Marc Giraud

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les zootechniciens ont convaincu le monde paysan de se « moderniser ». Ils promettaient aux éleveurs de faire évoluer leur image de « bouseux » e, retard sur le reste de la société, qui devenait lourde à supporter, vers celle d’industriels de pointe. Les conséquences ont été dramatiques. À lui seul, le « protecteur d’ouïe avec radio FM » (destiné à ne pas entendre les cris de porcelets que l’on castre sans anesthésie, et à qui l’on coupe les queues ou les dents) donne une idée de l’ambiance…

Oui ce livre est une merveille. Chacun y trouvera matière à rêver, observer, apprendre, regarder.

Les moeurs étranges de la pie-grièche. Oiseau typique des campagnes aux haies préservées, la pie-grièche écorcheur est le serial killer du bocage. Ce migrateur chasse des proies diverses, des insectes essentiellement, des lézards, des grenouilles, de petits oiseaux et des rongeurs. La pie-grièche utilise les épines naturelles et artificielles pour y accrocher ses victimes dans des endroits appelés "lardoirs". Ce sont vraisemblablement des réserves alimentaires, ils pourraient aussi servir d'offrandes nuptiales.

Le bonheur est dans le pré.
Animaux sociaux, les bovins communiquent entre eux. Dans la nature, comme il est dangereux d'attirer l'attention des prédateurs en faisant du bruit, ils se parlent en grande partie avec des gestes. La position du corps et de la tête exprime la dominance ou la soumission, l'alerte ou l'agressivité. Dans le troupeau, il y a une femelle dominante, devant laquelle toutes s'effacent, mais aussi une meneuse. C'est cette dernière qui prend les décisions, telles que se lever ou changer de direction. Sensibles et intelligentes, les vaches méritent mieux que d'être considérées comme des fabriques de lait ou des steaks sur pattes...

C’est parmi ces oiseaux que l’on découvre ces phénomènes capables de chanter à deux voix, tel le manchot empereur – qui a beaucoup été étudié –, et plus près de nous le goéland railleur.

Sans chercher à définir avec exactitude des termes parfois complexes, disons une chose très simple : tous les goûts, toutes les mœurs sont dans la nature ; du poisson qui change de sexe à l'oiseau homo, en passant par les genres intermédiaires, ni masculin ni féminin. La nature n'a que faire de nos principes moralisateurs, et nous montre un joyeux éventail des possibilités amoureuses.

Il faut croire que l'aventure du sexe a des avantages, car elle s'est largement répandue dans le monde vivant, y compris chez les végétaux. D'ailleurs nous en sommes toujours là et, en bons eucaryotes, les humains ne sont pas plus originaux que les tulipes, les mouches ou les baleines. En tout, 95 % des espèces actuelles se reproduisent grâce à la sexualité !

De tous les félins, le puma a, proportionnellement, les pattes arrière les plus longues par rapport aux pattes avant. Elles lui permettent de faire des bonds de kangourou : sans élan, il peut sauter à 7 m de haut ou sur 12 m de long !

Il voit avec les cornes : ses grands tentacules servent à sa vue (qui est très floue), ses petits à l’odorat. L’escargot boit par la peau, il pond par la tête, il n’a qu’une narine placée près de son anus : son anatomie est déroutante.

Le troglodyte mignon

"C'est une boule d'énergie, qui construit plusieurs nids avant de laisser à sa compagne le choix du meilleur. Ce qui ne l'empêche pas de conduire quelquefois une autre femelle vers les nids non utilisés...
[...] volontiers caché dans les buissons, il vole peu à découvert, et passe rapidement, assez près du sol, d'une cachette à une autre. Une vraie souris volante."

« On peut espérer que lorsqu’ils seront les maîtres du monde, les insectes se souviendront avec reconnaissance que nous les avons bien nourris »
Colette

Couvert de rosée, ce bombyle en quiescence s'envolera avec la chaleur du soleil. La quiescence intervient généralement lorsque les conditions météo sont momentanément défavorables (quelle que soit la saison) et qu'il est utile de préserver ses forces, le temps que la chaleur revienne ou que le vent s'estompe. (73)

Les larves des moustiques jouent un rôle positif peu connu : chacune filtre 2 litres d'eau par jour. Ces milliards d'insectes représentent donc une irremplaçable station de bioépuration des eaux stagnantes. (199)

Frimez en société : Nous sommes dans la merde jusqu'au cou, c'est pourquoi nous marchons la tête haute.
Dario Fo, homme de théâtre italien , prix Nobel 1997.

« La transmutation des espèces (…) se fonde sur trois notions complémentaires :
1. Les organismes vivants présentent des variations, dont une partie se transmet à leurs descendants ;
2. Les êtres vivants produisent plus de descendants qu'il ne peut en survivre, car les capacités de l'environnement sont limitées ;
3. Les individus porteurs de variations favorables survivent et se reproduisent. Leurs caractères favorables se répandent dans la population... »

« En visitant les derniers grands espaces sauvages de la planète, le touriste venu des pays industriels, déshabitué à l'observation d'une nature en état de marche, a un choc : un peu partout, il voit des traces de la mort. Des crânes de gnou jonchent la savane africaine ; en Inde, des vautours nettoient des carcasses de vaches (…) notre touriste fait une autre constatation : les animaux morts disparaissent vite. »

On n'entre pas dans une forêt comme on irait n'importe où : c'est un moment vivant, qui inspire le respect. Chacun de ses arbres semble sacré. Lien visible entre les forces cosmiques et les énergies souterraines, chacun raconte une histoire et mérite un moment de contemplation. Chacune des bestioles qui y mènes son obscure existence mérite elle aussi un instant attentif. Si nous savons ouvrir nos sens, tout nous parle. En prendre conscience révèle la forêt comme un chef-d’œuvre vibrant de vie, une formidable symphonie sauvage de sons, de parfums et de couleurs, où chacun joue sa partition.

En détruisant la nature, nous détruisons les hauts lieux de notre imaginaire et de nos émotions. En détruisant la nature, nous saccageons les sources de notre air, de notre eau, de notre nourriture et de nos médicaments. En détruisant la nature, nous coupons une par une les branches de l'évolution.

Les crustacés communiquent beaucoup par signaux chimiques, notamment via le liquide que femelles et mâles expulsent par des orifices qu'ils ont autour des appendices oculaires ou sur les antennes : ils draguent en faisant pipi par les yeux !

L'humain reconnaît son chien à la vue, le chien reconnaît son humain au flair.