AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Lucile Leclair (9)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Hold-up sur la terre

Lucile Leclerc passe par un petit détour historique qui va du Moyen-âge aux années 1950 pour nous montrer, à travers une saga familiale, l’évolution de la paysannerie en France. En quelques centaines d’années, le statut des paysans a changé. Du statut de serf sous le joug d’un seigneur, le paysan est devenu propriétaire de son lopin de terre.

« Le paysan s’est affranchi du propriétaire, en tant que locataire assuré, lorsqu’il n’est pas propriétaire lui-même. Le métier est toujours aussi difficile, il se caractérise par un effort physique soutenu, mais l’indépendance a été obtenue. »

C’est après la seconde guerre mondiale que les avancées sociales sont importantes comme la sécurité sociale, le salaire minimum obligatoire et le droit de vote pour les femmes.



1960 voit la création des SAFER. Ce sont des Sociétés d'aménagement foncier et d'établissement rural qui ont pour mission de permettre à tout porteur de projet viable de s'installer en milieu rural. Mais, hélas, il y a des trous dans la raquette, et de grosses firmes en profitent pour rafler le foncier.

« De plus en plus d’hectares partent dans les mains de sociétés, c’est une dérive complète ».

Malgré de nombreux rapports, et des propositions de modernisation de la politique foncière, rien n’a vraiment bougé.

Les jeunes qui débutent dans le métier ont de plus en plus de mal à trouver des terres face à la puissance financière des grands groupes et les banques, devenues frileuses, refusent les prêts. Pourtant, cette production en série et à grande échelle n’est pas bonne pour la planète. Elle multiplie les transports.

« On estime que le transport mondial est à l’origine de 25% des émissions de carbone. Elles menacent la vie terrestre et maritime en réchauffant l’atmosphère. »

L’identité des régions, la diversité de la production disparaissent au détriment de produits calibrés qui ont perdu toute personnalité. Et l’agriculteur, devenu salarié ou prestataire pour la firme, ne vit pas mieux tout en perdant son indépendance. Alors, où est le progrès ?

« Appauvrissement des sols, pollutions de l’air, danger sanitaire…L’agriculture de firme, c’est aussi une standardisation du vivant. »

Tout cela a un impact dans nos assiettes.

« L’agriculture de firme progresse, représentant une menace pour notre environnement, pour la biodiversité e pour notre assiette. Avec son appétit d’espace démesuré, ce modèle avance sans obstacle…ou presque. »

Heureusement, quelques initiatives locales de mise en commun des terres ou de partage des taches voient le jour, et il y a des refus de céder le foncier aux firmes comme cela s’est produit pour le groupe Auchan. Mais ces initiatives ne sont pas assez nombreuses.

A notre petite échelle, nous avons un rôle à jouer en soutenant les produits locaux et les projets communs d’achat foncier. Mais ce ne sera pas suffisant, et les décideurs politiques doivent agir. Il faudrait redonner leurs lettres de noblesse aux Safer afin que la terre demeure un « espace politique » comme le définit le sociologue et philosophe Henri Lefebvre.



Sur fond de colère paysanne et de réchauffement climatiques, l’agriculture de demain, est une question essentielle qui se pose et cet essai, qui a le mérite d’être clair et bien documenté, nous ouvre les yeux sur le danger de laisser notre agriculture indépendante et de proximité disparaitre au profit de grandes firmes.

Alors, aux bêches citoyens, et défendons nos champs et nos prairies !

Commenter  J’apprécie          754
Hold-up sur la terre

En France aussi, l’accaparement des terres est à l’oeuvre. Après avoir enquêté pendant six mois, Lucile Leclair met en lumière un phénomène souterrain : « l’agriculture de firme » ! Après avoir avalé la transformation des produits agricoles et la distribution, les enseignes de la grande distribution et de l’agroalimentaire, des secteurs pharmaceutique et cosmétique, investissent aujourd’hui dans la production, où elles représenteraient déjà 30% du secteur.

(...)

Ainsi Lucile Leclair contribue à révéler la dynamique de mainmise des firmes sur la production agricole et montre comment l’entraver par le soutien à des projets communs d'achats fonciers et aux produits d'activités indépendantes, par exemple. Une enquête remarquable et nécessaire sur un phénomène largement méconnu.



Article complet sur le blog :
Lien : http://bibliothequefahrenhei..
Commenter  J’apprécie          350
Pandémies, une production industrielle

Si la majorité des virus vient de l'interaction de l'humain avec un animal sauvage dont l'habitat forestier a été dégradé, notre système de production de viandes est un autre facteur important de leur expansion. Des animaux concentrés, identiques, nourris à l'excès et stressés, se transmettent des virus, qui « sautent » parfois aux humains. On parle alors de zoonose. Pourtant, les États n'ont de cesse d'aider l'élevage industriel à se développer et à se renforcer. Lucile Leclair a mené l'enquêté et révèle les dangers sanitaires d'un modèle économique qui ne sert que les intérêts des multinationales.

(...)

En conclusion, Lucile Leclair affirme que le Covid19 et les épisodes précédents ne sont pas des crises, mais « l'effet sans cesse répété d'un système productif qui fabrique des épidémies à la chaînes ». « L'anthropologue italien Roberto Beneduce disait en mai 2020 : “Le seul vaccin efficace, c'est de conserver la mémoire de ce qui vient de se passer.“ Or la plupart du temps, les catastrophes sont vite oubliées afin de laisser indemne la conception que l'on se fait du monde. » le système industriel est à l'unique service de la recherche des profits des firmes, oubliant l'objectif essentiel de « nourrir, bien, la population ». Cette enquête particulièrement exhaustive remonte aux racines de la fabrique des pandémies.



Article (très) complet sur le blog :
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
Commenter  J’apprécie          232
Les néo-paysans

Deux journalistes se proposent de réaliser un reportage qui a du sens, du vrai journalisme auprès de gens qui innovent. Ils parcourent la France à la rencontre des néo-paysans. Les néo-paysans ce sont les urbains, anciens ingénieurs, fonctionnaires, employés au 3x8… Ces gens qui ont tout quitté pour l'agriculture, qui n’avait ni lien de famille avec le monde paysan, ni vie quotidienne à la campagne. L’appel de la paysannerie s’est fait plus fort. Ils se sont battus face aux voisins moqueurs, aux entités agricoles et financières qui ne voyaient pas d’avenir à leurs projets.



Ils se sont lancés en polyculture-polyélevage biologique, en maraichage, la culture du blé et la fabrication de leur pain, la viticulture… Tout ça, la plupart du temps, sans intrants. Des produits sains et une vie saine. Un métier où l’on ne compte pas ses heures, où on gagne moins mais on gagne en qualité de vie. L’impression d’avoir un métier qui a du sens, loin des patrons dont les méthodes de management blessent.



C’est un livre dont les témoignages sont enrichissants et apportent une réflexion intelligente. Ces gens ont tout quitté pour se lancer dans leurs projets. Sans parler de quitter un travail ou un lieu de vie, c’est l’occasion pour chaque personne de se questionner sur les produits du quotidien, de privilégier des circuits courts, des commerces d’agriculteurs (les AMAP) ou de passer du temps dans son propre jardin…

Commenter  J’apprécie          120
Les néo-paysans

Il faut lire ce livre quand on se pose des question du type : Comment sortir d'une certaine servitude volontaire ? Comment vivre mieux avec un peu moins ? Comment se remettre au rythme de la nature ? Retrouver les "vraies richesses" dont parle Jean Giono ... Sans cela on risque de passer à côté des néo-paysans. Anciens ingénieurs, directeur, enseignants, jeunes diplômés... Urbains, que rien ne prédestinaient à devenir paysans, se sont tous dirigés vers la terre pour en vivre.

Ce livre est le produit d'une enquête de terrain de deux jeunes journalistes qui ont fait un tour de France des petites fermes, des nouvelles initiatives agricoles de ceux qui malgré des racines urbaines se sont décidés à relancer une production de proximité, sans intrants chimiques.

L'adage dit que ce sont les petits ruisseaux qui font les grands fleuves, vous rencontrerez dans ce livre des ruisselets tétus, des torrents vigoureux qui vont tous dans la même direction : l'autonomie, la récréation de liens sociaux, l'indépendance. David et Soizic partis avec leur deux enfants sur une île dont ils sont les seuls habitants pour y cultiver des patates, Valère et Emeline qui vont reprendre l'élevage de chèvres de Nono, Peggy ancienne directrice du musée de Coutance qui s'est lancée dans l'arboriculture, Sébastien et Lucile font pousser du safran quant à Guillaume ancien informaticien, il a choisi le maraîchage bio. Paysan-boulanger, éleveurs de brebis en ville, semeurs, cueilleurs... "Les néo-paysans" présente un condensé d'expériences qui démontrent si besoin qu'on peut vivre heureux en sortant des rails de l'économie de masse. Les petits paysans de demain viennent des villes, sont diplômés, ont choisi leur vie. Ça fait envie.
Commenter  J’apprécie          70
Pandémies, une production industrielle

C’est limpide et visible aux yeux de toutes et de tous : ce virus n’est qu’un des révélateurs de nos sociétés radicalement pathogènes. Il imposerait donc des mesures en profondeur visant la nourriture empoisonnée produite à échelle sur-industrielle, la pollution planétaire démente (8 millions de morts par an), les « rythmes » épuisants et déprimants d’un travail contraint et dénué de sens auquel sont astreints la plupart d’entre nous, la destruction de la biodiversité qui fait s’effondrer les barrières d’espèces, l’hypnose marchande qui falsifie nos regards, nos relations, nos désirs… Il n’en est rien : les dominants ont la ferme intention de tout continuer sur le fond, en nous injectant autoritairement et à doses répétées n’importe quoi qui nous pousse à continuer l’infernale production du Mirage.

- Voir la courte synthèse audio de ce vaste biais systémique :

https://www.youtube.com/watch?v=8Vb2qzJ1YPA&t=65s
Lien : https://www.youtube.com/watc..
Commenter  J’apprécie          40
Hold-up sur la terre

Enquête remarquable parue en 2022, très dense et fournie, qui nous éclaire sur « le comment on en est arrivé là ? ». Il est difficile d'en faire une analyse complète. J'ai choisi un angle de vue.

J'ai beaucoup appris et j'ai apprécié comment Lucile Leclair nous présente très clairement la lente évolution du statut du paysan en France ;

Sous l'ancien régime, l'Eglise et les seigneurs dirigent le pays.

A la révolution, en 1789, les bourgeois prennent le pouvoir sur les terres des nobles exilés et investissent dans le foncier en rachetant les biens nationaux. Les paysans et les femmes ont été les oubliés de la Révolution.

En 1848 le droit de vote est accordé aux hommes et tous les paysans.

En 1850, l'industrie connait un formidable essor avec la création de ports, de canaux, des routes et la France change de structure : les bourgeois alors investissent dans l'industrie et abandonnent une partie du foncier agricole ;

A cette époque, les paysans qui sont métayers sont expulsables et ne peuvent pas travailler la terre convenablement ; certains vont trouver le salut dans l'achat de terre libérées.

En 1880, création du Crédit agricole qui sert à accorder des prêts aux paysans, sous le parrainage de Léon Gambetta, président de la chambre des Députés, qui va se battre « pour en finir avec le pouvoir des usuriers » et mettre en place un ministère de l'agriculture, le SNEA

« En faisant chausser aux paysans les sabots de la République », l'affaire de l'agriculture en France devient politique. le paysan peut s'élever au rang des petits propriétaires.

Après la dernière guerre, les avancées sociales sont réelles pour la population : sécurité sociale, salaire minimum obligatoire, droit de vote pour les femmes.

En Bretagne, un paysan résistant François Tanguy-Prigent est nommé par le Général de Gaulle ministre de l'agriculture.

En 1946 adoption d'une loi sur le fermage et le métayage pour que le fermier et le métayer ne soient plus « taillables, corvéables et expulsables à merci. » le peuple à faim et le pays doit produire ; il faut protéger la terre qui ne peut plus être concédée à titre précaire, et le statut des paysans qui doivent pouvoir acheter du matériel et enrichir le sol négligé depuis 6 ans.

Le bail fermier devient d'une durée minimale de 9 ans, reconductible automatiquement, avec le prix encadré par la loi selon les tarifs en vigueur et contrôlé par le tribunal des baux : les nouveaux statuts du fermier et du métayer limitent la toute puissance des propriétaires.

Le renouveau de la France doit passer cette étape décisive qui donne le pouvoir à celui qui travaille et qui nourrit le pays, et non pas celui qui possède.

Edgard Pisani alors ministre va créer la SAFER en 1960. Elle sera alimentée par des subventions de l'Etat. Elle sera arbitre dans la répartition des terres aux paysans. Mais en 2017, l'Etat se désengage. 2% du budget viendra de la région et 90% viendra des commissions qu'elle touche sur les ventes de terres. Elle est contrainte à se limiter à un rôle « d'agent immobilier ». On assiste alors à un démantèlement progressif des outils de régulation en France par le détournement de son rôle.

(Les paysans reprochent à la Safer de prendre des décisions à huis-clos, ils souhaiteraient avoir un droit de regard sur « le projet de leur futur voisin agriculteur ou de la firme qui veut s'installer à côté de chez eux.)

Et en 1962, l'avènement de la PAC va bouleverser l'organisation du monde agricole, européen et mondial.

Partant de là, Lucile Leclair nous montre comment la caste des bourgeois, « les cols blancs », va manoeuvrer pour récupérer les terres mises à disposition de ceux qui étaient chargés de la travailler.

En tout premier lieu, « embobiner » la SAFER, lui lier les poings pour l'empêcher de mettre son véto sur la préemption des terres ou de s'opposer à une vente ;

De fait, les fermes vont pouvoir être rachetées non plus par des agriculteurs mais par de grandes firmes uniquement tournées vers le commerce pour faire fructifier leurs affaires sur un plan national et international. Depuis les années 2010, la terre française est détournée de l'objectif de 1946 et l'agriculture passe au pouvoir des firmes qui vont oeuvrer pour une agriculture sans paysans, uniquement des prestataires de travaux ou des ouvriers agricoles, plus faciles à manipuler. Les terres seront massacrées à force d'engrais et de pesticides qui tuent les agriculteurs et leurs cheptels avec la crise de la vache folle en 1990.

Cette concentration de foncier entraine la flambée des prix à l'Ha : les jeunes générations ne peuvent reprendre les terres des anciens pour s'installer, les banques ne prêtent plus, l'Etat se désengage, les multinationales font main-basse sur les terres et même deux entreprises et des particuliers chinois ont acheté 1700 hectares de terres agricoles dans l'Indre en 2016 et 900 hectares dans l'Allier, à l'insu de tous en France ;

Comme l'écrit Camille Guillou dans « les saigneurs de la terre » : « le paysan était un serf. La Révolution l'a libéré. le "progrès" l'a ramené à sa condition première. Vive le progrès ! ».

Les agriculteurs sont redevenus les esclaves des cols blancs de l'agro-industrie et de la grande distribution ;

Commenter  J’apprécie          20
Hold-up sur la terre

Un livre prêté par un administrateur de l'association pour laquelle je travaille Le Germoir. Un essai sur la main mise des champs, des terres et des exploitations par les firmes et les grands groupes. Tous les groupes et tous les produits sont concernés : vin,riz,parfum,viande,légumes....Des groupes comme Chanel, Auchan, Labeyrie,Fleury Michon...Ces groupes rachètent les exploitations et les terres et deviennent les plus grandes fermes de France avec des superficies importantes. Ceci a plusieurs conséquences : le foncier atteint des prix qui n'ont plus rien à voir avec l'agriculture, créant des agriculteurs sans terre qui ne peuvent ni l'acquérir ni la louer. Une catastrophe aussi écologique car la gestion de la terre est faite en dépit du bon sens : appauvrissement des sols, pollution d l'air, standardisation du vivant, disparition des saveurs. Mais des solutions pour contrecarrer cette expansion existent : création de coopératives, une épargne citoyenne pour donner accès à la terre, des fondations. Une enquête très intéressante. A lire si on veut comprendre le fait que certains agriculteurs n'aient pas accès au foncier.
Commenter  J’apprécie          10
Les néo-paysans

un livre pour savoir qui sont ces néo paysans, un livre qui fait un bien fou, un livre à lire sans modération
Commenter  J’apprécie          10


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Lucile Leclair (64)Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz Star Wars

Comment s’appelle la mère d’Anakin

Sabé
Shmi
Leia
Jobal

10 questions
11 lecteurs ont répondu
Thème : George LucasCréer un quiz sur cet auteur

{* *}