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EAN : 9782746507791
192 pages
Le Pommier (06/10/2014)
4.07/5   7 notes
Résumé :
Comment voit-on ? Qu'est-ce que voir ? Être vu ? Quelles performances de vision peut-on rencontrer dans la nature ? Et jusqu'où l'homme pourra-t-il « voir » le monde ? Dans ce livre magnifique, Michel Serres explore, à la façon de variations, les capacités des yeux, de tous les yeux : Voir et être vu, Yeux de pierres, Yeux de bêtes, Yeux de verre, Yeux de mer, Yeux de lettres, Yeux de mère ou Feu d'Yeux, feu de Dieu. Il interroge le regard du peintre, comment il voi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Je connaissais évidemment de nom Michel Serres, philosophe, historien des sciences, académicien, bref un type qui a plein de choses brillantes et passionnantes à nous dire, mais c'est par l'intermédiaire de son nouvel ouvrage : Yeux (éditions le Pommier, paru en octobre dernier )que j'ai fait vraiment connaissance avec lui et sa pensée, érudite, mais assez étonnante si on s'accroche un peu à ce qu'il veut nous faire comprendre.
Dans cet ouvrage, Serres développe une contradiction de la « vision », de la représentation, dans l'espace du voir, du vu et de l'invu. Il y interroge tous les regards, dans notre société qui pense tout voir et avoir tout vu !

Michel Serres explore, à la façon de variations, les capacités des yeux, de tous les yeux : Voir et être vu, Yeux de pierres, Yeux de bêtes, Yeux de verre, Yeux de mer, Yeux de lettres, Yeux de mère ou Feu d'Yeux, feu de Dieu.
Il interroge le regard du peintre, comment il voit ce qu'il peint, comment il est vu par le spectateur. Comment regarde-t-on la nature ? Comment regarde-t-on une oeuvre, statique, mouvante… Il oppose la nuit et le jour pour nous montrer que la lumière naît… de la nuit. Il nous emmène visiter les lieux les plus anciens, comme Lascaux, avec les moyens les plus contemporains de la technologie… Et nous fait enfin réfléchir sur ce que nos yeux disent de la force de notre amour.
Serres met en filigrane des variations, les mille et unes facettes par lesquelles les artistes, la nature, les animaux, les minéraux, le Cosmos, sont représentés et s'entrecroisent. S'interrogeant sur l'extériorité du regard, l'ambiguïté de la notion de la vision, Serres exige que ces images reflétées nous soient « révélées ».

Cette expérience cathartique et symbolique rend compte à la manière d'une cartographie poétique, une philosophie des images dans son rapport au savoir, une ascension des idées vers l'Unité. Difficile d'accès mais passionnant et extrêmement enrichissant spirituellement parlant!!

Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Dans ce beau livre (livre d'art, livre cadeau, où, naturellement, l'image compte autant que le texte), Michel Serres se laisse aller à toute une série de variations poético-philosophiques sur le thème de la vision.
Partant de l'expérience esthétique du regardeur regardé — par exemple devant le fascinant Autoportrait au feutre gris de Vincent van Gogh, où le peintre-modèle scrute au fond des yeux, de manière si troublante, le spectateur qui le regarde —, l'auteur (qui, à la fois, témoigne, analyse et se raconte) remet en question le privilège exclusif du point de vue humain sur le monde. Il diversifie et relativise au contraire les points de vue : non seulement en faisant droit aux visions différentes, celles des différentes espèces animales et même vivantes, mais en étendant, plus ou moins métaphoriquement, le pouvoir des yeux aux quatre éléments, au firmament, à la matière, à la nature entière (« objets inanimés, avez-vous donc des yeux ? »). Peuplé ainsi d'yeux innombrables (des orbites et trous noirs de l'espace à l'oeil des cyclones et des tourbillons aquatiques, de l'éclat des astres à celui des minerais, des pupilles et rétines des espèces de toutes sortes aux lentilles, aux miroirs et aux oculaires des lacs et des glaces, du ciel et de la nuit constellés aux feuillages et aux plumages ocellés…) le monde devient véritablement « panoptique » ; tout y est visible et voyant à la fois. Tout y devient donc « visage » (voyant/vu) et « visite » (venir voir/se faire voir). S'y dessine en effet un réseau serré et complexe de rayons, au long desquels la lumière circule en incessants allers-retours, dialectiques et réflexifs, transformant tour à tour les points qu'elle relie en émetteurs et récepteurs de lumière, en sources et cibles de vision, en sujets et objets de savoir (encore un avatar du voir alors même qu'il ne serait plus visible que pour l'oeil de l'esprit ?). Bref, « des yeux par myriades », comme résume Michel Serres… Et de même que toutes les couleurs, s'additionnant, se fondent en une seule, d'un blanc pur et laiteux (l'Arlequin bariolé se métamorphosant alors en Pierrot lunaire), de même toutes ces visions de l'univers finissent par s'unifier en une seule vision, transfigurante et mystique comme une aurore boréale, dans laquelle l'auteur semble lui-même, dans le dernier chapitre et sous références chrétiennes, mystérieusement happé. Comme l'est le héros de ce conte qu'il invoque en « signature » (et probablement en ultime confidence) à la dernière double page de l'ouvrage : « happé par ce puits d'attraction »… vertigineux comme le trou noir de la mort qui, sur l'illustration placée en regard, emporte dans un tourbillon les dernières couleurs de la vie… mais vers quoi ?
Hommage à la belle et charismatique personnalité de l'auteur, l'éditeur lui a visiblement donné carte blanche. Et celui-ci, naturellement, s'est fait plaisir : naviguant allègrement entre mythes, sciences, arts, religion et philosophie, reliant ainsi d'une traite tous les continents de la culture, surfant sur les images et les idées, les mots et les émotions, roulant dans la vague des phrases ou l'ondulation des sons et des rythmes… Au risque parfois — il faut le dire — de se caricaturer lui-même : de céder, par exemple, au démon du bon mot et à la griserie rhétorique, à la fantaisie des libres associations ou aux coquetteries de l'allusion et de la connivence. Mais le lecteur — sans être nécessairement dupe — se laisse aller volontiers au charme d'un tel voyage, plein d'imprévus et en si bonne compagnie, comme il se laisse aussi bousculer par tant d'érudition, moins tapageuse finalement que portée par une longue expérience, décantée, et volontiers créditée, du coup, d'une sagesse que, subjugué et intimidé, on suppose peut-être hors encore de sa propre portée.
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Avec ce très bel ouvrage, Michel Serres nous propose un décryptage ludique et passionnant des multiples manières de voir, dans toutes les sphères de la vie et de la science.
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Ballade poétique et philosophique, ou les tribulations d'un esprit libre au gré d'associations d'idées, de souvenirs, de prémonitions, de sentiments... comme dans un rêve en fait.
Oserais-je ? Oui, j'ose ! A lire les yeux fermés ;-)
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Laissez-moi voir le monde comme je crois que cet artiste le voit. Laissez-moi rêver qu’un peintre voit les choses comme je les vois et comme je suis vu par elles. Ainsi voudrais-je que ce livre, qui va parler de la vision, de la peinture et du monde, fonctionne lui-même comme une toile, c’est-à-dire comme un regard ; que ces pages captent, stockent, traitent, émettent la lumière, comme l’artiste et son tableau le font…! Et L’on vit l’artiste, incliné d’humilité, s’avancer à petits pas vers le tableau, s’avancer, s’avancer près de lui jusqu’à le toucher… pour, soudain, entrer dans le petit réduit et y disparaître, comme happé par ce puits d’attraction. Nul jamais ne le revit.
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Je crois qu'un lac, un saphir, qu'une pierre vulgaire, une portion de ciel, un sérac bleuâtre, que la mer au sourire innombrable, ce soleil jaune ou le visage chromatique des constellations, la robe striée d'un jaguar, le vol vif d'un colibri, que le corps nu de Vénus... me voient tout autant et parfois mieux que je ne sais les voir. Car ils reçoivent, stockent, traitent, émettent de la lumière ; brillent donc comme des yeux. Oui, laissez-moi rêver : comme la plupart des choses renvoient la lumière tout autant qu'elles la reçoivent, la piègent et la traitent, j'imagine qu'elles voient tout autant qu'elles sont vues. Je me crois, je me vois vu par elles.
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Comme Dieu, ubiquiste, occupe toutes les positions de l’espace… Lui seul détient cette vérité. Nous n’en pouvons saisir que des projections obliques. Nous nous limitons aux perspectives. Ainsi, tous les dessins du monde, tous les portraits, tous les tableaux ne montrent que des profils.
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On ne voit bien qu'avec le coeur. L'essentiel est invisible pour les yeux.
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Vidéo de Michel Serres
Dans un contexte social inédit et face à l'impossibilité de célébrer cette année la 40ème édition du festival, l'association Quai des Bulles, fidèle à son objectif premier de favoriser la création, développe de nouveaux projets pour continuer à promouvoir et valoriser le métier d'artiste et d'auteur de bande dessinée.
C'est pourquoi, nous publions "QDB" : une revue expérimentale, libre et éphémère. Conçue comme un laboratoire graphique, elle questionne avec curiosité le dessin et la multiplicité des démarches, le fond et la forme, bref, tout ce qui fait la base du métier d'artiste.
Le premier numéro invite douze auteurs à s'exprimer sur la thématique « L'Art inutile ! » : Alfred, Karine Bernadou, Florence Dupré la Tour, Joub, Laurent Lefeuvre, Emmanuel Lemaire, Anneclaire Macé, Claire Malary, Nylso, Eric Sagot et Zanzim.
Toutes et tous préoccupé.e.s par l'urgence sanitaire, la culture ne semble plus être un produit de première nécessité. Et pourtant… À ceux qui se posent la question de savoir si l'art est utile, nous souhaitons leur tendre cette revue QDB et leur répondre cette intemporelle citation de Michel Serres :
« A quoi bon vivre si nul jamais n'enchante le monde ? »
Retrouvez la revue en version papier, dans les lieux culturels de Bretagne, à partir du 15 décembre et dès maintenant dans les commerces de proximité de Saint-Malo et le pole culturel La Grande Passerelle.
En numérique : https://bit.ly/3orU8z8
+ Lire la suite
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Certains les nomment génération Y ou "digital natives", les jeunes, (nouvelles ?), générations nous battent à plate couture devant un écran. Moi j'ai préféré les désigner sous le terme générique de ........?........

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