AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Leonid Andreïev (124)


La Censure (mars 2017)

De même que s'atrophient les organes que l'on n'exerce pas, ainsi s'atrophient les idées qui n'ont pas d'issue vers l'extérieur. (...)
Puisque je ne puis être un baobab, je vivrai au moins une existence de bouleau nain. (p. 16)
Commenter  J’apprécie          60
Personne n’entrerait pour lui parler et réclamer de lui une réponse. Personne ne le connaissait et ne pensait à lui, et il est si tranquille ainsi !
Commenter  J’apprécie          60
L'important, Werner, c'est que nous sommes prêts à mourir. Tu comprends ? Car tous ces messieurs, que croient-ils ? Ils croient qu'il n'y a rien de plus terrible que la mort. Ce sont eux qui ont inventé la mort, ils en ont peur eux-mêmes, et ils cherchent à nous faire peur. Moi, ce que j'aimerais, c'est m'avancer toute seule face à un bataillon entier de soldats, et leur tirer dessus avec un browning. Peu importe que je sois seule et qu'ils soient des milliers, peu importe que je ne tue personne. Ce qui compte, c'est qu'ils soient des milliers. Quand des milliers d'hommes en tuent un seul, cela veut dire que c'est lui qui a gagné. C'est vrai, Werner, mon chéri.
Commenter  J’apprécie          60
Le Tzigane grinçait des dents, jurait et crachait. Son cerveau, placé sur la limite étroite qui sépare la vie de la mort, se fragmentait comme un morceau d'argile désséchée.
Commenter  J’apprécie          60
Mais Jésus se taisait, et les disciples considéraient le traître avec épouvante, ne comprenant pas comment l'âme d'un homme pouvait contenir autant de mal. L'Iscariote embrassa d'un coup d'oeil leurs rangs plongés dans le désarroi, remarqua leurs frissons prêts à se muer en tremblements de peur et en claquements de dents, il remarqua leur pâleur, leurs sourires ineptes, les faibles mouvements de leurs bras, comme serrés dans un étau de fer à la hauteur des épaules, et son coeur s'embrasa d'une affliction mortelle, pareille à celle que le Christ avait éprouvée un peu plus tôt. De tout son corps tendu à craquer en une centaines de cordes gémissantes et sanglotantes, il se précipita sur Jésus et baisa Sa joue froide. Avec tant de douceur et tant de tendresse, avec une tristesse et un amour si poignants, que si Jésus avait été une fleur au bout d'une tige fragile, elle n'aurait pas oscillé sous ce baiser, et pas une perle de rosée ne serait tombée de ses pétales immaculés.

Extrait de "Judas Iscariote"
Commenter  J’apprécie          60
Ainsi s’était passée toute sa vie : elle n’avait été qu’une longue et amère suite d’humiliations et de haines, où s’étaient bien vite éteintes les petites lueurs fugitives de l’amour, ne laissant dans son âme qu’un grand tas de cendres froides. A présent, il aurait voulu sortir de la vie, oublier ; mais la nuit silencieuse était cruelle et impitoyable. Et il songeait avec mépris à la sottise de ceux qui aimaient cette vie. Il tournait la tête vers le lit voisin, où dormait un de ces sots, le père diacre. Longtemps et attentivement il considérait le petit visage blanc, qui se confondait avec le linge blanc de l’oreiller et des draps. Et parfois un mot lui jaillissait des lèvres :
— Imbécile !
(Partie 2).
Commenter  J’apprécie          60
De M. Hofmann, historien de littérature russe, à propos d'Andréïev.

Nous placerons aux côtés de Tchékhov deux autres écrivains plus jeunes que lui, et qui acquirent, dans les premières années du siècle, une grande notoriété en Russie, Maxime Gorki et Léonid Andréïev. Le premier est exalté jusqu'aux nues en Russie soviétique, et c'est peut-être pour cette raison qu'on le dénigre de ce côté de la barricade ; quant au second, il est bien oublié dans les deux camps. Les deux écrivains durent leur gloire plutôt à l'engouement du public qu'à un génie exceptionnel ; mais il serait injuste de contester leur talent littéraire..
M.H. 1934

Bon ,ben on se contentera peut-être pas du génie exceptionnel mais du génie tout court .
Et je crois savoir que de l'eau a coulé sous les ponts depuis ..
Commenter  J’apprécie          56
(...) la mort, oiseau de proie, aveugle à la lumière du soleil et clairvoyant seulement dans les ténèbres, le guettait déjà. De jour, elle se cachait dans les coins sombres, et la nuit, elle venait silencieusement s’asseoir à son chevet, y passait de longues heures, jusqu’à l’aurore, avec une persévérance calme et obstinée.
Commenter  J’apprécie          50
Ai-je feint la folie pour tuer, ou bien ai-je tué parce que j'étais fou?
Commenter  J’apprécie          50
Werner comprenait que le supplice n'était pas simplement la mort, mais encore quelque chose de plus. En tout cas, il résolut de l'accueillir avec calme, comme quelque chose de secondaire et il décida de vivre jusqu'à la la fin comme si rien ne s'était passé et ne se passerait. C'était de cette manière seulement qu'il pouvait exprimer le plus profond mépris pour le supplice et conserver sa dernière et irréductible liberté, sa liberté d'esprit. au tribunal - ses camarades, qui connaissaient bien cependant son intrépidité altière et froide, ne l'auraient peut-être pas cru eux-mêmes - il ne pensa ni à la vie, ni à la mort : il jouait mentalement une difficile partie d'échecs, avec l'attention la plus profonde et la plus tranquille. excellent joueur, il avait commencé cette partie le jour même de son emprisonnement et la continuait sans relâche. et le verdict qui le condamnait à la potence ne déplaça aucune pièce sur l'échiquier invisible.
Commenter  J’apprécie          40
Voilà ce qu'éprouverait un homme si, la nuit, alors qu'il est seul chez lui, les choses prenaient vie, se mouvaient et acquerraient sur lui, tout homme qu'il soit, une emprise démesurée. soudain ces choses - l'armoire, la chaise, le bureau et le divan - commenceraient à le juger. il crierait, se démènerait, supplierait, appellerait au secours, mais elles - l'armoire, la chaise, le bureau et le divan - se parleraient dans leur langue à elles, puis l'emmèneraient pour le pendre. Et les autres choses assisteraient à cela.
Commenter  J’apprécie          40
Mais s’il parlait peu, Ianson écoutait sans cesse. Il écoutait les champs désolés couverts de neige, où des monticules de fumier gelé ressemblaient à une série de petites tombes amoncelées par la neige ; il écoutait le lointain bleuâtre et limpide, les poteaux télégraphiques sonores. Lui seul savait ce que disent les champs, les poteaux du télégraphe. Il écoutait aussi les conversations des hommes, les récits de meurtres, de pillages, d’incendies.
Commenter  J’apprécie          30
La Censure (mars 2017)

Quand l'écrivain parle de censure, il entend non seulement les ouvrages interdits (il y en a relativement peu sur terre), mais aussi ce qui aurait pu être écrit et qui est resté enseveli dans son cerveau pour le siècle des siècles.
(p. 11)
Commenter  J’apprécie          30
Pour ne pas croire à la mort il faut voir et entendre autour de soi le mouvement coutumier de la vie : des pas, des voix, de la lumière.
Commenter  J’apprécie          30
Comme un étang paisible qui reflète tous les nuages errants, son aimable et clair visage montrait tous les sentiments, toutes les pensées si fugaces fussent-elles, de ses quatre camarades. Elle oubliait qu'on la jugeait et qu'elle serait pendue ; son indifférence à cet égard était absolue.
Commenter  J’apprécie          30
Ce n'est pas la mourir qui est terrible, c'est de savoir qu'on va mourir. Il serait tout à fait impossible à l'homme de vivre s'il connaissait l'heure et le jour de sa mort avec une certitude absolue.
Commenter  J’apprécie          30
Demain, quand le soleil se lèvera, ce visage intelligent et fin sera déformé par une grimace qui n’aura plus rien d’humain ; le cerveau sera inondé d’un sang épais ; les yeux vitrifiés sortiront des orbites. Mais aujourd´hui, Moussia dort tranquille et sourit dans son immortalité. (p. 40-41, Chapitre 7, “Il n’y a pas de mort”).
Commenter  J’apprécie          30
Le tzigane plaça vivement dans sa bouche quatre doigts, deux de chaque main; il roula les yeux avec férocité. Et l'air inanimé de la salle d'audience fut déchiré par un vrai sifflement sauvage. Il y avait de tout dans ce bruit perçant, quasi humain, quasi animal : et l'angoisse mortelle de celui qu'on tue, et la joie sauvage de l'assassin; une menace, un appel et la solitude tragique d'une nuit d'automne pluvieuse.
Commenter  J’apprécie          20
A l'époque, je ne comprenais pas encore que, par hasard, j'avais découvert la grande loi sur laquelle est fondée toute l'histoire de la pensée humaine, laquelle recherche, non la vérité, mais la vraisemblance, c'est-à-dire l'harmonie entre le visible et le concevable, fondée sur les lois rigoureuses d'une pensée logique. Et, au lieu de me réjouir, je me suis écrié, avec un désespoir naïf et juvénile : "Où donc est la vérité? Où est la vérité dans ce monde de faux-semblants et de mensonges?" (Cf mon Journal d'un prisonnier du 29 juin 18..)
(P.371, Mes Carnets)
Commenter  J’apprécie          20
Et la lanterne s'éteignit. Tous, ils refusèrent le prêtre. Le Tsigane déclara :
- Arrête de nous bassiner les oreilles, pope ! Toi, tu vas me pardonner, mais eux, ils vont me pendre ! Retourne d'où tu viens !
Commenter  J’apprécie          20



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Leonid Andreïev (188)Voir plus

Quiz Voir plus

Le rêve de Sam

En quelle année ce passe cette histoire?

1945
1950
1965

10 questions
143 lecteurs ont répondu
Thème : Le rêve de Sam de Florence CadierCréer un quiz sur cet auteur

{* *}