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Citations de Laura Alcoba (115)


L’essentiel, avec le reblochon, c’est de ne pas se laisser impressionner. Il y a clairement une difficulté de départ, cette barrière que l’odeur du fromage dresse contre le monde extérieur. Mais il ne faut surtout pas se méprendre à son sujet. Ce n’est pas de l’agressivité de sa part, c’est juste la manière qu’a le fromage de dire : as-tu vraiment envie ? es-tu prêt ? Cette senteur, c’est qu’il a trouvé pour être là, pleinement – c’est qu’il ne veut pas être avalé sans qu’on s’en rende compte, être gobé comme si de rien n’était.

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En fait, il paraît que Dieu est très abordable, il suffit de lui faire signe et de croire en Lui. On appelle ça l'espérance ou la foi.
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Les gens ici se défont de choses neuves, c'est incroyable ! Ma mère s'étonne à chaque fois, et moi avec elle. C'est que de l'autre côté de l'océan, on ne jette rien : les vieilles nappes engendrent des mouchoirs par dizaines et on détricote les pulls devenus trop petits pour en faire des chaussettes.
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Pour les u, du temps de mes cours à La Plata, Noémie m’avait donné une astuce : placer les lèvres comme si l’on voulait dire ou mais dire i. Tu verras, ça marche.
C’est vrai que ça marche. Il faut faire croire à ses lèvres qu’on va dire une chose et en dire une autre. Au début, c’est comme si on leur tendait un piège. Les premières fois, c’est vraiment étrange de découvrir qu’on peut les berner aussi facilement – on est presque déçu que le piège à u tienne ses promesses. Mais peu à peu les lèvres se laissent faire, elles apprennent à faire des u sans qu’on ait besoin de les prendre par la ruse. J’espère qu’un jour ça deviendra une habitude – j’y arriverai.

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"Il existe des hommes disposés à faire passer une frontière à la fille d'un ami, au risque de se faire trouer la peau, juste pour dire merci à cet ami."
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Ces collines, c'était comme un mosaïque recouvrant le paysage tout entier, un assemblage de couleurs et de matières qui n'en finissait pas, une panachure à l'infini faite de terre et de bouts d'histoires.
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- Quelle distance nous sépare de la montagne, c’est bien ça, ce que tu veux savoir ?
Oui, c’était bien ce que je lui avais demandé, mais Valérie avait besoin d’une confirmation. Alors j’ai repris ma phrase en l’accompagnant d’un geste.
Ce que je me demandais aussi, c’était quelle distance me séparait encore d’un français qui serait pleinement à moi. Est-ce que j’y arriverai un jour, alors que ça fait si longtemps que je me suis mise en route ?

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C'est que moi aussi, je me pose des questions.
Et si je me trompais dans le choix de cette dernière photo, hein? Si la photo ne lui plaisait pas, si elle n'était pas assez belle? Est-ce que mon père aura le droit de libérer une place pour que je lui en envoie une autre? Aurai-je une deuxième chance?
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Le français est une drôle de langue, elle lâche les sons et les retient en même temps, comme si, au fond, elle n'était pas tout à fait sûre de bien vouloir les laisser filer- je me souviens que c'est la première chose que je me suis dite. Et qu'il allait me falloir beaucoup d'entraînement, aussi.

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Ce jour-là, Colette a deviné que quelque chose étai arrivé.
Elle se souvient : Griselda a déboulé devant sa salle de classe, en pleine journée. Elle était hagarde, le visage couvert d’un maquillage indéchiffrable, mouillée de la tête aux pieds, comme si elle était tombée dans l’eau toute habillée. La femme qui se tenait devant elle était comme absente. Alors, même si cette femme était la mère de l’enfant qu’elle était venue chercher, Colette a dit « non » : « La classe n’est pas terminée, vous ne pouvez pas prendre votre fille. »
Plus tard, les sirènes ont retenti. Un pompier est venu, puis un policier. Par bribes, elle a su ce qui s’était passé.
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Avec Noémie, j'ai découvert des sons nouveaux, un R très humide que l'on va chercher tout au fond du palais,presque dans la gorge, et des voyelles qu'on laisse résonner sous le nez, comme si on voulait à la fois les prononcer et les garder un peu pour soi. Le français est une drôle de langue, elle lâche les sons et les retient en même temps, comme si, au fond, elle n'était pas tout à fait sûre de bien vouloir les laisser filer.
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J'essaye juste d'échanger un peu à propos des abeilles pour lui montrer que je joue le jeu, que je suis bien en train de lire le même livre que lui, comme il me l'a demandé. Puis je recopie dans mon petit carnet, en français, certains des passages que mon père a trouvés les plus intéressants, les plus beaux, ou les plus mystérieux et qui me plaisent aussi. Comme ce bout de phrase que j'ai souligné avant même que mon père ne m'en parle dans l'une de ses lettres - peut-être parce que c'est un des rares passages du livre que je n'ai pas eu besoin de relire en me triturant les méninges, j'avais tout compris du premier coup: le bleu est la couleur préférée des abeilles.
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L'essentiel, avec le reblochon, c'est de ne pas se laisser impressionner. Il y a clairement une difficulté de départ, cette barrière que l'odeur du fromage dresse contre le monde extérieur. Mais il ne faut surtout pas se méprendre à son sujet. Ce n'est pas de l'agressivité de sa part, c'est juste la manière qu'a le fromage de dire : as-tu vraiment envie ? Es-tu prêt ? Cette senteur, c'est ce qu'il a trouvé pour être là, pleinement - c'est qu'il ne veut pas être avalé sans qu'on s'en rende compte, être gobé comme si de rien n'était.
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Il est temps, pourtant, que je lui envoie la photo parfaite, la photo idéale, l'image digne d'être sa cinquième et dernière photo. Celle qui s'imposerait naturellement, celle qu'il n'aurait même pas l'idée de faire disparaître pour la remplacer par une autre.

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(...)c'est comment dans la tête d'Astrid ? Et dans celle de Nadine ? Comment font-elles pour penser en français puis pour parler aussitôt, dans un même mouvement ? Comment il est fait , ce circuit ? Par où ça passe ?
(...)
C'est que, même si je parlais de mieux en mieux, même si les mots qui m'échappaient étaient chaque jour moins nombreux, pour moi, ça se passait toujours en deux temps. Il était là le problème, je le savais bien : moi, je pensais toujours en espagnol, puis je traduisais mentalement ce que je voulais dire avant d'ouvrir la bouche. (...)
Mais un jour, pour la première fois, j'ai pensé en français. sans m'en rendre compte, comme ça. J'ai pensé et parlé en français -en même temps- (...)
Pour la première fois, dans ma tête, je n'avais pas traduit. J'avais trouvé l'ouverture(p. 116)
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C'est bizarre, les mensonges que l'on fait aux enfants.
Souvent, ils font mine de croire les histoires qu'on leur raconte pour rassurer les grandes personnes. Pour qu'on leur fiche un peu la paix, aussi. C'est que, si les enfants montrent aux adultes qu'ils ne sont pas dupes de leurs baratins, les grandes personnes s'empressent de rafistoler leurs mensonges, ils en colmatent les fissures pour accoucher, au bout du compte, de bobards encore plus gros. Cette perspective les décourage d'avance, les enfants. Car si les adultes en rajoutent, s'ils poussent le bouchon un peu trop loin, les enfants se sentent obligés de protester (il ne faut qu'en même pas les prendre pour des idiots), et l'affaire devient encore plus pénible. C'est en général pour s'épargner tout cela que les enfants font semblant de croire aux mensonges des adultes.
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«  Bientôt surgirent des mœurs nouvelles et passionnées […….] exposer sa vie devint à la mode; on vit que pour être heureux après des siècles d’hypocrisie et de sensations affadissantes , il fallait aimer quelque chose d’une passion réelle et savoir dans l’occasion exposer sa vie » …….

STENDHAL La Chartreuse de PARME .
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Les e muets me fascinent depuis le début. Je les ai aimés dès les premiers cours de Noémie, àLa Plata, dès que mon professeur de français m'a fait découvrir le premier d'entre eux, celui qu'elle cachait au bout de son prénom. Une voyelle muette! Quand on ne connaît que l'espagnol, on ne peut pas imaginer que de telles choses existent - une voyelle qui est là mais qui se tait, ça alors!
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J'ai compris et j'obéirai. Je ne dirai rien. Même si on venait à me faire mal. Même si on me tordait le bras ou qu'on me brûlait avec un fer à repasser. Même si on me plantait des petits clous dans les genoux. Moi, j'ai compris à quel point il est important de se taire.
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Nous nous étions aussitôt regardés avec un sourire, mais sans dire un seul mot. C’est, je crois, parce qu’Edouardo était dans le même état que moi : anxieux, mais désireux de plonger dans le bain sans en perdre une goutte. Tandis que nous nous regardions, je me suis fait cette promesse à moi-même : lui parler le moins possible et en aucun cas en espagnol, sauf si c’était absolument nécessaire. Je ne voulais pas que nous fassions bande à part, que nous jouions aux enfants réfugiés qui se réconfortent.

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