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EAN : 9782909589374
150 pages
INTERFERENCES LIBRAIRIE UNIV DE PARIS VII (16/03/2017)
4.5/5   4 notes
Résumé :
"À la fois serviteur déloyal et chef corrompu, le bolchevisme a été dès sa venue au monde l'image même de la duplicité et du mensonge, de la tromperie et de la traîtrise."
Léonid Andreïev ne mâche pas ses mots... Dans ce recueil d'articles, l'auteur des "Sept pendus" et du "Rire rouge" tente d'analyser ce qui se passe en Russie de 1917 à 1919 et dresse des réquisitoires.

Les deux premiers articles ont été écrits en mars et septembre 1917, c'est... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
"Nous aimions tous la liberté-quel esclave ne l'aime pas et n'en rêve pas ! Mais c'est une chose d'aimer la liberté, et c'en est une autre de savoir être libre. "(p. 18)

Me rendant tout récemment près de la Fac de Jussieu, je suis rentrée fouiner dans une bouquinerie , qui était en plus, "surprise"... le siège social des éditions Sillage ! J'ai ainsi trouvé ce recueil de 4 articles de Leonid Andreiev; les deux premiers publiés en 2017, dont le premier, cinglant sur la "Censure", et plus grave ,sur l'"autocensure" des artistes dans un pays sous terreur !... le deuxième , prémonitoire, s'adresse de façon véhémente et ironique au "Grand Lénine", qui méprise son peuple !!...

Le troisième texte écrit en 1919 est un appel au secours international, adressé à tous les pays... pour faire prendre conscience à tous de la situation désastreuse de la Russie et de la fausseté de cette Révolution qui continue à terroriser et à écraser le peuple !...

"S.O.S
"Viens juste voir, et je t'assure que tu seras horrifié, tu maudiras les imposteurs et les menteurs qui ont fait passer cette épouvantable tyrannie pour un élan de tout le peuple russe vers la liberté. Et toi, l'Italien, et vous, le Japonais, le Suédois, l'Indien, qui que vous soyez ! Il y a dans tous les peuples des gens généreux, et j'en appelle à chaque homme, à chaque homme personnellement. Car le temps est venu où tous les hommes du monde entier doivent se battre, non pour un morceau de terre, non pour le pouvoir et l'argent, mais pour l'être humain , pour sa victoire sur la bête sauvage. Comprenez que ce n'est pas une révolution ce qui se passe en Russie, ce qui a déjà commencé en Allemagne et qui va se répandre plus
loin encore ! "(p. 54)

Le 4ème écrit, "L'Europe en danger" est inachevé; Andreiev, est mort avant de l'avoir terminé....

Ces 4 articles qui s'étalent sur seulement deux années de l'histoire russe, entre 1917 et 1919; temps de bouleversements terribles et de l'arrivée des bolcheviks au pouvoir ! Les textes sont incroyablement prémonitoires , troublants et visionnaires !
Le style est lyrique, violent, passionné ...pris dans le feu des événements !!....
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Recueil de quatre textes écrits entre mars 1917 et septembre 1919. Nous découvrons un ANDREIEV très critique, très véhément sur la situation russe juste avant et pendant le basculement vers la Révolution. le premier texte se nomme « La censure ». Si l'auteur s'interroge sur le sujet, c'est aussi pour constater l'autocensure des écrivains : « Ne peut-on à la fois écrire pour la censure et penser librement ? ». S'il croit avoir observer une relative semi-liberté de ton et d'opinion dans la Russie tsariste entre 1905 (date de la première tentative de Révolution) et 1916, en ce mois de mars 1917 il s'insurge contre le contrôle des écrits et l'autocensure qui en découle : « C'est une chose d'aimer la liberté, et c'en est une autre de savoir être libre ». Il ne se prive pas non plus de se lancer sans ménagement dans une autocritique acerbe. Lui, ANDREIEV, n'est pas cet artiste jouissant d'une totale liberté de parole. Une réflexion très poignante car se situant durant le gouvernement provisoire de KERENSKI entre l'abdication du tsar début 1917 et la prise de pouvoir de LENINE en octobre de la même année. À l'instar d'un ZAMIATINE, ANDREIEV fut rejeté à la fois par le régime tsariste et le bolchevisme, leur parcours est par ailleurs assez similaire, se terminant pour tous deux par l'exil, en France pour ZAMIATINE (entre autres grâce à GORKI qui plaidera sa cause auprès de STALINE), en Finlande pour ANDREIEV. le deuxième texte « Veni Creator ! » est une catapulte particulièrement lestée envoyée sur la gueule de LENINE, 8 pages d'une violence inouïe, un pamphlet comme une marmite d'huile bouillante sur le haut d'un crâne, une violente attaque frontale contre un LENINE vu comme un souverain tout puissant et autoritaire. « Mais tu es dur, LENINE, tu es même terrible, grand LENINE ! Je te regarde et je vois ton petit corps croître en largeur et en hauteur. Te voilà déjà plus grand que la colonne Alexandre. Voilà déjà que tu surplombes la ville comme le nuage de fumée d'un incendie. Voilà que déjà, comme une nuée noire, tu te déploies sur l'horizon et recouvre le ciel tout entier : il fait sombre sur la terre, les ténèbres règnent dans les demeures, tout est silencieux comme dans un cimetière ». L'avenir ne donnera pas tort à ANDREIEV. Pour bien cerner la prouesse et la portée de ce brûlot, précisons qu'il a été écrit en septembre 1917, soit un mois avant l'arrivée de LENINE au pouvoir ! « S.O.S. », est écrit quant à lui en février 1919 lorsque ANDREIEV est exilé en Finlande. Il avertit le reste de l'Europe d'une crise sans précédent se jouant en Russie (qui n'est pas encore devenue U.R.S.S.), il lance un appel désespéré aux nations européennes qui viennent tout juste de sortir de la guerre, il met violemment en garde les peuples et les dirigeants contre l'ogre bolchevique « Il faut être totalement privé de raison pour ne pas comprendre les actes, les agissements et les convoitises, simples et évidents, du bolchevisme ». La frappe est directe, mais l'appel solennel. TROTSKI est traité de « bouffon sanguinaire ». ANDREIEV assiste de loin et sans force au naufrage d'une nation entière, une Russie malade et défaite. « Il est difficile de préserver sa vie, cela semble presque un bonheur de s'en débarrasser ». La solennité est portée jusqu'à la dernière ligne et l'ultime phrase de ce texte à l'encontre de l'Europe « Que te dire encore, mon ami ? Viens vite, hâte-toi ! ». le dernier texte présenté est inachevé puisque écrit en septembre 1919, le mois même de la mort d'ANDREIEV (qui surviendra le 12 des suites de l'un de ses trois suicides ratés, l'auteur, alcoolique, jouissait d'un optimisme sans faille). le père Leonid lance un dernier pavé, un parallèle entre révolte et révolution, la première étant « dénuée de pensée », ne représentant que l'instant présent, la seconde « remplie de pensée », organisée, désintéressée, luttant pour l'avenir. Pour ANDREIEV, le bolchevisme représente la trahison à la révolution, à l'humanisme : « le mot « homme » a été éradiqué du vocabulaire bolchevique », bolchevisme que l'auteur personnifie en Satan, chargeant le parti au pouvoir : « Si tous les bolcheviks ne sont pas des scélérats, tous les scélérats de Russie sont devenus bolcheviques ». Ironie de l'Histoire, étant faite de petits pieds de nez forgeant les grandes anecdotes mémorables, le texte s'arrête brutalement au titre du chapitre trois. Il s'intitule « Leur règne ». On ne peut que laisser place à un silence respectueux devant un écrivain éminemment visionnaire qui a senti la tragédie venir avant même l'avènement de LENINE. Ce recueil est sorti en 2017 aux excellentes Éditions INTERFÉRENCES, traduit de main de maître par Sophie BENECH spécialiste de l'auteur, 75 pages de dynamite toute russe pour bien constater sans aucun doute possible que le peuple connaissait la chanson que s'apprêtait à interpréter le bolchevisme avant même sa véritable mise en pratique sur le terrain. Témoignage précieux d'un immense auteur, à garder sous verre et à briser en cas d'urgence, on n'est jamais trop prudent.e.s.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
S.O.S

Viens juste voir, et je t'assure que tu seras horrifié, tu maudiras les imposteurs et les menteurs qui ont fait passer cette épouvantable tyrannie pour un élan de tout le peuple russe vers la liberté.
Et toi, l'Italien, et vous, le Japonais, le Suédois, l'Indien, qui que vous soyez ! Il y a dans tous les peuples des gens généreux, et j'en appelle à chaque homme, à chaque homme personnellement. Car le temps est venu où tous les hommes du monde entier doivent se battre, non pour un morceau de terre, non pour le pouvoir et l'argent, mais pour l'être humain , pour sa victoire sur la bête sauvage. Comprenez que ce n'est pas une révolution ce qui se passe en Russie, ce qui a déjà commencé en Allemagne et qui va se répandre plus loin encore ! (p. 54)
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L'Europe en danger

Quand un révolutionnaire affamé se retrouve dans le jardin du tsar, il cueille une pomme sans toucher l'arbre; quand un révolté tout aussi affamé et misérable se retrouve dans le même jardin, il arrache l'arbre entier. (p. 64)
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Veni creator !

Ne nous promets-tu pas du pain et la paix, nous vendrions nos enfants pour un morceau de pain et pour une journée d'une paix douce, quoique honteuse. Alors en quoi consiste notre malheur ? Mais tu es dur, Lénine, tu es même terrible, Grand Lénine ! (p. 28)
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La Censure (mars 2017)

De même que s'atrophient les organes que l'on n'exerce pas, ainsi s'atrophient les idées qui n'ont pas d'issue vers l'extérieur. (...)
Puisque je ne puis être un baobab, je vivrai au moins une existence de bouleau nain. (p. 16)
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Avant-propos de Sophie Benech

Il y a dans ces pages des réflexions sur la liberté et sur l'apprentissage de la liberté qui paraissent étrangement actuelles et rejoignent certaines considérations que l'on trouve entre autres sous la plume de Svletana Alexievitch, prix Nobel de littérature 2015. Andreiev, comme Alexievitch évoque les traces qu'a laissées dans l'esprit et dans l'âme des Russes une vie d'esclave sous un régime liberticide. Alexievitch parle de la tyrannie idéologique du marxisme-léninisme, Andreiev de celle de l'autocratie tsariste. (p. 7)
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Video de Leonid Andreïev (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Leonid Andreïev
Le Mur, fable symbolique, fait frissonner : un mur inébranlable se dresse avec cruauté devant des lépreux et des affamés se pressant à ses pieds et leur interdit l’accès à une vie heureuse. Ils représentent l’humanité dans sa lutte pour le bonheur et la liberté. Lecture de Judith Beuret.
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