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Critiques de Maryse Condé (335)
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Moi, Tituba sorcière

Les vies s’enchevêtrent. Les peurs immémoriales et les vieilles tentations refont surface avec une violence dont Tituba et quelques autres seront les victimes expiatoires toutes désignées.

Un roman cruel et sardonique.

La toute jeune Tituba, fille de l’esclave Abena va devoir affronter très jeune la haine et la rancœur des hommes et va devoir affronter et accepter dans sa chair et dans son âme la mise à mort de sa mère après qu’elle a voulu tuer son maître d’un coup de couteau. Nous sommes à la Barbade au XVII siècle. C’est de cet acte de haine que Tituba va devoir fuir et dans sa fuite elle va rencontrer une femme, Man Yaya qui va la prendre sous son aile et va devenir sa seconde mère. Elle va d’une part lui enseigner l’art de guérir avec les plantes et d’autre part elle va l’initier à une connaissance plus haute « le monde des morts » et comment communiquer avec eux. Man yaya n’est pas éternelle, elle va mourir et peu de temps après Tituba succombera au charme de John Indien. Elle le suivra malgré les mises en garde des esprits de sa mère et de Man yaya jusqu’à Boston puis au village de Salem où elle sera l’esclave d’un nouveau maître, le révérend Samuel Parris. Ce choix, de suivre John Indien va l’entraîner dans la tourmente du procès des sorcières de Salem.

La romancière Maryse Condé se délivre du poids d’une Afrique qu’elle porte dans son cœur et dans ses entrailles. Elle fait craquer tous les vernis pour nous donner un texte riche et amer. C’est un récit dur et sec comme cette terre ingrate de Salem. Crépitant de phrases sans fioritures, Tituba scintille de couleurs et charrie des mots, des images, des phrases sinueuses et sensuelles. Elle dévoile aussi une magie qui nous émerveille dans sa correspondance qu’elle a avec les esprits.

Mais ne nous égarons pas Tituba est une combattante et une résistante car « ceux d’entre nous qui ne sont pas venus au monde armés d’ergots et de crocs, partent perdants dans tous les combats.

Salem est une ville ténébreuse, une ville pieuvre, une ville puritaine, une ville piège car elle sera prise dans les mailles de ses filets. Ses habitants voient peu à peu en Tituba une sorcière. Elle est emprisonnée comme une sorcière dans une cellule sombre et insalubre. Elle la partage avec une jeune femme Hester. Malgré l’amitié d’Hester, la prison laissera à Tituba une impression ineffaçable.

Quelques mois plus tard Hester n’est plus. Le cœur de Tituba se brise. Puis elle est employée dans les cuisines de la prison. Cuisiner présente des avantages certains car son esprit demeure libre. En 1693 on ouvre les portes des prisons et on déclare un pardon général. Sa joie la possède entièrement mais qui se soucie d’elle ? Un homme, un commerçant que l’on dit extrêmement riche qui est vraisemblablement en relation avec les Antilles, il symbolise ce que Tituba espère…. Un retour à la Barbade .

Non, décidément ce roman n’est pas désespéré. Une justice immanente s’y réfléchit. Après la prison de Salem une nouvelle vie commence pour elle, c’est ce qu’a voulu raconter Maryse Condé pour la réhabiliter et surtout pour l’arracher à l’oubli auquel elle a été condamnée.


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La belle créole

Non, "La Belle Créole" n'est pas un roman autobiographique de Maryse Condé. C'est le nom d'un bateau, disons plutôt un rafiot, plutôt décati, où Dieudonné, le héros de ce livre, a trouvé refuge. Lui et quelques autres, marginaux de cette île jamais nommée mais qui rappelle étrangement (?) la Guadeloupe, s'y retrouvent pour refaire le monde, en compagnie du crack pour larguer les voiles. Nous sommes en 1999, à l'heure où le destin de l'île se joue, toutes activités suspendues par des syndicats farouchement décidés à accélérer la marche vers l'indépendance. Le propos de l'auteure n'est cependant pas politique, même si celle-ci est fortement présente. Le destin de Dieudonné va basculer lorsqu'il va tomber amoureux de Loraine, une belle "békée" (blanche native de l'île). Un amour malheureux, qui va le mener en prison et le voir en sortir pour ne plus savoir quoi faire de sa vie, lui qui n'a cessé de voir disparaître les uns après les autres tous ceux qui étaient prêts à lui donner son quota d'amour. Avec son inégalable talent de conteuse, dans une langue savoureusement agrémentée de créole et de diverses locutions locales, Maryse Condé se livre à une fine analyse psychologique, où passé et présent se mêlent sans que jamais l'attention du lecteur ne se relâche. On est "dedans", du début à la fin. Seul regret : un glossaire des termes locaux aurait été le bienvenu en fin d'ouvrage. Même si on a vite fait, grâce au contexte, de comprendre que les "bòbòs" sont les prostituées locales et le "temps-longtemps" celui de l'esclavage, au bout de trois cent pages je n'ai toujours pas compris le sens de "pié-bwa". Dommage, mais c'est quand même un très beau livre…
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Moi, Tituba sorcière

Un sujet trop rarement abordé à mon goût.



Un livre à découvrir, une belle écriture.



Un bon moment de lecture.
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Le coeur à rire et à pleurer

Les biographies, ce n’est pas mon truc. Moi, je suis un lecteur de roman. En général, je ne lis les biographies qu’avec beaucoup de réticence. Pourquoi ? Parce que trop souvent nombrils des auteurs, trop souvent miroirs aux égos et, au final, trop rarement d’un réel intérêt artistique.

Le livre est art quand il nous transporte, soit pas la façon dont il nous conte une histoire, soit de par l’histoire même qui nous est contée. Les biographies, à mon goût, rentrent trop rarement dans la catégorie art. hormis le fait de trahir totalement l’esprit Wildien – d’Oscar Wilde – qui veut que seul l’art comptât et non l’artiste, il ne sert – souvent – qu’à draguer le voyeur qui est en nous sous le fallacieux prétexte de découvrir un homme – dit – grand, une star – vendue comme – unique ou un parcours – considéré comme – extraordinaire. Hélas, 3 fois hélas, cent fois hélas, ces textes que les as du marketing nous fourguent en titillant notre sensiblerie se révèle très rarement transcendants. Ils ne servent – en général – qu’à confirmer les afficionados dans leur penchant pour le personnage, laissant froid ceux qui, il n’y a pas d’autres mots, s’en foutent comme de leur premier slip kangourou.



Ce livre ne rentre pas dans ce cadre. Ma diatribe d’introduction ne sert en fait qu’à affirmer cela ; cette autobiographie de Maryse Condé n’est absolument pas un de ces auto-bravos dont je parlais plus haut. Ce petit récit (154 pages) se veut, pour le lecteur, une boussole qui, sans détour, sans concession aucune, nous montre les chemins par lesquels une enfant, benjamine d’une fratrie de 10, s’est construite, a construit sa personnalité pour devenir une écrivaine et activiste de talent.



L’enfant Maryse, naît par accident d’un père sexagénaire au corps, déjà, fourbi d’arthrose et d’une mère quadragénaire que la ménopause semble avoir oubliée – "Passé la honte d’avoir été prise, à son âge respectable, en flagrant délit d’œuvre de chair, ma mère ressentit une grande joie de son état. De l’orgueil même. L’arbre de son corps n’était pas flétri, desséché. Il pouvait encore porter des fruits. " – Elle est le bâton de vieillesse fustigé par les aînés parce que vu comme étant trop gâtée, trop choyée et totalement emmurée dans l’amour protectrice d’une mère castratrice.



"Ma mère attendait trop de moi. J’étais perpétuellement sommée de me montrer partout et en tout la meilleure. En conséquence, je vivais dans la peur de la décevoir. Ma terreur était d’entendre ce jugement sans appel que, bien souvent, elle portait sur moi

- Tu ne feras jamais rien de bon de ta vie !"



La petite fille se construit à l’ombre de cette mère potomitan qui semble se venger constamment d’un historique familiale douloureux – "sous ses abords flamboyants, j’imagine que sa mère avait peur de la vie, jument sans licou qui avait tellement malmené sa mère et sa grand-mère. Un inconnu avait violenté Elodie dont quinze ans plus tôt un usinier marie-galantais avait violenté la mère. Toutes les deux avaient été abandonnées avec leur montagne de la vérité et leurs deux yeux pour pleurer."– avec la rage de ceux qui veulent s’inventer un présent glorieux. Maryse Condé ne fait aucune concession à ses parents, à ses frères et sœurs, à sa famille.



Sa mère, qu’elle dépeint comme un personnage particulièrement antipathique, dure et complexé est le point focal de sa rébellion, de son refus de "devenir comme elle", une institutrice de la nouvelle bourgeoisie guadeloupéenne des années 50, dure et capable du pire acte d’égoïsme avec la main gauche pendant que la droite fait preuve, avec fanfares et tambours, de grande générosité.



(Suite sur http://www.loumeto.com/spip.php?article346)
Lien : http://www.loumeto.com/spip...
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Ségou, tome 1 : Les murailles de terre

Dans l'Afrique de la fin du XVIIIème siècle, Ségou est un royaume craint et respecté de ses voisins. Mais entre l'arrivée des Européens et l'avancée d'un Islam très différent de leurs croyances ancestrales il a sans doute vécu son zénith et un lent déclin va s'amorcer. Et ce crépuscule va nous être illustré par la noble famille Traoré dont quatre des fils vont s'éparpiller aux quatre vent par la force des évènements.

Un roman passionnant sur un continent rarement exploré par les romanciers. Plein de choses donc à découvrir tout en passant un très bon moment de lecture.
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Moi, Tituba sorcière

Dire de Maryse Condé qu’elle est une incroyable conteuse est galvaudé.

Personne, aujourd’hui, ne remet en cause ce talent qui était le sien.

Elle avait ce don de raconter des histoires – grandioses, immenses –,

de forger des personnages inoubliables,

et de donner force à leur bras et tendresse à leurs larmes.



Il n’est pas donné à toute le monde une telle habileté.

À peine a-t-elle jeté ses filets, que nous voilà pris·e au piège.

Ferré·e. Capturé·e et captivé·e par la grandeur de son récit.

La langue est pure, simple et limpide. Le sang chaud et la peau fébrile.



Sous-jacente, dissimulée dans les méandres d’une histoire palpitante : une force.

Un volcan.

Un boucan.

Assourdissant.



Et la rage en bouclier, l’amour en fer de lance.

Celui de la chair et du mot.

De l’histoire et de la passion.



Moi, Tituba sorcière… est un voyage. Dans un ailleurs, un passé, un oubli.

C’est une réhabilitation aussi libre que généreuse. L’histoire magnifiée d’une femme au destin tragique, l’amertume en étendard, parée d’injustices.



C’est une ode à la liberté, celle du corps et celle de l’âme.

Un hymne à la résilience, un chant de guérison.

C’est une complainte amoureuse bercée par le roulis des ruisseaux sillonnant la Barbade, une symphonie rayonnante, lumineuse, aussi luxuriante que la végétation de l’île aux mille visages.

C’est un embrasement. Une flamme.

Crépitante,

et décoiffante.
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Moi, Tituba sorcière

Merveilleux roman que je viens de relire. Tituba a réellement existé, est mentionnée dans les actes du procès des sorcières de Salem en 1692-1693 mais on ne connait rien d'elle. Maryse Condé lui redonne vie dans un roman à la fois historique, poétique, merveilleux, palpitant car la vie de Tituba est riche d'aventures.

Issue d'un viol entre une esclave et un marin blanc sur un bateau négrier, elle accoste à la Barbade, aux Antilles. Après la mort de sa mère pendue sous ses yeux pour s'être défendue contre un planteur trop entreprenant, elle est élevée jusqu'à ses 14 ans par Man Yaya, une femme qui l'initie aux soins par les plantes, lui apprend à communiquer avec les invisibles, les morts qui nous sont chers, à devenir une sorcière qui fait du bien.

Tituba rencontre John l'Indien, un homme lâche pour l'amour duquel elle redevient esclave. Tituba comme lui dira plus tard Hester rencontrée en prison aime trop l'amour et les hommes, c'est sa grande faiblesse, jamais elle ne pourra de venir féministe. Ces passages là sont très drôles. Tituba, en effet, n'est pas une esclave noire soumise, elle est forte, elle aime la vie malgré les malheurs qu'elle endure. Maryse Condé lui redonne vie et surtout une personnalité, des pensées.

Embarquée à Salem par Samuel Parris, un pasteur puritain fanatique, elle est accusée de sorcellerie, elle qui se servait de ses dons pour soulager et guérir. Les Blancs puritains n'y voient qu'une emprise du Malin, la différence de mentalité est totale. Cette communion totale avec les Esprits, la Nature n'est vue que comme la marque du diable par les Puritains.

Un livre sur l'esclavage, sur les femmes, sur l'amour. Tituba, une femme généreuse, solaire, drôle, intelligente et humaine par ses faiblesses...les hommes et l'amour.
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Moi, Tituba sorcière

Je m'attendais à ce que ce roman/biographie soit plus centré sur l'affaire de Salem. Au final c'est surtout un beau destin, une belle histoire de vie et de courage que celle de Tituba.

Née esclave, malmenée par les hommes, les blancs comme ses semblables, elle a traversé les épreuves par sa seule force. Elle livre un beau message d'espoir. Sa volonté de ne pas devenir haineuse et méchante malgré tout ce qu'elle a subi est un exemple de résilience et d'amour.

Vraiment, j'ai aimé la connaître, j'ai aimé l'interprétation libre de l'auteur quand à sa vie. Une très belle surprise.
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Moi, Tituba sorcière

Le point de départ est très intéressant et nécessaire, oui : traiter de l'esclavage et de ses conséquences par un regard féminin, de la domination des hommes sur les femmes en contexte colonial en y ajoutant le fondamentalisme religieux. On comprend d'ailleurs rapidement que l'opposition réelle n'est pas entre propriétaires blancs et esclaves noirs, mais entre hommes et femmes, par-delà les couleurs. Sauf que... comme pour les deux autres ouvrages de Maryse Condé que j'ai déjà lus, je trouve que si l'idée initiale est passionnante, le contexte historique riche, le romanesque, l'intrigue, ne sont pas à la hauteur.

Comme pour Ségou, j'ai ainsi trouvé que l'héroïne n'était pas assez approfondie. Certes, le texte repose sur une focalisation interne. Mais on ne comprend pas toujours ses sentiments, sa personnalité : elle insiste sur sa liberté, mais accepte une vie de servitude dès qu'un homme lui demande. Elle ne pense qu'à la vengeance, mais refuse de faire le mal. Elle sait qu'elle doit être discrète pour ne pas attirer l'attention, et part faire des sacrifices dans la forêt... Peut-être aussi que ce qui m'a empêché de rentrer pleinement dans l'histoire, c'est que, justement, elle n'est pas inconnue : le thème des sorcières de Salem est déjà exploité dans la littérature.

J'ai été gênée par quelques anachronismes dans la langue : un personnage ne peut pas utiliser le terme de racisme au XVIIIème siècle dans son sens actuel, ni celui de féminisme - le mot lui-même n'existant pas. De même, il n'est pas logique que Tituba, présentée comme illettrée, pense au futur récit qu'on fera sur sa vie et à sa postérité. Les derniers mots du texte avant l'épilogue : "d'étranges arbres portant d'étranges fruits" ne sont pas amenés non plus de façon subtile.

Finalement, c'est la fin que j'ai préférée, lorsque Tituba est devenue un pur esprit qui hante son île, guérissant les douleurs des femmes, les incitant à chercher leur plaisir, tout en jouissant elle-même des beautés de son île. C'est dans ces quelques dernières pages qu'elle devient vraiment personnage de fiction et non personnage réel en marge de l'histoire.
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Le coeur à rire et à pleurer

Ce n'est sans doute pas le bon ouvrage pour découvrir l’œuvre de Maryse Condé, surtout pour moi qui n'apprécie pas particulièrement les autobiographies.

La lecture est agréable, sympathique, l'oeuvre évoquant les es années de formation d'un jeune esprit cultivé mais rebelle, aimant sa famille mais où les sentiments sont tus. Ce n'est pas clairement une autobiographie, mais des "contes sur [mon] enfance" dit le sous-titre. Ainsi, le décor et les personnages sont-ils en partie recréés, magnifiés ou au contraire figés - notamment la mère. C'est un beau portrait d'une femme dure autant pour les autres que pour elle-même, fière de son ascension sociale mais reniant son origine populaire, ne sachant pas comment montrer ses sentiments

Ce n'est pas le même décor du tout, ni la même époque, mais j'ai pensé aux Souvenirs d'enfance de Marcel Pagnol. Pour lui aussi, les vacances sont l'occasion de découvrir un paysage luxuriant différent de la ville étouffante, de s'échapper des bancs de l'école et de partir à l'aventure - même si pour la Narratrice, la libération ne vient pas dans l'enfance mais dans l'adolescence. Cependant, les familles des deux glorifient l'école républicaine, ses diplômes et la position sociale qu'elle permet d'acquérir - Marcel et Maryse suivent d'ailleurs des cours en classe préparatoire littéraire.

Mais l'originalité de cette oeuvre, c'est que, contrairement à Marcel, Maryse est une fille, à la peau noire, originaire de Guadeloupe. Pour employer un terme qu'on utilise beaucoup, on est en plein dans l'intersectionnalité... Mais il n'y a pas de complainte, pas de militantisme. Pour faire une autre comparaison anachronique, j'ai pensé à Americanah de Chimamanda Ngozi Adichie. L'écrivaine nigérianne ne s'aperçoit des obstacles posés par sa couleur - et par ses cheveux, sur lesquels la Narratrice insiste aussi - qu'en quittant son pays natal, pour aller aux Etats-Unis. Pour Maryse, Paris est le même pays, mais elle y est vue comme inférieure, étonnant la bonne bourgeoisie se voulant progressiste mais ayant gardé des relents colonialistes, par la pureté de son français et sa maîtrise des auteurs classiques.

L'oeuvre ne m'a pas éblouie par son style, mais c'est le portrait de cette enfant qui se construit qui m'a intéressé et donné envie d'en savoir plus - surtout que la fin s'achève sur un mystère, il faudrait la suite, la vie de femme ?
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Moi, Tituba sorcière

voici l'histoire d'une esclave de la Barbade remplie de péripéties, une vie dure, malmenée par les Blancs et leurs injustices, leurs caprices et leurs colères ! Quelle histoire ! L'auteure a une écriture plutôt poétique qui donne plus de couleurs aux bons moments et un style plus froid et dramatique lors des épreuves traversées, tout en ralentissant le rythme pur une certaine langueur exotique parfois. j'ai trouvé cette histoire merveilleusement bien écrite. Et lue par Audrey Fleuriot en audiolivre, c'est bien aussi (même si c'est long).

Pour faire court : Un destin de femme à connaître ! Une écriture à découvrir. Une très belle lecture !
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Victoire, les saveurs et les mots

Victoire, cette grand-mère maternelle à la peau blanche et aux yeux clairs, que l’auteure n’a pas connue, qui était-elle vraiment ? Sa mère lui en a peu parlé, mais les légendes sur son compte courent vite dans cette Guadeloupe métissée où les différences de couleur de peau ont longtemps servi de référence aux haines sociales. Comme dans une enquête policière, Maryse Condé va recouper les témoignages, consulter les archives locales, et combler les vides avec son imagination pour nos livrer ce magnifique portrait de femme, loin, très loin des légendes qui ont circulé sur son compte. Certains la prenaient pour un démon maléfique à cause de sa beauté si étrange, d’autres lui tressaient des lauriers en raison de ses talents extraordinaires de cuisinière. Mais qui était-elle réellement lorsqu’on se débarrasse des on-dit et des a priori ? Et au-delà de cette quête de la vérité sur une femme qui a vécu en silence le passage du dix-neuvième au vingtième siècle, l’auteure dresse un réquisitoire sans faille d’un racisme ordinaire qui est loin d’être l’apanage des seuls blancs de peau…
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Rêves amers

Ayant déjà lu des Je Bouquine de Maryse Condé, je n'ai pas hésité quand j'ai trouvé ce court roman dans la nouvelle boîte à livres du village.

Comme souvent avec cette autrice, ce sont les Antilles des plus pauvres qu'on y retrouve.



Rose-Aimée a treize ans quand la pauvreté oblige ses parents à l'envoyer vers la capitale Port-au-Prince. Effarée de devoir quitter son village pour un lieu inconnu, elle espère pouvoir en profiter pour une vie un brin moins misérable, et pourquoi pas aller à l'école ?



J'aurais pu beaucoup aimer ce livre : découverte de la vie quotidienne à Haïti, la beauté de l'île mais aussi la pauvreté ; la vie en famille et la nécessité de partir. Puis, la découverte du reste du pays, un triste road trip où Rose-Aimé découvre aussi l’amitié, et le quotidien de ceux qui ont tout quitté.

À hauteur d'enfant, un beau texte à la fois romancé et informatif.



Hélas, la fin est si raide et si soudaine que je n'ai pas pu me résoudre à le prêter à mes petits-enfants.

En tant qu'adultes, on sait hélas ce qui peut arriver. Mais balancer comme ça à des enfants, une fin aussi abrupte sans aucune lueur d’espoir, ni quelques mots pour adoucir la lecture, j'ai trouvé ça horrible.

Je suis même surprise qu'il ait paru dans Je Bouquine, dont j'appréciais la qualité et le choix de textes et d'auteurs.

Je comprend la nécessité de donner à comprendre le monde sans édulcorer la réalité, mais je pense qu'il y a cependant d’autres façons de le faire, et des précautions à prendre avec les lecteurs les plus jeunes.
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Ségou, tome 2 : La Terre en miettes

Après "Ségou Tome 1 : Les murailles de terre", nous retrouvons donc les membres survivants de la famille Traoré pour suivre à travers leurs aventures la suite de l'affrontement entre les fétichistes de Ségou et les tenant d'un Islam lui-même largement déchiré qui lorgne sur ses richesses, alors même que les blancs continuent leur avancée au coeur de l'Afrique. Dans cette seconde partie, on part à l'inverse de l'extérieur pour revenir à Ségou, avant un dénouement prévisible mais brutal.

Aussi intéressant que le premier, cet épisode conclu donc une histoire qui nous fait agréablement voyager dans une Afrique pour ma part peu connue et assez envoutante, un bien bon moment de lecture.
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Moi, Tituba sorcière

Tituba est né à la Barbade. Sa mère, esclave, a été pendue pour avoir défendu sa vie contre un blanc. Orpheline, Tituba est solitaire. Sa rencontre avec John Indien bouleverse son existence. Avec lui, elle arrive à Boston, au service d'un nouveau maître, le pasteur Parris. Puis à Salem, elle est accusée de sorcellerie. Finalement amnistiée, elle retrouve sa Barbade natale et participe aux premières révoltes des nègres marrons.



Les écrits de Maryse Condé me séduisent sans aucun doute! Cet autre texte, ancré dans le passé lourd et obscur des esclaves créoles, est puissant comme un charme vaudou. Je me suis laissée entraînée dans les aventures de la pauvre Tituba, et j'ai découvert le procès des sorcières de Salem sous un autre angle. A tous ceux qui aiment les histoires sensées mais teintées d'un peu de mystère, je recommande cet autre texte de Maryse Condé.
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Les derniers rois mages

Maryse Condé, comme à son habitude, nous restitue des coutumes antillaises et tout un art de vivre significatif des îles. Dans ce roman, elle privilégie la magie, le mystérieux, les différents rituels. Elle met en scène les descendants d'un chef africain qui vont tenter de perpétuer les traditions. Seront mis en avant toutes les contradictions, les tensions, mais également toute la générosité des guadeloupéens.
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Moi, Tituba sorcière

Bien que célèbre pour ceux qui se sont ou s’intéressent encore aux procès de sorcières réalisés par le passé, j’étais plus qu’intrigué de découvrir la destinée, inspirée de la tragique histoire de Tituba, proposée par Maryse Condé. Le moins que l’on puisse dire n’est autre que je ressors plus que ravi de ma lecture malgré les durs et sensibles sujets abordés avec pudeur et réalisme par cette dernière.



En effet et autant prévenir le lecteur dès maintenant, du fait du cadre historique retranscrit, l’auteure aborde des thèmes parfois difficiles et intolérables à parcourir. Du racisme à la ségrégation en passant par la violence et le viol ainsi que le sectarisme religieux, Maryse Condé dévoile la dureté de la société de l’époque et en particulier de celle du village d’antan, Salem. Dès les premières pages, Maryse Condé donne le ton et donne naissance à un personnage à la destiné plus que tragique et révoltante. Issue d’un viol, la vie n’épargnera nullement Tituba et c’est avec passion et empathie que j’ai marché sur ses pas pour traverser les siècles. Pour autant et malgré sa violence, ce roman tombe nullement dans le mélodrame et la surenchère et s’habille d’une touchante et douce retenue, offrant un passionnant contraste qui n’a cessé de m’éblouir, tout comme la plume de cette dernière.



En s’inspirant de faits réels tout en s’appuyant sur de véritables sources, datées de l’époque, Maryse Condé dévoile une première partie des plus réaliste et offre une véritable peinture de la vie réservée aux personnes de couleur à l’époque d’une société où les races et la religion dictaient les rangs et les droits des humains. Ainsi et avec un intérêt certain, j’ai redécouvert un univers révoltant, dont notre histoire n’a pas de quoi être fier tant celui-ci se veut intolérable. Pour autant, il serait bien trop facile d’oublier les sévices qu’ont pu subir ou que subissent encore et malheureusement une certaine partie de la population. En ce sens, l’auteur dévoile un certain hommage aux nombreux opprimés à travers sa touchante prose qui prend parfois des accents lyriques et poétiques dont j’ai été sensible et à l’étrange et pourtant douce amertume permanente. Néanmoins et malgré une première partie fort pertinente et convaincante, mettant en scène les victimes et autres participants des procès de Salem, j’ai été bien davantage sensible à la seconde partie donnant le chant libre à l’auteure d’offrir une rédemption plus qu’émouvante à son héroïne.



Une héroïne qui se dessine au fil des pages touchante et attachante et, surtout qui force l’empathie. Tituba n’est coupable que d’être née femme de couleur dans un monde hostile et dicté par un courant religieux n’offrant aucune chance à cette population, si ce n’est celle de vivre en captivité et en infériorité. Pourtant, cette dernière ne rêve que de liberté. Ainsi et portée par l’amour et soutenue par sa foi en sa résilience, Tituba livrera un combat sans faille afin d’échapper aux nombreuses cages dans lesquelles la vie n’a de cesse de l’enfermer. En offrant la parole à ce courageux et combattif personnage, c’est avec une promiscuité émouvante et édifiante que j’ai parcourir ce champ de liberté et s’est essoufflé et le cœur lourd et que je suis arrivé au dernier souffle de cette poignante et intense lutte et révolte, offrant le plus beau des saluts à Tituba dont sa mission de vie se dessine loin d’être achevée.



Ainsi et Aussi révoltante et difficile que se dessine cette lecture, remonter les traces et suivre la tragique destinée de Tituba se veut un exercice des plus émouvant et bouleversant. En s’inspirant de faits réels Maryse Condé donne la parole à une femme attachante, forte et résiliente dont les seuls crimes sont d’être née femme et de couleur dans un monde où seul le blanc domine. D’une plume maitrisée, cette dernière dévoile un roman dramatique captivant et dont la promiscuité avec son héroïne offre et de vives et fortes émotions.
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Moi, Tituba sorcière

Maryse Condé est une écrivaine, journaliste, universitaire guadeloupéenne. J'ai donc lu ce livre en prévision de notre prochain voyage : Guadeloupe! 



"Qu’est-ce qu’une sorcière ? Je m’apercevais que dans sa bouche, le mot était entaché d’opprobre. Comment

cela ? Comment ? La faculté de communiquer avec les invisibles, de garder un lien constant avec les disparus,

de soigner, de guérir n’est-elle pas une grâce supérieure de nature à inspirer respect, admiration et gratitude ? En conséquence, la sorcière, si on veut nommer ainsi celle qui possède cette grâce, ne devrait-elle pas être choyée et révérée au lieu d’être crainte"



Mais Moi Tituba... se déroule à la Barbade , île colonisée par les Britanniques aux Antilles, île à sucre où sévit l'esclavage. Tituba est  vendue à un pasteur  qui l'emmène à Salem au moment du célèbre procès des sorcières de Salem , sujet de la  pièce d'Arthur Miller  (1692).







Comme Solitude, Tituba est née d'un viol sur le bateau qui faisait voile vers les Antilles. Sa mère Abena, achetée pour distraire la maîtresse blanche est rejetée à cause de sa grossesse, mariée puis pendue quand elle s'est défendue avec un coutelas en se défendant de son maître qui voulait la violer. Tituba est chassée de la plantation et recueillie par Man Yaya détentrice d'un savoir ancestral, guérisseuse et sorcière. 



"

Quand Man Yaya meurt, Tituba n'est pas esclave. Elle vit dans sa case, cultive son jardin, cherche les plantes avec lesquelles elles soulage les douleurs de ses voisins. Elle sait aussi converser avec les disparus, sa mère, Man Yaya. Elle serait peut être restée libre et  heureuse sur ses terres si elle n'était pas tombée amoureuse de John Indien, l'avait rejoint dans la belle demeure de Carlisle Bay puis s'était retrouvée vendue au Révérend Parris.



Bien  triste personnage ce pasteur qui fait vivre tout son entourage dans la crainte de Satan. Aussi  terrible que le pasteur luthérien des Graciées qui mena en 1613   une chasse aux sorcières en Laponie. Même composante raciste, les femmes samis étant soupçonnées, comme les noires à Salem. Et Tituba ne sera même pas nommée dans le procès de Salem, ni graciée en 1693 avec les autres accusées blanches. 



"Je sentais que dans ces procès des sorcières de Salem qui feraient couler tant d’encre, qui exciteraient la curiosité

et la pitié des générations futures et apparaîtraient à tous comme le témoignage le plus authentique d’une époque crédule et barbare, mon nom ne figurerait que comme celui d’une comparse sans intérêt. On mentionnerait çà et là « une esclave originaire des Antilles et pratiquant vraisemblablement le “hodoo” ». On ne se soucierait ni de mon âge ni de ma personnalité. On m’ignorerait."



Pour payer les frais de son séjour en prison, Tituba est à nouveau vendue, à un marchand juif qui fera aussi l'objet de persécutions. Finalement elle pourra retrouver la Barbade et sa case. Et l'histoire ne se termine pas là....






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Moi, Tituba sorcière

On connaît l'histoire des sorcières de Salem, l'histoire de ces petites filles qui, dans la Pennsylvanie rigoriste du 17e siècle, paraissent possédées par le démon et accusent de sorcellerie les femmes du village. Cela aboutira à une vague de procès et d'éxécutions. L'histoire que l'on connaît moins, c'est celle de Tituba, l'esclave noire de la famille des principales accusatrices. Utilisant les savoirs ancestraux appris sur l'île de la Barbade, où elle est née, elle s'attire l'hostilité d'une des fillettes, hostilité qui déclenchera toute l'affaire.

Dans ce récit, Maryse Condé raconte l'histoire de Tituba. Histoire en partie inventée, tant Tituba intéressera peu ses contemporains et donc ne génèrera que très peu d'archives. Mais histoire réaliste cependant, qui restitue à cette femme la place qu'elle mérite. On découvre donc le destin hors norme d'une femme que l'adversité malmène mais jamais ne rompt. Une leçon !
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Rêves amers

Rose-Aimée vit avec son père, sa mère et sa soeur. Son frère a quitté le nid familial afin de partir travailler de l’autre côté de l’île en République Dominicaine. Depuis, il n’a plus donné aucun signe de vie. Aujourd’hui, malgré l’amour que lui porte ses parents, leur pauvreté ne leur permet plus de s’occuper d’elle. Rose-Aimée doit à son tour quitter son foyer pour travailler dans la capitale, Port-au-Prince.



Dans Rêves amers, je vais donc suivre le quotidien de cette jeune adolescente de 13 ans livrée à son sort. Je me suis tout de suite attachée à Rose-Aimée qui est rapidement confrontée à la cruauté du monde adulte. Chaque chapitre apporte son lot d’injustices et à chaque chapitre, j’ai envie de la protéger et j’espère que le meilleur reste à venir.



Malheureusement, le rythme soutenu des chapitres, également souligné par leur brièveté, montre qu’une vie peut basculer du jour au lendemain. Ici, jeunesse rime avec détresse.



Ce récit décrit la triste réalité de ceux qui n’ont pas la chance de naître dans la bonne famille ou bien dans le bon pays. Mon impuissance face au destin tragique de Rose-Aimée ne peut donc que me laisser un goût amer.



Il est également question d’espoir et d’amitié. Durant son périple, Rose-Aimée peut compter sur sa nouvelle amie Lisa qui a elle aussi dû quitter sa famille. Au vu de la tristesse du récit, je dois avouer que cette amitié est la seule chose qui m’a fait décrocher un sourire. Elle nous fait espérer que les lendemains peuvent être meilleurs que la veille.



J’ai découvert Maryse Condé grâce à Moi, Tituba, Sorcière et je dois avouer qu’elle nous offre une fois encore un récit fort en émotion et criant de détresse. C’est un roman court et accessible que l’on peut mettre entre toutes les mains. Rêves amers est un vrai coup de coeur.



En bref, cinq chapitres suffisent à dépeindre la misère auquelle est confrontée Rose-Aimée, à nous révolter contre la cruauté et l’injustice de ce monde. Mais surtout, à s’attacher à cette jeune adolescente à qui l’on souhaite le meilleur.
Lien : https://dailydebbyblog.wordp..
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