AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Ken Bugul (50)


En général, les hommes impuissants se devinaient par leur attitude. Ils étaient toujours en train de parler de femmes qu’ils auraient aimé baiser à la suite l’une de l’autre. Ils disaient que la première femme qui se hasarderait dans leurs lits allait jouir jusqu’aux étoiles.
Commenter  J’apprécie          10
Quand les jeunes filles redoublaient de séduction et de coquetterie, elle restait elle-même.
Commenter  J’apprécie          10
Les hommes ne se posaient pas de questions. C’était ainsi. C’était la loi de la vie. Les bêtes, elles, personne ne se demandait si elles se posaient des questions. C’était ainsi. C’était la loi de la vie.
Commenter  J’apprécie          10
Les migrants n’avaient plus de noms, ni de prénoms, et étaient identifiés par des chiffres, des numéros, des régions, des religions. Ils n’existaient pas en tant qu’individus et pourtant ils étaient utilisés dans toutes les sauces démagogiques des langues déliées d’ici et d’ailleurs. Le déni de donner à des humains un visage, un nom, une histoire, était une des facettes du système pervers. Et pour la représentation, les migrants étaient souvent basanés, avec des yeux rouges et exorbités qui effrayaient plus qu’ils ne suscitaient l’empathie.
Et les langues déliées des populistes sonnaient l’alerte : « Les barbares sont à nos portes ! »
Les migrants n’étaient pas des barbares.
Les migrants cherchaient la sécurité et la dignité.
Commenter  J’apprécie          00
C’est le matin.
Dans une pièce baignée de pénombre, un homme se réveille.
Il sort du lit, se dirige vers la fenêtre fermée et l’ouvre.
Il regarde le ciel et pense à son voyage.
Il est âgé d’une trentaine d’années.
Il s’appelle Góora.
Il est jolof-jolof.
Ici à Réewma, le pays où il se trouve, cela se voit.
Il est tout noir. C’est un immigré.
La photo encadrée d’une jeune fille jolof-jolof est accrochée au-dessus du lit. Sur un pan de mur, il y a les photos d’un terrain nu, celles d’un chantier et celles d’une villa toute neuve. Dans un coin de la pièce, il y a une cuisine encastrée et des toilettes. Sur la table basse, devant un canapé dont le cuir rouge a vécu, sont posés des livres, des magazines, des journaux : Cheikh Anta Diop, Civilisation ou Barbarie. Amadou Hampâté Bâ, Amkoullel, l’enfant peul. Victor Hugo, Claude Gueux. Mia Couto, L’accordeur de silences. Aminata Zaaria, La nuit est tombée sur Dakar. National Geographic, New African, Courrier International, Sud Quotidien. Ce canapé, Góora l’avait trouvé un soir, jeté dans une rue. Ce fut pour lui la croix et la bannière pour le transporter et le monter chez lui, mais il y arriva tout seul. Comme certains immigrés, il aime ramasser des objets jetés à la rue et qui peuvent servir. De retour chez eux, ces immigrés racontent qu’à Réewma, les gens jettent des meubles, des voitures, des téléviseurs, des chiens, des chats, des lézards, des serpents.
– Des femmes aussi ? demanderont certains.
– Eh bien, il faut aller tout ramasser alors ! diront-ils.
Le studio de Góora se trouve dans un immeuble situé dans une impasse, appelée l’Impasse, dans le quartier Folie-Méricourt, à Réewma. L’immeuble est une ancienne fabrique, comme la plupart des bâtiments de l’impasse qui font tendance, ainsi que d’anciens locaux industriels et logements d’ouvriers ou de mineurs. Les bobos branchés, les artistes, y jettent leur dévolu et les transforment en appartements, lofts et ateliers, qui ne sont plus à la portée de ceux dont « les mains n’atteignent pas les épaules ». L’immeuble s’élève sur cinq niveaux. Il y a des appartements sur les quatre premiers et deux studios au dernier dont l’un est le sien. Góora croise souvent dans la cage d’escalier une famille qui occupe l’appartement en dessous et la salue à chaque fois, et les parents, à chaque fois aussi, rassemblent aussitôt devant eux leurs enfants. Leurs gestes instinctifs lui rappellent ceux des poules avec leurs poussins quand un épervier plane nonchalamment au-dessus d’une basse-cour.
Cherchent-ils à les protéger contre ce jolof-jolof ?
On ne sait jamais ! Góora est peut-être un épervier.
Et il y a tant de préjugés sur les jolof-jolof :
« Ce sont des sauvages qui ensauvagent, des barbares qui envahissent.
Des violents qui volent, violent, agressent, terrorisent, tuent !
Des sorciers, des adeptes de magie noire !
Et ils peuvent se transformer en éperviers !
Ce sont des noirs quoi ! »
Le jolof-jolof porte la tache du noir et ses connotations stéréotypées quel que soit son niveau intellectuel, spirituel, moral. Góora ne peut pas passer devant quelqu’un, le croiser, s’asseoir à côté de lui, sans le saluer. Il a été élevé dans la rencontre avec l’autre par la salutation. C’est à travers le regard qu’on entrevoit le reflet de soi, qu’on existe.
« Arrêtons-nous un petit instant, pour nous saluer et nous regarder dans les yeux », a envie de dire Góora, devant l’indifférence à l’autre.
Commenter  J’apprécie          00
Personne dans le restaurant n'aurait soupçonné la détresse d'un être qui semblait avoir tout pour lui, alors qu'en réalité depuis vingt ans il cherchait désespérément "le lien" à travers les désastres de l'aliénation, alors que la mère au loin appelait son enfant. (P.211)
Commenter  J’apprécie          00
Oui, Souleymane, c'est comme cela, ici : ou tu manges ou tu te fais manger, mais tâche de n'avoir jamais le choix d'avoir le choix. (P.131)
Commenter  J’apprécie          00
"Il faut se demander parfois comment allait le monde sans appréhender de réponse ; chaque jour de la vie, les événements se succédaient inéluctables. On pouvait rêver sa vie, mais on ne pouvait rêver sa réalité. Le quotidien n'est constitué que par des instants."
Un village, un soleil, une famille.
Comment un être humain à qui échappe son destin, pouvait-il entraîner avec lui une femme, des enfants, dans un mouvement perpétuel qui était une fuite?Les religions promettent l'au-delà, les rêves un monde meilleur et le moi, à peine a-t-il pris conscience, se justifie à lui-même pour seulement, demain, mourir. (P.27)
Commenter  J’apprécie          00
Ces guerres ne s’arrêteraient jamais. Les guerres devaient exister pour faire tourner l’argent. L’argent des armes, l’argent des trafics de matières premières, le trafic des intérêts. Et tout le monde le savait, et tout le monde faisait semblant de l’ignorer et jetait des coups d’épée dans la mer.
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Ken Bugul (172)Voir plus

Quiz Voir plus

ROSA PARKS

Combien a-t elle de frères et sœurs

2
1
3

6 questions
16 lecteurs ont répondu
Thème : Rosa Parks : La femme qui osa dire non ! de Sophie de MullenheimCréer un quiz sur cet auteur

{* *}