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Citations de Melinda Moustakis (36)


il réplique que la pêche est sa seule religion, que la rivière est une sorte de dieu - elle te noie comme une merde, que tu sois un aigle ou un putain de moustique, ça ne fait pas la moindre différence, rien n'est jamais fait à moitié.
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Sur le chemin du retour, Ruby esquisse l’intrigue : une femme rencontre un inconnu dans la forêt. L’inconnu tue la femme. Ou la femme tue l’inconnu. Ou on recommence : Une femme rencontre un individu dans la forêt. L’étranger attire la femme avec de la viande d’élan. La femme devient étrange. Ça ne finit jamais bien.
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Le reflet de l’île s’étire à la surface de la rivière, tremblote sur l’eau. Rivière, viens-tu ou vas-tu ? La Kenai, un flux laiteux mêlé de rubans verts et bruns, est enragée, est au repos.
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Les scientifiques

Un scientifique est assis dans un bateau et plonge des éprouvettes dans la rivière.
— Turquoise, dit l'un pour décrire la couleur de l'eau.
— Verte, dit un autre.
— Sang de glacier.
— Ciel écrasé.
— Bleu Kenai.
Ils étudient la qualité des sédiments glaciaires.
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Là, l’œil d’une baleine est petit, comparé à une baleine. Une baleine est petite, comparé au monde. Je découpe l’œil de la baleine et le prends dans le creux de ma main. Il contient un océan, noir et orageux.
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- Dieu tient davantage de la baleine que de l’homme, dit-elle.
Là, le sang s’échoue sur le rivage et fait fondre la glace. Mes pieds nus sont teintés et léchés de rouge. La neige froide. Le sang chaud jaillissant du ventre de la baleine. Ils l’ont dépecée et lui ont tranché un lambeau de chair avec des tronçonneuses. Une baleine hors de l’océan est une montagne, un horizon, une courbe de ciel différente.
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Il casse des choses – des portes, des verres des assiettes. Il casse des os, mais seulement les siens, et il assène des coups de poing dans les murs de la cabane. Quand il rentre la plupart du temps, doux et titubant, il passe un bras autour d’elle et elle le soutient pour l’accompagner jusqu’au canapé, en espérant qu’il ne réveille pas leur fille.
- j’aime mes femmes, dit-il. J’aime mes femmes.
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Le Good Time Charlies’s est une boîte de strip-tease qui faisait les meilleurs fish and chips du coin, tu le sais parce que Sasha t’en mettait toujours une portion à emporter quand tu venais récupérer Jack. Mais Charlie est mort et a emporté avec lui la recette spéciale de sa chapelure « personne n’en sait rien, mais c’est pas de la bière ». Et le sol était recouvert de sciure jusqu’à ce qu’un jour on la balaie, Sasha t’avait raconté que les strip-teaseuses avaient menacé de se mettre en grève car les strings et la sciure ne faisaient pas bon ménage, tu peux très bien l’imaginer.
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Ils buvaient de la Carolans Irish Cream et de la liqueur d’airelles artisanale à même la bouteille qu’ils faisaient circuler autour de la table, gorgée après gorgée.
Elle était sortie et je l’avais accompagnée. Elle était un peu éméchée, contente-éméchée. Nous avions contourné la cabane, bras dessus, bras dessous, en direction des toilettes extérieures. La nuit claire constellée d’étoiles sculptées dans la glace. Nous avancions d’un pas lourd dans la neige quand nous nous arrêtâmes soudain. Au-dessus de la crête, des rubans verts sinueux traversaient le ciel, entrelacés et étincelants. Je n’en avais encore jamais vu – des bandes de néons faisant l’amour avec l’obscurité, et je ne pouvais en détacher le regard.
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Elle pourrait s'enfuir. Crier. Ramasser une pierre. Un vieil hameçon sur le sol. Elle sourit à nouveau et se rassied, pose la main gauche sur l'hameçon. Elle l'embrasse sur la bouche et prépare son arme dans sa main gauche. Elle passe son index sur les lèvres de l'homme, le glisse à l'intérieur de sa bouche, vers ses dents, et expose la chair rubis de sa lèvre inférieure. Elle le regarde droit dans les yeux. Puis elle enfonce l'hameçon, lui transperce la chair. Il se recroqueville de douleur et elle l'abandonne sur la berge avant de s'éloigner en bateau. Il aura une cicatrice et il n'oubliera jamais. Elle ne quittera plus sa maison sans un hameçon en poche.
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Un homme et son fils sont dans une mauvaise passe. Ils dérivent sur la Kénai à bord d'un raft. Aucun n'a envie de parler. L'homme a emmené son fils dans l'espoir qu'ils trouvent enfin les mots. Ils ne trouvent ni les mots ni les poissons.
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Ma mère raconte une histoire sur les premiers marins qui ont atteint l’Alaska. Ils n’ont jamais vu de baleine. Deux baleines à bosse surgissent de l’eau à proximité de leur bateau et projettent leurs corps vers le ciel. Les marins se ruent sur leurs fusils et tirent dans l’eau, attendant qu’elles réapparaissent. Les baleines sautent à nouveau et leurs étranges marques blanches font des cibles parfaites. Comment les marins auraient-ils pu savoir ? Les baleines ne veulent aucun mal. Elles n’ont pas de dents. Elles remontent juste à la surface pour respirer.
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Ruby fit le bilan de sa vie. Vingt-deux ans. Mère morte. Pas d’argent. Pas de famille à Anchorage – ils vivaient tous dans les quarante-huit autres états, dans des villes comme Nashville ou Omaha, elle ne les connaissait pas. Rien qu’à entendre le nom de ces villes, elle n’a pas envie de les connaître. Nashville – un grincement de dents. Omaha – Oh mon Dieu. Et elle, elle vit à Anchorage – un vieux bateau entouré de glace.
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L'enfance, une partie de cache-cache. Ils ne lui demandaient jamais de quoi elle se cachait. La vérité, c’est qu’il y a des grizzlys, il y a des poings, des bouteilles et des ceintures. Il y a des choix : faire le mort ou se cacher.
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Tu es la petite soeur, c'est lui le grand frère, mais "grand" est loin de correspondre à ce qu'il est réellement. Il était ton clin d'oeil amusé, ton coup de poing dans l'épaule, ton prince des cartes, ton miroir constellé de taches de rousseur. Vous partagiez la même chambre dans la maison de Trapper Creek. De l'aluminium aux fenêtres pour vous protéger du soleil estival. Une boule d'aluminium, large comme une assiette, pendue au plafond, et quand les bruits de coups se faisaient trop forts dans le salon, il allumait une lampe de poche et dirigeait le faisceau dessus en disant:
_ Parle-moi de la lune, Gracie.
Et la lune était chaque fois différente. Mais à présent, il est ton hameçon, ta ligne de pêche et ton foutu capitaine.
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Jack est dans l’eau glaciale jusqu’au cou, il pousse le bateau vers la berge avec toi à bord. Et toi, tu es debout dans une étendue blanche, le crissement de la neige sous tes pieds. Il veut que tu lui parles de la lune, mais tu lui parles du soleil – il est immense, éclatant, il flotte au-dessus de l’horizon, son œil tout entier décrivant des cercles. Tu cours vers ce trou scintillant, la gueule d’un canon à bout portant, les bras en l’air. Vas-y, dis-tu en agitant les mains. Appuie sur cette foutue détente.
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Lors de son premier trajet en avion, ma mère a les articulations blanches après le décollage. Elle montre le bleu à travers le hublot.
_ L'océan, dit-elle.
_ C'est le ciel, dis-je.
_ Non, on est assis dans le ventre d'une baleine, dit-elle. On attend de naître.
_ Comment ça?
_ Je vais te raconter.
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« Ils luttent contre la rivière, les pierres, les ours, l’hameçon et la ligne. » (p. 16)
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Je murmure à Ben "Ou alors que Dieu me vienne en aide" et il sourit, Polar Bear dit toujours ça, mais, à mon avis, la seule chose pour laquelle il lui vient en aide, c'est pour nous foutre des raclées , et je pige pas pourquoi elle s'est mise en colère avec le collier de chien et le pull bleu alors qu'on est maintenant en train de piller l'avion. Elle m'a pris le pull bleu et elle a dû le garder pour elle, elle a dû y réfléchir, penser que ces gens étaient morts, le cul gelé, et qu'ils avaient pas besoin de pulls ni de rien d'autre, alors peut-être que Dieu a fini par nous venir en aide, après tout. Peut-être que Dieu a sorti sa grosse main grasse, qu'il a empoigné l'avion et qu'il l'a jeté juste là pour qu'on le trouve, pour que je trouve le canif aiguisé comme c'est pas permis et pas rouillé comme celui que j'utilisais jusqu'à présent, celui que j'ai mis dans ma poche, et la prochaine fois que Rias me dénonce comme il l'a fait, je sortirai le couteau et lui dirai que, s'il recommence, je lui couperai ses oreilles inutiles et je les clouerai à un arbre. ça lui apprendra. Et je pourrai même avouer à Fox qu'on a volé ces trucs. "Y a rien de pire que de voler, putain, il dit toujours. Ou que d'accepter a charité." Je lui avouerai et ça lui fera les pieds, à Polar Bear, mais on risquerait tous d'avoir des ennuis, et Polar Bear s'en prendrait à moi, et je sais pas ce qui est pire, elle ou Fox.
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 Les touristes scrutent ton frère – on voit bien que ce sont des touristes, comme le dit Jack, car ils sont « nuls pour ramer », ils portent des veste bleues assorties et ils ont déjà heurté votre embarcation. Une barbe poivre et sel à trente et un an, des biceps gros comme votre crâne, et le voilà qui agite sa chemise à carreaux en ordonnant aux nuages de circuler – Jack est ce qu'on appelle un gars du cru, en Alaska. Les touristes viennent pour voir des élans, des aigles, pour pêcher des saumons king qu'ils n'ont vus qu'en rêve. Ton frère est un bonus. 
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