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EAN : 9782747003506
79 pages
Bayard Jeunesse (14/11/2001)
3.6/5   50 notes
Résumé :
Rose-Aimée a 13 ans. Elle vit heureuse dans son petit village à Haïti, jusqu'au jour où la misère l'oblige à quitter les siens. Au cours de son périple, elle apprendra que la liberté se paie au prix de l'enfer.
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Maryse Condé est une écrivaine guadeloupéenne connue et reconnue, que j'ai eu l'occasion d'entendre à la radio mais jamais de lire. En rangeant les livres de la médiathèque de l'école en cette fin d'année scolaire, je suis tombée sur ce livre, recommandé par l'Education Nationale pour les CM2. L'occasion faisant le larron, je l'ai emprunté et l'ai lu en deux jours. Initialement paru dans la revue Je Bouquine, c'est indéniablement un livre jeunesse. Langage simple, quelques descriptions mais aucune longueur. C'est aussi un livre très didactique dans sa construction, on balaie en à peine 70 pages bien aérées tous les aspects de la pauvreté haïtienne : la campagne et ses sécheresses chroniques, la violence subie par de nombreux « restavek », ces enfants mi-domestiques mi-esclaves, trop souvent battus, trop souvent privés d'école, corvéables à merci en échange d'un bol de riz que leurs parents n'auront plus à leur fournir, le travail informel dans des conditions abjectes et puis bien sûr l'émigration. Celle vers la République Dominicaine voisine pour la coupe de la canne à sucre ou celle, définitive, vers les Etats-Unis et Miami aussi évanescente et fantasmée qu'un eldorado.
Et Maryse Condé ne fait aucune concession à son jeune lectorat. Les dures réalités ne sont pas occultées, pas minimisées. C'est finalement un livre très dur que ce « Rêves amers », initialement intitulé « Haïti chérie », en référence à une chanson qui est presque l'hymne non officiel du pays, « Haïti chérie, pli bel pays passé ou nan poin » (« Haïti chérie, il n'existe pas de plus beau pays que toi »). Alors certes, beaucoup d'aspects sont très vite évoqués et ne seront pas compris par la plupart des enfants, comme la référence aux Tontons Macoutes, mais le vrai sujet du livre n'est pas le système politique en Haïti, ce n'est pas peut-être la réalité d'Haïti, ce pays l'un des plus pauvres du monde, ce pays où « les touristes arrivaient des lieux les plus éloignés pour se baigner dans ses criques, se dorer sous les baisers de son soleil et goûter à sa cuisine, et [qu']elle, elle devait (…) quitter ! » (p. 74, Chapitre 5, “un bateau dans la nuit”). Non, le vrai sujet est plus universel, c'est l'inégalité, la pauvreté, ce monde où « certains ne songent (…) qu'à se nourrir, se vêtir, survivre, sans pouvoir jamais relever la tête afin d'admirer le feuillage des arbres, l'éclat des fleurs, la splendeur des rivières » (p. 73-74, Chapitre 5, “un bateau dans la nuit”), ce monde où certains enfant n'ont pas même le droit de rêver à une vie meilleure, pourtant ces rêves seraient bien modestes, mais déjà ils sont bien amers.
C'est donc un très beau livre pour faire découvrir aux enfants d'autres réalités, la chance que nous avons de pouvoir aller à l'école, de tous manger à peu près à notre faim, de pouvoir essayer de rêver. Mais un livre très dur, à réserver à des enfants déjà mûrs et capables d'une réflexion poussée, tant il est sans espoir. Une bonne faon de sortir de la littérature enfantine pour se préparer aux livres plus sombres, aux livres qui se finissent mal et qui font partie de la vie de tout lecteur. Au risque d'être emphatique, je dirais même que ce livre préparer le chemin pour des Zola ou des Victor Hugo. Et comme il est recommandé par l'Education Nationale, oui un bon livre à étudier en classe, pour en approfondir la compréhension. Un livre qui peut accompagner des cours d'instruction civique, voire des ateliers philo en CM2 ou au début du collège.
Et pour moi, la découverte d'une grande auteure, moi qui suis en général assez hermétique à la littérature des Caraïbes, souvent trop exubérante à mon goût, j'y vois une porte d'entrée, et j'ai maintenant envie de découvrir les romans que Maryse Condé écrit pour les adultes, en espérant être autant emportée par sa plume.
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J'ai aimé ce livre, même s'il laisse un goût amer.

Il dérange nos consciences, car il nous montre la misère.

Maryse Condé nous ouvre les yeux. Quand nos enfants rêvent du nouveau téléphone portable qui vient de sortir, de la dernière console de jeux, certains enfants, eux, rêvent tout simplement de pouvoir aller à l'école, de manger.

Mais quand bien-même reverrions-nous le confort de nos enfants, est-ce que le quotidien de ces enfants là changerait ?
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Rose-Aimée vit avec son père, sa mère et sa soeur. Son frère a quitté le nid familial afin de partir travailler de l'autre côté de l'île en République Dominicaine. Depuis, il n'a plus donné aucun signe de vie. Aujourd'hui, malgré l'amour que lui porte ses parents, leur pauvreté ne leur permet plus de s'occuper d'elle. Rose-Aimée doit à son tour quitter son foyer pour travailler dans la capitale, Port-au-Prince.

Dans Rêves amers, je vais donc suivre le quotidien de cette jeune adolescente de 13 ans livrée à son sort. Je me suis tout de suite attachée à Rose-Aimée qui est rapidement confrontée à la cruauté du monde adulte. Chaque chapitre apporte son lot d'injustices et à chaque chapitre, j'ai envie de la protéger et j'espère que le meilleur reste à venir.

Malheureusement, le rythme soutenu des chapitres, également souligné par leur brièveté, montre qu'une vie peut basculer du jour au lendemain. Ici, jeunesse rime avec détresse.

Ce récit décrit la triste réalité de ceux qui n'ont pas la chance de naître dans la bonne famille ou bien dans le bon pays. Mon impuissance face au destin tragique de Rose-Aimée ne peut donc que me laisser un goût amer.

Il est également question d'espoir et d'amitié. Durant son périple, Rose-Aimée peut compter sur sa nouvelle amie Lisa qui a elle aussi dû quitter sa famille. Au vu de la tristesse du récit, je dois avouer que cette amitié est la seule chose qui m'a fait décrocher un sourire. Elle nous fait espérer que les lendemains peuvent être meilleurs que la veille.

J'ai découvert Maryse Condé grâce à Moi, Tituba, Sorcière et je dois avouer qu'elle nous offre une fois encore un récit fort en émotion et criant de détresse. C'est un roman court et accessible que l'on peut mettre entre toutes les mains. Rêves amers est un vrai coup de coeur.

En bref, cinq chapitres suffisent à dépeindre la misère auquelle est confrontée Rose-Aimée, à nous révolter contre la cruauté et l'injustice de ce monde. Mais surtout, à s'attacher à cette jeune adolescente à qui l'on souhaite le meilleur.
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Ayant déjà lu des Je Bouquine de Maryse Condé, je n'ai pas hésité quand j'ai trouvé ce court roman dans la nouvelle boîte à livres du village.
Comme souvent avec cette autrice, ce sont les Antilles des plus pauvres qu'on y retrouve.

Rose-Aimée a treize ans quand la pauvreté oblige ses parents à l'envoyer vers la capitale Port-au-Prince. Effarée de devoir quitter son village pour un lieu inconnu, elle espère pouvoir en profiter pour une vie un brin moins misérable, et pourquoi pas aller à l'école ?

J'aurais pu beaucoup aimer ce livre : découverte de la vie quotidienne à Haïti, la beauté de l'île mais aussi la pauvreté ; la vie en famille et la nécessité de partir. Puis, la découverte du reste du pays, un triste road trip où Rose-Aimé découvre aussi l'amitié, et le quotidien de ceux qui ont tout quitté.
À hauteur d'enfant, un beau texte à la fois romancé et informatif.

Hélas, la fin est si raide et si soudaine que je n'ai pas pu me résoudre à le prêter à mes petits-enfants.
En tant qu'adultes, on sait hélas ce qui peut arriver. Mais balancer comme ça à des enfants, une fin aussi abrupte sans aucune lueur d'espoir, ni quelques mots pour adoucir la lecture, j'ai trouvé ça horrible.
Je suis même surprise qu'il ait paru dans Je Bouquine, dont j'appréciais la qualité et le choix de textes et d'auteurs.
Je comprend la nécessité de donner à comprendre le monde sans édulcorer la réalité, mais je pense qu'il y a cependant d'autres façons de le faire, et des précautions à prendre avec les lecteurs les plus jeunes.
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Un récit court, âpre et brutal pour dire toute la détresse des gens forcés de s'exiler pour fuir la misère. Quitter ceux qu'on aime, quitter un pays magnifique, se couper de ses racines pour un ailleurs incertain. Maryse Condé ancre son récit en Haïti dans les années 1980 mais ce qui frappe c'est l'intemporalité de ce qu'elle raconte : les plus pauvres, toujours, paieront le plus lourd tribut dans une société où certains n'hésitent pas à exploiter la misère et où les politiques se montrent incapables - si ce n'est incompétents voire indifférents ou même complices - à changer les choses.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Qui a fait le monde ? On dit que c’est Dieu. Alors pourquoi n’a-t-il pas donné à toutes les créatures les moyens d’en savourer la beauté ? Pourquoi certains ne songent-ils qu’à se nourrir, se vêtir, survivre, sans pouvoir jamais relever la tête afin d’admirer le feuillage des arbres, l’éclat des fleurs, la splendeur des rivières ? Son pays était un des plus beaux du monde. Les touristes arrivaient des lieux les plus éloignés pour se baigner dans ses criques, se dorer sous les baisers de son soleil et goûter à sa cuisine, et elle, elle devait le quitter !
(p. 73-74, Chapitre 5, “Un bateau dans la nuit”).
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Et la mer roula ces déshérités dans son suaire.
Elle para leur corps d'algues, ouvragées comme des fleurs, suspendit à leurs oreilles des boucles d'oreilles de varech. Elle chanta de sa voix suave pour calmer les terreurs des enfants, de Rose-Aimée et de Lisa, et, les yeux fermés, ils glissèrent tous dans l'autre monde. Car la mort n'est pas une fin. Elle ouvre sur un au-delà où il n'est ni pauvres ni riches, ni ignorants ni instruits, ni Noirs, ni mulâtres, ni Blancs...
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Pourtant, le spectacle de toute cette misère ne découragea pas Rose-Aimée. Au contraire. Elle sentait naître en elle une volonté toute neuve. La vie, c’est comme une bête qu’il faut dompter. Il faut bander ses muscles comme un pêcheur mettant à l’eau une pirogue rétive. A tout moment, la lame risque de la submerger, de l’emporter. Néanmoins il tient bon.
(p. 62, Chapitre 4, “Un patron terrifiant”).
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El la mer roula ces déshérités dans son suaire. Elle para leur corps d'algues, ouvragées comme des fleurs, suspendit à leurs oreilles des boucles d'oreilles de varech. Elle chanta de sa voix suave pour calmer les terreurs des enfants, de Rose-Aimée et de Lisa, et, les yeux fermés, ils glissèrent tous dans l'autre monde. Car la mort n'est pas une fin. Elle ouvre sur un au-delà où il n'est ni pauvres ni riches, ni ignorants ni instruits, ni noirs, ni mulâtres, ni blancs...
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Du jour au lendemain, je me liai étroitement avec deux étudiants haïtiens en sciences politiques, Jacques et Adrien, qui, vrai ou faux? se déclarèrent amoureux de moi à la folie. Très savants, ils n'ignoraient rien de leurs pays : ni l'histoire, ni la religion, ni l'économie, ni les tensions politico-raciales, ni la littérature, ni la peinture naïve. Travailleurs, deux rats de bibliothèques, ils me firent honte de mon inactivité.
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Vidéo de Maryse Condé
Augustin Trapenard rend hommage sur le plateau de la grande librairie à Maryse Condé décédée mardi 2 avril 2024 à l'âge de 90 ans. Sa disparition marque la fin d'une époque littéraire marquante. Cette écrivaine guadeloupéenne laisse derrière elle un héritage littéraire riche, composé de près de 70 livres qui ont profondément marqué les esprits avec notamment Segou, La migration des coeurs, En attendant la montée des eaux. Professeur et journaliste, elle était souvent citée pour le prix Nobel, reconnaissance de son engagement et de son talent indéniable. À travers ses écrits, Maryse Condé a toujours cherché à mettre en lumière les questions cruciales de son temps, notamment le racisme, l'esclavage et le colonialisme. Son oeuvre puissante a fait écho bien au-delà des frontières de son île natale, résonnant à travers les Antilles, l'Afrique et au-delà. En 2018, à Stockholm, elle exprimait avec fierté sa contribution à la reconnaissance de la voix de la Guadeloupe.

Maryse Condé restera dans les mémoires comme une figure majeure de la littérature francophone, ayant enrichi le monde des lettres par sa sensibilité, son engagement et son talent incontestable
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