AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Michel Rostain (108)


Syllogisme : papa pleure chaque fois qu'il pense à moi. Papa n'est heureux que lorsqu'il pense à moi. Papa est donc heureux à chaque fois qu'il pleure.
Commenter  J’apprécie          380
Nous sommes tous des analphabètes du sentiment.
Commenter  J’apprécie          270
« Le onzième jour après ma mort, Papa est allé porter ma couette à la teinturerie. Monter la rue du Couédic, les bras chargés de ma literie, le nez dedans. Il se dit qu’il renifle mon odeur. En fait, ça pue, je ne les avais jamais fait laver ces draps ni cette couette. Ça ne le choque plus. Au contraire : subsiste encore quelque chose de moi dans les replis blancs qu’il porte à la teinturerie comme on porterait le saint sacrement. Papa pleure le nez dans le coton. Il profite. Il sniffe encore un coup la couette, et il pousse enfin la porte du magasin. Papa ne peut plus traîner. Condoléances, etc. Le teinturier - recondoléances, etc. - débarrasse papa de la couette. Papa aurait voulu que ça dure, une file d’attente, une livraison, une tempête, juste que ça dure le temps de respirer encore un peu plus des bribes de mon odeur. Papa se dépouille, il perd, il perd. »

Commenter  J’apprécie          260
La mort, c'est une machine à regrets.
Commenter  J’apprécie          250
ça y est, ça lui revient, les regrets, l'infernale machine à regarder en arrière,
ce qu'il a fait, ce qu'il n'a pas fait, ce qui aurait changé si ...
Commenter  J’apprécie          170
Quand on demandait à papa quel était son signe astral, il ricanait. Il disait qu'il se foutait éperdument de connaître son signe du zodiaque, et encore plus son ascendant. Il ajoutait qu'il ne savait qu'une chose, le nom de son descendant : "Lion", moi. Aujourd'hui où je viens de mourir, papa n'a plus rien, ni ascendant ni descendant. (p. 13)
Commenter  J’apprécie          160
Un autre spasme la soulève et la fait vomir . Le metteur gerbe aussitôt - la vue du dégueulis le fait toujours vomir , une variante minable de l'empathie .
Commenter  J’apprécie          130
Au bout du compte, les vrais virus culturels se transmettent d'abord par des contacts émotionnels, infiniment plus qu'avec des idées justes
Commenter  J’apprécie          130
Papa fait des découvertes. Par exemple ne pas passer une journée sans pleurer cinq minutes, ou trois fois dix minutes, ou une heure entière.
Commenter  J’apprécie          130
Michel Rostain
Je n’étais pas dans l’autobiographie, dans le dolorisme, dans la plainte… Fiction ? Je ne sais pas, j’aimerais bien que ce soit un roman, que mon fils ne soit pas vraiment mort. Autofiction, évidemment, sauf qu’il n’y a pas de « je » dans le livre ; ce n’est justement pas « je Michel Rostain » qui parle, c’est « je ton fils ». C’est différent du coup, un récit aux frontières de toutes sortes de genres
Commenter  J’apprécie          110
Quand une étoile se dégrade, elle émet dans le désordre, avec par moments des silences et à d'autres de très violentes émissions d'énergie. On y est. Après la musique sans son, après les soliloques incertains et les préludes indécis, une énorme bouffée d'harmonies et de rythmes jaillit. Victor Hugo chante ces soubresauts d'étoile comme "la clameur du mourant éperdu", un vacarme qui serait "brusque, éclatant, splendide, inattendu". En ce moment, Odette est cette étoile-là, somptueuse, incandescente, imprévisible.
Commenter  J’apprécie          110
Papa a ouvert la petite boîte de mes cendres, celle qui est restée dans leur chambre. Un cylindre de bois ancien, du bois clair. Comme les cendres s'étaient infiltrées partout, le couvercle coulisse mal. Il faut forcer. A peine la boîte ouverte, des cendres s'échappent, sable plus fin que mes cheveux, poussière, quasi-fumée, légère comme l'air. S'évaporent dans la pièce d'infimes bribes de moi. Papa s'affole. Ce petit nuage dans le contre-jour, il y plonge le nez, il inspire à fond, il me veut dans ses poumons.
Il tousse.
Commenter  J’apprécie          100
On a jamais eu un enfant, on l'a toujours.
Commenter  J’apprécie          100
Un père qui hérite de son fils, ce sont des enchaînements des mots inconcevables. Désordres du temps.
Commenter  J’apprécie          100
" En bon stoïcien moderne, papa croit comme tout le monde probablement aujourd’hui – que le vrai bonheur, c’est l’instant que l’on vit. Ne rien attendre d’espoirs sur l’avenir. Ne pas se cramponner au passé, vivre purement le moment présent, le bonheur serait là. Équation : maintenant que je suis mort, ton vrai bonheur serait donc ta douleur de l’instant présent ?
Tout ce qui éloigne papa de la détresse, occupations professionnelles, coups de téléphone, démarches etc. lui est insupportable. La seule chose à laquelle il aspire vraiment , c'est cette actualité intime , la souffrance que ma mort provoque en lui. Il en a pour un moment ave ce présent. Il le cultive donc. Faire retraite. Pleurer , assis à côté de ma tombe , le ciel de Douarnenez immense tout autour , la mer au fond , ma tombe toute petite devant l'océan , pleurer , ,accueillir cette douleur , l'aimer presque . le maigre bonheur de son présent c'est son malheur. Papa en veut à quiconque l'en éloigne."
Commenter  J’apprécie          80
Le onzième jour après ma mort, Papa est allé porter ma couette à la teinturerie. Monter la rue du Couédic, les bras chargés de ma literie, le nez dedans. Il se dit qu'il renifle mon odeur. En fait, ça pue, je ne les avais jamais fait laver ces draps ni cette couette. Des jours, des mois et des mois que je dormais dedans. Ça ne le choque plus. Au contraire : subsiste encore quelque chose de moi dans les replis blancs qu'il porte à la teinturerie comme on porterait le saint sacrement. Papa pleure le nez dans le coton. Il évite les regards, il fait des détours bien au-delà du nécessaire, il prend à droite, rue Obscure, il redescend, puis non il remonte, rue Le Bihan, rue Émile Zola, les Halles, quatre cents mètres au lieu des cent mètres nécessaires, il profite. Il sniffe encore un coup la couette, et il pousse enfin la porte du magasin.
Yuna de la Friche est là en train de mettre des sous dans la machine à laver automatique, papa ne peut plus traîner. Condoléances, etc. Le teinturier recondoléances, etc. débarrasse papa de la couette. Papa aurait voulu que ça dure, un coup de téléphone d'un client, une file d'attente, une livraison, une tempête, juste que ça dure le temps de respirer encore un peu plus des bribes de mon odeur. Papa se dépouille, il perd, il perd.

De retour à la maison, il trouve la chienne en train de mordiller mes pantoufles. Là aussi il y a mes odeurs. Papa tu ne vas quand même pas te disputer avec Yanka et te mettre à sucer mes pompes puantes, non ?
Commenter  J’apprécie          80
« Papa, le croit, il en a après le formalisme, le conceptualisme, le structuralisme, le postmodernisme et toutes sortes d’autres « ismes » fleuris au gré des modes depuis trente ans. Les importants mettent en pratiques leurs préjugés, et c’est cette interdiction de raconter des histoires qui domine la France depuis les années soixante- dix. Papa rage après les sectaires. « Heureusement, heureusement le génie, ça passe à travers toutes les gouttes ».
Commenter  J’apprécie          71
Il faut voir des signes partout, s’ils veulent bien nous faire signe, lui souffle Louise. Papa aime la formule, il la fait sienne. Pour plus de sûreté, Papa dit et redit que ces signes ne sont que des choses humaines, pas d’ambiguïté n’est-ce-pas ? Maman, de son côté, s’en fout de savoir si c’est rationnel ou pas. Réalité, idée, hallucination, signe, émotion, peu lui importe, c’est moi qui l’accompagne en permanence, pour pleurer comme pour rire. Pour Vivre.
Commenter  J’apprécie          50
Ils se ressaisissent, ils vont prendre les choses en main : non au catalogue, non aux obsèques formatées, non au vide convenu, non à tout. En réalité ils tentent de dire non à la mort.

Rien en eux n’accepte ma mort, mais puisqu’il faut, ils décident que mon enterrement sera vraiment magnifique. Voilà les parents lancés dans une bataille énorme contre… Contre quoi au fait ? Contre l’abandon se dit papa. Que la mort de Lion soit encore un moment de vie, pas un moment de rien.
Commenter  J’apprécie          50
"Pas de valse donc, ni d'Odette, ni d'accordéon dans son capital génétique. Le metteur étant de la génération d'après, il s'est construit autrement - pétards, manifs, rock, pop et cheveux longs."
Commenter  J’apprécie          50



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Michel Rostain (648)Voir plus

Quiz Voir plus

Ne faut-il pas découvrir un nouveau Thriller ?

Nous conduit-il dans une littérature spécifique ?

Pas du tout
Non littéraire, mais addictif
Nouveau style
Oui, l'approche littéraire y est

4 questions
6 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}