Citations de Michel Jeury (169)
J'ai reconnu que mon héroïne, cette Aline Colin, tellement plus forte que moi, vivait dans ma tête et dans mon coeur bien plus avant que je songe à écrire son histoire. Et elle avait pris les rênes, toute seule, juste à l'heure. (...) J'ai senti alors profondément ce qu'est l'inspiration, ce "souffle" quasi divin dont les anciens maîtres d'école parlaient avec tant de respect : une plénitude heureuse qui déborde soudain, par surprise, comme la joie d'un enfant. Pour qu'elle ne soit pas perdue, il faut que l'artiste ou l'auteur inspiré soit là au bon moment, et qu'il soit prêt avec sa palette ou son plan.
Dossier. La musique du temps
Le mystère du don
L'envie de conter, de raconter, suit toujours de près, pour moi, l'admiration. Le personnage de la leveuse de maux, désignation courante jadis, poétique et vraie la fois, m'habitait depuis très longtemps. Bien sûr, j'ai écouté des confessions, lu des " mémentos ", comme on disait, des espèces de journaux souvent tenus en cachette par des demi-illéttrés qui y mettaient tout leur coeur. J'ai aussi questionné les descendants et les héritiers des guérisseurs d'autrefois. je me suis parfois lier d'amitié avec eux. Je me suis penché sur leurs secrets. je les connais un peu, je m'interroge toujours sur le mystère du don et de sa transmission.
Dossier. La musique du temps
Le mystère du don
Le petit garçon n'a jamais entendu quelqu'un s'exprimer de cette façon, douce, grave et pourtant sans affliction. Il y a quand même une vraie tristesse dans la voix de la guérisseuse, mais aussi une foi enjouée, un peu espiègle qui chasse vite la tristesse.
Dossier. La musique du temps
D'une voix douce, mi-français, mi-patois...
La grâce et le venin a été nourri par l'apport de toute une vie, rencontres, observations, confidences, épreuves..Mais je puis aussi en repérer les sources profondes dans mes admirations et mes étonnements d'enfant.
S'il fallait chercher le tout premier point de départ de mon récit, l'acte de naissance d'Aline Colin, la leveuse de maux, je le trouverais sans doute dans une histoire que j'ai entendue à dix ans dans la bouche du vieil homme qui l'avait vécue.
Dossier. La musique du temps
J'ai proposé à mon fils de dire avec moi la prière aux treize saints Jean. bien sûr, ce n'est pas une prière de missel, mais un " secret de paysan " comme il y en a tant. elle passe pour faire grand effet si le malade et le panseur ou la panseuse ont ensemble un même élan de ferveur. (...)
Une veilleuse à huile donnait une lueur pâle, propice au respect de l'âme.
Alors, je disais à voix basse le " secret de toute guérison " ou " prière aux treize saints Jean " :
Au nom de Jésus
Au nom des treize saints Jean,
Mal, d'où que tu viennes,
Je t'ordonne,
Au nom de Jésus
A qui tout obéit,
Au ciel, sur la terre
Et jusque dans les Enfers,
Au nom des treize Jean,
De quitter Célestine Birou femme Colin
Qui est une créature de Dieu.
Au nom de Jésus et des treize Jean,
Je te chasse
Va-t-en et retourne d'où tu viens.
Je te l'ordonne, au nom du Père
et du Fils et du Saint-Esprit.
Chapitre IV
Je me suis pris la figure dans les mains. Les prières, j'en ai dit des cents et des mille le long de mon existence : des prières de missel et des prières de paysan, pas très catholiques. Les unes et les autres font de bonnes guérisons, c'est une question de foi, de foi en Dieu ou en n'importe quoi pourvu qu'on y croie. pour commencer, celui qui soigne a besoin de croire en lui-même, à son pouvoir qu'on appelle don. mais ça ne suffit presque jamais. il faut aussi que le malade croie au leveur de maux. si le leveur par prières ou secrets n'a pas un aplomb de fer, le malade le voit tout de suite et l'affaire est manquée. Les prières, mieux vaut encore les marmonner à voix basse, parce que çà impressionne. et puis des gestes, le souffle, la chaleur des mains...
Chapitre IV
- J'ai demandé une faveur au bon Dieu et c'est pas un secret.
- Tu n'es pas obligé de le dire.
- Je vais le dire quand même. j'ai demandé au bon Dieu que vous attrapiez une fluxion de poitrine, que vous partiez à l'hôpital et que vous reveniez jamais.
Chapitre III
La vie est pleine de mystères et de questions sans réponses.
Les romans sont là pour trouver les réponses.
Dossier. La valse des héros
Les demoiselles de l'auberge
- Va te faire lanlaire catin ! (...)
- Vous le paierez tous, tant que vous êtes de Colin que le diable a chiés un vendredi !
Chapitre III
- C'est toi qui m'a pris mon Val, garce de veuve, pour le vendre à une riche dondon ! Et moi, je suis juste assez bonne pour ton bouffi ! Je vais te dire, mégère, carogne, toupie, sorcière, tu peux te le garder, ton furoncle de cadet ! Et tu me paieras ça au prix du bon bœuf !
Chapitre I
- Ah, tu viens me demander en mariage pour ton gros toutou ? Vieille taupe ! Vieille bique à bouc ! Vielle fée ! (...)
Je me suis dit : " L'Aline, tu ne vas pas te laisser intimider par une gamine qui a le feu sous les jupes !"
Chapitre III
J'aurais dû calotte mon aîné, le menacer des flammes de l'e fer ou je ne sais quoi.
Valentin, si tu fais ça, je te renie, et tu seras damné !
Ne rigolez pas, notaire. En ce temps-là, une mère pouvait menacer de malédiction son fils de trente ans et le faire rentrer dans le droit chemin.
Chapitre I
Je savais que mon innocence me protégeait. Mais ces rumeurs, quand elles se mettent à courir, ne font de bien à personne.
Chapitre I
Elle avait bon air et bon teint, mais la rancœur lui sait dans ses yeux. (...)
- Pauvre bécasse, tu n'as que tes illusions à perdre.
Chapitre I
Je m'en vais dans l'autre pièce. J'ai l'habitude de me retirer pour songer dans mon for intérieur en disant une prière ou deux. (...)
Je récite une bonne prière, c'est-à-dire une prière catholique, au contraire des secrets de paysan ou des invocations.
Chapitre I
- la maman va va lui guérir son petit ventre, à ma poule, ma loulou te, ma poloute !
Chapitre I
Je l'avoue, à mon âge on peut tout dire, j'ai toujours eu plus de bonheur à guérir qu'à vivre avec un homme.
Chapitre I
Quand on parle du loup, on en voit la queue.
Chapitre I
Mon existence à peut être bien pris un mauvais tournant ce fameux soir ou j'ai soigné la Marguerite Dobdas, ma futur belle-fille. Le destin, comme on dit, est passé d'un coup d'aile à ce moment et j'aurais pu lui tordre son cou d'oiseau si j'avais été plus maligne. (...)
Est-ce-que m'a vie aurait pu tourner autrement si je n'avais pas pêche cette fois-là, par action et par omission ? Au fond, je ne crois pas. Pourtant, si j'avais pu lire l'avenir qui se préparait, je me serais peut être jetée toute vivante dans le puits de ma maison de la Belette-des-Bois !
Chapitre I
Parmi les hommes qui venaient se faire soigner, il y en avait toujours qui voulaient baisser leur pantalon, pour me montrer leurs maux. Je leur disais :- gardez tout, mon bon, ça me suffit de poser les mains sur vos figures ou par-dessus votre chemise et de vous souffler sur les yeux !
Chapitre I