Michel Antoine Burnier sans peine #4
Un certain Ferenc Magyarorszag, hongrois d'origine, imagina de vendre du goulash haché dans du pain chaud.
Après un succès à Budapest puis à Moscou, il ouvrit dans l'Europe entière une chaîne de restaurants, les MagYar, où l'on pouvait manger rapidement.
Le mouvement atteignit l'Amérique, qu'il submergea.
Les nazis manquaient d’argent pour embaucher des colleurs d’affiche et les gros bras indispensables aux échauffourées. Ils essayèrent de taper les grands patrons d’industrie de la Ruhr. « Mais pourquoi vous donnerait-on de l’argent ? répondirent les secrétaires de Krupp et Thyssen.
- Pour combattre et détruire vos pires ennemis, répondaient les nazis.
- Quels ennemis ?
- Les bolcheviks. »
On leur rit au nez.
Le négationnisme (...) c'est la tentative de lever le tabou sur l'antisémitisme. Depuis la Catastrophe, la Shoah, on sait à quel point l'antisémitisme mène au crime. Alors il est devenu tabou d'avouer son antisémitisme. Mais si on ne peut plus de retenir, si on brule de proférer des propos antisémites publics, il faut bien faire sauter ce tabou. Il n'y a qu'à nier que ces crimes aient eu lieu pour redevenir antisémite en paix, sans envisager les conséquences.
1023 - [Les petits libres n° 11, p. 38]
Il (Bernard Kouchner) a raconté ... comment à Sarajevo, juste avant la guerre civile, il était allé au cimetière juif. Puis au cimetière chrétien. Et là, il avait vu, dans l'aile d'un vieux fort turc, la photo des évêques catholiques levant le bras au milieu des dirigeants nazis. La Bosnie fut l'un des rares pays où l'on inventa des camps pour les enfants juifs. La liste des bébés martyrs est inscrite, des centaines et des centaines de noms, dans la pierre.
1017 - [Les petits libres n° 11, p. 12]
« L'antisémitisme est une maladie, nous avait expliqué il y a bien longtemps un bel écrivain français, Emmanuel Berl. J'ai vu mon ami Drieu La Rochelle emporté par cette vérole en quelques jours, sans motif apparent, comme ça. Sa femme était juive, j'étais juif. Il ne nous détestait pas pour autant, mais voilà : un matin, il s'était réveillé antisémite. Une maladie, vous dis-je. Et une maladie très contagieuse. »
1022 - [Les petits libres n° 11, p. 17]
Pas facile d'être chrétien : il faut croire à la Bible, à ses contradictions, à son génie, à ses horreurs. Il faut constamment relier l'Ancien et le Nouveau Testament, détester les Juifs parce qu'ils n'ont pas reconnu le Messie et les aimer quand même puisque, d'Abraham à Moïse, Dieu les a choisis. Israël, pour les catholique, c'est à la fois le petit peuple de l'Antiquité et le nom du peuple chrétien aujourd'hui : l’Église militante, l’Église souffrante, l’Église triomphante. Bref, les chrétiens se prennent pour Israël, et Rome pour Jérusalem. Que reste-t-il aux autres ? Athées nous-mêmes, il ne nous surprenait pas qu'il faille tant de contorsions à l'abbé pour maintenir sa foi dans les mots de la Bible.
1018 - [Les petits libres n° 11, p. 13]
La civilisation prit un virage le jour où le jeune Mikhail Kalachnikov eut une révélation.
Nous connaissons tous des altesses
Qui comme Perrette conquérants
Risquent de se meurtrir les fesses
En rêvant
La laitière et le pot au lait (d'après Jean de la Fontaine et sur l'air de Quand Margot dégrafait son corsage)
Si vous étudiez une heure matin et soir, si vous révisez les leçons apprises pendant vos moments de loisir, vous constaterez rapidement que « Le Roland-Barthes sans peine » vaut un séjour de deux ans au Collège de France.
A la source du R.B., il y a une loi que l'étudiant devra apprendre par cœur : une proposition simple doit toujours être compliquée.