Jmiaa est une prostituée marocaine, elle vit seule avec sa fille à Casablanca depuis que son mari qui la frappait l'a quittée. Il était un beau mari, aimant et travailleur, qui devient son mac et oublia son travail pour vivre grâce à celui de sa femme. Ce n'est pas une grosse perte pour elle, loin de là. Au moins, elle profite seule de l'argent qu'elle gagne, même si de temps en temps il vient lui en réclamer. Au moins elle n'est plus battue. D'un caractère très affirmée, elle met en valeur ses courbes très généreuses afin d'attirer des clients dans sa petite chambre proche du marché. "J’ai 34 ans, une fille, et que pour vivre, je me sers de ce que j’ai." dira-t-elle.
Sa mère ignore tout de ses activités, c'est elle qui garde sa fille pendant qu'elle travaille. Jmiaa sait se faire respecter des clients, et n'hésite pas à s'emporter. Sa gouaille et sa langue bien pendue font merveille et nous ravissent. Elle partage sa piaule avec une autre prostituée, Halima qui, quant à elle, préfère lire le Coran plutôt que d'attirer des clients. La description sordide de la misère, des passes, des habitués, des clients minables, côtoie la truculence de certaines situations. Un voyage au sein d'un Maroc pauvre que bien peu de touristes connaissent. En tout cas, il ne leur est pas vendu sur les sites d'agences de voyage.
Avec Jmiaa on découvre les logements miteux, les arrières cours sales, le quotidien minable, les querelles entre femmes, la violence des hommes et leur misère morale, le haschich
Puis, un jour survint Chadlia que Jmiaa surnommera "Bouche de cheval". Bouche de cheval est une jeune réalisatrice en repérage dans le quartier afin de préparer son long-métrage. Elle demande à Jmiaa de l'aider dans la réalisation de ce film. Alors celle-ci va lui décrire sa vie, son quartier, son Maroc, ses voisins....
Jusqu'où cette amitié nouvelle va-t-elle aller ?
J'ai aimé la première partie, parce que la personne de Jmiaa est vive, parce qu'elle raconte ce Maroc inconnu, le quotidien de certaines femmes, contraintes de se prostituer pour vivre, contraintes de se cacher des leurs pour ne pas être rejetées. Son humour et sa verve m'ont ravi. Son énergie et son optimisme aussi. Grâce à eux, elle arrive à affronter les difficultés de la vie.
J'ai aimé cette écriture mêlant le français parlé par les marocains, les expressions colorées et l'arabe...heureusement qu'un glossaire est là en fin d'ouvrage.
J'ai un peu moins apprécié la deuxième partie, plus du tout marocaine, même si l'humour de Jmiaa est toujours là pour nous décrire un monde où tout lui est étranger, dans lequel tout est superficiel
En filigrane de "La vérité sort de la bouche du cheval" Meryem Alaoui écrit un roman sur le Maroc, un roman sans aucune compromis, décrivant la misère morale de certaines femmes, jetant un regard sur l'Islam et une certaine forme d'hypocrisie du régime et des hommes.
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