AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

3.26/5 (sur 59 notes)

Nationalité : Suède
Né(e) à : Lund , le 22/10/1973
Biographie :

Lina Wolff est une romancière et traductrice suédoise.

Elle étudie à l'Université de Lund et vit notamment en Espagne et en Italie avant de revenir en Suède.

Elle s'inspire de son séjour en Espagne pour écrire le recueil de nouvelles "Många människor dör som du" qu'elle publie en 2009.

En 2012, elle publie son premier roman, "Bret Easton Ellis och de andra hundarna", qui remporte le prix littéraire du magazine Vi.

En 2016, elle remporte le prix August avec son second roman, "Les Amants polyglottes" (De polyglotta älskarna).



Ajouter des informations
Bibliographie de Lina Wolff   (3)Voir plus

étiquettes

Citations et extraits (62) Voir plus Ajouter une citation
Pour trouver l'homme idéal, je n'aurais jamais cru que le web pourrait être mon truc. Je n'aimais pas trop le coté supermarché, et puis je n'avais jamais rédigé d'annonce et je ne savais pas comment on s'y prend pour se vendre par écrit. Mes petits amis avaient toujours été des gars normaux de mon village. Le premier par exemple s'appelait Johnny, et il n'avait vraiment rien de spécial - en tout cas pas à premiere vue et en tout cas pas avant qu'on ne se rende compte qu'il était vraiment tordu. Lui et moi, on était dans la meme classe, et tout a commencé le jour où il m'a dit :
- Est-ce qu'il y a un truc que tu as toujours rêvé qu'un homme te fasse ?
Je suppose qu'il avait entendu ca dans un film et qu'il s'attendait à une réponse du genre : « Oui, j'ai toujours rêvé qu'un homme me fasse jouir à en perdre la raison.» Ou alors que je l'informe du désir concret qui pourrait l'aider en lui donnant des idées.
J'ai dit :
- J'ai toujours eu envie que quelqu’un m'apprenne a me battre.
Et comme il n'avait pas l'air aussi dérouté qu'on aurait pu s'y attendre, je l'ai redit :
- A me battre pour de vrai.
Johnny a hoché la tête lentement. Il a craché par terre, puis il a fait :
- Si c'est ce que tu veux, ma puce, y a pas de problème.
Commenter  J’apprécie          150
Tout s'accélère maintenant. Ça commence par des inflexions ou des insinuations qui dégénèrent en disputes, qui dégénèrent à leur tour en querelles spectaculaires. À quelques reprises, les voisins cognent au mur en criant Ho, vous allez vous calmer, oui?, Ce n'est pas possible, pense-t-elle. Ceci n’est pas la réalité. Je ne suis pas quelqu'un dont le comportement pousse les voisins à cogner aux murs. Je suis une personne réfléchie, calme, qui se maîtrise. Mais quand elle s'entend hurler, elle comprend qu’elle se trompe. Son image d'elle-même est déformée, pas besoin d’être anorexique pour se voir autrement qu'on n'est. p. 45
Commenter  J’apprécie          90
Ceux qui gardent les yeux collés au rétroviseur ont vite fait de quitter la route.
Commenter  J’apprécie          80
Nous allions vivre, quitte à en mourir.
Commenter  J’apprécie          70
(Les premières pages du livre)
En arrivant à Florence, la première chose qu’elle remarque et qui la stupéfie, ce sont les couples. Ils sont partout, sous les arcades voûtées du centre-ville, et un entrelacs de solives noires court au-dessus de leur tête. Tout est brûlant et grandiose, aux antipodes de ce qu’elle avait imaginé autrefois, quand son train avait marqué un long arrêt en gare de Florence. De larges flocons de neige tombaient doucement sur ce qui lui était apparu alors comme une ville frêle, froide, endormie. Or à présent, donc : des amants partout dans la chaleur. On les entend par les fenêtres ouvertes et même à travers les murs de l’appartement. Des cris de femmes suivis un peu plus tard de murmures et de rires.
– Est-ce que tout le monde baise comme ça tout le temps ?
– Oui. Tu trouves ça bizarre ?
– Non, dit-elle. Pas du tout.

Elle pense qu’elle est pour sa part issue d’un coin particulièrement aride, qu’elle a beaucoup à apprendre, et que cet homme est peut-être celui qui l’aidera à pénétrer cette réalité nouvelle. Les tuiles couleur ocre se déploient devant eux depuis le toit-terrasse de l’appartement. Vue d’en haut, Florence est la ville du deuxième chakra, celui du bas-ventre, dont la couleur est l’orange. L’ocre orangé est l’une des couleurs dominantes de cette ville. Tout coïncide, se dit-elle. Ça y est, tout coïncide, enfin.
La sueur se dépose sur leur peau telle une pellicule permanente. Elle aime l’odeur de sa sueur. Elle aime tout chez cet homme, bien qu’il soit si terriblement laid. Ses cheveux sont longs, noirs, mal peignés, et il les ramène sans cesse vers ses tempes et ses joues comme s’il voulait se cacher. Mais un tel visage n’est pas dissimulable et elle approche ses mains pour repousser la tignasse de l’homme jusque derrière ses oreilles. Il dit qu’il a honte. Elle dit qu’il a tort : son visage donne une dimension supplémentaire à sa virilité. De plus, il contraste délicieusement avec la grâce féminine de la ville. Il esquisse un sourire incrédule, presque timide. Les gens qu’ils croisent dans la rue le dévisagent, avant de tourner leur regard vers elle, puis de nouveau vers lui. Il dit que c’est la première fois que ça lui arrive.
– Ils nous regardent ainsi parce qu’ils ne comprennent pas comment quelqu’un comme toi peut être avec quelqu’un comme moi, dit-il.

Mais certaines femmes le comprennent. Elles le comprennent même très bien. Et manifestent leur intérêt de la manière propre à certaines femmes latines. Un jour au parc, alors qu’ils sont assis sur un banc, une femme s’approche pour boire à la fontaine voisine. Se plaçant juste à côté de lui, elle se penche de telle façon que son cul se retrouve à moins de cinquante centimètres de son visage. Il sourit avec satisfaction.
– C’est parce que je suis avec toi, chuchote-t-il. D’habitude, elles ne me voient même pas.
Naturellement, elle envisage la possibilité qu’il soit déjà en train de lui mentir. Mais elle ne s’y attarde pas. Il est là, après tout, à côté d’elle, détendu, les bras écartés et posés sur le dossier du banc, avec l’odeur de sa sueur qui monte de ses aisselles. Il n’y a aucune raison de s’inquiéter. Il est inoffensif ; il rebute toutes les femmes sauf elle. Il n’est rien de plus qu’un petit gros inoffensif. Plus tard, elle songera (amèrement) que les petits gros inoffensifs, ça n’existe pas.

Rapidement, les femmes se prennent à le remarquer de plus en plus. Cela le ravit, elle le voit bien, et au début elle ne peut s’empêcher d’en sourire. Cette transformation, après tout, c’est à elle qu’il la doit. C’est elle qui est aux manettes. Elle qui ramasse tous ses t-shirts gris délavés et les jette. Elle qui fait en sorte qu’il s’achète des chemises en lin de couleur claire, un déodorant, un nouveau jean.
– Un jean, explique-t-elle, peut créer un corps ou le ravager, au choix.
Par exemple, on ne peut pas porter un jean délavé avec des chaussures noires, étroites et brillantes, dont le talon claque contre les pavés à chaque pas.
– À moins de vouloir passer pour un vendeur de guidages pour poids lourds, ajoute-t-elle.
– Mais c’est à peu près ce que je suis, non ?
Elle rit, gênée.
– Oui, c’est vrai. Mais ça ne devrait pas t’empêcher de garder tes belles chaussures noires pour les enterrements et porter plutôt des baskets au quotidien.
Il absorbe et apprend. Il la suit dans le centre commercial et achète docilement tout ce qui, d’après elle, pourra lui aller. Lorsqu’elle lui suggère de se raser entièrement la tête, ou de ne laisser qu’un millimètre de tapis noir, comme Shane dans la série The Walking Dead, il va voir sur Internet et acquiesce.
– Mais mon visage alors ? s’inquiète-t-il l’instant d’après. Les gens vont avoir peur !
– Je crois que tu auras l’air différent. Comme si tu ne cherchais pas à dissimuler quelque chose. Comme si tu étais fier de ton côté effrayant.
Il obéit. Tôt le matin, avant que la chaleur ne dépose une membrane poisseuse sur la ville, elle court avec lui dans les parcs. Peu à peu, le gras du bide s’estompe. Elle l’emmène à la salle de sport ; pendant qu’elle fait des abdos sur le tapis, il exerce ses biceps devant le miroir.
– J’ai l’air d’un cazzone, constate-t-il. Une bite géante occupée à faire des tractions. C’est parce que je n’ai plus de cheveux.
Elle rit. Elle adore l’entendre parler ainsi, prononcer des gros mots en transpirant, elle l’écoute telle une affamée. Là d’où elle vient, il y a si peu de place pour l’auto-ironie.
La transformation continue. Salade tous les soirs, fruits au petit déjeuner et, en guise de garniture, des tonnes de sexe pour que la virilité s’exhale par chacun de ses pores lorsqu’il quitte l’appartement. Elle se tient à la fenêtre. Satisfaite (mais naïve), elle contemple son œuvre, son miracle, faire sa sortie dans le monde.

Les aspects pratiques doivent être définis et réglés le plus tôt possible, pour qu’ils sachent tous deux à quoi s’en tenir.
– Bien sûr, dit-il. Vas-y.
Tout d’abord : quand elle a acheté son billet de train, elle a pris un aller simple, oui, il a bien entendu. Pas de billet de retour. Après tout, elle n’avait aucune idée de ce qui allait se passer une fois sur place. Mais son boulot alors ? Elle doit bien avoir un boulot, là-bas, chez elle ? Non, elle a donné sa démission. Elle n’avait plus la force de continuer. Elle haïssait cet emploi, il la dévorait, une petite bouchée d’elle était engloutie chaque jour, et à la fin elle en a eu marre.
– Tu as démissionné ?
– C’est ça.
Un matin elle s’est décidée. Elle est allée voir le chef, lui a expliqué qu’elle en avait assez de la vie de bureau, de la moquette couleur chair et des encadrements de fenêtres marron, et qu’elle avait en conséquence décidé de quitter son travail.
Il s’inquiète.
– Mais de quoi vas-tu vivre ?
– De toi, dit-elle.
L’espace d’un instant il a l’air exactement aussi effaré qu’elle l’espérait.
– Quoi ?
– Pourquoi, tu n’as pas assez d’argent ? Moi qui te prenais pour le genre d’homme sur lequel on pouvait compter.
La terreur semble s’être agrippée à ses traits.
– Oui, bien sûr, mais…
Elle rit et ajoute qu’il n’a pas de raison de flipper. Elle a de quoi vivre.
– Combien ?
– Assez pour ne pas devoir te faire payer pour le sexe.
Il toussote nerveusement. Elle dit que c’était une blague. Que c’est plutôt lui qui pourra se reposer sur elle le cas échéant. Il dit qu’il n’a jamais fait cela. Jamais profité d’une femme, jamais abandonné un poste, jamais eu de l’argent « comme ça » sur son compte en banque. Elle hausse les épaules. On est tous différents. Il dit qu’il vient d’une famille d’agriculteurs. Chez lui, dès lors qu’on choisissait de quitter la terre, il n’était pas question de démissionner d’un boulot sans en avoir auparavant décroché un autre. Elle hausse à nouveau les épaules. Comme je le disais, on est tous différents. Si elle reste longtemps à Florence, il faudra qu’elle s’active à un moment donné, qu’elle suive une formation et prenne un job, peut-être dans l’industrie, peut-être traduire des modes d’emploi. De plus, elle a toujours voulu apprendre l’interprétation simultanée et, à Florence, il existe deux écoles. OK, dit-il. C’est possible. Elle peut habiter chez lui quelque temps, comme ça elle n’aura pas à payer de loyer. Si elle a envie de rester un moment en Italie, chez lui, c’est OK. Elle pourra faire à dîner le soir. Comme ça ils seront quittes.
Elle fait le tour de l’appartement sous les toits, qui lui apparaît comme un royaume céleste. Deux salles de bains avec une douche dans chacune d’elles. Les toits de tuile, la coupole de Santa Maria del Fiore dominant tout le reste. Quelqu’un fredonne en bas dans la cour. Les jardinières du voisin débordent de fleurs. Le frigo contient du vin blanc bien froid. Les couronnes des pins se détachent sur le fond du ciel et, au crépuscule, une odeur acidulée de sève brûlée entre par la fenêtre de la chambre à coucher.

Les premiers temps, elle éprouve un contentement intense qui ne la quitte pratiquement pas. Dieu a créé la femme, et elle est pour sa part en train de créer l’homme. Peut-être est-ce pour cette raison que ça va déraper dans les grandes largeurs. Car le récit où elle croit vivre n’a au fond jamais existé. La femme ne crée pas l’homme. Aucune légende ou représentation historique n’en témoigne. Cependant, il apparaît bien vite que cette transformation qu’il lui doit lui ouvre sans cesse de nouvelles portes. Au dîner, il parle joyeusement des femmes qui lui ont signifié leur approbation pendant la journée. L’une est venue chercher son café à la machine qui se trouve pile devant son bureau, et pendant tout le temps que le café coulait, elle a gardé son fantastique cul tourné vers lui, comment donc est-il censé travailler dans ces conditions ? Il rit, non sans timidité, car il est encore suffisamment rondouillard pour ça. Elle sent qu’il veut qu’elle rie avec lui. Elle ne le fait pas. Il poursuit son histoire. Il aimerait tellement qu’elle puisse se réjouir, elle aussi, de l
Commenter  J’apprécie          00
Je n’ai jamais été la fille qu’on drague. Johnny avait dit un jour que j’étais comme un oignon, on était obligé d’enlever les pelures une à une avant de pouvoir entrer. La plupart des filles auraient été vexées d’entendre ça, mais moi j’ai compris que, dans la tête de Johnny, c’était un compliment.
Commenter  J’apprécie          30
D’un autre côté, s’ils doivent passer trop de temps en compagnie de filles jeunes, ils s’ennuient affreusement, bien sûr. Une fois l’exercice physique terminé, ils ne savent pas de quoi on pourrait parler. Et ils sont très déçus quand on ne montre pas le respect qui convient à leurs monologues mangés aux mites sur des écrivains encore plus vieux qu’eux, des parties de pêche fabuleuses et des matches de foot historiques. Leur vient alors la nostalgie d’un autre genre de femme, de celles qui ont appris l’indispensable technique de survie : avoir l’air d’écouter attentivement tout en pensant à autre chose. Alors ils comprennent que ce qu’ils désirent, au fond d’eux-mêmes, ce n’est pas une rose délicate mais une solide plante en pot.
Commenter  J’apprécie          20
La rage est une denrée périssable.. Quand on ne s'en débarrasse pas à temps on est obligé de se la trimbaler, et c'est comme se promener dans une fête avec une merde de chien collé à la semelle.
Commenter  J’apprécie          30
Mais ce que je voulais dire, c'est que les meilleures baises, moi, je les ai eues dans mon imagination. Là, rien ne sent le corps, tout le monde est parfait. On peut baiser la femme des autres, et leur bonne, et si on veut on peut aussi baiser ceux qui baisent les femmes et les bonnes des autres.
Commenter  J’apprécie          20
Maintenant je propose qu'on arrête de couper les cheveux en quatre et qu'on rigole un peu. C'est quand même de ça qu'il s'agit, à la fin des fins. Trouver le moyen de rigoler un peu dans cette saloperie de vallée de larmes.
Commenter  J’apprécie          20

CONVERSATIONS et QUESTIONS sur Lina Wolff Voir plus
Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Lina Wolff (109)Voir plus

Quiz Voir plus

Bilbo le hobbit

Combien y a-t-il de nains dans la troupe de Thorin ?

9
11
13
15

16 questions
419 lecteurs ont répondu
Thème : Bilbo le Hobbit de J.R.R. TolkienCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *} .._..