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Critiques de Michel Serres (277)
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Temps des crises

La crise que nous traversons peut être comparée à un séisme et, comme ce dernier, les causes ne sont pas visibles, les failles sont profondes. Pour les trouver, il faut s'interroger en profondeur sur notre société contemporaine et ne pas se contenter des chiffres.

La crise n'est pas seulement financière, elle est globale. Elle touche l'humanité dans son ensemble. Elle parle du rapport des humains avec le monde.



Tout comme en médecine, une crise indique la croissance d'une maladie. Tout comme le corps face à cette crise, on a le choix entre la mort, l'éradication de l'humanité, ou tendre vers une nouvelle organisation, tracer une nouvelle voie.



Des changements majeurs sont apparus dans la seconde moitié du 20è siècle ;

L'humanité occidentale quitte majoritairement l'agriculture, la population rurale chute, venant grossir des mégalopoles de plus en plus gigantesques.

« Qui alors connaitra le monde, comme le connurent,

le pratiquèrent les ruraux ? Qui pense à lui désormais ? »



Les progrès de la santé, de la mobilité humaine, nous offrent un monde qui n'a plus rien à voir avec celui de nos ancêtres.



Grâce aux nouvelles connexions, le savoir est devenu accessible à tous. Le connectif remplace le collectif. Le pouvoir change.



Les conflits ont pu faire croire que l'homme était plus fort que la nature, que nul ne le dépasse. Pourtant, il est devenu plus dangereux pour lui-même que le monde lui-même. Nous dépendons d'un monde dont nous sommes en partie responsables de la production.



Fin des jeux à deux, jeux qui n'opposent que les humains, début d'un jeu à trois, incluant désormais la Biogée. Donner la parole à la Biogée : l'eau , l'air, le feu, la terre et les vivants ( WAFEL) ; la vie et la terre. L'homme dans son narcissisme, avait oublié de négocier avec cette Biogée, il doit maintenant en tenir compte, sa survie en dépend. La Biogée se met à crier ( fonte des glace,ouragans, pandémies…). Allons-nous l'écouter ?



Notre antique rapport économique au monde s'approche –t-il d'un terme ? Qui remplacera la vieille triade des prêtres, soldats et producteurs de richesses? Triade figurée au moyen de Dieux Romains par Georges Dumézil : Jupiter, Mars, Quirinus.



Qui parlera au nom de la Biogée ? : Les sciences qui parlent des choses du monde. le savoir est indispensable à tout projet. Mais :

« Que les savants puissent parler au nom de la Biogée exige qu'ils prêtent d'abord un serment dont les termes les libèrent de toute inféodation aux trois classes précédentes. Pour devenir plausibles, il faut que, laïques, ils jurent ne servir aucun intérêt militaire ni économique. »



« En changeant l'arme méchante : l'intelligence. Elle ne doit plus être du côté du venin, du croc, mais muter, de la volonté de puissance au partage, de la guerre à la paix, de la Haine à l'Amour. »



Pour que le temps des crises ne nous mène pas tout droit au désastre, il faut prendre la bonne décision, redevenir humain, se reconnecter avec notre monde, s'occuper davantage d'écologie, de Sciences et Vie de la Terre, de Sciences Humaines.



« Les sciences firent du monde leur objet, mais c'est lui qui nous fait vivre, il nous dépasse et maintenant il nous tombe sur la tête, il pourrait bien nous éradiquer. »

L'homme a joué à un jeu dangereux, il pourrait bien s'en mordre les doigts; le Grand Pan est de retour!







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Biogée

Lumineux et obscur, clair et confus, passionnant et ennuyeux. Michel Serres gagne à être connu mais pas forcément tous ses écrits.



Ses chroniques sur France Info sont à savourer car il est le sage, l'érudit que l'on écoute, doté d'un savoir-faire de conteur, d'une voix que l'université de Standford a su employer pour former ses étudiants.

Mais les nouvelles de ce recueil m'ont dans l'ensemble laissé perplexe. Je n'y pas vu le lien entre elles et le style m'a déconcerté: poétique ou ampoulé (selon le point de vue).

Il me semble qu'il a voulu s'inspirer des "essais" de Montaigne. Dans ce cas, en prenant exemple sur l'illustre écrivain, peut-être ne faudrait-il pas tout lire d'un trait et piocher, picorer, de-ci de-là.



Toutefois, le message sur la préservation de la Biogée m'a échappé même si les épisodes de sa jeunesse dans la Marine (notamment au moment de la nationalisation du Canal de Suez) ont éveillé ma curiosité.



Donc, déçu par quelqu'un d'admirable pour finir comme j'ai commencé: avec un paradoxe.

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Petite Poucette

Rencontre avec l'homme du troisième type, voici de quoi traite cet ouvrage. Tout d'abord homme communiquant grâce à la parole, puis enfin par l'écrit, et notamment par le biais de l'invention de l'imprimerie, l'homme d'aujourd'hui continue de communiquer mais d'une manière nouvelle : à travers le web, utilisant non plus sa plume et son parchemin mais cet outil révolutionnaire que l'on appelle ordinateur. Aussi, grâce à lui et à ses outils de recherche, chaque individu peut emmagasiner un très grand nombre d'informations en très peu de temps. Ce n'est plus l'homme qui cherche, c'est la machine qui cherche pour lui. Michel Serre a surnommé les protagonistes de son essai "la petite poucette" et "le petit poucet", individus à part entière mais qui se fondent dans une incroyable masse d'autres individus avec lesquels ils échangent, sans nécessairement se connaître et qui ont accès aux mêmes informations qu'eux.



Ouvrage intéressant même si je n'ai pas toujours été d'accord avec les théories émises par l'auteur (ce qui explique ma note mitigée pour ce dernier) et que j'ai trouvé, par moments, un peu difficile d'accès.

Un livre qui reste néanmoins très bien écrit et qui est plus que jamais d'actualité et est destiné à le rester pour de nombreuses années encore ! A découvrir !
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Yeux

Je connaissais évidemment de nom Michel Serres, philosophe, historien des sciences, académicien, bref un type qui a plein de choses brillantes et passionnantes à nous dire, mais c'est par l'intermédiaire de son nouvel ouvrage : Yeux (éditions Le Pommier, paru en octobre dernier )que j'ai fait vraiment connaissance avec lui et sa pensée, érudite, mais assez étonnante si on s'accroche un peu à ce qu'il veut nous faire comprendre.

Dans cet ouvrage, Serres développe une contradiction de la « vision », de la représentation, dans l’espace du voir, du vu et de l’invu. Il y interroge tous les regards, dans notre société qui pense tout voir et avoir tout vu !



Michel Serres explore, à la façon de variations, les capacités des yeux, de tous les yeux : Voir et être vu, Yeux de pierres, Yeux de bêtes, Yeux de verre, Yeux de mer, Yeux de lettres, Yeux de mère ou Feu d’Yeux, feu de Dieu.

Il interroge le regard du peintre, comment il voit ce qu’il peint, comment il est vu par le spectateur. Comment regarde-t-on la nature ? Comment regarde-t-on une œuvre, statique, mouvante… Il oppose la nuit et le jour pour nous montrer que la lumière naît… de la nuit. Il nous emmène visiter les lieux les plus anciens, comme Lascaux, avec les moyens les plus contemporains de la technologie… Et nous fait enfin réfléchir sur ce que nos yeux disent de la force de notre amour.

Serres met en filigrane des variations, les mille et unes facettes par lesquelles les artistes, la nature, les animaux, les minéraux, le Cosmos, sont représentés et s’entrecroisent. S’interrogeant sur l’extériorité du regard, l’ambiguïté de la notion de la vision, Serres exige que ces images reflétées nous soient « révélées ».



Cette expérience cathartique et symbolique rend compte à la manière d’une cartographie poétique, une philosophie des images dans son rapport au savoir, une ascension des idées vers l’Unité. Difficile d'accès mais passionnant et extrêmement enrichissant spirituellement parlant!!


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Morales espiègles

Serres a toujours été sentencieux et creux. Mais le vide à ce point-là, ça fout le vertige. Peut-être qu'en demandant de l'aide à Debbouze... on aurait obtenu la division par zéro! Encore plus fort que la quadrature du cercle ou le mouvement perpétuel!
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Petite Poucette

Dans Petite Poucette, j'ai apprécié le retour dans le passé, et l'analyse qu'en fait Michel SERRES qui nous dit entre autres choses que la morale religieuse ou laïque se résumait pour les élèves en des " exercices destinés à supporter une douleur inévitable et quotidienne due à la famine, la maladie, la cruauté du monde...".



Comment le jeune Sapiens moderne peut-il donc comprendre la littérature et l'histoire sans être passé par la case "rusticité, guerre, souffrances physique en tous genres" ?

C'est ce qui questionne notre philosophe.

Moi un peu moins.

entre autres choses que la morale religieuse ou laïque se résumait pour les élèves en des " exercices destinés à supporter une douleur inévitable et quotidienne due à la famine, la maladie, la cruauté du monde...".



Comment le jeune Sapiens moderne peut-il donc comprendre la littérature et l'histoire sans être passé par la case "rusticité, guerre, souffrances physique en tous genres" ?

C'est ce qui questionne notre philosophe.

Moi un peu moins.



Voilà donc pour nos écoliers d'aujourd'hui dont fait partie Petite Poucette (celle qui écrit de ses deux pouces sur les claviers !).



Quand il est question de leur manque d'attention et du pouvoir des médias sur eux, je suis d'accord.



Quand M.SERRES écrit que " les médias se sont saisis depuis longtemps de la fonction d'enseignement", je ne le suis plus du tout.



Certes, nos jeunes générations ont de nouveaux comportements à développer pour mettre en oeuvre une posture ouverte aux savoirs véhiculés (en partie) par le multimédia.



Mais les enseignants se doivent aussi de repenser leur pédagogie ; toujours s'adapter au public en distillant autrement les contenus (le savoir), en permettant aux élèves de l'intégrer et le mémoriser.

Ça, il ne dit pas, et c'est bien dommage, car certes les médias et les connections de notre société moderne donnent un nouveau visage à l'enseignant et à l'élève, mais une pédagogie réinventée peut être mise en place. Simplement.



Et puis, à mi-parcours, j'ai lâché totalement par l'esprit ce texte que j'ai trouvé alors alambiqué. Ce fut au final un essai irrégulier quant à son contenu, après un départ sur les chapeaux de roue, j'ai sauté en marche, autant agacée par certaines idées réductrices que par le manque de contenu.


Lien : http://justelire.fr/petite-p..
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C'était mieux avant !

Voici un petit livre qui avec pertinence, humour et vigueur met en pièces les jérémiades sans fondement de " Grand Papa Ronchon " qui affirme sans cesse que " c'était mieux avant " ! à l'adresse de Petite Poucette. Se reporter à cet ouvrage brillant et dont " c'était mieux avant " est le prolongement.

Les exemples concrets et autobiographiques employés par Michel Serres trouveront un écho chez chacun d'entre nous.

Pas de nostalgie infondée donc ! Toutefois nous avons sans doute un prix à payer pour nos vies prolongées et bien plus ouvertes sur le monde, c'est moins de solidarité concrète et quotidienne de notre entourage et une solitude galopante à combattre, sans qu'on sache clairement comment ...

Lisez offrez ce petit livre autour de vous !
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De l'amitié, aujourd'hui

Les Chroniques de Michel Serres et Michel Polacco sur France info sont rassemblées dans ce fascicule de 120 pages elles constituent une philosophie accessible, agréable à lire… et elles font du bien.

Les sujets abordés sont variés :

- L'amitié cette attirance et alchimie inexplicable entre deux êtres, c'est uniquement le « parce que c'était lui parce que c'était moi » de Montaigne qui résume le mieux ce beau sentiment.

- La Belgique et la BD, Monsieur Serres est tintinophile…et nous apprenons que nous devons beaucoup à la Belgique et ses hommes célèbres, Mercator, van Wesel qui écrivit le « premier traité d'anatomie exacte ».

Georges Lemaitre, prêtre catholique, chanoine, il a été le premier à dire que l'Univers est en expansion et à calculer la constante, dite par la suite « constante de Hubble' … Cette théorie fut appelé le « Big Bang » et Lemaître oublié.

- Mon chapitre préféré est, sur la jalousie ce sentiment responsable de bien des maux ! Michel Serres nous donne un remède pour la combattre… à lire

- Ses réflexions sur le suicide et la compassion qui se dégage de ses écrits sont riches et profonds d'enseignements.

Voilà un petit livre sage d'un grand philosophe ! A siroter sans modération pour notre plus grand plaisir. J'aime.

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De l'impertinence, aujourd'hui

Une petite leçon de « choses » et des réflexions sur des mots que l’on utilise souvent ou auxquels nous sommes confrontés, sans forcément y prêter plus d’attention, comme par exemple, la bêtise, la caricature, le chef, le peuple, les retraités, le scandale, la révolution et même Tarzan…



Très pertinent ce petit livre où l’on retrouve quelques chroniques réalisées par Michel Serres et Michel Polacco pour France Info.



On aimerait qu’il y en ait plus.

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La Guerre mondiale

J'ai acheté ce livre de Michel Serres après avoir assisté à une conférence de l'auteur sur ce même thème.

La conférence m'avait profondément emballé, mais j'ai éprouvé de la difficulté à lire l'ouvrage qui est une suite d'explications avec des glissements entre la guerre mondiale, la seconde, qui prit fin en 1945, et la guerre mondiale, celle que l'Homme livre au monde.

Pas toujours facile même si le fond est très riche.

A lire, et probablement à relire pour bien appréhender tout ce que Michel Serres a voulu exprimer.
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Hergé mon ami

Michel Serres, c'est bien connu, est l'homme qui réconcilie tous les hémisphères (droit et gauche, nord et sud) avec science et bienveillance. C'est celui qui - observez son regard pétillant de malice - ne dédaigne pas non plus le recours à la plus extrême drôlerie. Il suffit pour s'en convaincre de lire ou relire son étude des "Bijoux de la Castafiore" ("Rires: les bijoux distraits ou la cantatrice sauve", 1970), qu'on retrouve ici (illustrée par les cases de la BD) aux côtés d'une autre, inédite celle-là et tout aussi jubilatoire, sur la contribution d'Hergé à la théorie du fétichisme dans "L'Oreille cassée". Messager transdisciplinaire de par sa double formation, scientifique et philosophique, vaquant des sciences exactes aux sciences humaines, cet infatigable voyageur dans l'espace et dans le temps, est devenu sur le tard l'ami et visiteur fidèle de Georges Rémi (1907 - 1983), RG. La "tintinophilie" de Michel Serres a fait depuis le tour du monde. "Hergé mon ami" est le fruit d'une collaboration parfaite entre les éditions Moulinsart et le Pommier qui témoigne de cette amitié ; l'entente profonde du penseur et de l'artiste devenus deux "amis de vieillesse", à l'image de la couverture aux couleurs du "Lotus bleu" renvoyant au lien indéfectible que Tintin reporter et Tchang nouèrent un jour sur les bords du Yang Tsé-Kiang. Plusieurs textes sont rassemblés : "Le Jules Verne des sciences humaines", "Hergé portrait", "Genèse de l'art neuf", "Hergé ethnologue" et quelques autres parus entre 1983 et 1997. Une très belle composition où l'air de la "Gazza ladra" n'étouffe pas celui des plus hautes cimes du Tibet ( "La plus précieuse des raretés", 1994). Ode à la douceur de l'amitié, aux voyages, à RG et sa bande... dessinée, qui n'exclut pas non plus Fanny sa coloriste. La mise en regard des textes avec les extraits des oeuvres citées forment un ensemble esthétique d'une lumineuse unité ; diffusant et le savoir sophistiqué du savant et sa mémoire reconnaissante d'éternel enfant des bords de la Dordogne envers le créateur bruxellois et son héros positif rassurant. Ses aventures l'avaient très tôt conquis et détourné de ses peurs, à l'aube de la seconde guerre mondiale car Michel Serres a découvert L'oreille cassée dans sa version hebdomadaire en 1939 ("Case mémorable", 1985). Son écriture alliance subtile entre les mots de la science et ceux de la poésie fait évidemment le reste dans ce livre que je qualifie simplement de très beau.



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Quoi de neuf chez les cathos ? Catholicisme..

Un livre court mais intéressant, qui réunit deux textes d'auteurs différents, deux conférences.

Le premier texte, de Michel Serres, m'a moins touchée que d'autres textes de l'auteur, mais nous interpelle sur le catholicisme, cette religion de la Parole, du Livre, de l'Ecriture.

Le deuxième texte, passionnant et très clair, de Mgr Dagens, sait nous éclairer sur l'esprit de Vatican II. Esprit humaniste, présence du Christ avant tout, débats et lente maturation, exigence de l'appel de Dieu, solitude et solidarité comme expériences paradoxales du chrétien dans le monde actuel. A méditer.
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Petite Poucette

Je l'ai dévoré d'une traite "tantôt", complètement enthousiasmée. Maintenant faut que je digère....

Premières impressions : tout d'abord je me suis dit : "j'espère que ma fille l'a lu", (instit, pour ma génération) sinon je m'en va le lui offrir de toute urgence.

Ensuite j'ai ressenti (du moins dans la première partie) un message de réconciliation et d'espoir (à conseiller à tous les grincheux, moi y compris à mes heures mais maintenant c'est chose faite).

J'ai souvent souri et beaucoup applaudi, autrement dit j'étais souvent d'accord et j'ai adoré le rythme de son écriture et surtout l'ouverture sur la créativité.

Mais comme je disais, il faut que je digère, car la dernière partie où il associe me semble-t-il science et culture m'a un peu déroutée, un peu complexe pour moi.



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Du bonheur, aujourd'hui

Petite lecture en hommage à ce grand homme qui vient de disparaître. Ce sont des entretiens radiophoniques où Michel Serres nous exprime avec la simplicité qu'on lui connaît sa philosophie de la vie. La vie, plus que la pensée, a passionné ce philosophe qui plus que tout autre sait retourner les idées reçues, les miroirs aux alouettes d'une logique superficielle pour nous montrer un monde, un univers, une humanité aimable et merveilleuse, qui vaut la peine qu,on s'y arrête.
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Le mal propre : Polluer pour s'approprier ?

C’est toujours un challenge de taille que d’entreprendre la critique d’un livre de Michel Serres. La minceur de celui-ci et le thème abordé m’avaient attiré. Cela reste une écriture qui demande un effort pour s’approprier les néologismes et naviguer avec attention parmi les méandres de sa pensée foisonnante



Le mal propre : chaque terme renvoie à différentes significations, et la combinaison des deux crée une multitude d’interprétation de la formule. Et c’est en quelque sorte ce qui attend le lecteur au fil des pages



L’être vivant, qu’il soit humain ou animal, marque son territoire. Il le compisse ou le conchie lorsqu’il marche à 4 pattes, il le pollue quant il détient les richesses, il le souille d’un sang qu’il juge impur lorsqu’il part sur les sentiers de la guerre.

Toute velléité de propriété s’accompagne d’une salissure, qui éloigne les prétendants au bien (agression sonore de la musique imposée et des moyens de transports, agression visuelle des publicités qui envahissent l’entrée défigurée de nos villes, et marquent de leur sceau tous nos «biens», agression olfactive par la pollution environnante, jusqu’à l’agression du goût à travers une nourriture standardisée issue des marmites de l’agro-alimentaire. L’appropriation est devenue «la guerre de tous contre tous», risquant de provoquer à terme l’anéantissement de la planète, tel un nouveau Déluge engloutissant la surface sous des tonnes de déchets, de résidus, mais aussi de signes de marques , de publicité.



Quelle solution pour inverser la tendance? La location! Agissons en locataires et non en propriétaire. «Face au mal propre, son symétrique est le Bien Commun». Avec pour devise «ceci me suffit».



Dans la même ligne de logique que le»Contrat naturel» paru vingt ans plutôt, et où l’auteur prônait le respect de l’environnement, avec un but ultime : l’achèvement du processus d’hominisation, qui nous libèrera de nos conduites animales




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Petite Poucette

Michel Serres analyse ici l'éducation des nouvelles générations. Il estime que l'enseignement organisé est d'un autre temps qui ne correspond plus à la jeunesse, qui peut aussi être éduquée (selon lui) grâce aux nouvelles technologies. L'enseignement pourrait se faire par une simple recherche sur Google.

Internet serait comparable en termes de révolution historique à l'écriture et à l'imprimerie.

Grâce aux nouvelles technologies, la jeunesse a le pouvoir de créer et de ne pas simplement subir. Il est assez optimiste quant à l'avenir de cette jeunesse.

Le /la jeune d'aujourd'hui, il l'appelle : "Petite Poucette", pour sa capacité à envoyer des SMS avec son pouce.



Ce livre m'avait été chaudement recommandé par deux de mes filles qui avaient dû le lire pendant leurs études secondaires (=lycée en France). Je me souviens qu'à l'époque, elles étaient très enthousiastes. C'était inhabituel de leur part car lire n'est pas un plaisir pour elles - surtout des romans. Ce sont des scientifiques pures et dures, leurs lectures doivent leur apporter des choses "utiles", scientifiques mais surtout pas imaginaires !



Retrouvé en rangeant un meuble, ma curiosité m'a poussée à le lire.

Et là, plouf, je ne suis pas aussi enthousiaste qu'elles. Je me perdais parfois en chemin, j'avais envie, comme le cancre, de regarder par la fenêtre et de rêver. Cela m'a renvoyée aussi à mes études au cours desquelles , la philo et moi n'étions pas très copines. C''est vrai que la philo enseignée comme les profs l'ont fait à mon époque c'est-à-dire de manière magistrale, ne m'a pas aidée à apprécier vraiment.

Pour ma part, philosopher, cela se fait autour d'une table, il me faut des échanges d'idées, des discussions ; seule derrière un livre sans interaction, cela ne passe pas.



Je ne donnerai donc pas d'avis à propos de ce livre car je constate que c'est moi qui ait un "problème" avec ce genre de lecture.

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Qu'est-ce que l'humain ?



Les éditions de vulgarisation scientifique Le pommier et Universcience éditions se sont unies pour nous offrir ce recueil de trois conférences données à la Cité des Sciences, par deux scientifiques, un neurologue et un paléoanthropologue et un philosophe sur une question essentielle : qu’est ce qui définit l'être humain.



Pour Didier Vincent , ce qui différencie l’homme c’est le langage et le sexe.

Pascal Picq retrace d’abord l’histoire de l’anthropologie issue de l'étude de la préhistoire, passe en revue certaines pratiques l’interdit sexuel, la vie sociale, la chasse et le partage de la nourriture….Puis il s’intéresse lui aussi au langage. Je ne résiste pas au plaisir de vous relater une expérience avec la chimpanzé Sarah qui communiquait avec le langage des signes. On lui donna une série de photos d’humains et chimpanzés qu’elle connaissait, en lui demandant de séparer humain et chimpanzés. Ce qu’elle fit sans problème mais en se rangeant parmi les humains. Un détail qui m’a étonnée, Pascal Picq précise que parmi les chimpanzés il y avait son père, mais un singe a t il la possibilité de savoir qui est son père ?

Quant à l'exposé de Serres, je n’en ai pas vu le fil directeur.



Alors maintenant après avoir vu la nature et la culture est-ce que je sais ce qu’est l’Homme. Non pas vraiment.



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Adichats ! (Adieu !)

Un peu déçue par ce livre d'un auteur que j'adorais, décédé l'an dernier à 88 ans. L'éditeur a fait une reprise de textes déjà lus ce qui est frustrant... Seul le premier chapitre est un inédit. A recommander donc uniquement à ceux qui n'ont pas encore eu la joie de lire ce grand homme!
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C'était mieux avant !

Michel Serres n'en finit pas de surfer sur l'éloge de la médiocrité ambiante - le vide intellectuel des jeunes dont la tête - c'est lui qui l'écrit - se trouve dans leur ordinateur ou leur tablette, si ce n'est leur téléphone portable , au bout de leurs pouces (cf. La Petite Poucette), et maintenant la négation du malheur contemporain sous prétexte que nous sommes sortis des guerres, de Staline, Hitler, Pol pot, etc. Quel aveuglement, voire quel cynisme ! Quelle grossière argumentation, digne du café du commerce. Les jeunes n'ont jamais autant craint l'avenir (cf. Miguel Benasayag et bcp d'autres psychiatres à ce sujet), les solidarités n'ont jamais été autant ruinées par la concurrence généralisée et l'accélération existentielle due au numérique (cf. Hartmut Rosa, et tant d'autres...), ... Après la seconde guerre mondiale, on sait l'appétit de reconstruire qui fut celui des hommes, la foi dans l'avenir des soixante-huitards (qui ont mal tourné, d'ailleurs), ... La liste serait interminable de ce que Serres fait mine d'ignorer et que, heureusement, de vrais penseurs nous mettent sous les yeux. Serres fut un bon philosophe dans les années 60-70, il est triste de le voir radoter, heureusement dans de cours textes destinés à la vente au kilo, sur des sujets qu'il ne maîtrise pas, ce du haut de sa chaire hors-sol de Stanford (l'une des universités les plus riches du monde). Il me fait penser à ces personnes âgées qui veulent jouer les "jeunes dans leur tête" en faisant l'éloge à tout-va du numérique contre ses critiques informés, alors qu'elles sont incapables d'ouvrir la pièce jointe d'un email...

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Temps des crises

Dense, poétique, visionnaire



Dense : c’est le premier qualificatif que m’évoque ce tout petit livre de Michel Serres. Les 79 pages ne pourront être parcourues à toute vitesse, au risque de passer totalement à côté du propos.



Poétique : la langue est magnifique, riche, complexe : c’est du lourd! C’est ce qui en fait aussi la difficulté. Les concepts et idées nécessitent la création de néologismes qui ont du sens mais soumettent le lecteur à une gymnastique linguistique et intellectuelle, qui, à mon avis mérite d’être pratiquée. Complexe également la construction des phrases, nécessitant souvent une relecture pour que le sens apparaisse. C’est tout à fait jouable sur un texte aussi court (et lorsqu’on s’attaque à un Michel Serres plus prolixe, la petite musique de ce style particulier se fait coutumière et atténue les aspérités de ce chemin de lecture).



Visionnaire : le propos est ici de montrer que les manifestations d’un malaise mondial, que ce soit sur le plan financier ou social, ne sont que des symptômes émergents d’un bouleversement annonçant une nouvelle ère de l’histoire de l’humanité. La crise résulte du fait que les profondes modifications de nos modes de communication, de l’agriculture, de la gestion des conflits entre nations entre autre ne sont pas en adéquation avec l’immuabilité de nos institutions. De nouveaux schémas de gestion doivent être inventés pour sortir l’humanité de cette ornière


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