Citations de Ken Bruen (581)
« Le type qui, à cinquante ans, a la même vision du monde qu’à vingt, a pollué l’air pour rien pendant trente années »
[A la fin de l’enterrement]
- Excusez-moi, mon père, mais vous en voulez une, oui ou non ?
Il en voulait. Il en a pris une et arraché le filtre. Je lui ai donné du feu. Il s’est rempli les poumons et s’est exclamé :
- Putain !
- C’est du joli pour un curé.
- Je déteste ces trucs-là.
- Z’avez qu’à arrêter.
- Mais non, pas les cigarettes ! Les enterrements !
« La différence entre un alcoolo et un junkie, c’est que le premier vous piquera son portefeuille. Le junkie aussi, mais lui, il vous aidera à le chercher. »
Brant avait garé sa voiture dans un endroit interdit. Un contractuel surgit de la bouche d'égout. Carnet ouvert, stylo en main.
Il exhiba promptement sa carte de police :
"Allez, dégotte-toi un vrai boulot, Adolf !"
Agir, c’est être
Platon
Etre, c’est agir.
Socrate
I did it my way…
Sinatra
La joie est tellement aléatoire qu’il faut la prendre par petites doses. J’ai dit :
- Allez, on boit un coup ?
- Non, on tire un coup.
- Alors, les deux !
C’est ce qu’on a fait.
Il y a longtemps que la vie m'a appris à ne déranger aucune créature possédant plus de dents que moi. (Daniel Buckman, rhe names of rivers)
En réalité, le temps ne passe pas. C'est nous qui passons. Je ne sais pas pourquoi, mais je crois que c'est une des choses les plus tristes que j'aie jamais apprises. Tout ce que j'ai appris, ça a toujours été à mes dépens.
Le plus grand défaut d'un alcoolique, c'est son refus absolu de tirer les leçons du passé.
Le mien m'avait appris que si je buvais, le chaos s'installait. Je ne me faisais plus aucune illusion. Pourtant, j'aurais donné n'importe quoi pour dévisser le bouchon d'une bouteille de scotch et me relaxer. Ou même pour une abondance de pintes. Je fermais les yeux et je voyais une table. En bois, évidemment. Et des dizaines de Guinness crémeuses alignées pour me saluer. Ahhh, la perfection.
La bonne sœur lisait Patricia Cornwell. Elle vit que je jetais un coup d’œil à la couverture et dit :
- Je préfère Kathy Reichs.
Il n'y a pas de réponse à cela. Pas de réponse polie, du moins.
Lui seul avait droit à une vraie tasse : même les gradés devaient se contenter de gobelet en plastique. Sur sa chope ébréchée, il y avait une photo de Rambo. Avec un slogan : "Moi, je suis une star." Sauf que le S était effacé.
J’étais toujours à la tequila. John Wayne disait que ça lui faisait mal au dos. Chaque fois qu’il en buvait, il tombait de son tabouret.
- Qu'est-ce que tu sais sur la blanchisserie des Magdalènes?
- Les Maggies ?
La colère enflamma son regard et il adopta un ton mordant :
- Ne les appelle pas comme ça.
C'était ainsi qu'on se référait aux filles recueillies dans les couvents. Durant les années cinquante, les filles-mères y étaient placées par leurs familles ou par l'Eglise. Les conditions de vie étaient atroces et les jeunes femmes soumises à d'épouvantables traitements. L'histoire dans sa totalité n'était connue que depuis peu.
Il m’a tendu une grosse enveloppe bourrée de billets de banque.
« J’aurais préféré qu’il me la passe par en dessous. »
Il ne comprenait pas. Il a fait :
- Je ne comprends pas.
- Mais si. Un dessous de table, comme pour les députés…
La blague n’était pas de son gout.
...ils diffusent une interview de Muhammad Ali. Je l'écoute d'une oreille distraite, quand soudain :
"Le type qui, à cinquante ans, à la même vision du monde qu'à vingt à pollué l'air pour rien pendant trente années. "
Tous les soirs, vers neuf heures, il mettait sa casquette et il allait boire quelques pintes. Deux. Certains soirs, il n’y allait même pas. C’est le test de l’alcoolique : boire deux pintes par jour et s’arrêter là. Moi, j’attendais toute la semaine et le vendredi, j’en buvais quatorze.
Le barman dit :
- Bonsoir. Que désirez-vous boire ?
Ann prit du vin blanc. Je fis comme si j'hésitais, puis :
- Donnez-moi une double tequila.
Ann poussa un soupir. Je crois que le barman aussi, mais tout doucement. Il demanda :
- Avec du citron et du sel ?
- Non, laissez tomber ces saloperies.
— Elle me donnait l’impression d’être meilleur que je le suis.
— C’est une sensation agréable.
— Mais j’ai tout foutu en l’air.
— Pourquoi ?
— Parce que c’est ce que je fais le mieux.
— C’est pas une réponse.
— Je pourrais dire que c’est l’alcool, mais c’est faux. Il y a un bouton autodestruction en moi. J’y reviens sans cesse.
— Tu peux changer.
— Je ne suis pas sûr d’en avoir envie.
Je préparai des grogs au whisky hauts comme des gratte-ciel.
Des tonnes de sucre
Des clous de girofle
5 litres de Jameson.
Je glissai le verre entre ses mains et dis :
- Avale ça.
Elle obéit.
Je mis Lone Star sur la chaîne, en commençant par "Amazed" Elle dit :
- C'est de la musique country ?
- Exact.
- C'est de la merde.
- Finis ton verre, tu t'en foutras ensuite.
Une tasse remplie de thé et j'étais paré. On sonna à la porte et je dis :
- Merde.
C'était Sutton. Je dis :
- Putain, il est tôt !
- Je me suis pas couché.
- Entre et prends un petit déjeuner.
Il me suivit et j'allai chercher une autre assiette. Il dit :
- Je préfère le prendre liquide, merci.
- Je n'ai que du scotch médiocre.
- Je suis un gars médiocre. Fais-moi un peu de café pour le colorer.
Un samedi soir/dimanche matin mémorable, on avait picolé longuement et sérieusement dans une bar clandestin des Lower Falls. Le parfum palpable de danger et de poudre à fusil ne faisait qu'accentuer l'effet de l'alcool. Je vous jure qu'on sentait le goût de la cordite dans les pintes. Le visage de Sutton rayonnait ; il dit :
- C'est ça, le truc, mon gars. On peut pas faire mieux.
[...] Éclusant des pintes crémeuses accompagnées de petits verres dorés de Bushmill, Sutton se pencha vers moi, la sueur coulait sur son visage, et il dit :
- C'est pas ça, le vrai truc, Jack ?
- C'est super chouette.
- Tu sais ce qui serait le pied ?
- Je t'écoute.
- Tuer un salopard.
- Hein ?
- Ouais... juste pour liquider un connard.
- Hein ?
Il se recula, me pinça l'épaule et dit :
- Je déconne... Faut que tu te détentes, Jack.