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Critiques de Marie-Josèphe Bonnet (22)
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Portraits de femmes

En ce 1er septembre, Rentrée des classes. A cette occasion ...j'ai été savourer avec une amie, cette exposition merveilleuse au Musée de Vernon, mettant à l'honneur l'art du portrait (et portraits exclusivement féminins), réalisés par des artistes femmes. Pour l'occasion, le Musée d'Orsay a accordé 5 prêts exceptionnels (Oeuvres de Berthe Morisot, Lucie Cousturier, Cecilia Beaux, et et Olga Bozanska)



Un seul regret des plus vifs: avoir manqué à l'été 2015, la manifestation consacrée à Rosa Bonheur, peintre animalier. A défaut je me suis fait le plaisir compensatoire d'acquérir le catalogue d'exposition...





Revenons à nos "Portraits de femmes", immersion captivante à travers les représentations de ces femmes artistes, modèles de leurs contemporaines



Cette thématique des femmes artistes au sein de l'impressionnisme s'est imposée au Musée de Vernon, grâce à une collection riche de plusieurs toiles de Blanche Hoschedé-Monet, belle-fille de Monet et de Mary Fairchild, artiste américaine installée à Giverny....



La reconnaissance des femmes artistes fut fort longue; ainsi lors de la 1ère exposition impressionniste, Berthe Morisot est la seule artiste à présenter des oeuvres.

Pour se former artistiquement, les privilégiées étaient les filles d'artistes, formées dans l'atelier de leur père, car sinon elles ne pouvaient pas accéder aux ateliers ni aux concours.



C'est à partir de 1900, qu'elles pourront le faire.



La seule formation alternative que l'on propose aux femmes est d'entrer dans un atelier privé dirigé par un artiste peintre. L'autre est d'intégrer, et la plus importante est celle fondée en 1868, par le peintre, Rodolphe Julian, "L'Académie Julian"...



Ce qui est incroyable, alors qu'à mon humble avis, le portrait est un art des plus subtils, et complexes, à l'époque, cet art du portrait au regard de la peinture d'Histoire, reste de façon condescendante l'apanage des femmes!!

L'art du portrait, d'art mineur deviendra un lieu de revendication, et le lieu de revendication d'un statut d'artiste....



A la fin du 19e et au début du 20e, la femme est limitée à son intérieur.

L'ouverture d'un atelier pour les femmes en 1873 par Rodolphe Julian est un évènement important dans l'histoire de la formation des femmes artistes parce qu'il sera pendant trente ans la seule alternative à l'Ecole des Beaux-Arts....

Une exposition riche d'une vingtaine d'artistes femmes, dont les plus marquantes , personnellement, sont :



-Louise BRESLAU

-Marie CASSATT

-Anna BOCH [ qui fut la seule artiste à acheter une oeuvre à Vincent van Gogh, de son vivant]

-Marie BRACQUEMOND

-Anna NORDGREN [ très beau portrait de Marie Bashkirtseff]

-Cecilia BEAUX

-Louise ABBEMA [ 1ère femme artiste à recevoir la légion d'honneur après Rosa Bonheur.Les évènements les plus marquants de son existence fut sa rencontre et son amitié avec Sarah Bernhardt, dont elle fit la connaissance dans les années 1870; elles ne se quittèrent plus jusqu'à la mort de la tragédienne en 1923]

-Mary FAIRCHILD

-Consuelo FOULD [ prénommée ainsi par sa mère en hommage à l'héroïne du livre éponyme de George Sand paru en 1843]

- Olga BOZNANSKA

-Georgette AGUTTE

-Paule GOBILLARD [nièce de Berthe Morisot]

-Lucie COUSTURIER [ A la fois écrivain et peintre, Lucie est l'élève de Paul Signac et d'Henri-Edmond Cross]



En sus des portraits, quelques autoportraits saisissants de vérité et d'expressivité: ma préférence absolue se tourne vers deux autoportraits de Louise Catherine BRESLAU ...



"Depuis le XVIIIe siècle, l'autoportrait est l'un des topos émancipateurs des femmes artistes. Elisabeth Vigée le Brun et Adelaïde Labille-Guiard ont montré la voie vers un statut professionnel égalitaire en contestant la mainmise masculine sur l'image des femmes.

Qui suis-je ? questionne l'autoportrait. Une artiste, une mère, une bourgeoise, une femme moderne, indépendante ? " p. 33 / Marie-Jo Bonnet]



Alors je ne peux que vous encourager à vous précipiter pour admirer ces toiles ; l'exposition s'achève le 26 septembre 2016...



En plus de cette exposition temporaire, les collections permanentes de ce musée nous offrent, entre autres merveilles, des portraits, dessins d'un artiste anarchiste montmartrois , que j'adore...Steinlen.......et si en sortant de ce musée , vos yeux ne sont pas encore rassasiés... filez à Giverny, découvrir la manifestation autour du peintre espagnol, Joaquim Sorolla [ Muée des impressionnismes] et votre journée sera ainsi couronnée d'un feu d'artifice de lumières et de couleurs renversantes ! !
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Violette Morris : Histoire d'une scandaleuse

C'est l'histoire d'une femme, une différente, une originale, une marginale. Elle intrigue, elle fascine, elle dégoûte, elle écœure. Elle ne semble pas avoir de limites. Sa liberté transpire l'absolu.



C'est l'histoire de Violette Morris, sportive surdouée de haut niveau. Une femme qui aime les femmes, qui s'habille publiquement en homme et qui ira jusqu'à se couper les seins pour assouvir sa passion pour la course automobile.



Une sorcière que l'on condamna non pas au bûcher mais aux balles de la Résistance pour avoir collaboré avec l'ennemi. Violette Morris, « la hyène de la gestap » a eu la mort qu'elle méritait. Personne, jusqu'ici, n'en douta. Ni le public, ni les héros intouchables de la Résistance.



Après une étude minutieuse et exemplaire, Marie-Josèphe Bonnet fait la lumière sur cette période trouble de notre Histoire. Violette Morris, bouc-émissaire désigné, apparaît sous un nouveau jour, celui de la vérité que le monde lui doit.



Aucun manichéisme pour autant mais une réelle démystification d'une femme complexe aux exploits sportifs extraordinaires. Une femme qui fait partie de notre Histoire à part entière.
Lien : http://www.audouchoc.com/art..
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Mon MLF

Des moments d’ouverture à l’inouï, au merveilleux, à la liberté d’être et de désirer



« Le MLF a changé ma vie. Oui, nous autres filles du MLF avons changé le monde et l’aventure n’a été ni austère ni ennuyeuse. On se devait d’être drôles, impertinentes, imaginatives, radicales, les slogans fusaient comme des feux d’artifice : « Une femme sans homme, c’est comme un poisson sans bicyclette », « il y a plus inconnu que le soldat inconnu, sa femme ! » Des Gouines Rouges à la Spirale, en passant par le groupe d’études féministes de l’université Paris VII et bien d’autres collectifs fondés dans le feu de l’action, j’ai participé aux grands combats de toute une génération. La liberté des femmes est une conquête récente, on est prié de s’en souvenir et de la défendre. Avis aux jeunes générations ! » Marie-Jo Bonnet, quatrième de couverture



Je souligne en premier lieu, le souffle chaud de ce livre, cette tornade féministe et cette volonté de briser toutes les chaines, de construire l’égalité et la liberté, de plonger dans l’horizon souhaitable de l’émancipation, cette disponibilité « pour atteindre l’inespéré »



Quelques éléments choisis subjectivement.



Le Torchon brûle, les parents et leurs projections sur nos vies, « Ce que j’étais, ce que je désirais devenir, ne rentrait pas ses cases », l’insolence et l’audace, entendre pour la première fois parler d’avortement, « Et ce que j’ai fait est probablement plus tabou que l’avortement »…



Le MLF, des réunions, des rencontres, les Polymorphes perverses, l’Hymne des femmes (http://8mars.info/l-hymne-des-femmes), la Mutualité des médecins opposés à l’avortement thérapeutique et le commando saucisson, « Avortement , contraception libres et gratuits », l’émission de Ménie Grégoire « L’homosexualité, ce douloureux problème », la sexualité féminine comme continent noir, « il n’y a pas de détermination sexuelle autre que sociale », la liberté pour toustes, le Front homosexuel d’action révolutionnaire FHAR…



Le Manifeste des 343 (le-manifeste-des-343-05041971/), « Notre ventre nous appartient », le Mouvement pour la liberté de l’avortement (MLA) puis le MLAC (Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception), « Lutter contre notre oppression, c’est faire éclater toutes les structures de la société et en particulier les plus quotidiennes », les revendications du MLF et du FHAR volontairement associées.



« Le sujet brûlant, trop brulant du corps, du plaisir et de la normalité », les hommes et le « jouir sans entraves », la débandade du phallus, le modèle masculin et le coté des femmes, les lesbiennes…



Défilé du premier mai, les services d’ordre, « notre comportement joyeux », Partisans et « Libération des femmes, année zéro », faire entrer les utopies dans les quotidiens, le désir d’être, « Votre révolution sexuelle n’est pas la notre », tourner le regard vers soi-même, l’ordre symbolique fondé sur le primat du Phallus, construire un sororité nouvelle…



Les journées de dénonciation des crimes contre les femmes (mai 1972), la non-mixité et des hommes s’occupant de la crèche, « Femmes qui refusons les rôles d’épouse et de mère, l’heure est venue où du fond du silence il nous faut parler », la double oppression comme femme et comme homosexuelle, les Gouines rouges, celles qui sont traitées de « femmes sans homme » alors que les garçons ne sont jamais traités d’« hommes sans femme », l’hétérosexualité et l’homosexualité comme constructions sociales, « Notre corps et nous-mêmes »



Le « nous », le « je », , la pari de la non-mixité, Musidora, « Grrrêve des femmes », l’espérance pour atteindre l’inespéré, « Le soir, une manifestation de nuit organisée boulevard Sébastopol. Nous marchons sur le trottoir en tenant une banderole très longue sur laquelle est écrit : « Nous voulons sortir la nuit sans risque »…



Le militantisme au MLAC et l’ouverture des « horizons insoupçonnés », la libre disposition de son corps, le Self Help, « ce sont les femmes qui décident », Histoire d’A et son interdiction, les projections clandestines, la transgression ouverte de la loi interdisant l’avortement, les maisons de femmes, « La parole se libère partout, menant à l’auto-organisation des femmes au sein mêmes de leurs lieux d’action politique et syndicale »…



Les sorcières, Les Chants roux, la petite voix intérieure, « Parler, c’est donc briser le sceau, libérer le souffle et s’engager dans une métamorphose de l’être qui mène à un retour vers l’origine des nombres »…



Le groupe d’Etudes féministes de Paris-VII, « Pour ma thèse j’ai choisi d’étudier un sujet qui me concerne de près : les relations amoureuses entre les femmes. Relations, et non homosexualité, concept psychiatrique qui fige la recherche dans un essentialisme identitaire étranger à Eros. La relation amoureuse est quelque chose de vivant, de mouvant, soumise à d’autres influences que ses propres choix conscients », les ponts entre le dedans et le dehors…



Faire l’histoire du féminisme, nos grands-mères féministes, la Journée internationale des femmes, le 8 mars 1975, le Festival international de films de femmes à la FNAC, l’utopie entre femmes, un monde créé par et pour les femmes…



Ras le viol – « Quand une femme dit non, ce n’est pas oui, c’est non », la tolérance sociale autour du viol, sortir le viol de la qualification de coups et blessures, la parole contestée d’une femme violée « On ne l’écoute pas, on ne la respecte pas », encore des heurts avec le service d’ordre de la CGT, les alibis de « la misère sexuelle », la haine des femmes traduite en acte, « la répression, c’est le problème des violeurs », des centres anti-viol ouverts le jour et la nuit, le viol enfin qualifié comme crime.



L’amour, le lâcher prise, Utopie et féminisme, les conflits avec « Antoinette et son groupe psychanalyse et Politique », l’éthique des relations entre femmes, et plus tard l’appropriation privée du sigle MLF…



Contre la répression de l’homosexualité, « La tendance du mouvement homosexuel masculin est de s’émanciper des femmes pour se concentrer sur ses tropismes communautaires », Pénélope, le développement de la presse féministe, la marche du 6 octobre 1979…



« La liberté n’est ni occidentale, ni orientale, elle est universelle », le renversement du shah d’Iran, « Les Iraniennes sont consternées et en colère. Elles ont pris l’habitude de la liberté et n’ont pas fait la révolution pour se trouver emprisonnées dans un hijab », le soulèvement de femmes et les égarements de certains…



« Apprendre à défendre ses désirs, écouter ses rêves, s’accepter dans sa différence et faire corps avec d’autres femmes pour prendre place dans le monde »
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Simone de Beauvoir et les femmes

On la savait ambivalente. Elle fut révoquée de l'enseignement en raison de ses amitiés particulières. On ignore qu'elle eut un comportement plutôt cavalier avec ses conquêtes. Se voulant "libre", elle fut aussi parfaitement inconsciente d'autrui. Comme l'explique Marie-Jo Bonnet dans cette enquête passionnante : «Son laxisme, sa mollesse, son absence de toute réflexion éthique sur les événements dramatiques dont elle est quotidiennement témoin ne risquent pas d’éveiller en elle la moindre tentation d’humanisme.» A quelques semaines du trentième anniversaire de la mort de la compagne de Sartre ( en avril 2016 ), Marie-Jo Bonnet explore «les vies cachées» de la mémorialiste la plus célèbre d’après-guerre. Alors, femme libre ou prédatrice ? Ce récit précis et documenté ne se limite pas à traiter la question : il renouvelle notre regard sur l'auteure du Deuxième Sexe.
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Simone de Beauvoir et les femmes

Marie-Jo Bonnet, historienne et militante féministe qui participa à la fondation du Front homosexuel d’action révolutionnaire (FHAR) et des Gouines rouges, prend les devants avec un Simone de Beauvoir et les femmes passionnant.
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Quand les filles deviennent des garçons

Ce livre est d'une transphobie très profonde... Les autrices parlent de "filles" pour parler des garçons trans. Des "filles" qui sont tellement lesbophobes et/ou qui sont si mal dans leur peau qu' "elles" veulent devenir garçons...

Certes, nous vivons dans un patriarcat qui nous est néfaste en tant que femmes... Mais les garçons transgenres sont des garçons à qui on a assigné un genre qui n'est pas celui qu'ils ressentent au fond de leur être. Ce ne sont pas (en tout cas pour la majorité) des "filles" qui "veulent devenir des garçons".

Utiliser le féminin et continuellement parler de "filles" lorsqu'on parle de garçons trans, de les mégenrer et d'utiliser leur 'dead name' tout au long du livre est un poignard dans le coeur pour les millions de personnes concernées.

Ce n'est pas le petit pourcentage de personnes qui ont détransitionner (ce qui peut venir de multiples raisons) qui justifie une telle haine envers toute la population trans. Parler d'un féminicide soi disant fait par les garçons trans, qui déjà ont vécu beaucoup de souffrance dans le genre qu'on leur a assigné à la naissance, c'est terrible.

On ne peut pas se dire féministe et queer lorsqu'on exclu à ce point les personnes trans.
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Liberté, égalité, exclusion : Femmes peintres en ..

Cet ouvrage est un complément indispensable pour comprendre la place d𠆞lisabeth Vigée-Lebrun et de ses collègues mais aussi pour voir la face cachée et honteuse de la Révolution en ce qui concerne les femmes. Les valeurs de la bourgeoisie qui accède alors au pouvoir renvoient les femmes au foyer et leur nient tout talent artistique... et toute valeur politique.
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Les voix de la Normandie combattante, été 44

Que de répétitions dans ce livre !



Marie-Josèphe Bonnet a rassemblé des témoignages de résistants ou, du moins, de personnes ayant un lien, de près ou de loin avec la Résistance. L'initiative est bonne mais tous les rapports se ressemblent: pour la plupart d'entre eux, c'est très technique et très formel. A lire, c'est assez lourd.

Par ailleurs, ce qui m'a surtout gêné, c'est le manque d'objectivité, voir d'humilité, qui apparaît dans certains de ces témoignages. C'est parfois dérangeant.



Mais, les résumés de l'auteur avant chaque témoignage sont pertinents. Ils éclairent les propos et apportent un peu de dynamisme. J'ai également apprécié les écrits des civils qui offrent un aperçu moins technique et plus "humain" du débarquement. Malheureusement, ils sont peu nombreux.

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Plus forte que la mort

"Plus forte que la mort" ne se lit pas comme un roman, comme un témoignage, comme un récit de vie, mais plutôt comme un essai qui cherche, qui tâtonne, qui interroge. Il ne s’agit pas ici d’étudier le sort effroyable des déportées mais davantage les conditions de leur survie à l’intérieur des camps, parmi lesquelles l’amitié, dans toutes ses acceptions, occupe une place prépondérante.

Marie-Josèphe Bonnet propose une sorte de typologie de ces amitiés particulières et extrêmement fortes, souvent « à la vie, à la mort », qui a uni les détenues entre elles, parfois indépendamment de leur nature de résistantes, de Juives, de femmes de mauvaise vie, de gitanes, de communistes, d'Allemandes, de Françaises, de Polonaises, de Hongroises… Il est stupéfiant de constater que, dans un univers inhumain qui fait parfois surgir la pire « rapacité », la grandeur d’âme et la générosité peuvent éclore et prodiguer une force invincible. Ce livre illustre très clairement le propos de Bruno Bettelheim, à juste titre cité, selon lequel « la voie du cœur » est la voie de la survie.

À mon sens, ce qui émeut voire bouleverse à travers la lecture des témoignages et leur analyse, c’est la puissance de l’élan vital qui a animé nombre de ces femmes et que le « rouleau compresseur nazi » n’a pas réussi à anéantir.

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Plus forte que la mort

J'ai lu la critique de Yuyine hier, et j'ai relu des passages du livre de Marie-Jo, amie et voisine. Je me suis dit que le mieux serait de publier une autre critique, fouillée. Il faut replacer dans le contexte des travaux sur la résistance et sur l'homosexualité, la première rencontre avec Violette Morris, et là une seonde exploration, difficile. C'est un ouvrage d'historienne mais aussi une interrogation sur l'amour entre femmes, mais le contexte est délicat, et elle prend des précautions, il faut lire entre les lignes. A mon sens, Yuyine n'a pas fait le travail de replacer dans le contexte, elle survole, mais c'est son droit. Si on se place sur le terrain historique pur, on peut reprocher au livre sa structure, et si on se place sur le terrain de la psychologie, il est peut-être trop historique. L'ouvrage est entre les deux, tu aborde un terrain nouveau pour l'histoire, comme avec ta thèse de Marie-Jo, à l'époque.

Elle énonce que les camps ne sont pas seulement un lieu de déshumanisation, mais de ré-humanisation au travers de l'amour entre les femmes, qu'il soit sexualisé ou non. Yuyine est-il un homme ou une femme ? Pourquoi un nom non sexué ? Il/elle a le droit, mais associé à ce survol de mauvaise humeur... Pour moi, il s'agit d'un homme. Mais c'est pas sûr. Pourquoi se rebelle-t-il quand tu évoques les hommes, l'homosexualité ? Ce n'est pas hors sujet mais c'est comme si Marie-Jo n'était pas habilitée à en parler. La référence à Primo Levi.. De mon côté, il m'est arrivé de faire des petites recherches et j'ai été frappé par la présence côté masculin de la problématique homosexuelle dans les camps.

L'ouvrage de Marie-Jo Bonnet n'est pas un ouvrage à la gloire des héros de la résistance, opportuniste par rapport à la panthéonisation. C'est un travail d'historienne qui s'appuie sur des sources et en même temps interroge quelque chose de subtil mais fondamental et entre dans un domaine nouveau, si tant est que je ne me trompe pas. A ma connaissance, selon mes souvenirs, Marie-Jo ne s'appuie guère sur des recherches antérieures, le sujet comme tel n'a pas été abordé, n'est-ce pas ?

Il reste une contradiction : survivre passe par un endurcissement et survivre passe aussi par l'amour, c'est difficile à concilier, c'est vrai que parfois on est un peu perdu, on ne sait plus à quoi s'en tenir, elle se met trop en retrait, par retenue. Mais c'est pas vrai, ce que je dis, c'est parce que je n'ai pas tout lu de façon linéaire, moi aussi, j'ai survolé, et je me suis concentré sur les pages autour de 100, quand il est question de la sexualité. Maintenant je relis d'autres passages, notamment sur l'antisémitisme des résistantes déportées... Un livre qui dérange et qui a attendu 70 ans pour être publiable. Les pages consacrées à Elisabeth Rivet. On ne peut pas balayer ce travail, cette recherche, cet hommage du revers de la main, et d'ailleurs, le public est en train de plébisciter cet ouvrage, les ventes étaient fortes dès le premier jour.

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Violette Morris : Histoire d'une scandaleuse

Violette Morris fût une sportive très célèbre d'avant-guerre (Football, athlétisme, course automobile, cyclisme, natation…). Son personnage a marqué son époque puisqu'elle était ouvertement lesbienne et a subi une ablation de la poitrine pour mieux conduire sa voiture de course. Elle fumait trois paquets de cigarettes par jour et se faisait remarquer par son langage de charretier. Mais elle est aussi connue pour avoir collaboré avec les nazis. On lui a attribué des actes de tortures, des meurtres, des rafles et elle fut surnommée la "hyène de la gestapo".

Marie- Josèphe Bonnet, sans vouloir réhabiliter Violette Morris, a mené l'enquête et prouve qu'elle a servi de bouc émissaire. On lui a attribué des meurtres alors qu'elle-même était déjà morte. Elle aurait participé à des rafles quand elle se trouvait à l'autre bout de l'Europe... une enquête passionnante de Marie- Josèphe Bonnet.

(Mathieu)

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Violette Morris : Histoire d'une scandaleuse

Une belle biographie, bien documentée, mais malgré les efforts de l'auteure pour "réhabiliter" cette sportive de haut niveau, admirable dans les années 20, on a beaucoup de mal à accepter ce personnage bien peu recommandable qu'elle fut durant la période 39-45
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Mon MLF

Aucun intérêt à ce livre. On y suit la vie de Marie-Jo Bonnet pendant la création du MLF et durant les années de son activité.

Le début engageait plutôt bien et donnait envie d’en apprendre plus mais le récit se perd rapidement, et il est difficile de dire si on est dans un essai féministe, un roman autobiographique, un rapport historique…

L’ensemble du récit se déroule du point de vue très restreint de la narratrice, et on a l’impression de ne presque jamais sortir de cette étroite fenêtre, si bien qu’on se contente d’effleurer les actions du MLF. La plupart du temps, on suit seulement les réunions, et on en ressort avec l’impression qu’il ne s’y passe rien. C’est pourtant une femme qui a participé à des combats importants, qui a fait de longue études avec une thèse intéressante sur le lesbianisme mais rien n’est abordé ou peut-être au contraire trop de sujets sont effleurés.

Finalement, je n’ai rien appris sur le MLF avec ce livre. L’aspect théorique est très peu avancé, et même les convictions de l’autrice sont assez floues. On sait qu’elle est féministe, que toutes les femmes du MLF le sont, et on s’en tient là. C’est quand même dommage pour un livre qui raconte l’un des piliers des mouvements féministes français, et qui fait mention des plus importantes théoriciennes comme Monique Wittig. Car féministe c’est bien, mais il y a quand même de très nombreux courants dans le féminisme, alors qu’ici on a l’impression que le MLF regroupe tout le monde sans distinction, diminuant ainsi tout l’aspect politique au nom de la sacro-sainte sororité. D’ailleurs, l’autrice parle principalement des émotions qu’elle a ressenti au sein de toutes ces femmes, balayant toute idée politique féministe pour un espace féminin, à l’image de ce qui se passe encore actuellement dans certains mouvements féministes qui considèrent que la présence féminine exclusive suffit.

La question du lesbianisme est très peu abordée. Marie-Jo Bonnet est une femme bien avant d’être homosexuelle. La théorie lesbienne n’existe pas, pas plus que l’homophobie dont ont fait preuve les hétérosexuelles du MLF, ayant conduit à exclure certaines des lesbiennes fondatrices (en revanche, l’autrice ne retient pas ses critiques envers les hommes homosexuels du FHAR – bien que légitimes, mais qui sont présentes ici bien avant une quelconque critique des hommes hétérosexuels).

Bref, ce n’est ni une bonne représentation des mouvements féministes, ni un bon livre pour développer les théories féministes (et encore moins lesbiennes) – lisez Wittig.
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Quand les filles deviennent des garçons

Ce livre permet de comprendre un phénomène mondial dans sa particularité française et parle des victimes d'une certaine conception de genre qui puise ses racines dans la politique identitaire nord-américaine. Toute personne qui se veut humaniste, féministe, et rationnelle devrait le lire.
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Quand les filles deviennent des garçons

Voici un livre éclairant sur les transgenres et leur activisme, écrit à deux autrices, chacune sa partie. Dans les six premiers chapitres, Marie-Jo Bonnet met en perspective le transgenrisme dans ses dimensions sociologique, anthropologique, mythologique symbolique, féministe, donc politique. Seul le transgenrisme social, médical et chirurgical des filles est exploré, puisqu'elles sont majoritaires dans les demandes (female to male) par rapport aux garçons, alors que sont surtout médiatisés les male to female. MJB donne son explication féministe : les filles ne s'aiment pas parce que la société ne les aime pas. Puberté précoce, à 10 11 ans pas rare vu que nous avons dispersé des perturbateurs endocriniens partout, période malaisée où elles rejettent leur corps, seins et règles. La pornographie est accessible partout, elles y voient des femmes maltraitées et dominées, et enfin, les dénonciations d'agressions sexuelles et de féminicides par des collectifs de néo-féministes leur font craindre le pire, être fille est devenu dangereux dans une société dominée par la misogynie. le pouvoir d'influence des réseaux joue aussi un rôle déterminant en agrégeant des communautés de transactivistes supporteurs actifs, voire intégristes qui anathémisent, cancellisent (annulent, bannissent) leurs opposant-es. Mais selon MJB, il s'agit moins d'un lobby trans que d'un lobby LGBTQIA+ dominé par des hommes gays (certaines lesbiennes se demandent d'ailleurs que fait encore le l'dans l'acronyme) qui poussent leur agenda de la GPA (Gestation Pour Autrui) où les femmes sont louées ou vendues à la découpe, où les techniques de procréation et chirurgicales de transformation sont accessibles, promettant à l'être humain de devenir modulable, transformable à volonté, au moins corporellement. Vous ne voulez plus de seins, qu'à cela ne tienne, on vous les enlève ! Tout cela annonce le transhumanisme ; les laboratoires pharmaceutiques voient tout le profit à en tirer, en effet un trans médicalement et chirurgicalement traité prendra des hormones à vie. La partie de Nicole Athea, médecin gynécologue et endocrinologue explore les risques pris, les psychoses sous-jacentes non traitées, les malaises de la puberté non entendus, et recense un panel de détrans, c'est à dire de jeunes filles qui veulent ensuite faire marche arrière, les diagnostics mal posés et les inconvénients de santé pesant de tout leur poids. Cet ouvrage est un avertissement sur les dangers d'une société qui n'accepte plus les filles, et dont le modèle est devenu masculin. Il est peut-être temps de revendiquer un projet féministe qui ne serait pas calqué sur la revendication de parité avec les défauts et les mauvaises pratiques toxiques des hommes, mais qui valoriserait le féminin, ses qualités inculquées par socialisation certes, mais qualités néanmoins.
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Adieu les rebelles !

Féministe du MLF (Mouvement de Libération des Femmes) des années 70, MJB a toujours contesté le mariage petit-bourgeois, cette institution contractuelle patriarcale subordonnant les femmes aux hommes, institution dont le pédigrée et l'ADN sont fondamentalement inégalitaires dans la pratique sinon dans le droit. Personnellement, ayant refusé pour moi-même le mariage et la maternité pour ces raisons, je n'étais pas non plus à l'aise pendant ces débats de 2012. Mais le vent féministe ayant tourné néolibéral, la suspicion d'homophobie étant pendante, il était quasi impossible de ne pas soutenir ce projet des gays (surtout) et des lesbiennes, au nom de l'égalité ! Mais on peut réfuter cette position avec de bons arguments, c'est ce que fait Marie-Jo Bonnet dans ce court mais percutant ouvrage de 150 pages.



Avant toute chose, il faut préciser que tous les combats des femmes et les gains qu'elles obtiennent profitent largement aux autres classes de la société. Mais ils sont aussi systématiquement digérés par la société patriarcale, récupérés, et se retournent contre nous, voient un retour à l'ordre ancien (backlash), ou échappent aux principales intéressées. On l'a constaté lors de la révolution sexuelle des années 60 qui ont vu les hommes largement en profiter en accumulant les aventures sexuelles et les partenaires, au besoin en taxant de prudes celles qui refusaient, et en continuant à ne pas assumer leurs responsabilités en cas de grossesses. On l'a vu aussi après la lutte féministe des années 70 pour le contrôle par les femmes de leur propre fécondité (jusqu'ici contrôlée étroitement par les hommes qui ont toujours du mal à s'abstraire du sujet) par l'obtention de lois sur la contraception et l'avortement qui déboucheront sur le retour de la maternité triomphante, voire obligatoire, par les techniques de la PMA ou fivete, en agitant le chiffon rouge de l'infertilité réelle ou supposée.
Lien : https://hypathie.blogspot.co..
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La maternité symbolique

Marie-Jo Bonnet rappelle dans un essai dense qu’une autre filiation est possible, qui permet aux femmes de se soustraire aux injonctions natalistes de la société.


Lien : https://next.liberation.fr/l..
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Mon MLF

La féministe Marie-Jo Bonnet se souvient très bien de la Révolution islamique en 1978-79 et des positions de Foucault. Dans un livre à paraître sur l’histoire du MLF, elle dénonce "l’aveuglement du philosophe".
Lien : http://bibliobs.nouvelobs.co..
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Plus forte que la mort

*Soupire, un peu dégoûtée de devoir annoncer qu'un livre sur un tel sujet ne l'a pas touché, ne l'a pas atteinte. Mais comme tout avis est bon a prendre, je me décide à prendre la plume afin de vous livrer ce ressenti.*



Bien alors pour commencer je remercie les éditions ouest France et Babelio grâce à qui j'ai pu découvrir ce livre que je qualifierais de témoignage puisqu'il parle de faits réels s'étant déroulés pendant la guerre 39-45. Seulement voilà. Je ne m'attendais pas à ce que j'ai lu. Je pensais que nous verrions l'histoire de quelques détenues pour qui l'amitié et la solidarité ont été un atout majeur dans la survie. J'étais prête à m'immerger dans leur univers, tous différents.



Seulement voilà. Cette oeuvre ne fonctionne pas comme ça. Les différentes parties sont plutôt des thèmes comme "la solidarité face à telle chose" ou "les déportés politiques",... Et dans chacune de ces parties, l'auteur nous présente ce qu'il s'est passé avec un peu partout des citations de femmes qui ont écrit des livres sur leur vie. Il n'y a aucune émotion présente, et les citations ne sont pas assez pour se mettre dans la situation, la vivre, et en apprendre quelque chose. De plus, on nous cite beaucoup, beaucoup, de noms de femmes. Je m'y suis complètement perdue. J'étais face à un livre d'histoire à apprendre par coeur. Des faits qui ne m'ont pas touchés car tous racontés en quelques lignes avant de passer à un autre exemple. Voilà ce livre est une suite incessante d'exemples de quelques lignes ou d'avis de femmes sur un certain sujet vécu dans les camps.



Personnellement je n'ai pas pu accrocher. J'avais besoin de ressentir pour essayer de me mettre à leur place, besoin de plus de profondeur, moins de fouillis et de noms. Je trouve dommage car le thème de base est vraiment important. Ensemble les femmes étaient solidaires face à la mort, face aux nazis. Et cela à sauvé des vies. C'est magnifique et poignant comme sujet ! Je m'en veux d'être déçue, j'ai terminé ma lecture dans un soupir, espérant que d'autres personnes pourront aimer cette lecture et en tirer de belles leçons. Par contre, je suis heureuse de connaître à présent d'autres femmes qui ont écris leur auto biographie et je m'en vais me les procurer.



A lire pour les féru d'histoires, ou ceux qui désirent connaître les femmes dans les camps sans attachement, juste avec les faits, sans pleurs,... Mais pour ceux qui cherchent la profondeur et les émotions passez votre chemin...
Lien : http://refuge-litteraire.ekl..
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Plus forte que la mort

On connait tous plus ou moins profondément les atrocités des camps, de part les témoignages de nos grands-parents, des livres, des films. On sait que la survie y était difficile de part la faim, la maladie, les humiliations, la maladie... Mais qui a déjà entendu parler des amitiés qui ont su perdurer ou même se créer dans ces lieux infâmes ?

Ce livre traite de camps de femmes, où le "chacun pour soi" existait bien bien évidement : beaucoup ont tout fait pour s'aider soi-même au détriment des autres, mais beaucoup d'autres ont survécu au contraire du fait du partage du peu qu'elles avaient, et aussi (surtout) du partage de gestes et de paroles d'amitié et d'amour (maternel, sororal ou charnel) malgré le maintien de clivages au sein même de ces groupes de déportées.



Cet ouvrage n'est pas un roman, ni un récit historique. Je le vois comme un amoncellement de témoignages et d'idées éparses, souvent brouillon, comme l'étaient sans doute les pensées de ces femmes... Il nous donne en tout cas une idée des diverses formes de clans formés au jour le jour ou sur le "long" terme afin de lutter pour la sauvegarde de son identité et de son humanité.
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