Matt Suddain

Laissez-moi vous expliquer les comment, où et pourquoi. Le comment est que nous allons tomber très vite et disparaître. N'ayez pas peur. Le où est un mystère. Il ne peut en être autrement. Fermez simplement les yeux et assurez-vous de bien nous tenir. Quand vous les rouvrirez, nous serons tous dans un endroit magique. Après cela, nous pourrons peut-être découvrir le pourquoi.

-La théorie du SPIR est basée sur le principe de la mort incertaine : un point mystérieux de la réalité depuis lequel vous pouvez entrer dans n'importe quel autre univers [...] . Si notre univers est convaincu que nous sommes tous morts, nous avons la possibilité de nous transférer dans un univers dans lequel nous nous sommes tous transférés dans un autre univers. C'est simple.
- Oh oui, si simple, dit Lambestyo.
Fabrigas l'ignora.
- Puisque, au moment de votre mort, vous existez hypothétiquement dans tous les autres univers, sauf celui dans lequel vous êtes mort, cet univers relâche l'emprise qu'il exerce sur vous et vous permet de passer à l'univers suivant.
- Et pourquoi cet univers pense-t-il que nous sommes morts ? demanda prudemment Descharge.
[...]
- Parce que nous serons morts, techniquement.
- Vous voulez bien répéter ? insista Descharge.
- Rien n'est plus simple, voyons. Nous mourons dans cet univers et apparaissons immédiatement dans un autre. N'existant plus dans un univers où nous sommes morts, il n'y a pas de paradoxe.

Comme elle le sait, je dispose du montant correct de misanthropie comme n'importe qui pensant correctement. Je déteste l'humanité. (p.123)

Eh bien, j'ai autant confiance dans les canards que dans les sorcières. Il n'y a pas d'amour dans l'œil d'un canard. (p.447)

C'est comme la quête du grand amour, j'imagine. L'étendue de la mare augmente les chances que le poisson parfait existe, tout en diminuant la possibilité de l'attraper. Doit-on s'imaginer qu'on a une chance mathématique, et continuer la recherche ; ou se dire que ce qu'on a déjà attrapé est parfait, et être heureux ?
Pour l'instant, je choisis d'être insatisfait. (p.25)

… La nourriture est la mémoire, Nina. Le lait se souvient du goût de l'herbe mangée par la vache. Le vin se rappelle le temps qu'il faisait pendant les semaines précédant le moment où les raisins ont été pressés.

La lumière du soleil a l'odeur des biscuits brûlés.

Le biscuit propitiatoire délicatement plié avait la couleur du blé au soleil. Il était facile à briser et le petit coin que je mangeai sembla disparaître sur ma langue et laisser une succession de saveurs qui mélangeaient et jouaient avec l'espace et le temps. Les saveurs n'étaient pas complexes ni exotiques. Elles étaient juste tellement parfaitement équilibrées que j'espérai qu'il s'agisse d'un poison et que ce soit la dernière chose que je goûtais.

La pire des horreurs pour moi n'est pas la possible fin de l'humanité mais la survie éternelle de notre Empire de Stupidité.

Il avait mangé trois omelettes avec une brutalité qui ne pourrait être vue que comme une déclaration de guerre au dieu oeuf.

- Je crois que, si je lutte contre sa fille aînée, je pourrai avoir la main de son guerrier le plus fort, annonça le commandant en revenant, et Shatterhands leva les yeux au ciel.

À sa gauche, la bibliothèque de la Porte d'or, un magnifique cube doré conçu pour se refermer sur lui-même par simple pression d'un bouton (parce que, de temps en temps, un chef d'État pouvait penser que les livres devaient être interdits).

Un serveur vient d'apporter son chapeau au vieil homme. Deux insectes [des libellules] volettent tristement près de son verre vide. Te souviens-tu de quand ton papa nous emmenait aux docks pour les attraper dans des bocaux? Les libellules. Pas les vieillards.

La cuisine est la forme que j'ai choisie pour accéder au contenu divin de la matière triviale.

Je crois que la cuisine est la plus grande forme d'art. Quel autre art nous permet d'ingérer et d'intégrer le média ?

...Puis l'Heliogabulus, un suicide hédoniste : fœtus de lièvre en saumure ; escargots nourris au lait ; cervelles d'oiseaux marins ; oiseaux chanteurs aveuglés puis noyés dans du porto, mangés entiers ; loirs élevés en bocaux de céramique et gavés jusqu'à devenir des boules de beurre, tués sans même voir la lumière du jour, trempés dans le pavot, servis sur des plumes. Café. C'est ainsi que mangent les morts quand ils se fatiguent de la vie.

L'apocalypse est ma joie. Je ne ressens aucune tristesse à l'idée de notre extinction. La pire des horreurs pour moi n'est pas la possible fin de l'humanité mais la survie éternelle de notre Empire de Stupidité. (p.94)

La nourriture peut mourir deux fois : d'abord à l'abattoir puis, à nouveau entre les mains du cuisinier. (p.31)

La nourriture et la magie sont intimement liées. (p.28)

Eh bien, laissez-moi vous dire ce que vous devez absolument faire. Vous devez aller vous faire foutre. Mais vous ne le ferez pas car vous êtes le Touriste. Vous êtes pire que la peste, pire que la guerre parce que, malgré le fait qu'elles soient destructrices, elles sont relativement brèves. Votre règne de destruction culturelle ne finit jamais.