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Citations de Martin Provost (30)


Jusqu'alors, il avait été pour eux leur seul prolongement, leur seul territoire possible. Sa cervelle agitée générait interrogations et doutes, mais les questions qu'il se posait restaient évidemment sans réponse, puisque ce n'était pas des questions, mais des atermoiements tourmentés et stériles, quand le présent meurt au passé sans avoir défini l'avenir.
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André sauta à pieds joints dans l'étang pour les rejoindre, éclaboussant partout autour de lui comme un chiot, criant, clamant sa joie de vivre, mais ses enfants le regardèrent soudain avec une telle surprise, ils avaient l'air si confondus, si ennuyés pour lui qu'il s'arrêta dans son élan. Les sept visages glacés exprimaient cette même stupeur conformiste qu'il savait avoir lui – même affichée du temps de Loïc et Fernande, à la boucherie Plomeur, quand le conflit des générations empêche toute compassion, toute compréhension. Il se sentit vieillir d'un coup. Ses articulations, son dos, sa nuque, tout le faisait souffrir, et il sortit de l'eau aussi vite qu'il y était entré.
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Car cette île leur plaisait et même s'ils en avaient un peu peur, il n'était pas question de la quitter sans avoir tenté l'expérience. C'était comme tomber amoureux. Le risque à courir était aussi important que l'amour à vivre.
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À bien y réfléchir, il ne craignait pas d'avoir tourné en rond, pourvu qu'il soit revenu à la case départ. Quelle honte aurait – il eue à ça ? Comme au jeu de l'oie, le voyage avait rempli son office ; à sa façon, André était devenu un héros. Et il se sentait fort,beaucoup plus fort qu'avant, assez fort en tout cas pour braver toutes les tempêtes humaines.
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Comme il pensait à elle, il eut soudain le mal du pays. C'était un mal étrange et neuf qui lui brouillait les tripes en enserrant ses membres, comme pour les engourdir, à vouloir les laisser derrière soi.
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Était – ce cela mourir, se réveiller dans l'autre monde avec le sentiment d'avoir oublié ses clés, quelque chose ou quelqu'un, de ne pas avoir totalement accompli sa tâche ?
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Ainsi, il fit très vite la différence entre francs et centimes, faisant preuve par là même d'un sens inné du commerce, c'est – à – dire de la chair convertie en espèces.
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Si les pianistes naissent tous avec un don, André semblait venu sur terre avec celui de faire chanter le bifteck.
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S'il avait fait l'amour comme d'autres partent à la guerre,bravement,et sans trop réfléchir,il savait maintenant que tout acte porte en lui-même ses fruits.
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André Plomeur est né à Quimper, par un beau jour d’avril. Sa mère finissait de larder un rôti de bœuf quand elle se sentit embrochée comme un poulet prêt à cuir. La cliente qui attendait, la voyant étouffer, crut que c’était le cœur qui lâchait. Mais non. Ça se passait plus bas. Lorsque les eaux se mirent à ruisseler sur la sciure, on envoyer chercher le futur papa aux abattoirs. Il fallait le prévenir dare-dare que l’enfant de l’amour arrivait.
Élevé au lait entier, le jeune André évolua rapidement dans la tradition ancestrale en travaillant au magasin dès l’âge de cinq ans. A sept, il savait déjà tenir la caisse, à huit, égorger son premier mouton, à dix, vous désosser une épaule en deux temps trois mouvements et l’entrelarder sous votre nez, façon bouchère. Fallait voir comment il aimait la bidoche. Si les pianistes naissent tous avec un don, André semblait venu sur terre avec celui qui fait chanter le bifteck.
Toutes ses années scolaires, il les passa à la boucherie, l’enseigne arborant les lettres du nom familial peintes en rouge sang sur un fond rose fuchsia. Loïc, son père, Fernande, sa mère (descendante directe d’une lignée de charcutiers originaire de l’île de Molène, créateurs de la saucisse du même nom), décidèrent, à l’arrivée du rejeton, de ne rien changer aux principes d’une éducation transmise par les générations précédentes, qui avait déjà fait ses preuves. Loïc apprit donc lui-même au marmot l’art des voyelles et des consonnes. Chaque fois qu’il débitait les quartiers de bidoche au hachoir, il lui faisait répéter à voix haute les noms inscrits sur les panneaux cloués aux murs de la boucherie où les bœufs, les moutons, les cochons et les chevaux, soigneusement dessinés à la plume, apparaissaient découpés en morceaux. A comme abats, B comme bifteck, C comme côtelette, D comme dindon (chez Plomeur, on faisait aussi la volaille), E comme épaule, F comme filet mignon, G comme gigot, H comme hure, I comme indigestion…
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