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Critiques de Lucas Harari (91)
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L'aimant

Une histoire qui aimante avec une belle amante, sur quelques pages, pour le jeune héros, qui recherche le mystère dans une station thermale des montagnes suisses.



C'est un très bel album, avec de grandes planches, sur du beau papier, un travail soigné, en trois couleurs : rouge, bleu et noir et l'infiltration de quelques gris. Les planches des décors de montagne sont magnifiques, particulièrement de nuit. L'absence de légende sur un grand nombre d'entre elles permettent au lecteur de laisser aller son propre cheminement et son imaginaire.



Pour l'histoire, peu importe finalement tellement les dessins sont réussis. Néanmoins, Lucas Harrari sert un condensé de fantastique autour de bâtiments thermaux pouvant receler un mystère, le tout est bien conduit et j'ai eu beaucoup de plaisir à suivre Pierre dans sa quête du sens de l'aimant.
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La dernière rose de l'été

Léonard travaille dans une laverie automatique, au fin fond du 18ème arrondissement. Ce soir-là, alors qu'il s'apprête à fermer, il est étonné de voir débarquer, dans une belle voiture, un client en costard. Il reconnaît alors son cousin, Sylvain, venu laver ses draps avant que sa femme ne rentre. Quelques mots échangés et ce dernier repart aussi vite... Peu après, il reçoit un appel de Sylvain, qui lui propose de boire un verre ensemble. Parce qu'il écourte ses vacances avec sa femme et préfère partir en croisière avec sa maîtresse, cela l'embête de laisser les ouvriers seuls pendant les travaux dans sa maison de bord de mer. Il demande alors à Léonard s'il peut lui rendre ce service. Après un long voyage, en train, bus puis ferry, le jeune homme débarque enfin. Si la maison est, effectivement, en pleins travaux, la vue sur la mer est des plus apaisantes. À l'épicerie du coin, il entend parler de deux disparitions inquiétantes...



Le soleil, la mer au pied la maison, une jolie voisine... Si Léonard pensait passer quelques semaines tranquille, à essayer d'écrire son roman, c'est malheureusement peine perdue avec ce voisin intrigant et ces deux disparitions de jeunes hommes qui interpellent la brigade criminelle. Si la résolution de l'enquête policière surprend (même si l'on peine à comprendre la réaction de certains protagonistes), le récit est long à se mettre en place, le rythme un peu lent. La conclusion frustrante laisse planer trop de mystères. Graphiquement, Lucas Harari réussit à installer une ambiance bien particulière, alterne joliment les scènes d'actions des séquences muettes. Le dessin, un brin rétro, s'il se pare de couleurs vives, manque parfois de finesse.

Un album bancal et un brin décevant...
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La dernière rose de l'été

La couverture m’avait immédiatement séduite avec sa promesse d’une ligne claire de toute beauté. Il a fallu pas mal de temps pour que je puisse récupérer la B.D à la bibliothèque, les réservations s’enchaînaient. Preuve que « la dernière rose de l’été » rencontre un beau succès, à mon avis bien mérité.



Tout d’abord, visuellement c’est une petite merveille. La promesse d’une belle ligne claire avec une belle colorisation est amplement tenue. Le trait est efficace et très impactant, les couleurs sont simples et directes, vraiment superbes. Les choix de cadrage et la mise en page sont excellents et se marient parfaitement à l’histoire racontée.



Justement, venons-en au scénario. On est ici dans une histoire Hitchcockienne moderne, une intrigue où les faux-semblants ont la part belle et où il ne faut pas trop se fier à ses impressions. Comme chez Hitchcock, le fait d’être témoin est un élément essentiel et comme chez le maître du suspense le témoin est souvent trompé par ses sens ou interprète mal ce qu’il a vu. Le dénouement ne surprendra pas les amateurs du genre mais ça ne m’a pas dérangée. Ne pas être surprise par la fin ne m’a pas empêchée de savourer ma lecture. Au contraire, cela a instauré une forme de complicité entre l’auteur et moi, une sorte de jeu autour de codes que nous connaissons tous les deux.



« La dernière rose de l’été » est une très belle B.D qui me donne envie de lire « L’aimant », la précédente B.D de Harari, un auteur à suivre.



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La dernière rose de l'été

Léo tente de devenir écrivain, il rencontre dans la laverie où il travaille pour survivre, son cousin Sylvain qui va lui prêter sa maison de vacances sur une île. La maison est idéalement placée, elle surplombe la mer, la plage est surtout une villa moderne somptueuse accrochée à la falaise. Il va faire connaissance avec Rose, sa voisine, qui vit là avec son père.

Les gammes de couleurs jouent sur un aspect vintage, le papier est épais, et les couleurs vibrent avec leur trames brutes, les pages sont d’un grand format, rendant le design de cette maison voisine encore plus impressionnant, elle ressemble fortement à la Vandamm House, inspirée des œuvres architecturales de Frank Lloyd Wright que l’on voit dans “La Morts aux trousses” d'Alfred Hitchcock (1959). Ce rapprochement est forcément volontaire, et il renforce justement le ton hitchcockien du récit. Evidemment, Rose est un personnage trouble et Léo se fait entraîner dans une histoire dont il ne maîtrise pas grand chose, Lucas Harari s’amuse à nous perdre parmi une série de personnages tous difficiles à cerner et l’ambiance mystérieuse est bien menée. Mais je conclurai par un petit bémol : si on connaît un minimum l'œuvre d’Hitchcock, on est malheureusement pas surpris par la fin.
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La dernière rose de l'été

Le talent du dessinateur, amplifié par le choix des couleurs, la qualité des planches de paysages, le réalisme des bâtiments, qu'il s'agisse des maisons de Paris pour les premières pages ou des maisons de vacances du bord de mer, les dialogues limités à l'essentiel concourent à la réussite de cette bande dessinée dont l'histoire a finalement peu d'importance tant elle laisse sa place aux dessins qui en sont les meilleurs conteurs.



On a un gentil héros, Léonard qui côtoie une joyeuse bande d'adolescents aisés qui pensent surtout à la fête, à la baignade et à la détente dans une petite station balnéaire où sont survenus deux meurtres d'adolescents, donc une enquête policière se greffe à leurs ébats qu'elle perturbe peu finalement.



Ce livre se parcourt avec plaisir, le papier est de qualité, il sent bon, le format favorise la dimension des planches, qu'il s'agisse du clair de lune sur la plage, la falaise sous la maison d'architecte, le vol des goélands, le rouge des maillots de bain ou de la plastique des filles lors de l'inévitable bain de minuit.



Et même si l'enquête piétine et reste au second plan, le parfum de cette dernière rose laisse une impression de rêve au lecteur, sans oublier les références à Jack London.
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L'aimant

De sublimes dessins architecturaux. Dommage que le lecteur reste sur sa faim dans cette histoire de thermes en Suisse mêlant légende et réalité.
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L'aimant

Découvrant les Thermes de Vals, un jeune étudiant français en architecture se retrouve confronté à une légende centenaire, à un mystérieux spécialiste des lieux, à une jeune fille intrigante, à une montagne modérément hospitalière.



A cheval entre le policier et le fantastique, une BD pleine de charmes et captivante. Au niveau du texte, elle bénéficie d'une histoire solide se basant sur des éléments clés qui charpentent la narration.

Le récit prend ensuite des écarts, suit des fausses pistes. Des épisodes originaux en marge du fil principal qui ne sont jamais de trop, au contraire, ils participent de l'immersion, d'un étonnement qui court de pages en pages, et ce sont ces épisodes gratuits qui à la fin restent le plus en mémoire.



Les illustrations en ligne claire et coloration tri-chrome sont soignées, avec un traitement granuleux des applas de couleur qui leur donne un cachet rétro, et des teintes peu saturées.



Les longues pages contemplatives où l'auteur représente les Thermes de Vals produisent un effet d'apaisement que l'on imagine représentatif de ce que le lieu offre aux regards : lignes droites, esthétique épurée, piscines d'eau au repos. Un havre de paix pour les sens, un cocon d'art granitique isolé dans les montagnes suisses.



Lucas Harari est un jeune auteur, L'Aimant est sa première bande dessinée, issue de son travail de fin d'études, sa seconde bande dessinée La dernière Rose de l'été, récit policier au bord de la Méditerranée, est tout aussi prenante. Il est le frère cadet d'Arthur Harari, réalisateur du récent "Onoda", et de Tom Harari, chef opérateur prolifique ayant fait l'image, outre des films d'Arthur, du premier long de la réalisatrice Justine Triet, compagne d'Arthur. Une famille pleine de talents dont on peut imaginer les fructueuses synergies.
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L'aimant

Une histoire dans le genre réalisme magique, qui se passe en Suisse dans une station thermale. Le rythme est lent, posé, et accentue l’ambiance de mystère dans ce pays silencieux, de montagnes. Les couleurs sont brutes et agressives, traitées en trichromie (bleu, rouge, noir) comme une vieille sérigraphie, le papier est épais, de grande qualité, comme sous nous tournions les pages d’un précieux ouvrage, le trait est assez raide, nous laissant une impression de malaise, comme si nous n’avions pas le droit de découvrir le mystère qui se cache dans cet hôtel : “Der Mund des Berges” ca veut dire “la gueule de la montagne” [...] on raconte qu’à l’endroit où l’eau de Vals prend sa source s’ouvre un passage qui mène au coeur de la montagne… tous les cent ans, la montagne choisit un étranger, l’attire jusqu’à sa gueule et le dévore !”. C’est un belle réussite, on le lit presque comme sous hypnose, une lecture solennelle qui m’a envouté, et je me sui laissé emporté sans m’en rendre compte dans la gueule de la montagne.
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La dernière rose de l'été

Leonard travaille dans une laverie tout en travaillant son rêve de devenir écrivain. Son train-train habituel va être chamboulé quand il croise son cousin qui lui propose de veiller sur sa villa au bord de mer pendant que lui part en croisière avec sa maîtresse. Une fois sur place il va rencontrer la fille du voisin autour de qui plane le mystère.



Lucas Harari nous livre une bande dessinée épaisse (188 pages tout de même) dans laquelle il prend le temps de développer cette ambiance entre vacances et polar. Grace à de grandes cases taiseuses, il plante le décor. De belles villas, des gosses de riches qui font la fête, le soleil et le bleu de la mer qui sent l'été. On ressent tout de suite cette ambiance dans lequel plane un mystère à peine esquissé : des morts sans coupable, une jeune fille qui est en conflit avec son père...

Mais en dehors de cette atmosphère particulièrement bien travaillée, je trouve l'histoire un peu faiblarde. Ou alors il va y avoir un second tome? L'histoire met beaucoup de temps à démarrer. Il commence à y avoir du suspense et à s'accélérer sur la fin. Et puis pouf plus rien, fin de l'histoire, aucun développement, aucune réponse. Donc un peu déçue par la conclusion.



Le dessin qui s'étale sur de grandes cases possède une ligne claire à l'ancienne et des aplats de couleurs chaudes. Les traits ne sont pas toujours très expressifs mais ils sont efficaces pour traduire l'ambiance d'un sud estival.
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La dernière rose de l'été

Ah, ces paysages pleine page, parfois sur de deux planches. Soleil couchant, mouettes dans un ciel bleu, mer sous le soleil de midi. Il y a la vue sur la villa d’à côté aussi. Une feuille vierge de couleur différente rythme des chapitres (les situations) de longueur variable. Le ton choisi reflète l’humeur du moment, du lieu, du gars.

Ces grands espaces se resserrent lorsque Léo sort de sa solitude apparemment assumée. Les cases pleuvent lors de rencontres anodines ou décisives, accélération de l’action, sinon contemplative sous les lumières vives de l’été.

Ma deuxième expérience avec Harari confirme l’art du dessinateur/scénariste de vous plonger dans des univers enveloppants, aspiré que vous êtes dans un format hors norme. Le dessin est précis, le trait économe, le crayon suggestif. Les yeux passent lentement sur des pages qui vous transportent ailleurs, là où l’imagination commence. Même banale, l’histoire intrigue, car on a tous eu un jour la curiosité piquée et l’envie délicieuse d’une aventure.


Lien : https://cinemoitheque.eklabl..
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La dernière rose de l'été

Somptueux, gorgé de couleurs, un graphisme élégant et une vraie virtuosité pour le dessin d’architecture, cet album m’a enchantée. Il m’est arrivé de l’ouvrir sur une double page simplement pour contempler un paysage un brin japonisant et m’évader, loin, loin, très loin dans un été baigné d’eaux bleues et de lumières du couchant.

L’histoire ne ménage pas vraiment de surprises et apparaît un peu convenue, mais le sortilège du dessin est puissant et enivrant. Une réussite !

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L'aimant

Une belle bande dessinée au sujet original et à l'ambiance hypnotique.



J'ai aimé les dessins rappelant ceux d'Hergé à certains égards (traits des personnages notamment), mais surtout ceux des bâtiments thermaux, à la fois bruts et mystérieux.



C'est un récit intrigant nous entraînant sur les pas de Pierre, ancien étudiant en architecture fasciné par l'édifice thermal de Vals, situé au coeur de la montagne suisse.



L'histoire s'oriente un peu trop vers le fantastique à mon goût mais c'est bien le seul regret que j'ai eu en parcourant cet album qui est d'une belle qualité et dont la lecture m'a emportée très facilement.



Une lecture envoûtante et un auteur à suivre...
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L'aimant



Très attirée par le graphisme, j’ai plongé dans ce roman à l’atmosphère étrange. Pierre est étudiant en architecture. Fasciné par le bâtiment des thermes de Vals, une ville d’eau en Suisse, il s’y rend pour l’étudier. Mais, à l’hôtel, il fait la rencontre d’un homme énigmatique...

Si les dessins sont splendides, j’ai moins accroché à cette histoire bizarre, intriguante mais pas exploitée complètement selon moi. J’aurais aimé voir les théories du professeur exposées plus en détails par exemple.

Dommage car l’immersion dans cette ambiance thermale si particulière, entre calme et angoisse, est plutôt bien rendue, mais je suis resté sur ma faim.
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La dernière rose de l'été

Coup de coeur pour de multiples raisons !

Léo, un jeune homme romantique, rêve de devenir un jour écrivain. Pour se donner de l'allure et peut-être faire venir l'inspiration, il se trimballe avec le Martin Eden de Jack London. Pour l'ordinaire, il trompe comme il peut son ennui en gérant un Lavomatic dans un quartier populaire du nord de Paris…

Mais un jour, il tombe par hasard sur un cousin devenu quelqu'un d'assez peu recommandable ; une autre caractéristique de ce cousin "perdu et retrouvé" est sa capacité à être au moins aussi con qu'un portable sans réseau, mais en pire.

En revanche, si le cousin a le Qi d'une palourde sortie de l'eau, il s'avère très intrigant. Et quand ce dernier lui propose de garder sa maison de vacances au bord de la mer, Léo, qui a tant besoin de transformer son quotidien, accepte sans tarder.

Il se retrouve le temps d'un été le voisin de richissimes plaisanciers qui circulent en coupé sportifs et logent dans une impressionnante maison d'architecte. Dans ces conditions, tomber amoureux d'une belle et mystérieuse voisine qui organise des soirées et l'invite à se joindre à eux est la seule option que Léo va considérer.



L'atmosphère estivale se révèle rapidement lourde, malsaine et surréaliste. Les journaux parlent de disparitions, le malaise s'installe et les masques tombent.

L'ambiance est carrément cinématographique ; entre plein soleil et faux-semblants ; c'est bien la mort aux trousses que Léo va s'arracher de justesse à ce piège cérébral.



Mais si on est loin du noir et blanc d'Alfred H., le rythme, l'ambiance, les couleurs et les textures sont magnifiques.

De quoi tomber raide dingue de ce nouvel album de Lucas Harari.

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L'aimant

Lire cet ouvrage, c’est entrer dans une bulle, une bulle temporelle et spatiale dans laquelle l’auteur nous propulse.

Il nous plonge dans une sorte de huis-clos alpin. On y suit Pierre, partit sur les traces de ses anciennes recherches de thèse portant sur des thermes construit en Suisse et entourés de légendes et de mystères.

Pierre parviendra-t-il à vaincre ses démons et à trouver les réponses aux questions qui le hante depuis tant d’années ?



Je n’en dis pas plus pour ne rien révéler.



Le livre est très beau et très agréable à lire.

Avec un dessin et des couleurs résolument vintages, Lucas Harari réussit son pari de créer une atmosphère particulière et accrocheuse pour son très bel ouvrage.



J’ai très envie de suivre cet auteur et de découvrir ses prochains ouvrages pour voir si il parvient à rester dans ce haut niveau de qualité.



J’ai trouvé ce livre en me baladant dans la librairie strasbourgeoise haute en couleur « Le Tigre ».

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La dernière rose de l'été

« Si demain tu cueilles une rose/Dont le cœur est déjà fané/ Dis-toi bien que cette rose/ Est la dernière de l'été » chantait Nana Mouskouri dans une ritournelle à la fin des années 1960. « La dernière rose de l’été », c’est aussi le titre qu’a choisi Lucas Harari pour son deuxième album, trois ans après le magnétique « Aimant » paru en 2017, aux éditions Sarbacane. Alors que l’opus précédent jouait de trois couleurs seulement (bleu et rouge assourdis de noir) et se déroulait dans les Alpes suisses en hiver, celui-ci utilise une palette de couleurs plus vives les unes que les autres … pour décrire une bluette estivale dans un cadre idyllique et solaire ? Pas si simple, comme toujours avec cet auteur !



Leo, qui aspire à devenir romancier, travaille en attendant d’être riche et célèbre dans un Lavomatic du côté de la Goutte d’Or. Un soir, juste avant la fermeture, débarque son cousin Sylvain venu subrepticement dans ce quartier populaire à bord de sa voiture de sport pour nettoyer les draps du lit conjugal et effacer toute trace d’adultère. Quelques jours plus tard, ce dernier propose à Léo de se rendre sur la côte pour surveiller les travaux de sa maison de vacances. Devant cette aubaine, tous frais payés, Léo accepte. Il pourra peut-être enfin trouver l’inspiration. Il découvre un monde très éloigné du sien de riches plaisanciers aux voitures luxueuses et semble fasciné par la vie des habitants de la somptueuse villa d’architecte d’à côté …



Une romance entre Rohmer et Sagan



Juste avant de quitter Paris, Léo achète chez un bouquiniste des quais de Seine , le « Martin Eden » de Jack London. L’histoire d’un homme qui vit de petits boulots ( et travaille dans une laverie par exemple, tiens donc … ) et qui par amour pour une fille de la haute société va se cultiver comme un forcené et devenir écrivain. D’ailleurs suite à une boutade, le voilà rebaptisé Martin par sa jolie voisine. Par ce jeu de miroirs et également grâce à la confidence du protagoniste qui avoue qu’il a pour modèle d’écrivain le John Fante des « Quatuor Bandini » dans lesquels le héros immigré italien de deuxième génération prend sa revanche sur les WASP qui le méprisent et tente de séduire leurs filles grâce à l’écriture, on comprend que si Léo est attiré par Rose, ce n’est sans doute pas que pour sa spontanéité, sa fougue et sa jeunesse. C’est probablement aussi par son appartenance à une société inaccessible et désirée.

On va ainsi assister dans les premières pages à la romance d’un anti-héros velléitaire (il se rêve écrivain mais on le voit toujours distrait dans ses tentatives d’écriture) quasi trentenaire et d’une adolescente un peu comme dans « Conte d’été » ou « Pauline à la plage » de Rohmer. Cependant, la jeune fille paraît d’emblée désabusée et bien moins naïve que Léo lorsqu’elle lance sa diatribe contre le mariage et les histoires d’amour. On se rapproche ainsi de Sagan et de « Bonjour tristesse » surtout dans la description des fêtes alcoolisées de la jeunesse dorée et dans la relation ambigüe liant Rose et son père.



L’histoire se déroule dans un lieu imaginaire fondé sur un syncrétisme : ça pourrait être une île de l’Atlantique puisque le héros prend le ferry ou bien la côte de beauté avec le bac qui relie Royan au Verdon : on reconnaît d’ailleurs la gare routière de Royan dans une case, il y a des cabanons de pêche au carrelet , on retrouve aussi le phare de Vallières ou le Tina’s café sur la plage de Meschers et ses falaises… Mais il s’agit finalement d’un bord de mer hyperbolique qui tient à la fois de l’Atlantique et de la Méditerranée. Chacun peut s’y projeter et s’y reconnaître et le lecteur se laisse ainsi glisser dans une ambiance.

L’auteur présente régulièrement des dessins pleine planche et même parfois en double planche comme celle des pages 82-83, par exemple, qui présente un paysage côtier semblable à une estampe d’Hiroshige. Ces tableaux dans le récit, outre l’aspect « carte postale » qu’ils procurent, aèrent la narration. Le temps s’étire. Comme pour « l’Aimant », le dessinateur joue sur les séparations entre les cases ( l’espace inter iconique) pour créer une impression sur le lecteur : les espaces blancs des pages du début de l’album, délitent le temps et l’allonge artificiellement. On a même une grande case blanche au centre d’une double page (p74-75) qui matérialise le vide et suscite l’impression concrète du farniente, de ce temps de(s) vacance(s) où tout flotte.

Les pleines pages colorées qui ponctuent l’album permettent, quant à alles, de découper l’œuvre en autant de chapitres et rappellent la palette chromatique « pop » employée. Elles font penser également aux différentes « couches » de couleur utilisées en risographie et sérigraphie et donnent un côté très artisanal à l’album. Harari est diplômé de l’ENSAD en section « images imprimées » et il maîtrise ces techniques à la perfection. On voit des trames apparentes et du grain sur les pages ce qui confère une dimension expérimentale, sensuelle, esthétique et rétro à l’ouvrage.



Un feuilleté de significations



A ces différentes couches de couleurs matérialisées par les pleines pages monochromes viennent s’ajouter le feuilleté des références. Lucas Harari est un grand cinéphile (ses deux grands frères travaillent dans le cinéma l’un comme réalisateur, l’autre comme chef opérateur) , un féru d’architecture comme nous l’avait déjà montré « l’Aimant » ( ses deux parents sont d’ailleurs architectes et il a brièvement songé à leur emboîter le pas) et amateur de bd de la ligne claire. Mais il ne se sert pas de cette érudition de façon gratuite. Chaque référence est signifiante et fournit une clé de lecture.

Ainsi, son personnage masculin : il ressemble à un Tintin par son regard stylisé et son visage rond mâtiné de Nestor Burma quand il est de profil et de Lucky Luke pour sa mèche rebelle. Il est ainsi d’emblée présenté comme sympathique et entraine l’adhésion du lecteur. Ce dernier peut même s’identifier à lui. En effet, de nombreuses planches sont vues à travers son regard. Ainsi, on passe souvent d’un champ à un contrechamp d’une case à l’autre. On observe le personnage regarder et ensuite on voit ce qu’il regarde « en caméra subjective ». Dans une construction à la XXX sur la même page on part d’un plan large en haut de la page pour faire comprendre que Léo regarde la villa de Rose puis on ressert sur ce qui est en train de s’y passer : la dispute entre Rose et son père comme dans un théâtre d’ombres chinoises. C’est un procédé très cinématographique puisqu’il s’agit à la fois d’un plan séquence, d’un travelling et d’un zoom. Le lecteur se retrouve dans la peau du héros , voyeur involontaire et se laisse guider par l’interprétation de ce dernier qui hésite à venir au secours de la jeune fille. On pense bien évidemment à James Stewart dans « Fenêtre sur cour » d’Hitchcock.

De même, comme dans « l’Aimant », le décor est un personnage à part entière et oriente également la lecture. Si l’on peut en effet reconnaître dans la maison de Georges Plyret la villa sur la cascade de Frank lloyd Wright, un architecte qu’affectionne Harari, il ne faudrait pas y voir qu’un simple hommage. Cette villa a aussi inspiré une histoire de « Tif et Tondu » de Will et Rosy , « la villa du Long Cri » où elle devenait le repère de Mister Choc et bien sûr la maison de Van Damm dans « la Mort aux trousses » d’Hitchcock. Ainsi d’emblée, la maison désigne-t-elle celui qui doit être le méchant aux yeux de Léo et du lecteur. Des archétypes se mettent en place dans lesquels le héros est conditionné par ses lectures et sa culture.



La bascule du récit



Mais n’en devient-il pas par là même aveuglé, optant pour une lecture manichéenne du monde et se fiant un peu trop aux apparences ? Seuls deux personnages portent des lunettes de soleil dans l’album : Léo et Rose. Cela pourrait matérialiser la cécité de l’un et la dissimulation de l’autre. Une certaine ambiguïté se crée.

Celle-ci est accentuée par une voix dissonante : celle de la bande-son. Les chansons teintent le récit et servent de guide en en fournissant des clés métaphoriques. Ainsi, « La dernière rose de l’été » ce n’est pas que la chansonnette de Nana Mouskouri, c’est surtout le célèbre poème de l’irlandais Thomas Moore chanté par Nina Simone que va reprendre Rose et qui va littéralement envoûter le héros. Il confère une autre signification au récit : au lieu d’inviter à l’épicurisme, il rappelle l’omniprésence de la mort et la finitude de l’amour… D’autres chansons en apparence anodines servent également de révélateurs (au sens photographique) : le « Toxic » de Britney Spears n’est pas qu’une musique pour boum adolescente mais souligne que l’amour peut être mortifère tout comme « Bang Bang » tandis que « Time of the Season » des Zombies représente la montée du désir mais y oppose une figure paternelle … Ainsi la playlist, loin d’asseoir le réalisme, se mue en indice. Petit à petit les certitudes mises en place se déconstruisent pour le lecteur : Rose n’est finalement pas si ingénue que cela ; le parâtre est-il son beau-père comme elle le prétend ou son père comme elle le laisse involontairement échapper ? Quant au méchant qui a le physique de l’emploi (et qui constitue un hommage au grand-père acteur Clément Harari célèbre second rôle du cinéma) l’est-il vraiment ?

Ainsi, le récit bascule dans le récit d’aventures petit à petit et se nimbe de fantastique. Alors qu’il en semblait si éloigné chromatiquement, il rejoint l’album précédent. Des images presque subliminales surgissent et prennent de cours à la fois Léo et le lecteur. On éprouve une « inquiétante étrangeté » et des petits détails deviennent inquiétants : les deux adolescents disparus étaient de grands bruns, le jeu du loup garou semble plus qu’un simple jeu de rôle, la légende apparaît comme dans « l’Aimant » par le biais des poupées Kachinkas.

On assiste alors à un changement de rythme et à la mise en place d’une atmosphère pesante. Harari supprime la gouttière entre les cases : des nœuds graphiques et des effets labyrinthiques se créent,. L’œil hésite et se perd. Cela suscite l’angoisse. Les noirs s’accentuent aussi. On retrouve un encrage fort à la Charles Burns, les scènes nocturnes se multiplient… Le récit devient hypnotique…



Certains ont critiqué le dénouement de l’album qu’ils trouvent frustrant voire décevant. Il me semble au contraire qu’il clôt parfaitement ce récit d’initiation et d’accès à l’âge adulte d’un adulescent qui apprend à se déprendre de ses influences romanesques … On dit souvent qu’un auteur naît non pas avec son premier livre mais avec son deuxième. Et c’est bien le cas ici ! Il y a décidément une patte Harari. Il joue des codes graphiques de la narration comme de ses nombreuses références culturelles. Son récit est à la fois plurivoque, fascinant, expérimental et d’une incroyable maturité. Une fois encore, il faut souligner le superbe travail éditorial de Sarbacane qui sert le propos en nous proposant un superbe livre-objet : impression grand format sur papier épais et jolie couverture avec dos toilé de couleur rose comme il se doit ! Un immense coup de cœur…

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L'aimant

Les magnifiques thermes de Vals n’en finissent d’aimanter les aficionados de Peter Zumthor. Jeune étudiant en architecture, Pierre part pour la Suisse afin d’y percer son mystère. Là, il aura maille à partir avec les légendes locales et des personnages inquiétants, parfois menaçants. Que se cache-t-il vraiment derrière les hauts murs de pierre de cet établissement de bains ? Pierre va tenter de trouver quelques réponses au péril de sa vie.

La complexité de cette enquête s’exprime par un équilibre réussi entre un dessin géométrique maitrisé et l’usage d’une palette de couleurs réduite à quelques nuances de bleu, de gris et de blanc, réveillés un rouge franc. L’alternance de dessins en pleine et double pages avec des planches composés de cases plus ou moins nombreuses donne au récit une véritable tension et une belle nervosité. Les sommets enneigés, la nuit sombre qui se reflète dans les bassins des thermes composent un décor de choix pour cette énigme.

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L'aimant

Ici, une BD - oh, pardon, un roman graphique - offert par ma fille architecte : un polar qui traite essentiellement d'architecture, tout ce que j'aime. le personnage central de l'intrigue est un bâtiment extraordinaire, construit entre 1993 et 1996 par l'architecte suisse Peter Zumthor (Prix Pritzker 2009) : les thermes de Vals. Je me souviens d'en avoir vu un reportage dans la série "Architectures" d'Arte.

Pierre, un jeune étudiant en architecture qui vient de traverser une crise sévère, est fasciné par cet édifice dont il ne cesse de dessiner les plans. Il se rend sur place et y rencontre un bien inquiétant expert en architecture, Philippe Vaneret (une petite évocation de Jeanneret ???), qui s'intéresse de très près à ses croquis compulsifs.

L'ouvrage est le premier publié par Lucas Harari, à la fois scénariste et dessinateur, et aussi un peu architecte, le frère du réalisateur de cinéma Arthur Harari, dont j'avais apprécié "Diamant noir".

Le style du graphisme est à la fois classique - la ligne claire - et moderne : choix du "gaufrier" réduit à sa plus simple expression, harmonies de couleurs virant du rouge au bleu, utilisation de la lumière et du noir à la manière d'E.P. Jacobs, beauté des paysages de montagne, fantastique du scénario. L'éditeur en a fait aussi un bel objet tiré sur papier mat à fort grammage et à couverture cartonnée.

C'est prenant, mystérieux, déconcertant, bref, une bien belle réalisation pour un premier opus, même si certains critiques trouvent le dessin un peu sommaire ...
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La dernière rose de l'été

Léo, aspirant écrivain, gagne sa vie dans une laverie parisienne du 18ème arrondissement. Il y croise par hasard un cousin, qui lui propose de venir surveiller les travaux dans sa résidence secondaire.

Léo accepte et débarque sur cette île, pour passer un été de tous les dangers, entre enquête sur de mystérieuses disparitions et fréquentation risquée de la jeune Rose qui habite la villa voisine surplombant la plage.

Tout d'abord, quel bel objet : un grand format, un papier épais agréable au toucher. Voilà qui met en valeur les dessins élégants et les couleurs d'ambiance estivale. Le scénario aux inspirations clairement hitchcockiennes est prenant et réussi.
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L'aimant

Lorsqu’il arrive à Vals, en Suisse, Pierre, se plonge dans l’atmosphère étrange des thermes. Cet ancien étudiant en architecture est depuis toujours passionné par le travail du célèbre architecte suisse Peter Zumthor. Devenu aujourd’hui garçon de café, il a souhaité se rendre sur place pour mieux comprendre le travail du génial architecte.



Dans ce village des Grisons posé à flanc de montagne, dans un décor qui surplombe rivière et gorges, l’eau de la source jailli pour alimenter les thermes, au creux d’une roche quartzite très caractéristique. Ce quartz sombre que l’on retrouve ici dans les vignettes représentant les thermes, avec leur aspect aussi minéral que féérique, comme un temple secret dédié à la nature, à la roche, à l’eau. Le tout en impressions de gris, noir, bleu foncé qui donnent un air magique et surréaliste au décor.



Si le cadre est de prime abord inspirant et ressourçant, il devient rapidement fantastique et inquiétant. La lumière naturelle change selon l’heure du jour, et dans cette ambiance surnaturelle tout à fait unique, Pierre va tenter d’en percer le secret, dessinant inlassablement sur ses carnets les murs et le dédale des thermes.



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