire. La sève qui circulait lentement dans les troncs d’arbres et les nervures des feuilles au-dessus de leurs têtes coulait au travers de leurs corps.
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