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Critiques de Markoosie Patsauq (25)
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Chasseur au harpon

C’est un court roman (presque une nouvelle) écrit dans un style dénué de tout artifice, sobre et rude comme était la vie des peuples du grand Nord québécois. J’ai pensé à Kukum qui m’avait fait entrer dans l’univers de ce qu’on a coutume maintenant d’appeler « les premières nations », un terme qui recouvre, en fait, une diversité de cultures et de modes de vie. L’histoire ici se passe bien plus au Nord, au pays des ours blancs, sur la banquise, à une époque où l’unique protection contre les tempêtes de neige est l’iglou et où l’essentiel des ressources tant pour manger que pour se vêtir provient du phoque. C’est une histoire qui relate la difficulté pour l’humain de vivre dans ces conditions, les dangers qu’il doit braver avec comme seule ressource domestiquée les chiens qui assurent le transport et concourent à maitriser les ours en cas d’attaque. Ce n’est pas sans rappeler l’univers que Jack London décrit par exemple dans Croc-Blanc à la différence près qu’ici il n’y a pas de colons et que l’histoire est contée directement par un Inuit qui l’a écrite il y a déjà plus de 50 ans. Elle a valeur d’enseignement et je me l’imagine volontiers transmise oralement par les anciens aux plus jeunes, une histoire où, comme dans un conte de fée, un jeune héros doit braver des dangers dans une sorte de rite initiatique, où il finira par triompher et même trouver l’amour … mais là s’arrête peut-être la comparaison car en dépit de ses vertus, le héros ne triomphe pas de tous les dangers auxquels la nature l’expose lui et son peuple. C’est un beau roman qui parle aussi des valeurs inhérentes à l’humanité telles la confiance en soi, la persévérance et la solidarité.

Je ne regrette pas de l’avoir découvert et en recommande la lecture à tous ceux qui n’ont pas peur de sortir de leur zone de confort…
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Kamik

L'OURS, LA GLACE, L'HOMME ET LA MORT.



Quel étrange, essentiel et douloureux ouvrage que ce Kamik, chasseur au harpon. Son auteur, Markoosie Pastauq, canadien d'origine inuit, est né en 1941 à proximité d'Inukjuak, un village d'inuits semi-nomades entouré de la toundra du nord-Québec, dans la baie d'Hudson, déplacé par la suite avec plusieurs autres familles à 2 000 kilomètres plus au nord, dans le cadre d'une "délocalisation en Haut-Arctique". De cette expérience douloureuse et de l'écoute attentive de ses aïeux, il fera ce récit - ni tout à fait roman, ni tout à fait témoignage, ni tout à fait conte - qui n'est pas son histoire propre mais celle des habitants de cette terre recouverte de glace, où la vie est exsangue, où la faim tenaille bien souvent, où la moindre erreur peut tuer. Il en concevra aussi les ferments de sa lutte politique en tant que leader communautaire, pour la reconnaissance de ses droits (son frère et lui obtiendront dédommagement du gouvernement fédéral de ce déplacement forcé après une longue lutte judiciaire) et celui de son peuple. 



L'ouvrage lui-même connut une étonnante histoire. Quoi que ce ne fut pas exactement le premier récit entièrement rédigé en inuktitut - la langue inuit - puisque ce qualificatif revient à un autre livre édité lui aussi par les éminentes éditions dépaysage (qui réalise un travail de découverte et de reconnaissance des littératures de ces peuples premiers absolument indispensable auprès du lectorat hexagonal), Sanaaq de l'autrice analphabète Mitiarjuk Nappaaluk. Cependant Kamik fut le premier récit intégralement rédigé en inuit qui, par un certain concours de circonstances, connut une publication officielle, par l'entremise de McGill-Queen's University Press. Devant l'importance et le succès de l'ouvrage, les éditeurs demandèrent à Markoosie Pastauq de traduire lui-même son récit en anglais. Le succès fut, sans aucun doute, au rendez-vous mais ce fut pour partie au détriment de sa "vraie" version. En effet, les traductions reprirent à peu près toujours la version anlo-saxonne, évidemment plus accessible, mais, pour reprendre la version française, celle-ci trahissait plus qu'il ne se doit l'intention première de l'auteur, ajoutant des liaisons ici, "corrigeant" des répétitions là. Pire : ainsi affadit, cet ouvrage finit par être proposé à un public "jeunesse" (ado), tandis qu'il s'adresse au moins autant, profondément, violemment même, à un public adulte tant est dure cette version première dont les chercheurs et universitaires Valérie Henitiuk et Marc-Antoine Mahieu nous donnent ici une version aussi fidèle, sincère et crue que possible. 

Car il faut bien l'admettre : sous des dehors de prime abord initiatique - le personnage principal, Kamik, est un presque jeune homme de 15 ans -, mais à cause de la dureté du monde environnant, l'auteur nous plonge peu à peu dans un monde de plus cruel, de plus en plus austère, aride, violent, un monde dans lequel une immuable solidarité entre les êtres suffit tout juste à assurer la survie, encore faut-il accepter que pour un seul qui vit, plusieurs peuvent y laisser la peau. C'est un monde qui ne sait ce qu'est la justice ou l'injustice : simplement, il est, et c'est tout ce qu'il peut offrir à ces hommes et ces femmes qui ne savent jamais de quoi le jour, l'heure, la minute d'après seront fait. Pour autant, ce n'est pas un monde d'où seraient absents l'amour, l'amitié, la pitié, l'empathie, le rire mais aussi le dégoût, la haine, les pleurs ou les désaccords. Pour autant, ces sentiments se trouvent-ils ramenés à leurs expressions les plus radicales et, bien souvent, les plus brèves : l'obligation de survie submerge tout.

On suit ainsi plusieurs groupes épars de ces inuits durant ces quelques quatre-vingt huit pages extrêmement denses, ramassées qu'une écriture ramenée à son expression la plus essentielle tend à rendre encore plus bouleversantes, bien que presque intégralement dénuées du moindre pathos. Les premiers, à l'image de Kamik et de son père, partent à la poursuite d'un ours devenu fou (la rage ? Les inuits accusent de mystérieux vers), craignant qu'il revienne, après avoir failli tuer le père de Kamik. D'autres, d'abord restés au camp, partent chercher de l'aide dans l'attente insupportable et inquiétante des premiers. Sur les conseils de la mère de Kamik qui craint le pire pour son homme, un troisième groupe, sauveteurs inattendus des premiers, se constituera avec les habitants de l'île de Qikirtajuaq : la solidarité joue à plein, même si l'on ne se connaît pas, même si la mort est toujours possible. Mais, même lorsque le pire semble avoir été atteint et, dans une large mesure, dépassé voire partiellement réparé, celui-ci demeure encore possible au détour du chemin... 



D'une poésie aussi incroyable qu'inattendue, forte, laconique, brutale autant que brute, ce récit parfaitement inclassable est d'une puissance d'évocation incroyable, sous des dehors presque simplistes, à la syntaxe ramenée à sa plus crue expression.

Ici, pas d'amusement avec la nature, tout y est gratuit - les immensités enneigées, la glace, l'ours, le loup ou le bœuf musqué ; l'incroyable et inexplicable beauté des aurores boréales - mais la moindre erreur, la moindre défaillance, la moindre faiblesse s'y paient au prix fort. Et pourtant, des femmes, des enfants, des hommes y vivent, dans un dénuement matériel sans doute incompréhensible pour des occidentaux comme nous le sommes, dans une sorte de fatalité (qui n'est pas du fatalisme) que nous ne pouvons guère mieux comprendre, mais ces gens, aussi pauvres et affamés (souvent) peuvent-ils être, sont d'une richesse intérieure et, plus encore, d'une force suprême de vie que notre petit confort moderne, nos facilités diverses, nos climats (pour combien de temps ?) tempérés ne nous permet guère plus que d'imaginer. Tout à la fois conte initiatique, document, fiction, Kamik, chasseur au harpon renoue étonnement avec ce qui fit la gloire des grandes tragédies grecques, ou même avec les textes homériques, bien que le dépaysement soit en l'occurrence total. On y retiendra sans doute, plus que tout, une sacrée leçon de vie en milieu très hostile. Peut-être, aussi, pourra-t-on y lire ce que notre humanité a de terriblement fragile et fugace face à cette autre figure du destin que peut-être la nature la plus sauvage. Plus que jamais, ce texte fait écho à notre monde artificialisé qui se meurt d'avoir souhaité oublier qu'il n'était qu'un minuscule locataire d'une insigne planète nommée Terre.



Un très grand petit texte. 
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Kamik

Un camp d’Inuits au Canada, l’attaque d’un ours, une famille qui essaie de se défendre, une expédition qui se termine mal.

Et, au milieu, un jeune homme, Kamik, qui fait l’expérience de la vie de manière tragique.

Ce roman est l’œuvre phare d’un écrivain inuit qui, après avoir été pilote d’avion, a souhaité témoigner par ses écrits de ce mode de vie en voie de disparition.

Ce très joli livre des éditions Dépaysage est un témoignage fort d’une civilisation qui s’éteint.

Ce court récit a une portée vraiment universelle.



Merci à Babelio/masse critique et aux éditions Dépaysage

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Kamik

Je tiens à remercier les Editions Dépaysage et Babélio pour m'avoir envoyé ce superbe livre, à la couverture magnifique, dont la lecture a ravivé en moi les souvenirs vieux de 30 ans des soleils de minuit à Inuvik et au petit village de Tuktoyaktuk au milieu des Pingos.



Entre le 58ème et le 71ème parallèle s'étend une contrée glaciale, froide, le Nunavik « la Grande terre ». C'est sur cette terre désolée que se déroule l'histoire du jeune chasseur Kamik et de son clan.



Par une nuit d'hiver, rendu fou par une infection due à des vers, un ours blanc attaque les chiens du clan. Salluq, le père de Kamik, décrète qu'il faut le tuer car le grand nanoq est devenu terriblement dangereux : il peut contaminer d'autres ours et semer la terreur en tuant hommes et animaux. le lendemain, neuf hommes accompagnés de soixante chiens s'élancent sur les traces de l'ours. Kamik, est heureux de participer à sa première chasse à l'ours mais il est aussi empli de peur à la pensée de tous les dangers qui les attendent. Les jours passent et les recherches, compliquées par les tempêtes de neige, ne donnent rien... Mais une nuit, l'expédition tourne au drame...

Kamik, armé de son harpon et de son couteau, se retrouve désespérément seul et apeuré. Pour rallier son campement et retrouver les siens, Kamik entreprend une longue marche, affaibli par la faim et l'épuisement physique et moral. Et pourtant, chaque jour, il avance obstinément, luttant pour survivre, souffrant de gelures là où ses bottes se sont usées jusqu'à se percer, mangeant de la corde et le cuir de ses vêtements quand il n'a pas réussi à chasser un phoque et ne se reposant que la nuit dans l'iglou qu'il construit chaque soir.



Cette histoire, Markoosie Patsauq l'a écrite en inuktitut à partir des récits que lui racontaient ses parents et grands-parents dans les années 1940 et 1950, des récits basés sur des histoires véritablement arrivées à différentes personnes. Et ce qui aurait pu ne rester que de l'histoire orale et se perdre à jamais est devenu le premier roman inuit.



Au-delà de la tentative de survie de Kamik, c'est aussi la sienne et celle de tout un peuple que nous conte Markoosie Patsauq. En effet, le drame de Kamik doit se lire à la lumière de cet épisode honteux de l'histoire du Canada, « la délocalisation du Haut-Arctique » que l'auteur et sa famille ont vécu dans leurs chairs.



Markoosie Patsauq est né dans un camp de chasse à Inukjuak en 1941 dans le Nunavik. Mais en 1953, lui, sa famille ainsi que d'autres familles inuites ont été déportés à Resolute, dans le Haut-Arctique avec la fausse promesse d'y trouver de meilleurs territoires de chasse et de pouvoir rentrer chez eux au bout de deux années, alors que le véritable but du gouvernement canadien était de pouvoir affirmer sa souveraineté en colonisant ces terres inhabitées. Resolute est situé à 2000 kilomètres plus au Nord et les conditions de vie y sont infiniment difficiles que celles du Nunavik. Sans soutien du gouvernement, confrontées à la nuit polaire constante pendant des mois (ce qui n'était pas le cas à Inukjuak), les familles inuit vont terriblement souffrir de la famine, de la tuberculose et plus tard, dans les années 60, de l'alcoolisme, seul remède à leurs souffrances. Atteint de la tuberculose, Markoosie Patsauq sera séparé de sa famille et envoyé dans un sanatorium à l'âge de 13 ans dans le Manitoba. Il y apprendra l'anglais et le cri puis deviendra pilote d'avion en 1968. C'est vers l'âge de 30 ans qu'il compilera tous les récits de son enfance pour écrire ce livre témoignage unique, porteur de la voix et de la culture inuites, qui sera tout de suite salué comme un écrit majeur de la littérature du grand nord américain.



Cette nouvelle version française n'a pas été traduite de l'auto-traduction anglaise qu'en avait réalisée l'auteur mais directement de la version originale écrite avec le syllabaire de l'inuktitut. le style est dépouillé, direct, percutant et les points de vue alternent entre les pensées de Kamik, celles de sa mère, des chasseurs et.... de l'ours, ménageant un suspense dramatique jusqu'au dénouement final. Avec cette leçon de courage et de survie, Markoosie Patsauq nous a offert un beau récit du Grand Nord ! Il est décédé l'an dernier, avant que cette nouvelle traduction ne paraisse, mais heureux parait-il de savoir que son roman allait continuer son voyage à travers le monde.

ᖁᐊᓇᖅᐱᐊᖅᑯᑎᑦ ᒫᑯᓯ ᐸᑦᓴᐅᖅ Merci beaucoup Markoosie Patsauq !



Challenge multi-défis 2021
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Kamik

Lorsqu'un ours blanc furieux attaque le campement où vivent Kamik et sa famille, il est décidé de le poursuivre pour l'abattre sans quoi son retour serait inévitable. Les hommes s'équipent et se lancent sur sa piste. Pour Kamik c'est le baptême du feu, il est avide d'exploit et compte prouver sa valeur de chasseur. Mais l'ours ne sera pas si facile à abattre, chiens et hommes meurent les uns après les autres... et Kamik vit une aventure dramatique, éprouvante dans sa chair et dans son âme.



Ecrit au présent, dans un style direct, sans fioritures, ce roman est un joli récit-hommage efficace et saisissant sur la vie rude dans les contrées du grand froid. Y sont décrites les traditions de la pêche, de la chasse à l'ours blanc avec de simples harpons, de la construction des iglous, mais aussi la cohésion d'un peuple qui sait s'entraider pour survivre.



Des annexes précieuse, préface, quelques pages à propos de la traduction (quel travail de précision !) et mot de l'auteur recontextualisent le récit et lui donne une dimension particulière. L'auteur a compilé des histoires racontées par les parents et les aïeux, de celles qu'on se transmet à la veillée le soir, pour en faire un roman. Premier écrit inuit, c'est une sauvegarde précieuse que d'avoir couché par écrit ces récits de la tradition orale appelés à disparaitre, témoignage d'un mode de vie d'un autre temps... il en ressort quelque chose d'émouvant et d'un peu sacré...

C'est un plaisir d'avoir entre les mains un ouvrage des Editions dépaysage, j'aime beaucoup les couvertures avec une vraie identité et surtout le confort de lecture qu'offrent la qualité du papier et la mise en page. Le prochain est déjà commandé !
Lien : https://chezbookinette.blogs..
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Kamik

La merveilleuse collection des éditions Dépaysage vient de s𠆞nrichir d’un titre. Et pas n’importe quel titre.



« Kamik » de Markoosie Patsauq est le premier roman écrit par un autochtone au Canada en 1969. L𠆚uteur est inuit et l’histoire du roman lui vient d’un récit entendu lorsqu’il était lui-même un jeune homme. Mettre par écrit un récit de tradition orale n𠆞st pas anodin. C𠆞st toute la volonté de survivance d’une culture qui se cache entre ces pages.



Ce roman - si je devais le mettre dans des cases - est à la fois un roman d𠆚venture, un roman sur le passage à l�ulte et le témoignage d’un mode de vie. Kamik, 16 ans, participe pour la première fois à une expédition de chasse, avec sept hommes, dans le but d�ttre un ours dangereux sur l𠆚rctique. On suit l’épopée du jeune homme qui va être confronté à de nombreuses difficultés dont bien évidemment je ne vous dirais rien. Mais si la blancheur de la neige recouvre le paysage c𠆞st bien la noirceur qui l𠆞mporte dans ce récit dur et immersif.



Au delà de la littérature, ce texte est un document pour l’histoire. D�ord écrit en inuktitut, l𠆚uteur l𠆚 très vite traduit en anglais (il connu d𠆚illeurs le succès) puis il fut retraduit dans d𠆚utres langues à partir de la version anglophone. L’intérêt et l’importance de cette version tient dans le fait qu’il est traduit en français directement de l’inuktitut. Et ça change tout. Sans médiation on colle au plus près à la mémoire inuite et aux intentions de l𠆚uteur. Tout cela est clairement expliqué dans le « à propos de la traduction » qui ouvre le roman.

La préface et le mot de l𠆚uteur, quant à eux, viennent mettre en lumière le déplacement forcés d’inuits par le gouvernement canadien dans le haut arctique dans les années 50. Un chapitre sombre de l’histoire canadienne.



« Kamik » est un indispensable pour quiconque s’intéresse aux peuples autochtones du continent américain. Je ne saurais répéter une fois de plus l’incroyable travail accompli par cette maison d’édition pour nous éclairer, pour nous donner à lire des textes écrits PAR des auteurs des premières nations plutôt que des textes écrit SUR les premières nations.



Traduction de Valerie Henitiuk et Marc-Antoine Mahieu
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Kamik

Dans le grand nord canadien, un ours attaque le campement d’une famille. Chacun part à la recherche le l’assaillant devenu fou, et risquant de contaminer les autres animaux. Pour Kamik, cette chasse est une grande première. Il a peur…

Ce court récit a l’originalité d’avoir été (re) traduit depuis sa langue originale. La langue est simple, très imagée, percutante, directe. La prose de l’auteur laisse une grande place à l’environnement qui est ici un personnage à part entière.

Cette histoire est basée sur les expériences de ces aïeux qu’il a entendus à de nombreuses reprises et sous différentes formes.

Elle dit également toutes les difficultés à faire perdurer un mode de vie ancestral, une certaine autonomie dans la gestion des ressources. Markoosie Patsauq, à l’issue de son écrit, revient sur les conditions d’écriture, en particulier, ce qui s’est passé, dans ces régions dans les années 50.

Si l’on extrait une longue et instructive introduction consacrée à la traduction depuis la langue originale, et les mots de l’auteur, l’histoire fait à peine 90 pages Je reste volontairement évasive sur son résumé. Derrière une histoire simple, se cache un roman pédagogique, une fenêtre ouverte un pan de culture qui s’éteint dans l’indifférence générale.

J’ai pris plaisir à lire cette histoire, et au-delà, de poursuivre mon chemin parmi les ouvrages de cette bien maison d’édition.


Lien : https://leblogdemimipinson.b..
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Kamik

Premier roman paru en langue inuktitut, Kamik raconte une tranche de vie du jeune héro dont il porte le nom. Lancé dans une poursuite épique après un ours vraisemblablement rendu fou par des vers, ce récit est avant tout le témoignage de la réalité de vie traditionnelle des inuits dans le nord sauvage du Québec.



Comme l'indique l'Avant-propos, ceci n'est pas la première traduction francophone de ce classique de la littérature autochtone, néanmoins c'est la première à avoir été traduite directement d'après le texte en inuktitut. De cela, elle conserve une langue épurée, une économie de mots qui n'est pas sans rappeler la rigueur et l'exigence d'efficacité qui rythment la vie des protagonistes.



Une subtile alternance des points de vue (dont celui de l'ours) permet d'inscrire cette aventure dans un décor impressionnant dans lequel chaque être, quel qu'il soit, doit conserver en permanence son instinct de préservation en éveil. Chaque choix peut s'avérer fatal dans ces territoires qui ignorent l'abondance, si ce n'est celle de neige. Il doit, par conséquent, être mesuré avec soin avant que toute décision soit prise en son fort intérieur ou au cours des palabres au sein de la communauté.



Que l'ennemi soit visible et identifiable, qu'il soit inhérent au territoire et à la météo, ou bien tapi dans l'ombre au creux de soi-même, il va falloir pour chacun utiliser des trésors de ressources pour ne pas disparaître dans l'immensité impériale et cruelle qui, avec ou sans les hommes, avec ou sans les ours, resplendira quoi qu'il arrive de sa blancheur glaciale sous les chatoiements des aurores boréales.
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Kamik

Si vous cherchez à être dépaysé !!

foncez !! dans le grand Nord canadien au cœur d'une tribu de chasseur aux prises avec les ours sauvages. Vous allez comprendre leur vie en quelques mots, quelques symboles et quelques coups de harpon, les signes de la langue orale écrite l' inuktikut parlée par les Inuit

Plus rien à manger, ni pour les hommes, ni pour les ours, sauf.. l'un ou l'autre.

Chasseur ou chassé, mort ou vif, vous êtes, soit l'un soit l'autre.

Kamik est un jeune homme, à l'aube de l'age adulte, il va se battre pour sa survie, la survie de sa tribu et faire ses preuves.

Un petit livre, une grande épopée, humaine, littéraire et surtout Une expérience de traduction unique, bien expliquée dans le prologue.

Ce livre, plus près du documentaire que du roman, encore que l’auteur explique bien qu'il a utilisé l'expérience de plusieurs pour monter son roman.

C'est passionnant, brutal, fatal et nous rappelle d'où nous venons, tous !

Bonne lecture
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Kamik

Dans le grand nord canadien, la nourriture se fait rare et lorsqu’un ours, devenu fou, s’en prend au campement, il est question de lutte pour la survie. Kamik, jeune inuit, se lance à la poursuite de l’animal. Débute alors une longue et éprouvante chasse.



Kamik est une histoire vraie, transmise par le grand-père de l’auteur et magnifiquement traduite de l’inuktitut.

Une immersion dans le froid canadien des Inuits. Un quotidien de chasse et de lutte face aux forces de la nature et des dangers que cela comporte. Une vie difficile qui vous glace le sang et monte en puissance au fil des pages.

Kamik est puissant et douloureux à lire mais il offre, avec si peu de mots, une histoire. L’histoire des Inuits, racontée par un Inuit, si émouvante et précieuse à lire.



http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2022/10/03/39653850.html


Lien : http://www.mesecritsdunjour...
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Kamik

Un récit de traque et de chasse.

Et l’initiation d’un jeune homme qui va lutter pour sa survie.



Premier roman écrit par un auteur Inuit du Canada.



Un roman qui plonge dans la dure réalité des peuples qui vivent sur la banquise et nous ouvre un univers âpre et fascinant car inconnu..



Fort, marquant et tragique…

J’ai été complètement happé par ce livre, qu'on lit en frissonnant et totalement en apnée.



Je recommande vraiment sans réserve!

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Kamik

J’ai acheté ce livre il y a de nombreuses années à la librairie du Québec, à un moment où je découvrais la littérature francophone d’outre-Atlantique. Ce livre bilingue (inuit-français) est un objet assez particulier avant tout parce qu’il permet de découvrir une écriture que je n’avais jamais vue avant, faite d’étranges symboles plutôt géométriques. C’est aussi un livre témoignage puisque, comme répété à l’envi, sur la quatrième de couverture, dans les différentes partie de l’introduction et je ne sais où encore, il s’agit du premier roman inuit publié. Je me suis aperçue que la traduction française a été établie à partir de la traduction anglaise, ce que je déplore, d’autant que j’imagine qu’il doit bien exister des traducteurs de l’inuit au français. Mais j’ai tout de même lu ce livre avec plaisir et intérêt. L’objet est d’ailleurs agréable à tenir en main, avec sa couverture aux couleurs sobres et au toucher épais et rugueux.

Dans son court avant-propos, Markoosie, l’auteur, indique qu’il raconte ici une histoire qu’il a maintes fois entendue raconter enfant, elle fait partie de son patrimoine oral et il a décidé de l’écrire pour qu’elle ne se perde pas. Et cette histoire est dépaysante lorsqu’on la lit avec nos yeux d’Occidentaux. C’est une histoire de solidarité, de passage à l’âge adulte, de responsabilité, de dépassement de soi. On sent le froid, on sent la faim, on sent l’effort, on sent le dépassement de ses propres limites. On ressent la vie telle qu’elle peut être dans des milieux aussi hostiles, et pour moi qui suis particulièrement frileuse, j’apprécie de lire ce type de roman cachée sous ma grosse couette.

Mais le livre n’est pas que dépaysant, il est déroutant aussi. Dès sa parution en anglais puis en français, il a été classé en littérature jeunesse, ce qui hélas a probablement nui à son rayonnement. Mais je ne donnerais certainement pas ce livre à lire à des enfants. En effet, au-delà des scènes de chasse et de randonnées harassantes, ce livre questionne ouvertement le sens de la vie, les raisons que l’on a (ou que l’on n’a pas) de continuer à vivre, de se battre pour survivre, et la fin est tout à fait inattendue.

Markoosie a entendu cette histoire enfant. Manifestement l’éducation des enfants inuits à son époque diffère profondément de l’éducation occidentale actuelle. Cela en dit probablement aussi assez long sur la façon dont on prépare ses enfants aux tâches, responsabilités et défis qui les attendront adultes. Et c’est un livre très intéressant à lire en tant qu’adulte.
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Kamik

Ce roman nous plonge dans la vie des Inuits. Nous suivons Kamik, un jeune homme de 16 ans. Une vie simple, fait de chasse, dont les techniques lui sont enseignées par son père. Le chef de leur communauté s’appelle Salluq. Toutes les actions sont décrites, dans un langage simple où l’essentiel est dit.

Incipit :

« Le vent est si fort qu’on l’entend même à l’intérieur de l’iglou. A l’évidence, partir à la chasse est toujours impossible. La tempête de neige dure depuis trois jours.

L’homme nommé Salluq sait que, si le temps ne s’améliore pas bientôt, leurs réserves de nourriture seront encore vite épuisées, et qu’ils auront de nouveau faim. »

Mais un jour, un ours blanc attaque leurs chiens. Leur chef dit :

« L’ours qui est venu ici n’a certainement pas toute sa tête. Il doit être malade, car je n’ai jamais connu d’ours qui s’approche des hommes uniquement pour se battre avec les chiens. Je pense qu’il a attrapé des vers qui rendent fous. Lorsque les chiens et les renards ont ces vers, c’est ce qui arrive : ils perdent la tête et deviennent dangereux. Peut-être que cet ours les a aussi attrapés. Si c’est le cas, il va semer la terreur. S’il s’est abattu avec un autre ours, cet adversaire sera infecté aussi. Et si d’autres ours attrapent les vers, ils vont tuer beaucoup d’hommes, de chiens et d’animaux. »

Les chasseurs décident de partir sur les traces de cet ours blanc touché à la patte. Ils laissent deux hommes avec les femmes et les enfants. Kamik fait partie des chasseurs. La peur se mêle à la rage. Cette chasse sera teintée de sang dans neige, je ne vous dis pas lequel et vous laisse découvrir cette histoire.

Kamik sera confronté à divers dangers. Il endurera le froid, la peur, la faim, la douleur, l’attente, la fatigue et la tristesse. L’important pour lui sera de survivre et de rentrer chez lui, auprès de sa mère, Ujamik. Elle ne perdra pas espoir de voir revenir les chasseurs et fera preuve de courage.

Un beau roman, qui m’a fait penser à celui de Bérangère Cournut, « De pierre et d’os », à la différence que Markoosie Patsauq est un Inuit. Cette histoire, il lui a été racontée par ses parents et ses grands-parents. Ce roman est basé sur une histoire vraie, racontée avec sobriété. Le destin de Kamik tient le lecteur en haleine, véritable quête initiatique pour ce jeune chasseur au harpon. Dépaysant, ce roman a également une portée sociologique importante. C’est un classique de la littérature inuite. L’auteur est malheureusement décédé en mars 2020. Vous trouverez quelques mots de sa part à la fin du livre. Il aborde également le déplacement forcé dont sa famille a fait l’objet en 1953. En effet, le gouvernement canadien a obligé des Inuits à aller vivre dans le Haut-Arctique, loin de leurs terres. Je salue le remarquable travail des éditions Dépaysage.

Traduit de l’inuktitut par Valerie Henitiuk et Marc-Antoine Mahieu.
Lien : https://joellebooks.fr/2021/..
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Kamik

Il y a une certaine émotion à tenir entre ses mains le premier roman écrit en inuktitut, traduit en français directement depuis sa langue originale.



Le camp du jeune Kamik est attaqué à par un ours blanc devenu fou. Avec son père et d’autres hommes ils partent à sa recherche pour le tuer.



Un récit court et tragique exprimé avec des mots simples et peu d’émotions mais qui va à l’essentiel. C’est une histoire d’hommes et de femmes confrontés à une nature sauvage dans des conditions extrêmes. Le courage et la solidarité sont leurs seuls atouts pour affronter les dangers de chaque journée (le froid intense, la chasse, les ours polaires, les glaces dérivantes).



L’auteur a construit son récit en assemblant les histoires que lui racontaient les membres de sa famille durant son enfance. Il nous offre ainsi un rare aperçu de la culture inuit.



Editions Dépaysage dans une très belle collection (Talismans), notamment dans le choix des illustrations des couvertures.
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Kamik

Plus que la valeur littéraire du livre, c'est sa valeur historique qui compte.Ce livre est un témoignage. Nous ne connaissons que si peu de la vie des Inuit. C'est un récit dur, qui raconte un monde impitoyable, où la mort est parfois moins dure que la vie. À lire.
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Kamik

Si, comme le prétend la légende, les Inuits possèdent cinquante mots pour désigner la neige, un récit d’une centaine de pages peut-il dire le monde, ou tout du moins, une partie du monde. C’est sans doute le paradoxe apparent que Kamik, « long » récit de l’auteur inuit Markoosie Patsauq, semble mettre en lumière. Kamik, jeune chasseur inuit de seize ans, part sur la banquise avec son père et quelques compagnons, à la poursuite d’un ours blanc, rendu fou par un parasite. Mais la traque tourne rapidement au tragique, et la chasse ordinaire vire à la course contre la montre, en une lutte du jeune garçon pour sa survie, entre prédateurs d’un côté et environnement impitoyable de l’autre.



Comme mentionné dans la longue (mais incontournable) préface au récit, Kamik, présenté comme le premier roman écrit par un inuit, est une œuvre de fiction qui est sans doute le fruit d’un mélange de plusieurs histoires imaginaires ou réellement vécues. Un conte des contes en quelque sorte. Dont l’intérêt réside par ailleurs dans la traduction directe depuis l’Inuktitut (langue de peuples autochtones dont la transmission reposait vraisemblablement jusqu’à peu sur une tradition orale), sans le filtre de traductions intermédiaires (« Des siècles durant, on a écrit sur eux. Sans eux. Figures caricaturales d’une histoire fabriquée par les vainqueurs », rappelle l’éditeur Dépaysage sur son site).



Il en résulte un récit haletant, composés de très courts paragraphes, alternant les points de vue de différents protagonistes, et d’une écriture épurée à l’extrême. Pour tout lecteur occidental biberonné aux autofictions contemporaines ou aux grandes fresques romanesques, dans lesquelles chaque situation, sentiment, fait ou geste, est décortiqué à l’infini, Kamik peut apparaître excessivement sobre. Or c’est peut-être là que résident toute la prouesse et la force de ce récit. Là où d’un Frodon quittant sa maison de hobbit s’ensuit une quête de mille pages et trois tomes, un Kamik sortant de son igloo poursuit la sienne en une centaine de pages, tout en déployant, telle la glace se fissurant en étoile, une multitude de thèmes tels que la famille et la transmission, la communauté et la solidarité, la fraternité et le couple, les racines et la terre d’origine, ses beautés et ses dangers, la vie et la mort... Si court soit-il, Kamik parvient à obtenir une évocation ample de tout un environnement. Et toucher avec si peu à l’universel. Le propre des grands contes ?



Remerciements aux éditions Dépaysage, ainsi qu'à Babelio.
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Kamik

Kamik est un jeune Inuit du Canada. Un soir, le silence nocturne est brisé par l’arrivée d’un ours blanc tentant de tuer les chiens sur le campement. Comportement anormal sûrement lié à des vers dans l’organisme de l’animal. Un coup de harpon dans la patte et ce dernier s’enfuit, mais il faut le retrouver et le tuer avant qu’il ne contamine d’autres ours et mette en péril la vie de tout le campement familial. Face aux conseils de son père, Kamik et d’autres chasseurs se préparent à une traque sans merci pour sauver les leurs.

Lire Markoosie Patsauq, c’est entrevoir une existence que l’on ne vivra jamais et dont la rudesse est aussi présente que l’intensité des traditions. J’ai totalement adhéré à l’histoire de ce jeune chasseur voulant marcher dans les pas de son père, se sentir digne des siens et aller outre sa peur de l’ours blanc. On assiste à une initiation à l’âge adulte, une mise en valeur des liens familiaux, leur beauté, mais aussi et tout simplement une scène de vie inuite, vestige d’un temps où les iglous étaient encore chose commune.



C’est une écriture simple, sans fioritures, et cette édition est directement traduite de l’inuktitut et non d’une traduction anglaise de l’œuvre. Une façon évidente de garder le détail stylistique et le naturel de Patsauq. L’écrivain l’a mentionné d’ailleurs lui-même : les mots du Sud et ceux du Nord sont bien différents. Tout au long du roman, nous vivons le suspense du dénouement avec Kamik, il nous tient en haleine, et avec angoisse nous tournons parfois les pages à la rencontre de l’ours blanc. J’ai trouvé au texte une dimension presque théâtrale tant l’intensité du tragique émanait de ces immensités immaculées.
Lien : https://troublebibliomane.fr..
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Kamik

L’intérêt de l’ouvrage réside autant -et même plus, en ce qui me concerne- dans ce que nous apprennent les addendas à l’œuvre elle-même (la préface, les explications sur la traduction et le "Mot de l’auteur") que dans les qualités littéraires de cette dernière. Je dois en effet avouer avoir eu du mal à m’impliquer dans ce récit que sa brièveté et son extrême simplicité m’ont fait paraître expéditif.

On y suit Kamik, seize ans, et les dramatiques événements qui vont le faire brutalement devenir adulte.



Cela débute par l’attaque d’un ours blanc qui s’en prend au campement du clan dont Kamik et sa famille font partie. Rapidement, les hommes du groupe décident de traquer l’animal -qui s’est enfui après avoir été blessé à la patte-, ce dernier représentant une menace. De telles attaques sont en effet inhabituelles, et sont généralement perpétrées par des bêtes que les vers ont rendu folles.



Pour Kamik, c’est une première. Son père Salluq lui a bien appris à chasser, mais jamais encore il ne s’est frotté à ce terrible prédateur. La traque tourne mal, au point que le jeune homme se retrouve seul, à des jours de marche de chez lui, dans un environnement extrêmement hostile, où le froid, les difficultés à trouver de la nourriture et le risque d’être confronté à un ours mettent chaque jour sa vie en danger.



Les phrases sont courtes, souvent dégraissées de tout lyrisme, les événements -y compris certaines scènes de carnage- évoqués de manière très factuelle, les émotions des personnages -peur, colère- exprimées littéralement, presque avec sécheresse, comme si la vigilance que requièrent le danger omniprésent et les impératifs de la survie colonisait toutes les pensées.



Certains éléments du récit surprennent, et créent chez le lecteur une sensation de dépaysement, telle cette possibilité qu’évoquent les personnages de manger -certes en dernier recours- leurs chiens, ou cette manière systématique d’envisager le suicide dès lors qu’une situation semble désespérée…



(…)



L’auteur a fait partie lorsqu’il était enfant -dans les années 1950- d’un groupe inuit déplacé à 2000 kilomètres au nord de son territoire par un gouvernement qui, désireux de renforcer sa souveraineté sur le Haut-Arctique, avait besoin, outre une présence militaire et policière, d’y installer des gens. Peu habitués à leur nouvel environnement local, sous-équipés pour endurer des conditions climatiques et un isolement extrêmes, ils ont enduré plusieurs décennies de privations terribles avant d’être autorisés à rentrer chez eux. Beaucoup sont morts de désespoir ou de maladies. Markoosie Patsauq a quant à lui été envoyé dans un sanatorium pour soigner une tuberculose. Il y a appris l’anglais, ce qui lui a par la suite permis de faire des études puis de devenir un des premiers aviateurs inuits. Il est une exception, qui a su trouver sa place entre deux mondes, (inuit et occidental) et un certain équilibre, notamment grâce aux histoires qu’il écrivait souvent entre deux vols, dans l’attente de conditions météorologiques plus clémentes.



Ce qui fait de ce roman un texte important, c’est qu’il s’agit du premier roman autochtone publié au Canada. Inspiré d’histoires (elles-mêmes basées sur des faits réels) que ses grands-parents racontaient à l’auteur, le manuscrit original de Kamik a été écrit en inuktitut, langue syllabique, et est paru dans cette langue dans un magazine inuit entre 1969 et 1970. Par ailleurs, l’auteur l’a lui-même traduit en anglais à la fin des années 60. Cinquante ans après cette publication initiale, il a été retraduit pour la première fois directement de l’inuktitut au français, dans l’optique de respecter autant que possible le style, le vocabulaire et le tempo de l’auteur.



C’est un livre important notamment pour la jeunesse inuite à laquelle il rappelle sa culture. Il est aussi devenu, en version originale, un ouvrage remarquable dont la langue constitue un patrimoine vivant d’une richesse incomparable, car si les presque douze mille Nunavimmiut (Inuits du Nunavik) parlent encore aujourd’hui pour la plupart leur langue ancestrale, le nombre de livres écrits directement dans cette langue se compte sur les doigts d’une main.



Son titre original est "Le chasseur au harpon", qui s’écrit en inuktitut ᐊᖑᓇᓱᑦᑎᐅᑉ ᓇᐅᒃᑯᑎᖓ.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Kamik

Une échappée dans le grand Nord canadien, avec Kamik, le jeune inuit à la poursuite d'un ours fou ! Le grand carnivore blanc a éventré des chiens, attaqué des hommes, il faut que cela cesse..Un récit qui m'a donné des frissons dans les deux sens du terme : j'ai eu froid, et peur, pendant toute la quête du jeune Kamik. Un récit initiatique d'une grande pureté pour découvrir la littérature inuite.
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Kamik

Kamik est un jeune Inuit du Canada de 16 ans. Il vit avec Salluq, son père, chasseur au harpon et sa mère Ujamik qui fabrique des bottes, au sein d’une petite communauté.

Un jour, un ours s’approche dangereusement du campement et il est décidé par les hommes de partir à sa poursuite .



Je vous laisse découvrir la suite de cette expédition effrayante dans la réalité glaciale de la banquise.

.

Pas un mot de trop dans ce récit qui relate un quotidien effroyablement dur d’une lutte quotidienne pour la survie

Chacun y a sa voix : les hommes, Kamik, les femmes restées au campement, l’ours .. et tous les points de vue sont énoncés si simplement et sans jugement qu’ils deviennent essentiels.

.

La première force de ce roman est d’avoir été écrit en inuktitut, écriture syllabique. L’auteur, Markoosie Patsauq a en effet utilisé sa langue maternelle pour le faire. Il a connu lui-même la vie traditionnelle ce qui fait toute la légitimité de ce premier roman inuit.



La seconde force est sont origine. C’est une histoire transmise oralement par son grand-père et l’on apprend il s’agit là d’une histoire vraie...



La troisième et primordiale est cette traduction qui nous est offerte ici. Directement de la langue initiale, sans passer par la version en anglais dont la traduction est un classique de la littérature nord-américaine mais relégué à la littérature jeunesse...

Ceci se rapproche alors d’un acte politique fort, abandonnant avec conviction la colonisation « invisible » culturelle qui nous a été servie depuis tant d’années. Et pour nous, la chance de pouvoir approcher cette culture d’aussi près !



Redonner la parole autochtone est la ligne directrice des @editions.depaysage dans cette collection Talisman et c’est là chose faite.



Cet texte est un véritable trésor qui nous est donné dans une magnifique édition rehaussée d’illustrations de Olivier Mazoué

qui lui sert d’écrin ...

La préface, les explications sur la traduction et le mot de l’auteur en toute fin nous permettent de saisir l’importance de cette œuvre qui sort aujourd’hui et que je vous prescrit vivement !
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