Citations de Ken Bruen (581)
Le pub était vieux, on aurait dit une petite cuisine. Il pouvait contenir vingt personnes au maximum. Le barman avait une cinquantaine d’années. Il y a deux métiers qui exigent de l’âge
barman
et
barbier.
Il ne me connaissait pas. Quel avantage. Je commandai à boire et regardai autour de moi. Ces vieilles publicités émaillées pour Guinness, un type qui soulève une charrette et deux chevaux, avec ce slogan immortel :
GUINNESS IS GOOD FOR YOU
Authentique, jusqu’à la rouille. Ma préférée, c’est le pélican avec plein de pintes crémeuses dans le bec. Voilà un oiseau heureux.
Quand on a déconné à mort et que le gus concerné est sympa avec vous, cherchez l'arme.
— Je vais vous viquer.
Je ne savais si c'était un machin sexuel ou si j'avais seulement mal entendu. Il poursuivit :
— Le Vicodin est un analgésique délivré sous prescription médicale. C'est lui qui a permis à Matthew Perry de tenir le coup en désintox.
— À qui ?
— Vous ne connaissez pas Friends ?
— J'ai vu Buffy.
—Si vous me criez à nouveau dessus, une seule fois, c'est clair, je vous fais dégueuler les couilles par la bouche... vous pouvez le saisir sur un clavier si ça vous amuse.
Jordan m'a désigné du menton l'arbre gigantesque qui bordait l'allée sur la gauche.
- Et il a fait : "Faites attention aux fruits étranges".
- Billie Holiday.
Je vous demande pardon?
- Dans une de ses chansons, elle parle de pendus, elle les appelle "strange fruits", des fruits étranges.
Mon père adorait lire ; il parlait toujours du pouvoir du livre. Après sa mort, un type m'a arrêté dans la rue et m'a dit : "Ton père, c'était une vraie pute avec les bouquins." --- J'aurais dû faire graver ça sur sa tombe. Ça lui aurait fait plaisir. p191
Un jour où il tremblait au même rythme que la tasse, je lui ai demandé :
-tu penses prendre ta retraite ?
Il m'a répondu :
-tu penses arrêter de boire ?
Normal.
À genoux devant la cuvette des toilettes, il implorait : « Pitié, Seigneur, faites que j’aie pas pris de curry. » En gerbant, il constata que… merde… il en avait pris.
...
de la bière,
re-de la vodka,
plus
du madère de cuisine.
« Non, Seigneur, s’il vous plaît, pas du madère de cuisine ! »
Et il vomit à nouveau. Floc ! le madère.
Dans la douche, il s’inonda d’une cascade d’eau bouillante.
Ça allait mieux, enfin, sur les bords…
Il y a un bar pour lesbiennes au coin de la rue et j'aurais adoré que mon intolérante de mère le sache. Elle y aurait flanqué le feu et, après, elle aurait fait dire une messe.
Thomas Merton, dans son journal, écrit six mois avant son voyage en Asie :
""Je me rends compte que j’ai un passé avec lequel je dois rompre – une accumulation d’inertie, d’erreurs, d’idiotie, de pourriture, de vieilleries. Un grand besoin de clarification, d’attention ou, plutôt, d’absence d’attention. Le besoin de retourner à une pratique authentique, au juste effort. Besoin d’aller plus avant dans le doute. Besoin de vie spirituelle. Se cramponner à la clarté.""
Il est mort à Bangkok, électrocuté de façon insolite, à la moitié de son voyage.
- Alors comme ça, vous les crucifiez maintenant ?
Que pouvais-je faire, sinon acquiescer ? Il raccrocha sur :
- Vous autres, les cathos, quand vous tenez un truc qu'attire les foules, vous l'exploitez à fond.
Plutôt que de répondre : " Quand on est sûr de son clou", je lui souhaitai bonne chance.
- Si la foule devient houleuse, alors, je dois jouer de la matraque ?
(…)
- Dans un pays où les statues marchent et où les enfants s'adressent directement à la Vierge, tu penses sérieusement qu'une matraque va faire la moindre différence ?
Les docks n'ont jamais été un endroit où les gens aiment à s'éterniser. Ils se dépêchent de passer. Toute la prospérité, tout l' embourgeoisement n'y pourront rien changer. Traîner dans le coin, c'est chercher les ennuis.
[...] la coke ne connaît aucune loyauté.
Une religieuse passa hâtivement, laissant un sillage de piété. Si je lui posais la question, elle se retrancherait derrière la politique officielle de sa multinationale et incanterait : "Car c'est en pardonnant que nous serons pardonnés".
Et je rétorquerais : "Mon cul."
La rage pure peut opérer à deux niveaux seulement. Il y a sa manifestation fulgurante, celle qui couve sous la braise et qui s'enflamme au quart de tour. Qui cherche l'annihilation totale. Et il y a l'autre qui sourd d'un endroit plus froid. Elle fermente dans la glace, se concentre sur elle-même, se nourrit d'une férocité silencieuse dans l'attente de l'occasion adéquate. C'est la plus mortelle.
— La cocaïne. [...] Je crois que c'est la phrase de George Clooney que je préfère. "Elle vous habille pour la fête sans jamais vous emmener là où elle a lieu".
— La coke, c'est pire que l'héroïne. L'héroïne vous tue alors que la coke vous détruit. Les gens peuvent arrêter la blanche avant qu'elle les tue, de telle sorte que leur carrière au moins n'en soit pas affecté. On ne peut pas en dire autant de la coke.
Bon, je vous l'accorde, si vous n'avez pas oublié qui était Boney M, vous avez dépassé le stade où un traitement digne de ce nom peut encore vous guérir.
[Il fait référence au psaume 137 avec lequel Boney M avait connu un succès planétaire "The rivers of Babylon"]
Ce qui m’obnubilait surtout, c’était la pinte de Guinness que j’allais écluser dans cinq minutes à tout casser.