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EAN : 9782012376250
Hachette Littératures (03/09/2008)
3.5/5   2 notes
Résumé :

" J'ai la conviction qu'ouvrir l'Europe à la Turquie est économiquement intelligent, stratégiquement indispensable et culturellement visionnaire. "

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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Après avoir très brièvement esquissé les principaux moments fondateurs de la Turquie moderne et ses liens historiques d'avec l'Europe occidentale, Michel Rocard dépeint à grande allure le portrait économique et politique de la Turquie moderne. La puissance démographique, le dynamisme économique et son insertion dans les relations internationales du Moyen-Orient sont des atouts puissants, obérés par une propension encore trop marquée à l'autoritarisme dans l'exercice de sa politique intérieure et un nationalisme encore trop emprunt des réflexes des Etats-nations : déni des vérités historiques, survalorisation de l'Etat au détriment des libertés individuelles. Pourtant, ces réserves ne doivent pas freiner l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne que l'auteur nous présente comme étant impérative. L'intégration de la Turquie donnerait accès à l'Union au pétrole des républiques du Caucase ; pourrait faciliter la pacification avec Israël dont la Turquie a été le premier Etat musulman a reconnaître l'existence ; pourrait pacifier les relations au Moyen-Orient par l'emploi de l'expérience communautaire de la gestion des ressources en matières premières (CECA) à la gestion de l'eau du Tigre et de l'Euphrate qui alimentent l'Irak, la Syrie, le Liban et Israël et dont les sources se trouvent en Turquie ; faciliterait le dialogue avec le monde musulman, attentif aux relations entre l'Europe et la Turquie ; et offrirait enfin un grand marché économique aux entreprises européennes. Michel Rocard ajoute que la grande force de l'Union, en retour, est sa capacité pacificatrice qui a à son actif la réconciliation franco-allemande, le rapprochement germano-polonais, l'apaisement des relations roumano-hongroises, la fraternisation des camps ennemis irlandais. L'intégration de la Turquie à l'Union ne pourrait avoir d'autres effets que la désactivation des tensions d'avec les kurdes, les arméniens et les chypriotes, autant que, à l'échelle mondiale, entre les chrétiens et les musulmans. L'intégration de la Turquie renforcerait le modèle européen qui favorise la cohésion sociale face à un modèle américain inégalitaire, compétitif et brutal.
Mais, c'est l'irrationalité des motifs de refus de l'intégration Turc qui se lit dans les réticences de ses dirigeants et de ses populations à répondre à la demande d'adhésion d'Ankara. A l'exception du Maroc en 1970 à qui il a été répondu qu'il n'était pas géographiquement en Europe et qui n'a pas réitéré sa demande d'intégration et de la Grande-Bretagne dont le processus d'adhésion après les deux "non" du Général de Gaulle a pris une quinzaine d'années, toutes les demandes d'adhésion à l'Europe ont été immédiatement mises en oeuvre, y compris celle de la Grèce qui se trouvait à l'époque éloignée des frontières de l'ouest et celles de la Bulgarie et de la Roumanie malgré leur fragilité économique. Il ne faut pas comprendre autrement, plus de cinquante après sa première demande d'adhésion, l'absence d'une démarche planifiée de l'intégration de la Turquie que comme un refus de principe, difficilement conciliable avec la nature des valeurs affirmées de l'Union et dérangeant d'un point de vue éthique du fait que, malgré ses exigences continuellement réitérées de réformes, l'Union se réserve fondamentalement la possibilité de donner en dernier lieu à la Turquie une réponse négative. La crainte d'un affaiblissement de l'Union doit pourtant être relativisée par des prévisions d'une immigration plus importante en provenance de la Turquie en cas de refus d'intégration que dans le cas d'une adhésion ; par le fait que l'Europe a intégré des pays dont le PIB par habitant est plus faible que celui de la Turquie ; par la très grande vigueur de réformation du pays depuis 2001 ; par un processus d'intégration par étape, en quinze ans, qui permettrait un amenuisement des différences économiques. L'influence de la Turquie au sein de l'Union serait aussi importante que celle de l'Allemagne et inquiéterait par sa capacité à bloquer les institutions. A cela, l'auteur note qu'il n'y a pas de raison de craindre un tel comportement de la part d'un pays qui a une expérience des relations internationales par sa présence au Conseil de l'Europe depuis 1949 et à l'OTAN depuis 1952. Il ajoute qu'aucun pays de l'Union ne se prononce aujourd'hui au Parlement européen comme d'une voix mais que tous se divisent en deux partis, ce qui invalide les hypothèses d'un vote national s'opposant en bloc à l'opinion de tous les autres Etats. Il ajoute que puisque l'Union n'est pas une fédération et n'a pas vocation à concentrer un esprit culturel unique, mais au contraire à favoriser le dialogue entre entités culturelles et politiques hétérogènes, l'intégration d'un Etat qui présente d'importante divergences culturelles se justifie d'autant. En l'occurrence, la pratique de l'Islam ne doit pas inquiéter les Européens car elle est loin d'être en Turquie aussi univoque qu'ils veulent bien s'en convaincre.
Enfin, les raisons que voit Michel Rocard de ne pas refuser l'intégration tiennent aux risques de déstabilisation de la région (il prévoit un repli de la Turquie sur elle-même, une dérive religieuse, voire une exposition terroriste qui la fragiliserait en cas d'atermoiement de son intégration - le texte date de 2008) ; la redéfinition automatique de l'Europe comme un club chrétien, c'est-à-dire fermé au monde dans une période d'ouverture et de mondialisation ce qui ne peut qu'engendrer des tensions ultérieures et célébrerait la défaite de la laïcité. Ainsi, tout engage Michel Rocard à soutenir vigoureusement une intégration de la Turquie dans l'Union européenne, à une date qu'il propose postérieure de quinze ans à l'écriture de son texte afin de permettre la mise en oeuvre d'un plan progressif d'intégration, c'est-à-dire en 2023.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
[L'Europe] ne peut donc se définir que comme un club de nations cherchant à intégrer leurs économies, mais par leurs identités nationales.
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Le projet d'une Europe fédérale est mort en 1972.
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Si l'Europe rejette la Turquie, il en résultera qu'elle se définit comme un club chrétien. Qu'on le veuille ou non, ce sera une défaite pour la laïcité.
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