Citations de Laurent Quenneville (32)
C’est fou comme un bruit inconnu fait plus de bruit qu’un autre et comme il se fait l’écho de nos peurs qu’il nourrit instantanément d’une effrayante résonance.
Quand tu enlèves les mots aux hommes, il ne leur reste le plus souvent que les mains pour communiquer et ils n’en font pas toujours bon usage.
Le manque est sans aucun doute la chose la plus présente qui soit !
L’imprimerie est une force de frappe bien plus puissante que la plus puissante des armes.
La soif de l’instant ne peut s’abreuver de tout ce qui passe sous peine d’oublier de filtrer l’essentiel !
En effet, il semblait bien qu’une révolution était en marche dans une belle union collective réunie au nom de la liberté d’expression. Certaines lettres criaient qu’elles ne voulaient plus des institutions mises en place depuis des millénaires. D’autres, plus virulentes, hurlaient que les langues, mortes ou vivantes devaient reprendre la main et avoir le dernier mot. (page 149)
Un O deux fois plus grand mais non fermé et muni de deux pieds qui dépassaient de la base et lui donnaient l’allure de Charlot. La bouche bée de Lucien marqua l’instant un bon moment. (page 71)
Pardonne-moi si je te parais pressée mais si je laisse trop longtemps un mot ou une phrase dans la base, les gens finissent par oublier leur sens et ainsi ils s’éteignent sans transmettre ne serait-ce qu’une infime partie de leur expression aux générations futures.
Lucien reconnut qu’il était difficile de remonter le moral à quelqu’un si ce dernier ne le souhaitait pas vraiment.
C’est si doux un baiser que ça vous recouvre l’âme toute entière. (page 118)
- Mon précipice… Quel précipice ? De quoi parles-tu ?
- Celui que nous avons tous et qui fait très peur. Apprendre qui tu es avant d’apprendre qui sont les autres est la première démarche que tout homme devrait entreprendre avant de faire le premier pas.
- Dis-toi que la nuit n’est qu’un voile sur notre éveil et qu’elle s’efface aux premières lueurs.
À l’horizontalité des mots se dresse toujours une pensée et on ne voyage jamais aussi bien qu ‘avec les mots.
Quand on a un cœur, on n’a pas le droit de le ralentir. On a l’obligation de le laisser battre comme bon lui semble, c’est une politesse à rendre à la vie qui est une merveille et qu’il faut savoir savourer chaque instant. Car chacun de ceux-ci sont de véritables pépites et la mine n’en regorgera pas toujours. (page 22)
- Tu sais, le passé laisse parfois de lourdes traces. C’est la raison pour laquelle, nous ne leur parlons jamais de ce pourquoi ni à cause de qui elles ont été enfermées. Il faut tout faire pour qu’une langue ne meure pas et qu’ainsi se perpétuent les cultures du monde entier. Quand tu enlèves les mots aux hommes, il ne leur reste le plus souvent que les mains pour communiquer et ils n’en font pas toujours bon usage. (pages 86-87)
- Et bien sache que même le sens premier d’une phrase peut parfois en cacher un autre qu’il faut que tu repères le plus vite possible. Même parmi les plus sympathiques. Cela s’appelle les sophismes. Il n’y a pas pire sur cette bonne vieille terre que le sophisme. Tel le serpent, il t’encercle dans ses anneaux et te gobe sans que tu t’en rendes compte. (page 47)
Dans un dernier battement de cils, les paupières de Lucien se fermèrent. Un insondable soupir s’empara progressivement du lieu. Son visage arborait une moue libératrice, quand une voix à la fois douce et caverneuse, de ces voix que l’on écoute rien que par leur timbre, l’interpella. (page 20)
Une sensation étrange l'envahit de pied en cap. Il avait chaud et froid en même temps. Comme si son corps s'amusait. Comme si deux courants s'affrontaient sans qu'il n'y ait un vainqueur. Il était le réchauffement climatique et la période de glaciation dans le même temps. Le sentiment curieux d'être au bord d'une ère nouvelle.
P. 29
Une pensée émise, qui plus est couchée sur le papier se doit-elle de voyager seule ou bien de rester auprès de ceux qui l'ont créée ? En d'autres termes, une phrase nous appartient-elle pour toute notre vie ?
C'est par une écriture soignée, d'une grande profondeur, philosophique, poétique, voire psychanalytique et ne manquant cependant pas d'humour que l'auteur nous emmène à nous interroger sur soi, sur l'apparente réalité des choses.
Ma rue à moi est un étrange et merveilleux voyage initiatique où l'on se perd délicieusement.
L'épilogue est juste époustouflant et nous invite à relire cet ouvrage pour ressentir cette histoire d'une toute autre manière !
Merci Laurent de Queneville de nous avoir donné à lire ce récit vibrant d'émotions et de tendresse dont on ne sort pas indemne !
Un très beau livre qui mérite amplement d'être lu par tous, petits et grands !