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Citations de Lou Andreas-Salomé (104)


C'est seulement quand notre pensée est par trop "abstraite" que nous commençons à nous rendre compte qu'il est dangereux de négliger les relations entre les mots et les représentations de choses inconscientes, et il est indéniable que notre façon de philosopher prend alors, dans l'expression et le contenu, un air de ressemblance avec la façon de procéder du schizophrène.
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... ce que nous appelons la mémoire doit être également "très nettement démarqué du souvenir", c'est-à-dire ce qui n'a pas encore été totalement élaboré par le système de pensée conventionnel ; vous [Freud] dites que la conscience prend naissance "en lieu et place de l trace du souvenir" - caractérisée par cette particularité que le processus d'excitation en elle ne provoque pas une modification durable de ses éléments, mais qu'il "part en fumée" dans le phénomène de la prise de conscience.
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Quand nous entendons parler des "dérapages" de malades mentaux, de leurs néologismes, négativismes, stéréotypes, obstinations, etc., ce n'est pas à tort que nous sommes parcourus d'un frisson, car ces termes ne font que circonscrire une utilisation de l'activité de la pensée qui va à une nuance près trop loin - soit dans le tarissement, soit dans la débridement -, un maniement quelque peu inconsidéré de notre balancier.
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Cette proximité du pathologique nous rappelle sans cesse que, si nous pouvons nous ancrer par la pensée dans la "normalité", c''est seulement grâce à une extrême prudence - comme si nous étions menacés de tomber à droite et à gauche.
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De la même manière que chez les parents la sévérité se mêle à la tendresse pour préserver son efficacité, ce fut, dans l'histoire de l'humanité, la tâche de toute religion que de substituer à l'inquiétude éveillée par les exigences morales un royaume de Dieu stable. Cela est valable depuis la morale scolaire diffusée à des douzaines d'exemplaires jusqu'aux abstractions les plus philosophiques, depuis les expédients grossiers que constituent récompense et châtiment jusqu'au don ascétique de soi aux impératifs vénérés.
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... la pusillanimité et l'arrogance du sujet dans la névrose obsessionnelle : sa présomption est telle, lorsqu'il pose son châtiment comme une donnée, qu'il pense qu'un train doit nécessairement dérailler et que meurent tous les passagers, s'il est assis parmi eux.
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... la frontière entre la santé et la maladie est fluctuante ; mais il reste d'une importance capitale de savoir si nous considérons, par exemple, notre besoin de châtiment, lorsqu'il se fait jour, comme un appendice mort - une écorce de bourgeon restée suspendue à la plante qui est en train de croitre - ou comme une menace de dépérissement.
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... l'artiste tire ses sensations d'impressions archaïques, où, pour lui, le monde et l'être humain étaient encore unis pour constituer la réalité, et c'est elle qui se réalise à nouveau dans l'oeuvre.
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... la question de savoir comment trancher les différends religieux qui surgissent entre l'analysant et l'analyste. En fait, il n'y a rien à trancher. Plus est authentique la démarche par laquelle ils s'acheminent ensemble vers leur but, la guérison, plus grande est leur certitude de prendre appui sur le même sol, et ces questions, alors, n'ont plus lieu d'être. Dans les pérégrinations de l'existence, dure et aride, dussent leurs chemins prendre des directions totalement différentes, c'est pourtant à la même source que s'étanche leur soif - comme c'est au bord de la même oasis que se rencontrent les animaux du désert, lorsque s'annoncent l'aube ou le crépuscule.
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La suppression de la religion n'a pas une portée uniquement négative ; au contraire, une valeur positive s'en dégage : le sujet est plus résolu, plus disposé à affronter l'existence, sans établir une séparation artificielle entre ce qui fait sa détresse et ce qui fait sa splendeur, car nous sommes dans les deux.
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Voici la vérité que Nietzsche met à nu : l'homme d'hier ou d'aujourd'hui, avec la conscience aiguë d'être livré au danger de l'abstraction, ne fait que commencer, lentement, à se rendre compte de l'acte qu'il a commis en "tuant Dieu" [...].
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... puisqu'il est vrai que Dieu a besoin de l'éclat de notre grandeur pour exister, celle-ci existe, même s'il n'y a pas encore de Dieu. A force de répéter avec insistance que notre vie doit s'élever jusqu'à l'héroïsme sublime pour que Dieu advienne, nous ne cessons, manifestement, en adoptant ce comportement entre croire et penser, de nous éloigner de ce qui est à l'origine de toute piété. Ce regard qui, plongeant au fond de nous-mêmes, se lève irrésistiblement jusqu'au plus haut de nous, trahit ainsi - quand bien même l'individu n'en prendrait pas conscience, en dernier ressort - sa motivation la plus intime - comme elle s'est déjà trahie dans ce cri célèbre de Nietzsche : "S'il y avait un Dieu, comment supporterais-je la pensée de ne pas être Dieu ?"
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Toute névrose simule l'accord désiré entre le monde intérieur et le monde extérieur : l'un et l'autre font mine de se laisser la place - se font place, soit que les processus internes prennent consistance, comme si toute la réalité venait s'y établir, tout l'extérieur se dissolvant par contrecoup en un néant chimérique ; soit que l'essence de la personne, confrontée aux processus externes imposant leur supériorité et leurs exigences, se voie livrée sans recours à l'angoisse et au doute.
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Il existe toujours une corrélation étroite entre l'acte de "sataniser" et celui de diviniser ; la divinité s'enrichit de ce dont l'homme, librement, se dépouille, et c'est la charité divine qui vient parachever la pauvreté de l'homme, lui conférer faussement le caractère d'une loi naturelle. Nul ne peut prétendre à la félicité sans cette tragédie latente, et il n'est aucune résurrection dans la foi derrière laquelle ne se profile une crucifixion.
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Les deux grands types de névrose que nous distinguons encore repérables et distincts dans l'ensemble des affections psychiques - l'hystérie et la névrose obsessionnelle -, correspondent à deux formes parentes de l'inquiétante étrangeté ; tandis que les personnes bien portantes peuvent en éprouver un accès passager, le malade, lui, s'en trouve investi au point de ne plus savoir si son existence ne s'identifie pas à elle.

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... la perfection d'un être resté intact ne se rencontre que dans les constructions théoriques.
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L'important est de se limiter à ce qui est donné dans la réalité, à ce qui existe dans les faits.
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Pour ma part, je connais le risque que la joie de vivre subjective projette involontairement son image sur ce qui lui fait face, qui est fruit de la réalité ; c'est pourquoi je vous ai déjà écrit et dit : rien ne me plaît davantage, quant à moi, que vous me teniez en laisse pour me guider - pourvu que la laisse ait une bonne longueur ; de cette façon, si je m'en vais battre la campagne, vous n'aurez besoin que de tirer sur la laisse pour que je sois à nouveau près de vous, sur le même terrain. Car "près de vous", cela veut dire, pour moi, là où je vous sais toujours proche des profondeurs : au plus près.
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... on vous [Freud] prête un sombre pessimisme quant à la possibilité de civiliser les instincts de l'homme : celui-ci doit pour ainsi dire trancher dans le vif, se mutiler, pour ménager un espace dans le chaos des pulsions et apprendre à suivre le "primat de l'intellect". C'est ainsi que vous vous êtes fait acclamer par tous ceux qui vous gardaient rancune d'avoir dévoilé nos instincts : l'homme s'avérait l'"animal à vocation ascétique", et la "nature noble de l'homme" était ainsi reconnue et sauvée par vos soins.



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... bien qu'antiphilosophes, nous sommes destinés à faire de la philosophie, c'est-à-dire contraints de mettre en images ce que nous considérons intellectuellement et ce qe nous vivons de l'intérieur, réalisant ainsi l'équilibre par l'interpénétration de la pensée et du sentiment.
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