AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Louise de Vilmorin (123)


Habillée au goût du bonheur.

Habillée au goût du bonheur
Elle traversa mes années
Sans jamais parler du bonheur.
Et le soir cheminant l’allée,
Cheminant les sentiers des lièvres,
Elle disait de petits mots
Qui s’en allaient hors de ses lèvres
Comme l’eau frisée du ruisseau
Qui coupait en deux nos journées.

Passant le pont, penchée vers l’eau,
Penchée vers l’eau que disait-elle ?
« Tous les oiseaux battent de l’aile
Quand le courant tire le ciel.
Chaque poisson est un oiseau
Tombé d’amour, tombé à l’eau
Pendant les messes de Noël. »

Habillée au goût du bonheur
Elle traversait la prairie
En berçant un bouquet de fleurs,
Un bouquet de Vierge Marie
Qui était lourd comme un enfant.
Enfant fleuri en ses bras blancs,
Petites filles endormies
Qu’elle apportait à la maison,
Amour en chapeau de prairie
Aux couleurs de chaque saison.

En traversant notre prairie
Elle disait, berçant les fleurs :
« Les moutons de la bergerie
Ont fui les armes du malheur
Et moutonnent au ciel d’orage.
Dès que s’annonce le danger
Chaque mouton devient nuage,
Nuages de moutons légers
Partis au vent, haut sur la côte,
Lorsque s’éloigne le berger
Pour la messe de Pentecôte. »

Habillée au goût du bonheur,
Elle s’en fut de mes années
Chantant les vêpres sur mon cœur.
Vêpres par l’amour encensées,
Cantique traversé d’oiseaux,
Moutons en sa tête envolée,
Poissons des cieux tombés à l’eau
Naviguaient le ruisseau des pleurs
Quand s’en allait ma bien-aimée,
Un baiser en sa main fermée,
Sans m’avoir parlé du bonheur.

Chantant vêpres à petits mots,
Elle disait, quittant ma vie :
« Les étoiles des étés chauds
Sont des demoiselles pâlies
Qui désertèrent leur pâleur.
Amantes en lueur parties,
En étoiles filant ailleurs
Dès que l’amour clôt leurs paupières
Et va surprendre les prières
Aux vêpres de la Chandeleur. »
Commenter  J’apprécie          20
A l'envers de ma porte.

Ma peur bleue, ma groseille,
L’amour est une abeille
Qui me mange le cœur
Et bourdonne à ma bouche
Que tu nourris et touches
Des baisers du malheur.

Mon ange sans oreilles,
Ma peur bleue, ma groseille,
Ne viendras-tu jamais
À l’envers de ma porte ?
Es-tu de cette sorte
Ange sourd et muet ?

Tes mains sans teint, polies
Au jeu de tes folies,
Se mouillent à mes yeux
Et tu ris de ces fleuves
Où naviguent mes vœux
Parmi tes robes neuves.

Ne me donneras-tu
Que ton chapeau pointu
À porter ma sorcière,
Et nul autre baiser
Que ces nids de danger
Et ces ruches entières ?

Ne me permets-tu pas
De t’enlever tes bas
À l’envers de ma porte ?
Je veux voir tes pieds nus
Et les abeilles mortes
Du bonheur revenu.

Mon ange sans oreilles,
Ma peur bleue, ma groseille
Posée sur mes désirs,
Ma chambre est grande ouverte
Que coupe l’allée verte
Par où tu dois venir.

Ma peur bleue, ma groseille,
Viens à fleur de mes veilles
Et que tombe le jour
À l’envers de ma porte.
Et que le vent emporte
Le chemin du retour.
Commenter  J’apprécie          20
Il vole *

En allant se coucher le soleil
Se reflète au vernis de ma table:
C’est le fromage rond de la fable
Au bec de mes ciseaux de vermeil.

Mais où est le corbeau? Il vole.

Je voudrais coudre mais un aimant
Attire à lui toutes mes aiguilles.
Sur la place les joueurs de quilles
De belle en belle passent le temps.

Mais où est mon amant? Il vole.

C’est un voleur que j’ai pour amant,
Le corbeau vole et mon amant vole,
Voleur de cœur manque à sa parole
Et voleur de fromage est absent.

Mais où est le bonheur? Il vole.

Je pleure sous le saule pleureur
Je mêle mes larmes à ses feuilles
Je pleure car je veux qu’on me veuille
Et je ne plais pas à mon voleur.

Mais où donc est l’amour? Il vole.

Trouvez la rime à ma déraison
Et par les routes du paysage
Ramenez-moi mon amant volage
Qui prend les cœurs et perd ma raison.

Je veux que mon voleur me vole.

* à partir de ce texte de Louise de Vilmorin une mélodie fut composée par Francis Poulenc, en 1939
Commenter  J’apprécie          20
Palindromes


Lune de ma dame d’été
Été de ma dame de nul.

L’âme sûre ruse mal.

Suce ses écus

Eh! Ça va la vache?

Ta bête te bat

À l’étape épate-la

Rue : Verte fenêtre
Verte nef
Et rêveur
Commenter  J’apprécie          20
Dans le ciel mauve

Dans le ciel mauve
La lune est ronde,
C’est une blonde
Mais elle est chauve.

Commenter  J’apprécie          20
Récitez-moi votre leçon

Récitez-moi votre leçon
"L'oiseau se prend à l'hameçon
Le poisson s'apprivoise et chante
Le papillon est une plante
L'été ramène les grands froids."
Je vous l'ai redit mille fois.
Commenter  J’apprécie          20
L’île

L’île a des lis
Et des lilas
Pour les délices il y a des lits là.
Pas de soucis,
Cent liserons
Viens tes soucis vite s’enliseront.
Un cycle amène
Cycle centaure,
Sous les lilas où j’oublie tes cent torts,
Un cyclamen
Des centaurées
Et des pensées pour le temps dépensé.
L’île à délices
A des lilas,
Avec des lis j’ai porté ton lit là.
Commenter  J’apprécie          20
" L'élégance est quand l'intérieur est aussi beau que l'extérieur."
(et vice versa)
Commenter  J’apprécie          10
Sept calligrammes

A bon château, bon râteau
Fait un tapis rastissé.
Ce sera demain Dimanche,
Tout en récitant l'ave
Ce râteau sourit aux anges
Mais on ne l'a pas lavé
Et ses dents ne sont pas blanches.

( p.32)
Commenter  J’apprécie          10
Fantaisies

Fiancée

Fiancée aux mille détours
Que cachez- vous dans votre manche ?
Est-ce la carte d'un séjour
Où le rêve en gestes s'épanche ?
Est-ce le plan de vos revanches
Sur le vol d'un baiser vautour ?

( p.150)
Commenter  J’apprécie          10
Fantaisies

Soleil

Le soleil me regarde en face,
Veut- il mon chapeau ou ma place ?

( p.148)
Commenter  J’apprécie          10
Un cyclamen
Des centaurées
Et des pensées pour le temps dépensé
Commenter  J’apprécie          10
Abbaye, abbaye...
Commenter  J’apprécie          10
Louise de Vilmorin
La mort d'un ami est moins agaçante que son mariage.
Commenter  J’apprécie          10
Louise de Vilmorin
Se faire pardonner n'est rien, il faut se faire regretter.
Commenter  J’apprécie          10
Louise de Vilmorin
LES DEUX VOIX


Extrait 3

Ah! les visages, les visages perdus
N’ont pas laissé d’empreintes nettes
Aux miroirs des amours muettes
Que les voyageurs ont tendus.
Voyageurs, vous disiez en montrant le miroir :
« Soufflez fort, il faut que vos visages s’éteignent.
L’amour vous habillera de noir
Afin que les désirs vous craignent. »
Et les bras étaient plus grands
Dans la chambre plus haute,
L’épaule devenait le monde où l’on apprend
La leçon des mille fautes.

Commenter  J’apprécie          10
Louise de Vilmorin
LES DEUX VOIX


Extrait 1

La tristesse, la pluie, une lettre attendue
Décolorent ce premier jour de printemps.
Et ma main qui se tend
Vers la lettre attendue
Ne soupèse le poids que de mon temps perdu.
Perdu mon temps, perdue la course heureuse
Vers de nouvelles voix,
Perdue surtout ma partie de tricheuse :
Les bagues me sont tombées des doigts.

J’ai bien des fois brûlé
Mais de chaque incendie
Un nouveau cœur m’est né
Pour l’amour de ma vie.

Commenter  J’apprécie          10
Louise de Vilmorin
En robes anciennes…


Extrait 4

Vous êtes aussi pâles
Que les aubes d’hiver,
Le vent tire vos châles,
Vos bras sont grands ouverts
Vous êtes aussi pâles

Que les plus pâles mortes
Et vous vivez pourtant,
Et cet étang vous porte
Vers moi qui vous attends.
O mes plus pâles mortes

Montrez-moi vos visages,
Venez ici, tout près
Sur le bord du rivage
Que je voie bien vos traits.
Montrez-moi vos visages,

Vos lèvres, vos prunelles.
Vous me consolerez
Par un sourire frêle,
Par un mot murmuré.
Vos lèvres, vos prunelles

En leur jeunesse vive
Seront devant mes yeux
Lèvres de ma pensive
Et son regard d’adieu
En sa jeunesse vive.
Commenter  J’apprécie          10
Louise de Vilmorin
En robes anciennes…


Extrait 3

Lianes de peau blanche
Aux branches de la nuit,
Vérité qui s’épanche
Nue, en la nuit des puits,
Lianes de peau blanche

Dont la fleur est certaine
Elles feront leur don
Et dès l’aube prochaine
Trouveront l’abandon
Dont la fleur est certaine.

Vérités diaphanes,
Enfants d’éternité,
Les amours tôt se fanent,
Les lits sont désertés.
Vérités diaphanes,

Restez de vos eaux fraîches
Les plus fraîches des fleurs.
Certain baiser dessèche
Les bouquets de candeur.
Restez dans vos eaux fraîches,

Restez là, je vous aime.
La lune aux feux glacés
Sur vous porte l’emblème
D’un rêve dépassé.
Restez là. Je vous aime.

Commenter  J’apprécie          10
Le baiser de ta voix
Louise de VILMORIN
Recueil : "Solitude, ô mon éléphant"
Dans ta voix ce qui m’émerveille
Et me fait rime de ton temps
C’est ton baiser à mon oreille
Et c’est le rêve qui m’attend
Dès les moments où je m’éveille.

Je t’aime d’amour innocent,
Je ne suis rien voulant tout être,
Je suis la pluie et le beau temps,
Je suis le tulle à ta fenêtre,
Je suis-je ne sais pas comment.

Mais si tu voulais me connaître,
Mais si tu voulais m’emmener
Vers tout ce qui peut m’apparaître
Dans notre amour tôt condamné
Par tes ailleurs et tes peut-être,

Je te dirais : « Plutôt finir. »
Dans le présent de tes journées
Vois en moi la fleur à cueillir,
Et vois la fleur abandonnée
Par le destin de tes plaisirs.
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Louise de Vilmorin (240)Voir plus

Quiz Voir plus

Poésie et pâtisserie dans Cyrano de Bergerac

Personnage authentique, pâtissier-traiteur-rôtisseur, Ragueneau tenait boutique à Paris :

Rue Saint-Honoré
Rue des Bernardins

10 questions
101 lecteurs ont répondu
Thèmes : tartelettes , poète , patisserie , gâteaux , poésie , parasitesCréer un quiz sur cet auteur

{* *}