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Critiques de Kiyoshi Kurosawa (14)
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Mon effroyable histoire du cinéma : Entretien..

Kiyoshi Kurosawa a dit dans un entretien que le cinéma de genre n'existait pas au Japon. Ses films sont à chaque fois très personnels, appartiennent au cinéma d'auteur, tout en ayant cependant des éléments horrifiques très marqués : histoire de spectres, d'apocalypse, de médiums tueurs, de créatures étranges et maléfiques, etc. Dans ces entretiens de la collection "Raccords" des Éditions Rouge Profond, Kiyoshi Kurosawa et Makoto Shinozaki, critique et cinéaste, évoquent leur passion pour le cinéma d'épouvante, des films japonais mais aussi occidentaux, du cinéma expressionniste au cinéma américain des années 1970. Sur le ton de la conversation Kiyoshi Kurosawa et Makoto Shinozaki citent de très nombreux films, des classiques et de modestes séries B.
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Kairo

Voici un court roman sombre et pessimiste. Instillant peu à peu le fantastique dans le quotidien, Kurosawa installe un climat angoissant à la limite de la claustrophobie.



Dans un Tôkyô surpeuplé, plusieurs personnes viennent à disparaître de façon mystérieuse tandis que d'autres se suicident. Utilisant Internet, les morts décident de lancer un assaut sur les vivants afin de prendre leur place. On n'est pas du tout dans un genre gore avec des cadavres à demi putréfiés. Il est plus question d'échange de présence, de matérialité.



Au-travers de ce récit, Kurosawa met en exergue la solitude de la vaste mégalopole japonaise. En effet, les protagonistes du roman sont des jeunes gens solitaires, sans envie particulière de former des relations sociales ou dans la difficulté d'en créer. Etudiants ou freeters, ils paraissent transparents. Les morts du roman ont plus de volonté qu'eux.



Autre thème majeur de l'intrigue: le développement croissant des nouvelles technologies, Internet en premier lieu (le roman est paru en 2001). Les rapports virtuels tendent ici à prendre le pas sur les relations sociales de visu. Ce qui renvoie également sur la solitude et la perte de repères dans le Japon du XXIème siècle.



L'écriture est froide et sans émotion. A la suite de cette lecture, on s'interroge sur l'anonymat des grandes villes et sur le devenir du rapport humain. Car les réalités mises en avant au Japon par Kurosawa ont un aspect plus universel.
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Kairo

Oulà ! J’ai eu bien du mal à venir à bout de ce court roman de Kiyoshi Kurosawa. Pourtant, l’idée d’une invasion de fantômes venus reprendre leur place sur Terre au détriment des vivants n’était pas mauvaise, tout comme le choix de l’ordinateur et d’internet comme vecteurs entre le monde des vivants et celui des morts. Les personnages, pour la plupart de jeunes adultes, ne sont pas non plus en cause même si certaines de leurs réactions m’ont parfois semblé étranges ou surfaites.

Ce qui m’a vraiment gêné avec ce roman c’est son style. Bien sûr il faut faire la part de l’influence de la traduction sur l’oeuvre originale mais, sauf à considérer que la traductrice débute dans le métier, il m'a semblé que l’écriture de l'auteur manquait de rigueur. Quant aux dialogues, ils sonnent particulièrement faux et frisent même parfois le ridicule.

Heureusement, l’atmosphère générale du roman est de meilleure qualité. L'auteur maîtrise très bien la montée du mystère et l'installation de la peur dans le quotidien de ses personnages. Ses descriptions finales de Tokyo à peu près vidée de ses habitants composent quelques images saisissantes et ajoutent également à cette ambiance triste et morbide. Aussi, sachant que l’auteur a adapté lui-même son roman au cinéma, je ne peux m’empêcher de penser qu’il l’a conçu davantage comme un scénario que comme une véritable oeuvre littéraire. Mais alors, que vaut le film ?


Lien : https://sfemoi.canalblog.com..
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Kairo

Le résumé m’avait intriguée, je me suis donc plongée dans ce roman apocalyptique assez particulier.



Je dois reconnaître que le concept de base est assez original : Internet comme interface entre le monde des vivants et l’au-delà et comme moyen pour les morts de prendre la place des vivants, je trouvais ça intéressant. Et puis aussi, pour une fois, je lisais un roman sur les revenants qui soit un tant soit peu crédible. Je veux dire par là que les fantômes des romans gothiques caricatures du fantôme tout blanc qui apparaît à minuit et qui hante des vieux châteaux, eh bien je trouve ça trop ridicule. Donc pour le coup là j’étais plutôt contente.

Seulement voilà, plusieurs choses m’ont gênées dans ce roman.



La première est une incohérence due au concept ou alors c’est moi qui n’aie pas bien compris je ne sais pas trop. Mais si les morts prennent la place des vivants et sachant que depuis que l’humanité existe il doit y avoir des milliards de milliards de morts, comment expliquer que le monde se dépeuple ? On est que 6 milliards d’êtres humains sur la planète donc ils devraient tous être remplacés par des morts, non ? Enfin bref, moi pas avoir compris …



Autre point gênant : le style. Pour le coup, il est à l’image de l’ambiance décrite dans ce roman : un style plat et sans vie. Je n’ai ressenti aucune émotion à sa lecture. Le climat était pourtant à l’angoisse, j’aurais donc du me sentir mal à l’aise, avoir un semblant de palpitation au cœur, mais non. J’ai trouvé ça vraiment dommage car l’histoire s’y prêtait vraiment et il y aurait vraiment eu matière à faire quelque chose de terriblement anxiogène. En clair, on met le concept dans les mains de Stephen King et là, j’en suis sûre, ce serait génial.



Bon ceci dit, d’après la 4 de couv, l’auteur est aussi cinéaste. Je ne sais pas ce que donne le film, j’aimerais bien le voir pour me faire une idée ( mais bon … avec la fermeture de megaupload, je n’en aurais probablement pas l’occasion). En tout cas, s’il est du même cru que Dark Water (que j’avais vraiment adoré !) , ça pourrait compenser le livre. Après lecture du synopsis du film, il semblerait que l’histoire soit quand même assez différente du livre.



Le roman a tout de même le mérite de soulever des questions sur le sens de la vie, la solitude de l’existence, l’immortalité et sur l’au-delà. Si vous êtes croyants, ne pensez pas trouver là des notions telles que Paradis, Jugement dernier ou Enfer. Du moins … pour l’Enfer, pas au sens où il est décrit dans les religions.

J’ai aussi aimé cette dénonciation d’une société individualiste où la solitude règne et dans laquelle une personne peut disparaître du jour au lendemain sans que cela n’inquiète grand monde. J’ai senti aussi (mais peut-être que je me trompe) une mise en accusation de l’outil informatique et d’Internet qui, en donnant l’illusion à l’utilisateur d’être en connexion avec le monde, ne fait que l’isoler davantage de ses proches et de sa vie.



Un petit extrait pour illustrer mon désappointement face au style :



« Mitsuyama ouvrit le tiroir du bureau et sortit dans un mouvement ample un objet noir. C’était un revolver. Ryôsuke en eut le souffle coupé. Mitsuyama l’appliqua aussitôt sur sa gorge et tira. Dans un fracas assourdissant , tout son corps trembla brusquement et s’affala sur le bureau dans une posture tordue. Quel événement ! Rouge vif, le sang se mit à dégouliner par terre le long du bureau. »



Alors voilà, on est typiquement dans une scène tendue et dramatique et là PAF ! Ce « Quel événement ! » qui vient tout gâcher. Et là où j’aurais du trembler un minimum d’effroi, eh bien j’ai rigolé ! Il aurait pu écrire « Oh la la, quelle drôle de surprise ! » que ça m’aurait fait pareil …

Alors je ne sais pas, c’est peut-être moi qui suis trop difficile mais désolée car franchement j’en ris encore.



Donc voilà, un roman intéressant sur le fond mais présenté sous une forme qui ne me convient pas. Si je devais résumer mon avis en un seul mot, ce serait : dommage …


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Kairo

En lisant le résumé, je m'attendais à un roman de science-fiction. J'étais déçu de découvrir (tardivement) qu'il s'apparentait davantage à... un livre d'horreur, je dirais? L'histoire en soit est intéressante mais je n'ai pas aimé l'écriture. L'auteur est aussi scenariste, ce qui ne m'étonne pas: je n'ai pas ressenti d'émotion particulière pendant ma lecture... comme si je lisais un scénario en quelque sorte. Je me concentrais sur l'histoire et le contexte qui, au moins, captait mon attention.

Bref, pas à la auteur de mes attentes mais tout de même une lecture agréable sortant de ma zone de confort.
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Kairo

C'est un livre qui m'a fait peur. Vraiment peur. Je veux dire, j'ai eu peur pas comme à la lecture d'un Lovecraft ou de je ne sais quel roman d'épouvante. J'ai eu peur comme si j'y étais, spectatrice impuissante et/ou victime des évènements. C'est une sensation que j'ai éprouvée très rarement en lisant un livre. Je me suis dit à chaque page en le lisant : et si c'était vrai ? Et si de tels évènements survenaient dans notre quotidien, avec toutes les interprétation imaginables, et si nous-mêmes, par quelque force impossible à contrôler, étions plongés dans tout ce mouvement, dans toute cette horreur ? J'y ai cru, et en y repensant je croisd toujours que de tels évènements pourraient bien survenir et nous engloutir. Je veux dire par là que c'est un vrai tour de force de la part de l'auteur de nous y faire croire.

Kurosawa - qui est d'ailleurs le neveu de l'autre - a d'ailleurs tiré un film de son roman. Le film est tout aussi terrifiant que le livre, et comme le livre, on y croit. Obscur, inquiétant, pesant, et c'est d'autant plus remarquable qu'il y a peu de moyens et quasiment pas d'effets spéciaux qui souvent ne font que gâcher un scénario.

A déconseiller aux jeunes ados tout à fait capables de faire la différence entre ce qui est plausible et ce qui ne l'est pas.
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Kairo

Le résumé ne m'avait pas spécialement emballée. Mais j'ai tout de même choisi de me lancer dans cette aventure... qui en fait c'est révélée être très pénible.



Première chose, je ne me suis attachée à aucun personnage, ce qui est souvent mauvais signe. Souvent, mais pas toujours.

Mais là pour le coup, je n'ai absolument rien ressenti. A aucun moment du livre. Les pages défilées, rapidement certes, mais en ne laissant aucune trace concrète dans ma mémoire.



Ce livre est fade. Sans saveur. Et l'histoire avait du mal à tenir la route. Je ne sais pas pourquoi je l'ai fini. Je n'avais sans doute rien d'autre sous la main... Quelle perte de temps. Tant pis pour moi...

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Kairo

Un mot: nullissime!

Un roman de gare, de celles qui n'ont pas vu l'ombre d'un train depuis des lustres.

Annoncé comme un roman fantastique, il l'est sans doute mais certainement pas par la richesse du style, des personnages ou encore de l'histoire.

Soit l'auteur a voulu faire du second voire du troisième degré, en se sentant obligé de nous expliquer à chaque ligne (et dans des tournures de niveau 6ème) ce que ressentaient les personnages et auquel cas, on ne voit pas bien la réflexion sous-jacente, soit il a fait du premier degré et alors, c'est minable ou soit, enfin, la traduction est très, mais alors très mauvaise.

L'histoire aurait pu être intéressante, elle est gâchée, ne perdez pas votre temps.
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Kairo

On commence par se laisser entraîner par cette histoire d'horreur qui offre en prime une bonne vision de la vie au Japon. Mais passé la moitié du roman, l'intrigue s'enlise et n'avance plus, jusqu'à atteindre laborieusement une fin qui ne livre guère de clés d'explication. Il faudrait voir le film pour se rendre compte de l'effet à l'écran.
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Kairo

Si vous avez chez vous un rouleau de ruban adhésif... de couleur rouge, mieux vaut vous en séparer, on ne sait jamais, son utilisation pourrait vous attirer plus que des ennuis !

« Ils » existent… je n’en dirais pas plus parce que j’ai été très pris par cette histoire (avec quelques souvenirs en tête du film tiré de ce livre) et son crescendo angoissant.

Le texte à quelques endroits ne cache pas ce qui va arriver "au monde" - sa fin - ou aux personnages qui fuient ou s'évaporent. On sait ce qui va se passer, mais le déroulé est implacable à l’image de ce qu’il dénonce : l’absence de communication, la solitude. Il y a de moins en moins de gens dans les rues, mais personne ne semble s’en souciait ; les personnages vivent en solitaire. « Après un moment de silence, Junko eut l’air de rassembler juste assez de forces pour dire « au secours ! » puis plus rien » (p171).

Prémonitoire peut-être, l’intrusion d’Internet dans les foyers comme une source d’atomisation de la société (cf le ruban adhésif) : « l’ordinateur n’est pas dangereux. Le danger, c’est les divagations de ceux qui les manipulent » (p68).

Profondément japonais – présence des esprits et religion shintoiste – mais aussi universel : La mère interroge sa fille Michi – figure la plus forte de ce roman, jeune femme qui n’a pas peur… toute comparaison/proportion gardée, un peu comme le hussard sur le toit – : «  est-ce qu’au moins tu as de vraies raisons d’exister ? Tu peux très bien disparaître un jour, tu n’as jamais pensé à ça ? Vivre, à ton avis, ça signifie quoi ? » (p186).
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Kairo

S’il est un monde flottant hanté par les spectres, c’est sûrement celui du japonais Kiyoshi Kurosawa. Dans Kaïro, des esprits à visage humain ont trouvé refuge sur Internet, d’où ils contaminent les vivants. Peu à peu, c’est toute la jeunesse nipponne hyper-connectée qui semble se désintégrer… Chez Kurosawa, le fantôme révèle les solitudes de l’urbanisation et les dérives nombrilistes des nouvelles technologies. Consumée, vidée de toute humanité, notre société contemporaine a accouché de spectres.
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Kairo

En lisant la quatrième de couverture, je me suis laissée tenter. Mais j'ai finalement eu du mal à m'y mettre et il est donc resté plusieurs mois sur ma table de chevet. Il s'agit d'un roman fantastique mais fortement ancré dans le réel. Tout commence lorsque Michi remarque la disparition ou le suicide étrange de plusieurs de ses collègues. Peu à peu, de plus en plus de personnes disparaissent. D'un autre côté, un chercheur découvre un étrange programme informatique. Il est aussi question de scotch adhésif rouge autour des écrans de PC et d'un étrange site internet...



Il est certain qu'en commençant ce roman, vous devez oublier tout vos partis pris et votre bon sens cartésien. Vous serez totalement déroutés, et incapables de trouver une ligne directrice du pourquoi ou comment dans ce récit. Si le style de l'auteur m'a plu, l'histoire, elle, m'a plutôt laissée sur ma faim. Vous n'aurez évidemment aucune explication. Le roman est intéressant en soi pour l'imaginaire qui y est développé mais dans un style similaire, je dois dire que j'ai largement préféré l'univers de "la fin des temps" de Haruki Murakami.



Au final, je ne sais pas trop quoi vous en dire, il faut le lire pour comprendre la perplexité qu'il provoque, mais en même temps, je me demande s'il vaut le coup d'être lu. Jusqu'à cette fin, totalement hallucinante ... Ce livre est un vrai ovni, à découvrir si vous en avez le courage !
Lien : http://nekobus.wasabout.net/..
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Kairo

euh... que dire de cette lecture........ je n'ai pas compris grand chose ... l'histoire est finalement restée complètement floue ... je voyais bien les actions des personnages, mais pourquoi ? mystère!

Le seul point fort est la plume, que j'ai trouvé très accessible, c'est d'ailleurs grâce à cela que j'ai lu jusqu'au bout, car pour le reste.... j'ai trouvé tout ça tellement WTF....Je n'avais aucun attachement, ni même intérêt pour les personnages.

J'ai appris après coup que ce roman était tiré d'un film de Kurosawa. Peut être que si j'avais vu ce film, j'aurais mieux compris et apprécié ce titre.



Bref, vous l'avez compris, un superbe flop !
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Mon effroyable histoire du cinéma : Entretien..

Je ne me poserais pas forcément en fan du cinéma de Kurosawa Kiyoshi – je crois que je suis trop souvent passé à côté : le cas de Kairo était particulièrement flagrant, mais le regarder bourré n’était vraiment pas une bonne idée ; même chose ou presque pour Charisma, sans aucun doute très joli, sauf qu’à un moment, pour une raison ou une autre, j’ai cliqué sur « pause » et n’ai jamais repris – ça fait bien dix ans de cela... J’en ai vu quelques films pas mauvais mais pas non plus transcendants, dont j’avais pu parler ici (Séance, ou le bien plus récent Creepy) ; d’autres m’ont certes davantage parlé, comme le très plébiscité Cure ou plus récemment Shokuzai… Il faudrait sans doute que je m’y (re)mette avec davantage d’application.







Ceci étant, je ne doute pas que le bonhomme a des choses intéressantes à raconter. Certains aspects, liés à son propre cinéma, avaient déjà pu être mis en exergue – la double casquette, pionnier de la J-Horror et amateur de cinéma fantastique d’un côté, accepté par la critique d’art et d’essai de l’autre. Mais le présent petit ouvrage ne parle qu’assez peu du cinéma de Kurosawa Kiyoshi lui-même ; il s’agit bien plutôt de parler des films qu’il aime – et des films d’horreur essentiellement. Pour évoquer tout cela, il discute avec son ancien étudiant, accessoirement critique, et lui-même réalisateur, Shinozaki Makoto.







Et les deux sont à fond sur le cinéma bis qui les a formés : un cinéma fantastique japonais qui demeure largement méconnu de par chez nous (et qui est assez peu traité ici, ce que j’ai trouvé un chouia décevant – mais ce n’était pas l’objet du livre ; si je le signale, c’est parce qu’il vaut mieux savoir à quoi s’attendre à cet égard), et (surtout) un cinéma fantastique occidental qu’il n’était pas toujours facile de voir au Japon durant les années d’apprentissage de nos réalisateurs – avant les cassettes vidéo pour partie, avant en tout cas les DVD et Internet. Ce qui introduit un biais intéressant : ce qui les marque le plus n’est pas forcément ce qui a marqué le plus en Occident, même dans les « catégories » les plus pratiquées (incluant le cinéma gothique de la Hammer, etc.)







À vrai dire, les deux hommes, en bon geeks échangeant sur un mode décontracté leurs émois filmiques comme autant d’anecdotes de fans, sont volontiers critiques des Grands Maîtres et des Gros Succès, eux qui privilégient un cinéma d’exploitation assumé comme tel ; même dans le cas italien, par exemple, Mario Bava, Lucio Fulci ou Dario Argento ne sont qu’assez peu mentionnés et admirés, au profit de réalisateurs généralement plus obscurs. Et concernant le cinéma anglais ou américain ? De très bonnes choses chez Larry Cohen ou Bob Clark – surtout dans les paroles de Shinozaki Makoto, car Kurosawa Kiyoshi n’a pas forcément vu ces films précisément ; il en a certes vu beaucoup d’autres, parfois bien ésotériques. Mais les patrons du registre ? Hitchcock est peu ou prou détesté – trop artiste, trop abstrait, et la scène de la douche dans Psychose c’est vraiment n’importe quoi. Logiquement, dans ces conditions, DePalma est méprisé – y fait rien qu’à copier. L’Exorciste ? Non, vraiment, non… Et les grands noms de l’horreur américaine des années 1970 ou 1980 ? Faut voir… Carpenter est inégal (sans aucun doute) – et Halloween mauvais, en tout cas ; Craven, à peu près la même chose, en pire (OK) ; Romero ? Zombie est un bon film d’action, mais guère plus (tsk !), etc.







Il y en a cependant un qui est épargné – et plus qu’épargné : Tobe Hooper. Kurosawa Kiyoshi est un fan, à donf dans la drepou. Il adule certes par-dessus tout Massacre à la tronçonneuse, mais est aussi très… généreux, disons, avec la carrière ultérieure du réalisateur, qui me fait globalement l’effet d’être bien moins enthousiasmante, tout de même.







Les deux cinéastes parlent essentiellement de leurs passions – assez peu de leurs propres films. Cela arrive, cependant – côté Kurosawa comme côté Shinozaki. Et ce dernier, au fil de ces entretiens, a usé d’une technique intéressante : l’étude (un bien grand mot, c’est généralement assez bref) comparée de scènes issues de films de Kurosawa Kiyoshi et de leurs possibles influences, ou du moins parentes, dans le cinéma fantastique occidental. À mon sens, un des passages les plus intéressants dans ce goût-là est celui qui porte sur Les Dents de la mer – ceci alors que les deux interlocuteurs ne prisent guère Spielberg dans l’ensemble (mais, Hooper oblige, Kurosawa aime Poltergeist, et suppose que le rôle de Spielberg dans ce film a été positif, en incitant Hooper à se lâcher bien plus qu’on ne l’aurait cru).







Tout ceci se lit assez agréablement – mais comme une conversation entre potes cinéphiles, d’une érudition bisseuse prononcée. Si le biais mentionné plus haut, sur la diffusion au Japon des films occidentaux évoqués, produit quelques résultats intéressants, on pourra regretter que le cinéma de genre japonais soit ainsi relégué à une position assez mineure. Par ailleurs, le principe même de cette conversation n’est pas sans inconvénients : on aurait tort, sans doute, pour la seule raison de la relative notoriété de Kurosawa Kiyoshi sous nos latitudes, de voir en lui un « interviewé » et en Shinozaki Makoto un « intervieweur » ; il y a certes, de la part de ce dernier, une certaine déférence, dans la relation de l’élève au maître, mais le ton est assez détendu, informel, au point en fait de l’égalité des interlocuteurs, régulièrement. Ce qui est plutôt sympathique, mais on est tenté, de temps à autre, de trouver que Shinozaki en fait un peu trop, et, notamment, fait un peu trop le malin… Bah, c’est secondaire.







Oui, c’est une lecture agréable – mais relativement médiocre, et on n’y trouvera rien de renversant. Même si un enseignement peut sans doute en être tiré : pour apprécier le cinéma de Kurosawa Kiyoshi, se faire une culture dans le cinéma bis européen et américain serait sans doute une bonne idée – et je suis très, très incompétent à cet égard…
Lien : http://nebalestuncon.over-bl..
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