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Critiques de Marie-Aude Murail (2719)
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Lire est le propre de l'homme

Je souhaiterais partager avec vous une belle expérience....

Je me promenais près du parc de Bois-Préau, à Rueil-Malmaison.... une cabine téléphonique a attiré mon attention. En fait, c'était une petite bibliothèque qui avait la forme d'une cabine téléphonique... Chacun peut emprunter, lire, rendre, échanger les livre mis à la disposition de tous....

Etonnée, je me suis arrêtée, j'ai ouvert la porte, et j'ai découvert un petit stock de romans, d'ouvrages de toutes sortes, en français, anglais (il y avait même quelques livres en grec) qui attendaient qu'on les libère de cette cabine....

N'écoutant que mon courage livresque, j'ai donc libéré deux livres, dont Lire est le propre de l'homme, témoignages et réflexions de cinquante auteurs de livres pour l'enfance et la jeunesse.

Une bonne action.... un minuscule ouvrage qui force le respect.

Susie Morgenstern, Brigitte Smadja, Marie-Aude Murail, Marie Desplechin, écrivains, dessinateurs, se sont regroupés autour de ce projet qui consiste à décrire notre rapport au livre... lecture, bibliothèque, livre, nous retrouvons tout ce que nous aimons, tous nos mots magiques...

Il s'agit d'une édition hors commerce (gratuite) que l'on peut se procurer sur le site de l'école des loisirs.

J'aimerais terminer cette critique qui n'en est pas vraiment une en vous proposant cette réflexion de Michel van Zeveren : "Il suffit que je ferme les yeux pour revoir certaines images de la Bête est morte ! de Calvo, ou des Hauts de Hurlevent, d'Emily Brontë, pour n'en citer que deux.

Tous ces livres, ils habitent avec moi, chez moi. Dans ma maison comme dans ma tête. Cet imaginaire est comme un jardin dans lequel j'aime me retrouver. Un jardin un peu sauvage, aux contours indéfinissables, avec encore plein de coins à explorer. C'est là que se ressource mon imagination. C'est là que je me fais des images et que je me raconte des histoires. C'est un plaisir infini...."



Je vous souhaite d'avoir comme moi la chance de rencontrer un jour d'été, au hasard d'une promenade, une cabine téléphonique si joliment modifiée.....









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22 !

En l'an 1720, le grand-duc Nikolaï, devient père d'un petit Ivan : "un bébé tout petit riquiqui [...], on craignit même pour sa vie".

Vladimir, un jeune étudiant rêvant de devenir écrivain, compose, un soir d'ivresse, quelques vers sur le fils du duc et ce poème devient vite une chanson populaire. Nikolaï le tyran, n'ayant aucun sens d'humour et croyant qu'on se moque d'Ivan, prend alors une vilaine décision qui va non seulement chambouler le franc-parler de tout un peuple, mais aussi susciter méfiance et crainte générales.

Parce que le grand-duc interdit dorénavant tous les mots contenant la lettre V ; chaque citoyen risque une amende...voir, d'avoir la langue coupée !



Ladimir, après s'être futilement essayé au métier de "correcteur de la chose écrite" (gagne-pain consistant à supprimer la 22ème lettre de l'alphabet dans tous les bouquins), se réfugie dans la campagne, où fort heureusement il rencontre la femme de ses songes...ensemble ils auront une jolie fille prénommée ....... (Zut, je ne peux pas l'écrire, ce petit nom à très grosse amende !)

Mais, croyez-moi, cette demoiselle n'est pas "tombée sur la bouche" et on peux craindre pour sa langue bien pendue !



On peut s'amuser avec ce court roman pour petits (et grands) lecteurs à partir de 7-8 ans, à chercher des synonymes de mots contenant des V...on se rend compte alors qu'on emploie cette consonne fréquemment.

C'est également un petit conte sur l'autorité abusive avec ses directives absurdes...

L'écriture dans laquelle transparaît l'humour ironique reste résolument optimiste et les illustrations nettes, détaillées, à l'encre de chine d'Yvan Pommaux, enrichissent agréablement le texte.



P.s. J'ai reçu à l'instant, un P.E. (Procès Erbal) du ministère de la Répression du V, me sommant de m'acquitter d'une amende de 1100 sous parce que j'ai osé utiliser la lettre interdite 22x dans le tapuscrit ci-dessus ! J'ai trente jours pour payer, sinon j'aurai la langue coupée !
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Maïté coiffure

Louis n’aime pas l’école. Alors le jour où il apprend qu’il doit faire un stage et que sa grand-mère annonce que sa coiffeuse prend des apprentis, il accepte. Sa réticence disparaît rapidement et il se prend au jeu : la coiffure, il aime ça. Entre madame Maïté, coincée dans un fauteuil derrière son comptoir, Fifi, dont les rêves ont été brisés trop tôt, Clara, pour qui violence rime avec conjugal et quotidien, et Garance, qui, à seize ans, a échoué sur le bord de son existence, il découvre le bonheur des amitiés sincères et du travail manuel : c’est la naissance d’une vocation. Pourtant, son père imagine un autre avenir pour lui. Alors, à coups de ciseaux, Louis se taille son propre chemin, à la hauteur de ses ambitions, et la semaine devient une vie.



C’est bien connu, tous les coiffeurs sont homosexuels. Le travail manuel nous apprend une chose : qu’il faut continuer nos études. Être boulangère, ce n’est pas une honte mais on n’est pas obligé de le dire pour autant. Ça va pour les autres, mais nous, nous valons mieux… Avec humour et tendresse Marie-Aude Murail déconstruit cliché après cliché, page après page. C’est réjouissant. Tous les moyens sont bons car tout est permis : les rêves sont faits pour être réalisés.



Il est toujours impressionnant de voir comment cette auteure parvient à animer ses romans d’une part de magie ordinaire : elle fait fi du plausible, n’impose pas de barrières à ses personnages ; sous sa plume, ils se réalisent toujours. Et pourtant, leurs histoires sont terribles : la mort, la maladie, la violence, rien ne leur est épargné. C’est un tour de force et je ne comprends toujours pas comment elle parvient à insuffler de l’espoir dans la tristesse, de la joie dans l’horreur, des sourires sur nos lèvres et des rires dans nos gorges, en dépit de tout bon sens. Tourner le dos au réalisme permet parfois de mieux regarder la vérité en face : et en avant pour le principe de plaisir !
Lien : http://auxlivresdemesruches...
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Sauveur & fils, tome 1

Illustrant l'adage 'Les cordonniers sont les plus mal chaussés', le psychologue Sauveur Saint-Yves est plus doué dans son rôle de thérapeute que dans celui de père. Il éduque seul son petit garçon de huit ans, c'est un papa formidable, mais quand même, parfois, ses comportements sont discutables et son manque de clairvoyance peut surprendre...



Encore un livre que j'ai failli bouder à cause d'une photo neuneu de bestiole façon 'calendrier PTT' sur la couverture.

C'eut été dommage ! Il me semble que j'ai autant savouré ce roman que mon préféré de l'auteur à ce jour, 'Oh boy !'.

Beaucoup de finesse, de tendresse, d'humour pour parler de sujets graves : le mal-être des adultes, des enfants, des adolescents - avec des symptômes très actuels tels que la phobie scolaire, l'auto-mutilation, l'addiction aux jeux vidéos...

A travers les voix des patients qui défilent dans le cabinet de Sauveur et les réflexions de ce psy au grand coeur, Marie-Aude Murail évoque avec brio les difficultés à vivre sereinement en couple et en famille, les mésententes parentales et les non-dits qui forment un terrain fertile pour les pathologies de l'enfant et de l'ado (et qui laisseront des cicatrices sur l'adulte, voire sur les générations suivantes).

Dit comme ça, ça peut sembler effrayant, mais cette auteur talentueuse nous installe dans un univers douillet peuplé de personnages attachants, qui nous font passer par toutes sortes d'émotions, tout en nous invitant à cogiter sur nos propres difficultés.



L'histoire ne s'arrête pas là, la série compte trois opus à ce jour. Je coupe avec un roman policier et j'attaque le deuxième volet (malgré la couverture du même style !). ♥
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Souviens-toi de septembre ! Tome 2

Nous avions adoré Angie !, nous nous sommes RÉGALÉS avec ce deuxième tome. Quel bonheur de retrouver ces personnages qu’on a l’impression de connaître ! À commencer par la fine équipe formée par Augustin, Angie et l’épatante Capitaine, et tous les autres personnages dont nous serions bien en peine de désigner notre favori. Retrouvailles ravies, également avec le décor havrais où on lit Paris Normandie et croise Edouard Philippe ; les dialogues réjouissants (si vous ne connaissez pas le téléphone cauchois, vous savez ce qu’il vous reste à faire) ; l’art de rebondir avec une grand justesse sur l’actualité pour composer une intrigue tirée au cordeau : le contexte de la pandémie sert par exemple le récit en permettant à Angie de profiter de la panique générale pour se faire officieusement embaucher comme stagiaire au commissariat plutôt que de banalement passer ses journées au collège. Mais il ne s’agit pas que du présent puisque l’intrigue se noue un 5 septembre 1944 qui marque l’histoire du Havre d’un sceau terrible, celui du bombardement de la ville par les alliés anglais…



« – Cet homme est mort. Tout semble indiquer qu’il a été assassiné. Il se trouve dans une pièce fermée dans laquelle personne n’a pu ni entrer ni sortir.

– Comment on en est sûr ? demande Angie.

– Porte fermée à clé de l’intérieur, barreaux à la fenêtre, concierge qui surveille les allées et venues, aucune trace de pas alors qu’il a plu, tout ce que tu voudras. Je te répète qu’il est impossible d’entrer ou de sortir par les issues conventionnelles. Pourtant, quelqu’un l’a fait. Je te donne trente secondes pour trouver une solution. »



Cette intrigue d’autant plus captivante qu’elle est complexe, avec ce qu’il faut de fausses pistes, de dissimulations et d’indices éparpillés, offre une merveilleuse initiation au genre policier. Plus encore que le tome précédent, celui-ci joue des codes du genre, multiplie les clins d’œil et nous entraîne dans un manoir digne d’un roman d’Agatha Christie – qui inspire d’ailleurs nos enquêteurs préférés. À coup sûr de quoi donner envie aux jeunes lecteur.ice.s de découvrir les textes de la reine du crime, mais aussi ceux de Connan Doyle, de Gaston Leroux ou de Maurice Leblanc. Même le prêtre n’est pas exempt de soupçons !



Tout cela est pimenté d’humour et porté par une plume énergique, vivante et très visuelle. En trame de fond de l’enquête, les personnages continuent de s’étoffer et de nous intriguer, leurs relations d’évoluer. Autant vous dire que l’impatience est grande de pouvoir découvrir le troisième et dernier tome… Impatience doublée d’émotion au souvenir de Lorris Murail, disparu au mois d’août. L’urgence ressentie par sa sœur Marie-Aude Murail d’écrire ensemble et leur énergie créative commune jusque dans les derniers instants de Lorris forcent l’admiration. Leur roman déborde de vie.



PS : Effets secondaires (vous ne pourrez pas dire que je ne vous ai pas mis en garde) : rap en boucle sur le thème « Le Havre, c’est chaud, Le Havre c’est Chicago. »
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Miss Charity

Cette fabuleuse lecture à voix haute nous a tant transportés en ces journées de confinement, nous faisant voyager dans le temps et côtoyer une galerie de personnages tous plus vivants les uns que les autres, qu’au moment de tourner la 563ème et dernière page, les larmes n’étaient pas loin…



Charity est une petite fille pleine d’imagination et de curiosité, qui scrute le monde à la recherche d’un sens et de réponses aux milles questions qu’elle se pose… Comme beaucoup d'enfants, me direz-vous ? Oui, mais Miss Charity grandit dans une Angleterre victorienne corsetée où il est attendu que les jeunes filles se distinguent avant tout par... leur discrétion. Fille unique délaissée par ses parents, Charity est bien seule dans sa nursery et trompe son ennui comme elle le peut, élevant toute une ménagerie de souris, hérissons et autres corbeaux, lisant tout ce qui lui tombe sous la main, peignant à l’aquarelle et imaginant toutes sortes d'expériences… Mais quelle place peut-on trouver à cette époque en tant que femme – et qui plus est, née dans une famille de rentiers où « gagner sa vie » est honni ? Son horizon se résume-t-il, comme chacun semble le lui suggérer, à faire un « bon mariage » ou quelque chose de vraiment intéressant va-t-il enfin lui arriver ?



Avec une lucidité délicieusement mêlée d’ironie (qui nous a agréablement rappelé celle de Calpurnia Tate, protagoniste d'un roman paru en même temps que celui-ci), c’est une véritable fresque de l’Angleterre victorienne que brosse Charity – ses fiacres, ses puddings, ses drames shakespeariens, ses manoirs poussiéreux et sa verte campagne, le clivage immense entre les bas-fonds de Londres et la haute société engluée dans ses conventions et son puritanisme. Une société pourtant travaillée par des révolutions scientifiques, littéraires et politiques qui rendent ce décor fascinant. À cet égard, j’ai été ravie de le découvrir à voix haute, ce qui a permis ici ou là de faire utilement les sous-titres sur les travaux de Darwin, les mésaventures d’Oscar Wilde ou les idées socialistes. Mes garçons ont été stupéfaits de découvrir certaines normes sociales de la fin du 19ème siècle.



Mais avant tout, ils se sont passionnés pour le destin incroyable de Charity ! Son audace et sa soif d'indépendance donnent lieu à des scènes réjouissantes qui nous ont fait souvent rire. Évidemment, nous sommes tombés sous le charme de ses animaux qui sont tous plus attachants et drôles les uns que les autres. On pleure, aussi, de la dureté de cette époque et de la solitude de celle qui est en avance sur son temps, si mal comprise et peu aimée par ses parents. Ces épreuves ne rendent que plus précieuses les amitiés si importantes pour trouver le courage de sortir des sentiers battus…



Toute cette histoire est racontée avec brio par Marie-Aude Murail, d’une belle plume à la fois fluide et cultivant un petit charme suranné qui contribue à la mise en scène (cela faisait longtemps que je n’avais pas autant croisé l’imparfait du subjonctif !). La lecture des dialogues donne l’impression de plonger dans une pièce de théâtre et ils n’en sont que plus percutants. Les sublimes aquarelles de Philippe Dumas apportent la touche finale : on s’y croirait !



Une lecture inoubliable que nous avons envie de prolonger de multiples manières. Les garçons ont maintenant très envie de découvrir Shakespeare, ce que nous ne ferons peut-être pas tout de suite. En revanche, nous allons rester un peu dans l’Angleterre de Miss Charity en découvrant Le fantôme de Canterville, d’Oscar Wilde, Dr Jekyll et Mr Hyde, de Robert Louis Stevenson et Oliver Twist, de Charles Dickens. Et évidemment, nous allons nous pencher sur la biographie et les albums de Beatrix Potter, qui a manifestement inspiré à Marie-Aude Murail le personnage de Charity.
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Oh, boy !

Oh, boy ! a tout aussi bien la douceur d'un bon Gavalda que l'âpreté d'un Virginie Despentes. le tout empaqueté avec une bonne dose d'humour et étiqueté '"jeunesse".



On y retrouve des thèmes chers à Marie-Aude Murail : des enfants sans parents, plutôt mal partis dans la vie mais singulièrement doués, la maladie, le droit à la différence.



C'est un roman qui se lit d'une traite, qui peut vous donner le cafard comme vous remonter le moral mais une fois la dernière page tournée, c'est plutôt un sentiment de confiance et d'espoir qui persiste.



Bref, un excellent roman jeunesse que je recommande vivement aux collégiens.

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Oh, boy !

Quand j’ai acheté ce livre estampillé “école des loisirs”, mon libraire m’a simplement dit : “Un classique !” . Arrivée à la maison, j’ai regardé le © et quand j’ai vu 2000, j’ai pensé :”Un peu jeune pour un classique” ! Mais j’ai plongé dedans la tête la première et n’ai pas pu le lâcher avant la fin. Mon premier coup de coeur de l’année et c’est un livre Jeunesse ! (Médium de la catégorie). En plus, un livre qui offre une citation de Romain Gary en entrée, ne pouvait que me plaire : “L”humour est une déclaration de dignité, une affirmation de la supériorité de l’homme sur ce qui lui arrive”.



Les trois enfants Morlevent (j’adore ce nom !) ne sont pas nés avec une bonne fée penchée sur leur berceau : le père est parti et l’on sait dès le départ qu’il ne reviendra plus, la mère vient de se suicider au “Canard Vécé”… Siméon, 14 ans et surdoué planche pour passer son bac, Morgane, 8 ans, pas jolie, les oreilles décollées et qui est “la moitié de son frère” et enfin Venise, 5 ans, la petite poupée blonde, jolie comme un coeur que tout le monde aime et souhaiterait pour fille (ce qui est dangereux pour la suite).



En effet, malgré l’abattement, Siméon prend les choses en main et va suivre de près leur dossier confié à une sympathique mais jeune assistante sociale et à une Juge des Tutelles, fondue de chocolat et bienveillante. Ils vont découvrir que deux autres “Morlevent” existent en ce monde, deux personnes que tout oppose mais qui sont leur seule chance d’échapper à la famille d’accueil et surtout à l’éclatement de leur fratrie : ils ont fait un “jurement” quand ils ont été placés en foyer d’accueil temporairement : “Les Morlevent ou la mort” ! Josiane Morlevent, ophtalmologiste bourgeoise bécébégé, 37 ans, mariée mais en mal d’enfant se révèle être la demi-soeur (pas par le sang mais qu’importe) des enfants avec Bart, 27 ans, homosexuel, irrésistible, irresponsable souvent mais très très gay pour prétendre obtenir cette tutelle. Le combat commence…. pas seulement celui-ci. Siméon a une leucémie, et c’est à l’hôpital entre les mains du beau Docteur Nicolas Mauvoisin que son sort va se jouer. En sachant que Josiane et Bart se haïssent ! Que Bart, dépassé par l’arrivée de ces trois mômes dans sa vie, égoïste mais non moins attachant ne sait dire que : “Oh, Boy !”… quand la situation est critique.



L’histoire accumule les sujets difficiles à traiter tels que : le suicide, l’homosexualité, la vie des enfants en foyer, la solitude, la maladie, les femmes battues. Mais Marie-Aude Murail fait preuve d’un talent incroyable pour rendre crédible cette avalanche de “pas-d’-bol” sans verser un seul instant dans la sucrerie ! Le ton est juste, l’écriture ciselée sans temps morts, saupoudrée d’un humour qui transcende le(s) drame(s).



Pas facile pourtant quand l’enfance se heurte à la dureté des problèmes normalement réservés aux adultes, comment garder un ton d’innocente insouciance ? En restant vrai. En n’en faisant ni trop, ni trop peu. On peut se sortir de tout mais pas indemnes et chacun des protagonistes de l’histoire va en retirer une leçon. Et pour nous lecteurs une belle leçon d’humanité, de justice, pas seulement sociale… Et surtout un moment de lecture suspendu dans le temps, rien ne peut nous faire lâcher ce livre jusqu’à l’épilogue !



J’ai aimé aussi le saut du Chapitre treize “(pour ne pas porter malheur à Siméon)”, les noms de famille ou les prénoms qui ont une juste connotation. Et le clin d’oeil à Nicolas et Bart de la célèbre chanson (j’en avais parlé ICI)… le français impeccable, pas une faute de relevée (c’est assez rare pour mériter d’être souligné). Extrait des pensées de Josiane, la soeur jalouse, coincée et prétentieuse qui veut toujours avoir le dernier mot : ” Incroyables, ces psychologues ! Ils inventent des problèmes où il n’y en a pas et, quand on leur signale un type qui porte une boucle d’oreille, qui marche en chaloupant, qui offre des poupées mâles aux petites filles et se promène nu devant elles, eh bien, ils ne voient pas où est le problème.”



Je n’ai qu’un mot pour conclure : Lisez-le ! 207 pages de pur bonheur !
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3000 façons de dire je t'aime

Les romans ados de Marie-Aude Murail, ça me fait du bien, ça m’apporte la petite dose de tendresse sans niaiserie dont j’ai besoin quand commencent les jours gris. J’ai donc plongé avec bonheur dans cette histoire d’amitié et d’amour à trois, et de passion pour le théâtre, dans ce trio hétéroclite et attachant autour duquel virevoltent moult citations de textes théâtraux ou poétiques.

« - Vous existez souvent?

- Oh non, j’ai autre chose à faire ! »

Même si Chloé, entre la prépa et le conservatoire d’art dramatique, est débordée, ce roman d’apprentissage amène nos trois ados en quête d’identité à se construire à travers la force et aussi les ambiguïtés et complexités de leur relation triangulaire, et à travers le travail et la magie de l’interprétation théâtrale, ou de la lecture de textes qui bouleversent.

Sans oublier une autre relation forte et déterminante pour Neville en particulier, avec leur vieux professeur de théâtre, bourru, mais très investi.



Une fois de plus, j’ai trouvé que l’écriture et l’univers de Marie-Aude avait une grâce, un charme, qui me séduisent beaucoup. Certainement pas le dernier livre que je lirai de l’auteur.
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En nous beaucoup d'hommes respirent

« Mes parents ont eu quatre enfants artistes, trois écrivains et un compositeur de musique, quatre enfants qui ont suivi le chemin de Raoul. Il arrive que des êtres morts dans la fleur de l'âge donnent beaucoup de fruits. J'aime à penser, j'aime à dire que Raoul est de ceux-ci. »



J’ai pris beaucoup de plaisir à feuilleter avec Marie-Aude Murail son album de famille. Une famille pas tout à fait comme les autres, à la fibre artistique très développée et surtout une fratrie étonnante, la sienne, qui compte trois auteurs et un compositeur.



De la famille Murail, j’ai d’abord « rencontré » Lorris avec Douze ans, sept mois et onze jours puis Marie-Aude avec la série des Sauveurs & fils, je me suis bien rattrapé depuis avec Oh, boy ! La Dame qui tue, sa bio de Charles Dickens et ce n’est pas fini ; me reste encore à découvrir Elvire qui publie sous le pseudonyme de Moka.



L’ouvrage, illustré de nombreuses photos, est le fruit de la découverte de la correspondance et des archives familiales puis sa maturation plusieurs années avant de se résoudre à le publier.



La correspondance de ses ascendants m’a souvent étonné par sa richesse et sa qualité. Une famille de lettrés sur plusieurs générations qui interroge forcément sur ce qu’il restera aux générations futures à l’heure d’internet.



En nous beaucoup d’hommes respirent est à la fois un portrait de femme, à la fois une fresque familiale où transparait à chaque page l’importance de la transmission au niveau de la culture comme de la lecture et évidement, l’importance de l’écrit.



Marie-Aude Murail a un ton qui me parle dans ce récit adulte comme dans ses livres destinés à la jeunesse. Je me demande souvent comment et pourquoi je ne l’ai pas découverte plus tôt.



Enfin, quelle ne fut pas ma stupéfaction et mon amusement en découvrant qu’elle avait passé du temps à Cozes, pas très loin de chez moi, et même à Courcoury, petit village de Saintonge où je passais mes étés, gamin, dans les années 80. « Courcoury-Les-Oies » comme on disait chez moi pour taquiner la famille qui y vivait !



Après ça, aucun doute pour moi, Marie-Aude Murail et moi, nos chemins devaient forcément se croiser...




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Sauveur & fils, tome 1

Avec un tel prénom, Sauveur n’avait pas d’autre choix que de consacrer sa vie à essayer de soulager ses contemporains. Sauveur Saint-Yves a donc quitté sa Martinique natale pour devenir psychologue, le docteur des âmes. Autant dire qu’il ne s’ennuie pas, tant nos contemporains qui furent un temps muets à la seule idée d’avoir affaire à quelqu’un qui pouvait lire en eux comme dans un livre ouvert , ne se lassent pas à présent de s’épancher sur fauteuils et divans dédiés.



Il y en a un que ça intéresse particulièrement ces histoires de secrets de famille, de mal-être d’ado, de pipi au lit ou de couples abimés : c’est le petit Lazare, en planque derrière une porte entre-ouverte, et qui suit les intrigues familiales comme un feuilleton à rebondissements!



Ça ressemble à une série télé, française, dans le rythme et le sujet, d’ailleurs la suite est déclinée en saison.



Ça se parcourt de la même façon, sans déplaisir, sans passion non plus, alors saison 2, peut-être, pourquoi pas à l’occasion.
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À l'hôtel du pourquoi-pas ? Tome 3

Ni Angie, ni les page-turners de la célèbre Cornelia Finch ne parviennent à distraire le capitaine Maupetit. Sur la touche pour avoir franchi quelques lignes rouges dans le tome précédent, il est en manque d'enquête. Et puis son coeur balance entre deux femmes. Sans compter qu'il s'interroge sur ses origines. Alors quand il est sollicité pour rejoindre un bureau spécialisé dans les cold cases, Augustin n'hésite pas. Et voilà qu'il tombe sur une vieille affaire d'enlèvement en tout point similaire à celle de l'intrigue de sa lecture du moment ! Angie et Rose-May, quant à elles, lancent leur Chaîne du Crime sur Youtube et mènent l'enquête sur le tueur en série qui sévit dans la région, sans imaginer que ce dernier pourrait rôder sur Internet…



Nous aurons lu cette série à voix haute de bout en bout, soit quelques 1200 pages. Nous avons l'impression de connaître les personnages depuis toujours. Ce troisième tome en particulier est un grand coup de coeur. Mon moussaillon affirme d'ailleurs avoir consulté le pendule de Tante Thérèse qui est formel : IL Y AURA UNE SUITE.



La recette est aussi parfaite qu'un plat de Nelly Hautecloche : une intrigue policière merveilleusement entortillée, des personnages irrésistibles (tous !), des dialogues piquants, un art de faire progresser l'enquête et monter la tension malgré un joyeux bazar de gamines survoltées, de flics en plein crise existentielle et de chien surexcité. Mais aussi une façon de prendre les jeunes lecteur.ice.s au sérieux en leur révélant les rouages des romans policiers et en leur parlant avec justesse et franchise du monde contemporain : familles recomposées, sites de rencontres, psychiatrie, recherches génétiques, dérives liées aux réseaux sociaux et revues à sensation imbibées d'hémoglobine.



On rêverait de faire les 400 coups avec Angie et ses copains, de suivre les leçons de filature d'Augustin et de bavarder avec le croco de Tante Thérèse. Ces pages nous ont fait rire (beaucoup), frissonner (parfois) et presque pleurer sur la fin.



Addictif comme les romans de Cornelia Finch mais, contrairement à eux, inoubliable !
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Oh, boy !

Très belle découverte estampillée "jeunesse" mais accessible aux adultes, il ne faut pas se priver !



Ton juste, narration enlevée et précise, personnages attachants et bien typés sans clichés, j'ai succombé au charme de la fratrie Morlevent imaginée par Marie-Aude Murail.



De l'humour sans jamais tomber dans le gag, une grande pudeur derrière un propos franc voire cru, une belle sincérité dans le récit de ces orphelins qui cherchent à rester ensemble : "Morlevent ou la mort", une devise soeur de celle des mousquetaires : "Un pour tous et tous pour un".



Les sujets abordés ne sont pas tendres : la maladie et l'hospitalisation infantiles, l'éclatement de la famille, la mise sous tutelle des enfants sans parents, le regard de la société sur l'homosexualité, les violences conjugales, le suicide, l'infécondité de couple, l'ostracisme des enfants surdoués... Tout ça pourrait faire penser à un roman grave et c'en est un quelque part mais c'est également un chant brillant à la vie et à l'amour traité sans aucun pathos. Le ton juste.





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En nous beaucoup d'hommes respirent

« Vais-je avouer que j'ai pleuré en lisant les lettres de maman ? Que je pleure presque chaque matin en pensant à mon père ? Sonder les gouffres que les morts ont laissés en nous n'a rien de mortifère. Ce qu'il est au contraire, c'est de croire qu'on « fait son deuil ». Expression stupide. On ne fait pas son deuil, on regarde à côté. Et on a tort.



« On ne se console pas de la mort de celui ou de celle qu'on aime parce que le temps passe, que la plaie se referme et que l'on finit par oublier. Bien au contraire : on s'en console lorsqu'on arrive à vivre une sorte de compagnonnage heureux avec son mort. Je crois qu'il y a là une étrange réalité, dont personne n'ose parler : non seulement nous vivons avec nos morts, mais cette relation intérieure que nous avons avec eux et une des choses les plus intenses et des plus belles qui nous soit échu de vivre ». Alexandre Lacroix.”





Un livre étant en très, très bonne place dans mes curiosités, admirant et appréciant depuis fort longtemps la qualité des textes cette auteure pour la jeunesse, publiée dès ses débuts par l'Ecole des Loisirs… Voici un trésor complémentaire pour nous faire connaître son environnement , le terreau de cette famille, à travers plusieurs générations et trois histoires d'amour naissant, évoluant au fil du du XXe, Rencontres amoureuses au fil de la grande histoire, de la Grande guerre , au Paris libéré jusqu'aux années 2000…



Récit agrémenté de photos, archives, extraits de lettres, etc, trouvés … dans la maison de ses parents lorsqu'il lui a fallu la vider à leur disparition.

Je me suis contentée de lire attentivement mais toutefois, en diagonale ce petit trésor, devant l'expédier pour le Noël d'une amie…

Je trouve le titre magnifiquement choisi, s'accordant parfaitement au contenu de cette « saga familiale »,titre inspiré par Guillaume Apollinaire :

« Or nous savons qu'en nous beaucoup d'hommes respirent

Qui vinrent de très loin et sont un sous nos fronts »



Tout est intéressant, mais ce que j'ai plus particulièrement aimé découvrir ce sont tous les souvenirs, les détails qui ont nourri, inspiré, stimulé la future auteure-jeunesse, et le passage suivant est un excellent révélateur , tout comme j'ai aimé la présentation, l'organisation du texte, avec ses illustrations, nous faisant songer au plaisir immense que l'on peut avoir , en feuilletant un album de photographies, de famille…!! Une sorte de suspens, d'étonnement, de nostalgie, de décryptage des visages, des attitudes des uns et des autres, les vêtements, les décors quotidiens, d'un autre temps !



« D'où vient mon goût pour les histoires qui finissent bien ? Même dans la vraie vie, même dans les histoires 'based on a true story', j'attends obstinément l'heureux dénouement. Une lampe allumée. Je ne peux pas laisser mon lecteur dans le noir. « Pour l'enfant, dit Michel Tournier, une histoire qui se termine mal est une histoire qui ne se termine pas du tout. Il demande la suite aussi longtemps que tout n'est pas rentré dans l'ordre. Et l'ordre universel, c'est le bonheur. »



Recueil de souvenirs personnels, de sa passion pour l'enfance…de sa jeunesse, de l'éveil de la sexualité, de ses amitiés, ses amours, de la maternité, de la naissance de ses trois enfants, de ses lectures, de son enthousiasme pour Dickens, etc.



« J'aime les jeux d'enfant, les mots d'enfant, les chansons d'enfant, les histoires d'enfant. C'est la culture des enfants que j'aime, les Barbapapa, Nils Holgersson et Cadet Rousselle. J'ai toujours aimé.. »



Du mal à quitter ce livre, mais il doit « s'envoler » vers les montagnes jurassiennes.. pour réjouir une autre lectrice… J'achève cette chronique partielle par un extrait touchant des questionnements de l'auteure-jeunesse sur son travail d'écriture pour les enfants et les adolescents…depuis plusieurs décennies !!



« Si l'on considère que j'ai commencé à écrire pour la jeunesse à l'âge de 12 ans, cela fait quarante-huit ans que je suis écrivain jeunesse. Je me suis demandé un jour si un écrivain jeunesse avait le droit de vieillir. Comme les enseignants, j'ai en face de moi des gens éternellement jeunes que je suis censée captiver. (...) Je me suis aussi demandé s'il fallait avoir des enfants pour être un écrivain jeunesse. Je connais plusieurs personnes sans enfant qui écrivent d'excellents romans pour la jeunesse. Je connais encore plus de mères de famille qui n'ont jamais écrit pour les enfants. Mais je reconnais que, pour ma part, le fait d'avoir été la mère de trois enfants a imprégné ce que j'ai écrit, mais aussi ce que je dis, ce que je suis.---« [Livre de poche, octobre 2020, p. 243]









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Miss Charity

Quel amour de roman !



A l'image de son auteure, Miss Charity est un roman volubile et plein de générosité.

On y suit les pas de Charity, une jeune fille de la bonne société britannique du 19ème siècle, pas très jolie et solitaire, qui élève dans la nursery du 3ème étage de sa maison toute une ménagerie : souris, lapin, corbeau, escargots, crapaud..., qui connaît par coeur Shakespeare, qui sauve la vie des âmes en perdition et surtout qui passe son temps à dessiner toutes les charmantes bestioles qui l'accompagnent.

Librement "adapté" de la vie de Beatrix Potter, le personnage de Charity est vraiment attachant. La plume toujours aussi vive et subtile de MAM enchante tout autant.



Inspirée du lapin de Beatrix Potter, du corbeau de Charles Dickens, des mots de Shakespeare, d'Oscar Wilde et de Bernard Shaw, ce roman est un brillant hommage à ces auteurs mais également au monde du théâtre et à la littérature anglaise.

Par ailleurs, Marie-Aude Murail ne manque pas d'égratigner espièglement cette bonne société "so british" qui s'offusque qu'on puisse gagner sa vie en travaillant -et je ne parle pas du travail des femmes !" , qui crie au scandale au regard de l'homosexualité d'Oscar Wilde, et qui méprise les artistes...



J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman. Je dirai même qu'à ce jour, il devient officiellement mon "petit chouchou" parmi les romans de MAM que j'ai lus.

A voir s'il se fera détrôner par Sauveur & Fils que je compte lire très bientôt.
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Ma vie a changé

ça nous arrive à tous ! On cherche un objet partout dans la maison, on a beau se remémorer le dernier endroit où on pense l'avoir posé. Rien à faire l'objet en question est bel et bien disparu. Vous croyez devenir fou...

"C'est plus fort que le roquefort" disait ma mère lorsque cela lui arrivait.



Un beau jour, alors qu'on en avait déjà oublié son existence, le voilà qui réapparait ! Le plus souvent dans un lieu complètement improbable...

Pourquoi la louche se retrouve-t-elle dans le tiroir des slips de votre fils ? L'agenda à la place de la louche ? Et ce livre que vous aviez posé sur votre table de chevet réapparait sur le bureau du principal ?



Ne cherchez plus...Lisez Ma vie a changé de Marie-Aude Murail et tout s'éclaircira !

Enfin, c'est une façon de parler...car la vie de Madeleine Bouquet, professeure documentaliste à la vie un peu morne, a bien cru qu'elle finirait par se faire virer avec toutes ces histoires abracadabrantes.

Une chose est sûre : sa vie a changé !
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Oh, boy !

Oh, boy ! Quelle histoire !



Je n'aime rien tant que quand un livre m'embarque, que je n'arrive plus à le lâcher, que je profite de chaque minute disponible quitte à tout laisser tomber pour m'y replonger, pour retrouver ses personnages. Quand j'ai commencé celui-ci, j'ai lu 100 pages d'une traite avant de le reposer à une heure de la nuit bien avancée.



Alors que leur père s'est déjà volatilisé sans plus jamais donner de nouvelles, leur mère vient de mourir. Eux, les héros de notre histoire, ce sont les enfants : Siméon, 14 ans, surdoué un peu chétif qui va passer son bac ; Morgane, 8 ans, qu'on a un peu tendance à oublier tant elle se fait discrète ; Venise, 5 ans, un amour de petite fille, aussi belle qu'attachante. Ce sont les enfants Morlevent, un nom peu commun et bien trouvé même si Morlapoussière aurait été encore plus adapté…



Les voilà donc orphelins mais bien décidés à ne pas être séparés, ils en font même le « jurement ». Quand deux autres demi-membres, adultes ou presque, viennent compléter cette presque fratrie, tout pourraient bien finalement s'arranger ou se compliquer, allez savoir !



Mais quand un autre drame leur tombe dessus, on se surprend à ressentir comme une boule dans la gorge, on se surprend à penser que ça ne peut pas finir comme ça.



Oh, boy ! Quelle galerie de personnages ! Humains, drôles, attachants, touchants. Pas sans défaut, pas sans faiblesse. Des enfants parfois plus mâtures que les adultes. Des adultes plus gamins que les enfants. Chacun composant avec ses forces, ses blessures, l'exubérance de l'un, l'étroitesse l'esprit de l'autre, la combativité d'un autre, les différences qu'on exhibe ou qu'on garde secrète, l'amour à hauteur d'enfant, les joies, les drames, la vie quoi…



Il faut lire Marie-Aude Murail.



Oh, boy ! J'ai A-DO-RÉ !




Lien : https://bouquins-de-poches-e..
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En nous beaucoup d'hommes respirent

Qui n’a jamais été tenté de fouiller les greniers en quête de documents oubliés sur sa propre famille ? Qui n’a jamais ouvert subrepticement un tiroir de la chambre des parents pour entr’apercevoir une lettre interdite ?

Marie-Aude Murail, elle, l’a fait au grand jour. Les lettres, les photos, les carnets de notes, les journaux intimes, tout est dévoilé, et ce depuis ses grands-parents jusqu’à elle-même et son mari.



C’est toujours lors du décès d’un parent qu’on fouille, pour ranger, pour classifier ou tout simplement pour replonger dans le passé. Etonnement, stupéfaction, tristesse, soulagement, regret : toutes les émotions y passent. Nous suivons ici l’histoire de la famille de Marie-Aude Murail, écrivaine pour la jeunesse ayant vécu toute son enfance au Havre, puis ayant déménagé à Paris.

A la recherche de ses racines, de ses souvenirs enfouis, elle relate les anecdotes racontées par ses parents, les bribes de conversation d’adultes saisies au détour des jeux d’enfants, mais révèle aussi sans pudeur, me semble-t-il, les lettres d’amour de ses ainés. Toute cette première partie m’a moyennement intéressée, lassée devrais-je dire, car elle intercale beaucoup trop d’extraits de lettres, de documents écrits par d’autres qu’elle, en y ajoutant les quelques liens essentiels.



C’est dans la seconde partie du livre bien entamée qu’elle se livre enfin, qu’elle parle de ses propres émois, de ses ambiguïtés, de ses fragilités, de ses questionnements intimes, de son enfance à l’âge adulte, que ce soit au niveau amoureux, maternel, filial, amical, religieux, familial.

Et c’est à ce moment que j’ai véritablement commencé à m’intéresser, car l’époque de son enfance et de son adolescence était, à une dizaine d’années près, mon époque. Même type d’éducation, mêmes références culturelles et sociétales, tout ceci me faisait un clin d’œil et m’y replongeait.



Marie-Aude Murail ne renie rien, accueille en elle ses ancêtres tout en nous proposant de faire de même car finalement, en nous, beaucoup d’hommes respirent.



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Sauveur & fils, tome 4

Après un rappel succinct des personnages, cette quatrième saison démarre sur les chapeaux de roue. On entre dans le vif du sujet, directement rue des Murlins, et même dans le cabinet de Sauveur, en pleine consultation avec un nouveau patient. Encore un dont la pathologie est tristement d'actualité.

On retrouve aussi tout l'environnement (perso et pro), plus ou moins sympa, de ce 'grand' psy martiniquais, chaleureux, généreux, assez génial dans son genre comme thérapeute, mais parfois maladroit avec ses proches. Parce que, comme dirait l'autre, on ne peut pas accueillir toute la misère du monde. Mais une partie, si - c'est enrichissant et gratifiant, mais il faut être solide et bien épaulé...



Avec sensibilité, tendresse et beaucoup d'humour, Marie-Aude Murail continue de nous parler de problèmes universels (famille, couple, amour) et de difficultés plus spécifiques à l'enfance et à l'adolescence : mal-être général ou lié à l'identité sexuelle, conséquences du divorce, addiction aux écrans, phobie sociale, décrochage scolaire, comportements d'auto-destruction, relations conflictuelles avec les parents et autres adultes... Bref, plein de situations qui semblent inextricables et que Sauveur parvient généralement à dénouer. On aimerait connaître quelqu'un comme lui quand ça déconne d'une manière ou d'une autre chez soi...



Il n'y a rien d'exagéré dans les problèmes des patients qui défilent chez Sauveur, je connais IRL au moins un cas de chaque pathologie ou symptôme, sans être dans le 'milieu', juste en côtoyant des parents.

Les seules invraisemblances sont : le talent de Sauveur (mais on peut rêver), les coïncidences, et le fait qu'il soigne plusieurs personnes d'une même famille.



Sinon, tout est bon à prendre dans cette série !

Je lui souhaite de bien se porter et de nous accompagner longtemps pour toutes les petites fenêtres d'espoir qu'elle ouvre :

« Et pourtant je vous dis que le bonheur existe

Ailleurs que dans le rêve, ailleurs que dans les nu[ag]es. »

(Aragon, cité p. 232)
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Sauveur & fils, tome 2

Les revoilà, tous ! Sauveur & fils et les hamsters, bien sûr, mais aussi Blandine et ses bonbons, Ella et Elliot, Gabin et sa nonchalance, Mme Dumayet et son perfectionnisme, Alex & Charlie et leur désir de maternité, la famille de Paul, et quelques nouveaux...

Loin de s'apaiser, les problèmes des patients de Saint-Yves croissent et se multiplient à peu près autant que la progéniture de madame Gustavia. Hyperactivité, tocs, addiction aux jeux vidéos, problèmes relationnels parents-enfants, filiations compliquées, guerres conjugales dont les enfants pâtissent, harcèlement scolaire, burn-out dans l'éducation nationale... Tout cela se dépose jour après jour sur les épaules de Sauveur, pourtant solides, mais là, ça commence à faire beaucoup. D'autant qu'il a lui-même quelques soucis dans sa vie privée, même s'il vient de retrouver l'amour. Ah les ex-, les ados, les mauvaises mères, les hommes cons...



Quatre étoiles pour ce deuxième volet, contre cinq pour le précédent. Il est tout aussi agréable à lire, pourtant, et on passe par les mêmes émotions, mais la barque devient trop chargée, et certains personnages tournent à la caricature - la mère castratrice, la jeune femme jalouse et immature, entre autres...

Si cet ouvrage m'a paru moins subtil que le précédent, je me suis quand même régalée à la lecture. Ces exemples et les conseils de Sauveur m'ont à la fois réconfortée et remise en question - vive les lectures qui bousculent ! J'ai aussi appris plein de choses, notamment les effets néfastes du sucre sur l'équilibre de l'humeur et du tonus.



A moi la 'saison 3', dans quelques jours, quelques semaines, après des lectures complètement différentes. Un petit break s'impose.
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