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Citations de Maryna Uzun (996)


Maryna Uzun
J’ai une espèce de tic
Dans la bouche et le crâne :
Je rime souvent et n’importe où,
Fais un poème sur les tiques,
Un vers sur les antibiotiques…
Les rimes ne sont pas mes hallebardes,
Est-ce un paratonnerre
Contre mes propres nerfs ?
Je me sens un bouffon sans roi
Je ris,
Je gémis,
Je piaule
Comme un camion qui recule.
Mon cœur comme une cornemuse,
Cet instrument à vent qu’on enfle
Et qu’on désenfle comme on veut.
Cousues de rimes,
Cousues de larmes,
Mes chansons sont donc décousues.
La vie est blanche
Puis elle s'affine
Comme le fromage
L’enfant a déchiré la note explicative
La vie est un manuel déréglé !
La vie est un couloir étroit
Entre deux murs infranchissables.
Les souvenirs sont d’un côté,
Les rêves de l’autre.
Scanner vite ma vie
Au cas où elle serait
Bientôt déchirée
Comme une légende !

(Citation tirée du livre "Pianissimo féroce" (Le Livre-Actualité, 2019))
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Maryna Uzun
Quoi qu’il en soit, les réprimandes
De la vie n’atteignent pas mon crâne.
Le renouveau, re-beau, re-vert…
Les jardiniers étaleront
Des rouleaux d’herbe dans les parcs
Et remplaceront le treillis.
Les balançoires grinceront,
Les chiens lâcheront leurs « mascottes »,
Et les moineaux enfienteront
Des carrefours et des épaules…
Je patrouillerai le Ranelagh,
Passerai le bronze du moraliste.
Ma confusion des intuitions,
La même qu’il y a vingt ans,
M’habitera, m’exaltera.
Une nuance me sauvera.
Oiseau décalé des humains,
Je tomberai du nid encore,
J’écouterai des chants nocturnes,
Je scruterai le ciel naissant…
Les gousses d’espoir rependront
Sous la tonnelle de mon amour.
Hâtez-vous, mes avant-coureuses !
Tu es mon menhir adoré !
Que je te danse mon rituel !
Que je t’arrache, te déracine,
Mon pavé froid mais si luisant !
Tu m’appartiens ! Que je t’emporte !
L'humus ne nous retiendra plus !
Pour toi, j’ameute les nuages !
Fantaisie folle, anime-moi,
Mes variations sur la même affre !
La Tour Eiffel changera de pattes d’eph,
Déchiffrera mon feuilleton,
Le plus quotidiennement possible,
Contre champagnes et réveillons !
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Celui que j’aimais
Avec le duvet
De ma peau d’enfant,
Celui que j’aimais
Avecque le creux
De mon estomac,

Celui que j’aimais
Des cordes vocales
De mes soubresauts,
Celui que j’aimais
Avec mon cerveau
Prenant du plaisir...

Car pourquoi les hommes
Auraient-ils l’honneur
D’avoir le sexe à l’endroit du cerveau
Et non une femme,
Pourquoi, pourquoi donc ?

Que d’amours infirmes !
Mais qui puis-je aimer
Avec mon tout ?
Amour qui ne manque
Ni d’aigus ni de basses
N’est pas né, hélas !
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Maryna Uzun
Les Serres d’Auteuil, c’est quand même un zoo :
Arbres exilés, plants déracinés
Pour ravir les yeux, pour flatter le nez
Des passants distraits, des bardes zozos.
Je reconnais l’arbre encor par ses feuilles,
Jamais par le tronc, mais c’est du chinois !
Et je me faufile entre les palmiers,
Sous les vasques bleues, mes genoux pliés.

Le soleil est loin, le soleil d’automne,
La rosée est froide, et mes doigts grelottent.
Rosée argentique ! Et j’ai, tout à coup,
Envie de photos, mais en noir et blanc,
Contre un tronc rugueux aux bourses gonflées,
Tout comme autrefois, à l’isle Saint-Louis !
Ma tête est un gland tellement le tronc,
Ce tronc centenaire, est plus grand que moi !

Nos confinements aux selfies avides…
Ma dérogation, le temps m’est compté !
Mais que de clins d’œil ! Je quitte le parc,
Je quitte mon bal, éprise d’un arbre,
Un ptérocaryer, l’arbre aux fruits ailés !
Jusque-là jamais je n’ai accouru
À la grille noire au son doux de cloche !
Je suis si joyeuse, une cendrillon !

"Les Poèmes d’amour pour des premiers venus"(Le Livre Actualité Éditions, 2021)
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Maryna Uzun
Extrait du recueil de poèmes "L'insomnie est couchée dans mon lit" (Livre-actualité, 2020)

Ma petite insomnie,
Où as-tu aluni ?
Sans mascara
Sans baccarat
Sans apparat
Hébétée
Éreintée
Pailletée
D’amour.
Barbara ? Clara ? Sarah ?
Dans ce cagibi,
Tu as l’air d’un titi,
Mon petit cri-cri.
Ta culotte filante
Comme une comète
A volé à travers la nuit indigo,
La nuit pleine d’eau,
À la Francis Carco.
Ô ma fée barbue
Sans prénom,
Vivent tes vers bossus !
Je t’ai bue
Jusque quand tu t’es tue !
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Maryna Uzun
(extrait du recueil "Tableaux de l’amour au goût de yaourt")

Je sens l’ail, la poiscaille
Le poivron fait ronron
Dans mon ventre tout rond

Qui me prend par la taille ?
Mon poème ou mon verre ?
Ou le Duc de Nevers ?

Revenir au bercail,
À ses sujets bateau ?
Il n’est jamais trop tôt…

Au bercail, je ferraille
Je me sens égarée
Où je suis amarrée !
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Maryna Uzun
(extrait du recueil "Tableaux de l’amour au goût de yaourt")

On dit dans notre sombre sommeil
On nie dans notre veille ardente

Un oui dans notre tendre torpeur
Un non dans notre réveil brûlant

Un pli dans cette ultime douceur
Un tri dans notre chaude journée

La pie fend notre lucide inertie
Un nid crie. Notre oiseau bonheur

Le gui pour notre regard velouté
La vie luit comme l’astre radieux

Et nos yeux rient. L’amour glaneur
Et nos bras longs tâtent l’infini
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La Veillée brusque

C’est un bureau buvard, ni silencieux ni bavard, près d’un lit mordoré ou pliant.
C’est une beauté et déchirante et déchirée. Une beauté.
C’est un amour et malentendant et malentendu. Un amour.
L’air et le monde volés ou envolés. L’oubli.
— Était-ce donc nous ?
— Et le violet s’harmonise avec le jaune.
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Parfois les passants me sourient quand je souris pensant à toi !
C’est ma balade romanesque, ma balade qu’on fait ensemble !
Moi, vue du dos dans mon ciré, je suis une femme à demi,
Je suis une orange Jaffa, et je pends à ma clé de sol.
Un jour, passeras-tu par là ? Reconnais-moi, je suis ainsi !
Il bruine rue de la Tourelle… Tu seras l’homme de mon vers !
Tu ne m’écriras plus jamais… Je suis ta folle au bord de mer…
Suis-je la femme dans ton verre ? Oh, ce serait la mer à boire !
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Maryna Uzun
À Odessa, dans une ruelle,
Il y a un banc aux tourterelles
Leur arbre est comme une tourelle

J’adorais leur gémissement
Dans un silence campagnard
Oiseau discret couleur poussière
Au doux visage de vieillard

Mes tours, mes tourterelles turques
Hou hooouuu hou, hou hooouuu hou
Je les entends depuis vingt ans.
Il ne faut pas compter leurs cris
Sinon c’est la sorcellerie !

On considère de coutume
Que la mémoire est importune
Et colle à nous comme un costume
Mais ma mémoire est ma fortune

Mes tourterelles à voix pure
Hou hooouuu hou, hou hooouuu hou
Je les attends depuis vingt ans.
Mais il ne faut jamais compter
Sinon le chant va s’arrêter !

Mon Odessa où chaque ruelle
A son vieux banc aux tourterelles
Chacune son beau, chacun sa belle


Citation tirée du livre "Souviens-toi de ton Odessa suivi d'autres poèmes" (Le Livre-Actualité, 2019)
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Maryna Uzun
Le pianiste

Il est pianiste au sens précis
Pour ses voisins, il est la scie
Piano le tue, à sa merci
Il s’applique avec minutie

Il reste assis, il reste assis
À faire des acrobaties
Et cependant il balbutie
Son jeu tout sec, un pain rassis !

Malheur ! Enfin il réussit
Il peut changer de galaxie
Il peut s’enfouir dans Debussy
Pour poser les premiers glacis !


Citation tirée du livre "Souviens-toi de ton Odessa suivi d'autres poèmes" (Le Livre-Actualité, 2019)
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Maryna Uzun
Dans la fraîcheur d’une gloriette
La vie a l’air d’une bluette
J’ai brusquement un mal de tête
Qui me perturbe et qui m’inquiète

Douleur tout d’abord gentillette
Tel un doux cliquetis d’assiettes
Tel l’écho faible d’une ariette
Un jacassement de fillettes

Puis tout mon calme part en miettes
Ce mal de chien, ce mal de tête,
Un brouhaha des trois quintettes
De Brahms, Schubert et Janacek

Je ne suis pas une douillette
Mais c’est le cri des castagnettes
Ma tête danse des claquettes
À moi ! C’est pire qu’une mitraillette !

À ce lancinant mal de tête
J’ai répondu par ma pirouette
En lui cherchant une épithète
Il ne peut rien contre une esthète !

Le mal de tête est assagi
Et moi j’écris mon élégie
Je marche au rythme de mes vers
Je soigne ainsi des maux divers

Mon mal du chef, tout froid, ci-gît
Pour lui, j’allume une bougie
Et dans la paix de ma gloriette
Je ne ressens qu’un mal de fête !





Citation tirée du livre "Souviens-toi de ton Odessa suivi d'autres poèmes" (Le Livre-Actualité, 2019)
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J’étais une vieille sculpture,
La mousse a poussé sur mes hanches
Dans l’ombre de l’enclos tranquille.
Ô mon ange-déménageur,
Ô mon engrumeleur des nuages,
Le brodeur des meules de foin !
Tu déglues mes paupières closes,
Démêles les noeuds de ma tête,
Dégèles ma bouche agelaste !
Et grâce à toi, je me ranime,
Je suis une ange légumière
Dans une cuisine de mots !
Tu es le doreur de mes jours
Et par moments leur embruineur,
Que je feuillette tes regards
Y trouvant des grains de folie
Pour mon histoire au démarrage,
Pour mes vers faisant du surplace !
Quelle lumière furibonde !
Ô frimousse rieuse en sourdine
Qui papillotes pour moi seule !
Guirlande-moi de tes baisers,
Aime-moi d’amour de poète,
Briseur de vers pour le bonheur !
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Deux gros nuages
Couleur inox
Jouent à la boxe
Et sans trucage
Et leur colère,
C’est le tonnerre !
Le coup de foudre
Rien à recoudre
Et dans l’éclair
Des bras, des jambes
Tout s’accélère
Fureur des ïambes !
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Tu es loin mais, à chaque pas,
Je me regarde avec tes yeux,
Avec tes yeux grisés à mort,
Et je bondis d’excitation.

Ma robe ondule sur le pont.
Le pont, c’est moi ! Les canoës
Glissent sans bruit. La Seine est pleine
De chlorophylle. Elle sent toi !

À travers mille et un vacarmes,
La Seine te porte ma voix,
Tel le vent jouant à être toi,
Soulève ma robe, affamé.
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Maryna Uzun
C’est la chanson en noir et blanc
De notre amour avare et rare.
Derrière un son, l’amour troublant
L’amour tremblant qu’un rien effare.

Sonate en do, nocturne en ré
C’était un amour emmuré
Scherzo en mi et valse en fa
Jamais posé sur un sofa

Maestoso de Casse-noisette
Jamais portant une nuisette
Menuet en la, prélude en sol
Jamais sous un grand parasol

La gigue en do, notre credo,
L’amour frémit tel l’air en mi
L’amour halète d’impatience
L’amour ruisselle d’insouciance

Un amour rouge cramoisi
Étude en ré, mi-déclaré,
Musette en la, mais jamais las
Fuguette en si, c’était ainsi.

(Citation tirée du livre "Pianissimo féroce" (Le Livre-Actualité, 2019))
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Maryna Uzun
Un beau matin vous recevez
Un bouquet chic de maux divers
Dans lequel il est impossible
De démêler les pédoncules.

Les maladies sont des bouquets
Que la vie nous envoie sans carte.
Elles ne viennent qu’à plusieurs
Pour offrir leur fine liqueur.

Elles s’en vont souvent sans traces
Mais parfois s’aimant trop chez vous,
Tels les cafards domestiqués,
Elles vous tiennent compagnie !


Citation tirée du livre "Souviens-toi de ton Odessa suivi d'autres poèmes" (Le Livre-Actualité, 2019)
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Maryna Uzun
Elle s’habille en bleu pervenche
Une âme émue et qui s’épanche
Qui coule comme une bougie
S’étale comme un paillasson

L’esprit lui dit, haut sur sa branche :
« Tu n’es pas une bougie blanche
Arrête ! Un peu de dignité !
Un camembert qui se répand !

— Faute de fond tu t’endimanches
Et sûr de toi, toujours tu tranches
Esprit tu n’es qu’un galopin
Mais souffle-moi si je dérange ! »

Et depuis lors, et depuis lors,
L’âme aimante se réfugie
Fumée, odeur, brouillard ou son
Sont ses cachettes, ses buissons

Depuis lors l’âme aimante souffle
Ses mots dans l’oreille du vent
L’esprit sans âme se pavane
Toujours pimpant tout comme un paon



Citation tirée du livre "Souviens-toi de ton Odessa suivi d'autres poèmes" (Le Livre-Actualité, 2019)
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Simha, yearling aux yeux bas, je revis mon ultime coup d’œil sur toi… Oh admire tes runnings ! Elles ont l’air épatantes, tes épouses ravissantes gardant leurs pensées pour elles ! Ton polo du dernier cri, oh n’en sois jamais marri ! Déclare-moi, à plein gosier, mariée à la rue-carillon !
Mes mythes ne se greffent pas sur les souches. Mes ongles sont coupés trop court pour qu’ils griffent. Polo sans col, tu me plais trop, sans remède, pour que je puisse t’égratigner de mes lignes ! Mes lèvres bleues, baisers bruineux ne se posent que sur les bouches de métro, peu farouches.
Simha, darling défendu, ma suprême caresse pour toi… Mes méprises de l’espoir : te tenir pour quelqu’un d’autre ou prendre quelqu’un pour toi.
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Une allée aux peupliers
Une allée aux beaux colliers
Une boule de coton
Que me lance un rejeton

Les passants cachent leur nez
Les visages détournés
Les passants vont éternuer
Les flocons partent en nuées

Le coton des peupliers
La cohue au poulailler
Le combat des oreillers
Je les prends sans bouclier !

Le nuage de poussière
La fumée de doux pollen
La nuée de flocons de neige
Bénéfiques sortilèges !

La volée de pissenlits
De pétales de pommier
Ou de bulles de savon
Favorables tourbillons !…

L’enfant lance avec son pied
Le coton des peupliers
Ce brouillard m’est familier
C’est mon brouillard primordial

Ou c’est un voile nuptial
Le rideau de mousseline
Une bonne adrénaline
Ma petite idée maline

Et mon vers né du pollen
Dépourvu d’instinct bestial
Une simple cantilène
Dort dans son berceau royal
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