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Critiques de Michel Rocard (18)
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Lettre aux générations futures en espérant qu'e..

L’opinion publique a toujours eu de la considération pour Michel Rocard. Sans doute percevait-elle l’homme politique habité des vertus que l’on prête au grand démocrate, capable de se critiquer et ne cherchant pas à toujours avoir raison. Les prises de positions court termistes n’étaient pas la tasse de thé de ce passionné de navigation qui savait combien il est important pour tenir un cap d’observer sans ciller la ligne d’horizon.



Ce petit livre publié l’an dernier, tiré d’un entretien avec le journaliste économique Mathias Thépot et au titre testamentaire “Lettre aux générations futures en espérant qu'elles nous pardonneront”, permet au lecteur de situer le libre penseur dans le contexte post seconde guerre mondiale.

Deux démarches intellectuelles attestent de la haute réactivité du jeune Rocard épouvanté par la folie destructrice du national-socialisme et conscient avant beaucoup de la monstruosité intellectuelle du communisme soviétique : il accueille à Paris les déportés l’année de son quinzième anniversaire et adhère quatre plus tard à la section française de l’internationale ouvrière (SFIO).

Ardent défenseur de l’indépendance des peuples, combattant pour la paix, il clame haut et fort son anticolonialisme en luttant contre la guerre d’Indochine puis contre la guerre d’Algérie. “Faire la paix suppose d’accepter l’autre comme il est, et par conséquent de le connaître”, telle sera invariablement sa ligne de conduite en politique.

Son franc parler était légendaire, ainsi n’hésite-t-il pas au cours de l’entretien à qualifier Milton Friedmann, le chef de fil de la théorie monétariste, de criminel contre l’humanité.

Michel Rocard détestait les approximations et raccourcis de toutes sortes, il trouvait par exemple injuste que l’on associe la bureaucratie soviétique aux travaux de Karl Marx.



Les sept chapitres se succèdent sur un rythme alerte. Les questions du journaliste sont pertinentes et posées avec un souci évident de vulgarisation. Elles abordent l’Histoire des peuples, l’économie, la science mais aussi la démocratie, l’information, l’Europe... La variété des thèmes abordés n’empêche pas un certain fil conducteur et les réponses franches et directes sont compréhensibles même pour le lecteur néophyte dans tel ou tel domaine.



Le dialogue, la négociation, la recherche du compromis équilibré faisaient partie de la méthode Rocard, il croyait dur comme fer à l’efficience du syndicalisme démocratique.

Vous ne trouverez pas la phrase ci-dessous dans ce livre mais elle résume à mon sens assez bien le dessein de l’humaniste Rocard. Elle est extraite de son discours à L’Assemblée Nationale lors du projet de loi concernant le RMI en 1988, il occupait alors les fonctions de Premier Ministre :

“La solidarité n’est pas la bonne conscience de la modernisation, elle est la condition de sa réussite.”

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Pour une autre Afrique

En moins de 140 pages, dont la clarté le dispute à l’intelligence, Michel Rocard lance un plaidoyer « pour une autre Afrique ». L’ancien Premier ministre révèle un attachement ancien et profond pour le continent noir, qui s’est nourri des nombreux voyages qui l’y ont conduit. L’Afrique ne fut jamais dans ses compétences professionnelles lorsqu’il exerçait des responsabilités nationales, mais le député au Parlement européen s’y est consacré à plein temps à la présidence de la Commission du Développement et de la Coopération de 1997 à 1999. De cette expérience, Michel Rocard a tiré une conviction : l’aide au développement a échoué car elle n’a pas été à l’écoute des besoins des Africains.



La paix et la sécurité sont les premières conditions du développement. Or, la politique de l’Union européenne à l’égard de l’Afrique souffre de schizophrénie, les crises politiques et militaires étant traitées, dans l'urgence et sans unité, par le Conseil de l'UE, alors qu’elles devraient être intégrées à la politique de développement mises en œuvre par la Commission. Michel Rocard déplore l’absence de dotations budgétaires pour la sécurité en Afrique. Il propose que 10 % de l’APD lui soit affecté. Il plaide en faveur de la constitution de forces interafricaines de maintien de la paix. Il dénonce les trafics qui font rage, qu’il faut priver de débouchés en Occident si l’on veut les tarir, et la prolifération des armes légères.



La démocratie est une autre condition au développement. C’était le sens du discours de François Mitterrand à La Baule (prononcé en juin 1990 alors que l’auteur était à Matignon). Pour autant, Michel Rocard dénonce avec fermeté les conditionnalités politiques mises au déboursement de l’aide. C’est une ingérence qui fait fi de la souveraineté durement acquise par les peuples africains colonisés : « tout se passe … comme si … les anciens colonisateurs étaient devenus en un demi-siècle de rigoureux donneurs de leçons de morale civique et politique » (p. 61).

Il faut éviter, selon lui, de transposer aveuglement les règles de la démocratie occidentale. Si certaines règles sont universelles, leur mise en pratique ne l’est pas. Ainsi encourager la création de partis politiques est une fausse bonne idée : « ces structures … ne remplissent en général que deux fonctions, celle de structuration d’une clientèle … ou celle de support à l’expression … des signes de différenciation … » (p. 66). Il en va de même pour l’organisation d’élections pluralistes. Le modèle de la « démocratie conflictuelle », propre à l’Europe de l’ouest, n’est pas transposable tel quel en Afrique ; il doit être acculturé.



Dans le dernier chapitre de son court essai, Michel Rocard s’interroge sur la puissance publique en l’Afrique. Là encore, il dénonce l’importation sans nuance d’un modèle occidental. Nos critères en matière de santé ou d’éducation par exemple ne sont pas transposables : rien ne sert d’amener toute une classe d’âge au baccalauréat tant que le système économique n’aura pas créé des emplois pour cette génération de bacheliers bientôt aigris. Critiquant le cadre étatique, à la fois trop large pour l’administration quotidienne, et trop étroit pour l’intégration au concert mondial, il plaide en faveur d’un double mouvement de décentralisation vers les municipalités et de régionalisation sur le modèle de la CEDEAO en Afrique de l’Ouest ou de la SADC en Afrique australe.

Il se livre à une critique sans concession du libéralisme des institutions de Bretton Woods et du tryptique assainissement des finances publiques (qui peut conduire au chaos social, comme l’a récemment montré le cas argentin), privatisations (le marché n’est pas capable de répondre à la totalité des besoins publics), croissance des exportations (alors que les clés du décollage économique sont d’abord, selon Michel Rocard, endogènes). D’après lui, une des clés du développement économique de l’Afrique réside dans l’économie informelle, un terme péjoratif auquel l’auteur propose de substituer celui d’économie populaire. Pour ce faire, Michel Rocard prône le développement du micro-crédit, principalement destiné aux femmes, sur le modèle bangladeshi.

L’essai de Michel Rocard ne se borne pas à en appeler à nos devoirs à l’égard de l’Afrique, après que la négociation des accords de Cotonou eut montré de quelle désaffection ce continent souffre. Il nous explique comment mieux l’aider pour qu’il s’aide lui-même.
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Si la gauche savait

Le roi quoi.

La classe absolue autant dans la construction des idées que dans la verve.

C'est savoureux. Brillant. Bourré de références audacieuses.

Je me demande dans quelle mesure Rocard aurait eu un autre destin si Mitterand ne l'avais pas à ce point diminué. C'est une question que nous sommes beaucoup à nous poser. la réponse que semble nous donner Rocard dans ce livre c'est qu'il a fait selon la bonne marche du pays et que son sort personnel ne comptait pas. La classe .
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''Si ça vous amuse'' : Chronique de mes faits..

Une biographie de la vie politique et sociale de Michel Rocard.

Certes, c'est un pavé, mais il a eu une vie politique longue, dense et variée. 

Certes, il se met en avant, mais c'est le principe de ce genre d'exercice et il essaie d'être "objectif". Pour se faire une idée plus objective, il faut de toutes manières se renseigner sur les autres points de vue. Celui de Rocard est très complet et détaillé.

Un peu trop jeune a son époque, je l'ai lu comme un livre d'histoire de la politique notre pays et j'ai beaucoup appris.

L'écriture est facile d'accès et les sujets, traités par chapitres, peuvent se lire indépendamment. 

Peu d'hommes politiques de nos jours sont capables de parler aussi clairement de leurs actions.

Un livre instructif.
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''Si ça vous amuse'' : Chronique de mes faits..

J'ai toujours éprouvé une certaine sympathie pour Michel Rocard, l'homme politique et l'homme "tout court". En murissant, il a beaucoup évolué, passant de l'extrême-gauche à la social-démocratie. Mais il a toujours fait preuve de franchise et d'honnêteté; il est un ennemi de la langue de bois. Dans ce gros volume, écrit un peu comme ses mémoires (quoiqu'il s'en défende...), M. Rocard développe ses idées et ses actions d'homme public, d'une manière concrète et dans tous les domaines de la politique.

L'auteur commence par une anecdote assez savoureuse, concernant ses relations avec F. Mitterand, à l'époque où il était son premier ministre. Elle donne son titre au livre. Mais surtout elle donne un aperçu sur son approche personnelle des questions politiques, sérieuse, pragmatique et exempte de cynisme. Qu'on ne s'attende pas à des révélations fracassantes: M. Rocard se contente de passer au peigne fin toutes les problématiques auxquelles il s'est frotté - et elles sont très nombreuses, car c'est un touche-à-tout; ça fait un ouvrage dont la longueur peut décourager le lecteur pressé. Peut-être est-il préférable de le lire en plusieurs fois, en laissant de côté certains passages qui ne semblent pas essentiels. En tous cas, je trouve fructueuse la comparaison entre Michel Rocard et nos gouvernants actuels: à mon sens, le premier a été un homme d'Etat de la stature de Mendès-France, les autres sont des politiciens sans envergure beaucoup trop pressés d'arriver au sommet de l'Etat.

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La gauche n'a plus droit à l'erreur

didactique. Enfin une pensée construite et des solutions originales et concrètes pour sortir de la crise. A lire par tous. notamment ceux qui nous gouvernent
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La politique telle qu'elle meurt de ne pas être

Intéressant. A l'immense mérite d'élever le débat et de donner une image de la politique plus attractive, même si l'un comme l'autre, ayant la même formation ou presque, ont tendance à voir l'action politique plutôt comme une action de haut en bas, à mener par des gens intelligents, comme eux, qui, pensant avoir tout compris, entendent expliquer à la masse un peu plus limitée par définition ce qui est possible, ce qui est souhaitable, et ce qui ne l'est pas...

Réjouissant malgré tout, car cela nous sort des anathèmes et petites phrases inconsistantes concoctés par les dircom de tous poils et recueillis avec gourmandise par la paresse journalistique dominante.
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Oui à la Turquie

Après avoir très brièvement esquissé les principaux moments fondateurs de la Turquie moderne et ses liens historiques d'avec l'Europe occidentale, Michel Rocard dépeint à grande allure le portrait économique et politique de la Turquie moderne. La puissance démographique, le dynamisme économique et son insertion dans les relations internationales du Moyen-Orient sont des atouts puissants, obérés par une propension encore trop marquée à l'autoritarisme dans l'exercice de sa politique intérieure et un nationalisme encore trop emprunt des réflexes des Etats-nations : déni des vérités historiques, survalorisation de l'Etat au détriment des libertés individuelles. Pourtant, ces réserves ne doivent pas freiner l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne que l'auteur nous présente comme étant impérative. L'intégration de la Turquie donnerait accès à l'Union au pétrole des républiques du Caucase ; pourrait faciliter la pacification avec Israël dont la Turquie a été le premier Etat musulman a reconnaître l'existence ; pourrait pacifier les relations au Moyen-Orient par l'emploi de l'expérience communautaire de la gestion des ressources en matières premières (CECA) à la gestion de l'eau du Tigre et de l'Euphrate qui alimentent l'Irak, la Syrie, le Liban et Israël et dont les sources se trouvent en Turquie ; faciliterait le dialogue avec le monde musulman, attentif aux relations entre l'Europe et la Turquie ; et offrirait enfin un grand marché économique aux entreprises européennes. Michel Rocard ajoute que la grande force de l'Union, en retour, est sa capacité pacificatrice qui a à son actif la réconciliation franco-allemande, le rapprochement germano-polonais, l'apaisement des relations roumano-hongroises, la fraternisation des camps ennemis irlandais. L'intégration de la Turquie à l'Union ne pourrait avoir d'autres effets que la désactivation des tensions d'avec les kurdes, les arméniens et les chypriotes, autant que, à l'échelle mondiale, entre les chrétiens et les musulmans. L'intégration de la Turquie renforcerait le modèle européen qui favorise la cohésion sociale face à un modèle américain inégalitaire, compétitif et brutal.

Mais, c'est l'irrationalité des motifs de refus de l'intégration Turc qui se lit dans les réticences de ses dirigeants et de ses populations à répondre à la demande d'adhésion d'Ankara. A l'exception du Maroc en 1970 à qui il a été répondu qu'il n'était pas géographiquement en Europe et qui n'a pas réitéré sa demande d'intégration et de la Grande-Bretagne dont le processus d'adhésion après les deux "non" du Général de Gaulle a pris une quinzaine d'années, toutes les demandes d'adhésion à l'Europe ont été immédiatement mises en oeuvre, y compris celle de la Grèce qui se trouvait à l'époque éloignée des frontières de l'ouest et celles de la Bulgarie et de la Roumanie malgré leur fragilité économique. Il ne faut pas comprendre autrement, plus de cinquante après sa première demande d'adhésion, l'absence d'une démarche planifiée de l'intégration de la Turquie que comme un refus de principe, difficilement conciliable avec la nature des valeurs affirmées de l'Union et dérangeant d'un point de vue éthique du fait que, malgré ses exigences continuellement réitérées de réformes, l'Union se réserve fondamentalement la possibilité de donner en dernier lieu à la Turquie une réponse négative. La crainte d'un affaiblissement de l'Union doit pourtant être relativisée par des prévisions d'une immigration plus importante en provenance de la Turquie en cas de refus d'intégration que dans le cas d'une adhésion ; par le fait que l'Europe a intégré des pays dont le PIB par habitant est plus faible que celui de la Turquie ; par la très grande vigueur de réformation du pays depuis 2001 ; par un processus d'intégration par étape, en quinze ans, qui permettrait un amenuisement des différences économiques. L'influence de la Turquie au sein de l'Union serait aussi importante que celle de l'Allemagne et inquiéterait par sa capacité à bloquer les institutions. A cela, l'auteur note qu'il n'y a pas de raison de craindre un tel comportement de la part d'un pays qui a une expérience des relations internationales par sa présence au Conseil de l'Europe depuis 1949 et à l'OTAN depuis 1952. Il ajoute qu'aucun pays de l'Union ne se prononce aujourd'hui au Parlement européen comme d'une voix mais que tous se divisent en deux partis, ce qui invalide les hypothèses d'un vote national s'opposant en bloc à l'opinion de tous les autres Etats. Il ajoute que puisque l'Union n'est pas une fédération et n'a pas vocation à concentrer un esprit culturel unique, mais au contraire à favoriser le dialogue entre entités culturelles et politiques hétérogènes, l'intégration d'un Etat qui présente d'importante divergences culturelles se justifie d'autant. En l'occurrence, la pratique de l'Islam ne doit pas inquiéter les Européens car elle est loin d'être en Turquie aussi univoque qu'ils veulent bien s'en convaincre.

Enfin, les raisons que voit Michel Rocard de ne pas refuser l'intégration tiennent aux risques de déstabilisation de la région (il prévoit un repli de la Turquie sur elle-même, une dérive religieuse, voire une exposition terroriste qui la fragiliserait en cas d'atermoiement de son intégration - le texte date de 2008) ; la redéfinition automatique de l'Europe comme un club chrétien, c'est-à-dire fermé au monde dans une période d'ouverture et de mondialisation ce qui ne peut qu'engendrer des tensions ultérieures et célébrerait la défaite de la laïcité. Ainsi, tout engage Michel Rocard à soutenir vigoureusement une intégration de la Turquie dans l'Union européenne, à une date qu'il propose postérieure de quinze ans à l'écriture de son texte afin de permettre la mise en oeuvre d'un plan progressif d'intégration, c'est-à-dire en 2023.
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Réponses pour demain

Réponses pour demain, est une sorte de bréviaire de Michel Rocar, écrit au début de l'année 1988, moment où François Mitterrand ne s'était pas encore déclaré candidat à sa propre succession, et où le cas échéant, Michel Rocard avait fait acte de candidature à la magistrature suprême.
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La gauche n'a plus droit à l'erreur

L'analyse de la "crise" économique actuelle et les solutions pour la résoudre sont les sujets de cet ouvrage. Les démonstrations sont très étayées, des faits, des dates, des références, des chiffres et des graphiques, tout cela mis en perspective aide le lecteur dans sa compréhension des événements.

Un seul reproche, je suis sortie de cette lecture très défaitiste et cafardeuse, aussi je vais suivre le conseil des auteurs : " -Economie de crise-, en collaboration avec Stephen Mihm, J.-C. Lattès, 2010. Nous déconseillons formellement la lecture de ce livre aux âmes sensibles qui ont souffert en lisant les premiers chapitres de notre livre, qui ne sont qu'une version très adoucie de l'apocalypse annoncée par Roubini..."
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La politique ça vous regarde !

Michel Rocard peut parler d’expérience, et, véritable gageure, il réussit à ne pas prendre position pour le parti politique qui fut le sien, y compris en donnant des exemples précis sur ses actions en tant que premier ministre.
Lien : http://www.ricochet-jeunes.o..
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''Si ça vous amuse'' : Chronique de mes faits..

Un Rocard, sinon rien ?



(rédigé en 2014)

D'emblée, Michel Rocard se montre explicite : il veut rappeler aux Français, tout ce qu'il a fait d'important et qui n'est, selon lui, pas suffisamment connu.



Comme on peut s'en douter, cette démarche n'est pas sans risque quand on est un homme politique d'expérience et de fort vécu. Et de fait, Rocard n'évite pas le piège de l'immodestie, loin de là. Sans doute involontairement, il donne l'image d'un homme infatué, qui a, sinon tout fait, du moins tout vu et tout prévu.



Son navire ne fait pas que frôler le rocher de l'ego, il s'y fracasse allègrement : "je fais annoncer par les étudiants...", "je comprends d'emblée", "je pense avoir été le 1er", j'ai pu régler", je devine donc sans surprise", "...mais pas pour moi qui l'avais compris depuis longtemps", "comme je suis populaire, mon éviction serait incomprise par l'opinion", etc. C'est un florilège.



Que ce soit au sein de la Fédération nationale des étudiants socialistes (FNES), du PSU, durant son service militaire en Algérie, dans les différents ministères ou comme 1er ministre, Rocard semble être partout.



S'il écrit dans une modeste feuille de chou au sujet de la décentralisation, ses écrits créent "un vrai scandale" tant ils sont remplis "d'idées explosives". A le lire, il a irrigué Mai 68 et même inspiré à De Gaulle, son référendum sur la décentralisation et la régionalisation...(si c'est le cas, cela montre surtout qu'il est un porte-poisse).



Bref, ce plaidoyer pro domo est vraiment agaçant tant il est maladroit et confus. Décidément, Rocard écrit comme il parle, de manière démonstrative et relativement décousue.

Voilà pour la forme.



En dehors de cet aspect, le livre retrace le parcours somme toute exceptionnel, d'un homme.



La 1ère partie retrace sa jeunesse et comme souvent, tout découle de la figure du père.

M Yves Rocard est alors, un savant renommé. Il ne supporte pas que son fils, moins enclin aux études scientifiques, choisisse une autre voie en s'inscrivant à l'IEP et lui tient alors un discours incroyablement cruel : "L'Humanité progresse essentiellement par la science et par la connaissance. En te déclarant inapte à participer à ce mouvement, tu t'installes dans la position de pouvoir seulement le paralyser".



Comme dit Rocard Jr : "ça rend humble" (si seulement).



On sent bien que Michel Rocard "vient" de ce traumatisme. Cette volonté de ne jamais céder aux symboles, d'affirmer la puissance de la gestion scientifique des affaires...sont directement en lien avec ce reproche. De même, comment ne pas lier ce souci constant de démontrer qu'il a raison et sa lutte contre l'irrationnel, à l'humiliation dont il a été le témoin en voyant son père battu et moqué lors d'une tentative d'entrée à l'Académie des sciences ?



Cette rigueur est le fil rouge de son parcours. Son credo demeure : "décrire les enjeux, faire connaître les contextes et tenter d'expliquer les raisons".



C'est par le biais de cette "méthode" basée sur le consensus qu'il a abordé tous les grands projets qu'il détaille dans la 2ème partie.

On découvre les réflexions et les travaux qui ont conduit à la création de "Voies navigables de France", porté le modèle d'économie sociale, mis sur pied la CSG, réactivé la planification, sauvé l'agriculture et l'enseignement agricole, Air France et Renault, moralisé la vie publique, donné à la Nouvelle-Calédonie un nouveau départ...On assiste aussi aux chausse-trappes tendues par son ennemi juré, F. Mitterrand.



Cette partie là du livre qui s'achève avec sa nomination par Nicolas Sarkozy comme "ambassadeur de France chargé des négociations internationales relatives aux pôles Arctique et Antarctique" (on dirait une blague !) est assez ennuyeuse de mon point de vue, même si elle donne à voir les coulisses du pouvoir.



En revanche, les 3ème (sur l'Union européenne dont il fait un bilan assez critique) et 4ème ("transversales") parties m'ont davantage intéressé. Ses réflexions sur la crise financière, l'écologie, le travail, ou ses analyses géopolitiques, sont souvent pertinentes et pour le coup, son obsession pédagogique devient utile.



Un livre de près de 750 pages, touffu, agaçant, intéressant...à l'image de son auteur.



Deux réflexions me viennent après avoir refermé ce pensum :

- celui qui a trouvé son totem chez les scouts ("Hamster érudit"), n'est vraiment pas passé à côté.

- cette méfiance face au symbolique ou la recherche constante de consensus pour louable qu'elles soient, se révèlent trop peu enthousiasmantes pour réunir autour d'un projet qui dépasse les intérêts immédiats.

Gestionnaire oui, mais que ça ?



Et puis, je ne peux pas m'empêcher de ricaner quand je lis dans quelles conditions il a porté son choix sur la mairie de Conflans-Ste-Honorine pour en faire son "terrain d'expérience" : " à partir d'un certain nombre de critères que j'ai préalablement définis : ...pas à plus de cent kilomètres de Paris, car je ne veux pas vivre en province....."



Pour un adepte de la décentralisation....
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Que reste-t-il du socialisme ?

Michel Rocard par... est un hommage magnifique à l’homme « rêveur réaliste » qui nous a quitté il y a 5 ans, qui réfléchissait en parlant, avec des petits rappels sur la « deuxième gauche », celle de l’économie solidaire, du compromis et du « parler vrai », Un livre de chevet plus qu'utile!
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La politique ça vous regarde !

Ce livre est très intéressant, il présente la politique avec des illustrations comiques et drôles, elles permettent de comprendre les textes.

Le texte est très facile à lire, il y a quelques mots un peu difficiles à comprendre.

Cette lecture m’a aidé à comprendre ce que c’est que la politique et son fonctionnement et comment Michel Rocard lui a consacré sa vie.

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La gauche n'a plus droit à l'erreur

pour ceux qui pensent qu'il n'y a pas d'alternative à la politique économique menée par Sarkosy, Hollande....

les économistes ne sont pas tous d'accord sur la façon de sortir de la crise. malheureusement les économistes attérés et le collectif Roosevelt ne sont absolument pas écoutés. qui détient la vérité ? A quoi sert l'économie si elle est confisquée au profit d'une minorité ? ne devrait elle pas être utilisée pour l'intérêt général ? les propositions énoncées ici sont carrèment à l'opposé de ce qui se passe actuellement en France. On voit bien que cela ne marche pas. Qui a raison ?
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Mes idées pour demain

Je veux bien saluer le fait que Michel Rocard fut un homme politique d'une certaine carrure. Par contre, je ne m'y résoudrai pas pour ses "idées pour demain". Alternant les poncifs et constats d'usage, Rocard s'en sert pour nous proposer une "vision" des plus banales, sorte de social-démocratie teintée d'un vernis de citoyenneté, le tout au service de la croissance et de la prospérité.





Non seulement ce n'est pas riant, mais l'exercice intellectuel est des plus paresseux. Je ne recommande pas cet essai, qui s'apparente plus à une perte de temps raisonnable qu'autre chose.
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Mes points sur les i. Propos sur la président..

Constant, Michel Rocard reprend là des passages d’un texte qu’il avait écrit dès 1996, Les Moyens d’en sortir. Sa réflexion […] est très intéressante - qu’on soit, ou non, d’accord avec ses conclusions.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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''Si ça vous amuse'' : Chronique de mes faits..

Je n'avais jamais lu ce genre d'écrits, c'est maintenant chose faite, je le trouve intéressant, mais...on se raconte un peu trop à mon goût.
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