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Critiques de Miguel Angel Hernandez (8)
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Vingt ans plus tard

"Il y a vingt ans, la veille de Noël, mon meilleur ami a tué sa sœur et s’est jeté dans un ravin.",Ainsi débute le dernier livre sorti en France de l'espagnol Miguel Angel Hernandez, l'auteur du brillantissime "Tentative d'évasion".



Il y a vingt ans, en effet, le meilleur ami de Nicolas, a tué sa grande sœur avant de se jeter dans un ravin. Dans le village où ils habitaient, personne n’a pu expliquer ce crime, l’assassin était un jeune homme sans histoire, calme et réservé.



Vingt ans après les faits, Miguel Angel Hernandez qui se met lui même en scène, se plonge et plonge son lecteur dans une sorte d' enquête très personnelle au coeur de l'intime.



Il faut dire que des années durant, le narrateur a préféré éviter de revenir sur l’événement qui traumatisa un village dans son ensemble



Vingt ans durant lesquels le narrateur s’est éloigné de ses origines, tant géographiques que sociales, devenant un historien de l’art et un écrivain reconnu



Comme il le reconnait lui même, c'est en revenant sur ses terres qu'il voulait oublier qu'il affirme encore plus son statut : "Je voulais être écrivain pour échapper au Verger. Mais en fin de compte, je suis devenu écrivain en y retournant »,



Vingt ans plus tard, c'est une enquête judiciaire doublée d'une réflexion sur la mémoire et les enjeux de la littérature entre le travail littéraire d'un ’Emmanuel Carrère, ou d'un Javier Cercas.



Miguel Angel Hernandez se retrouve à enquêter sur une affaire qui le touche au plus près de lui, où tous les témoins sont des proches



Cette enquête est pour lui un crève cœur permanent tant il oscille entre l’envie d’en savoir plus et la peur de ce qu’il pourrait découvrir sur ce garçon pour lequel il semble éprouver encore pas mal d'affection. Plus qu’une enquête sur une trégédie familiale finalement assez inexplicable, Miguel Angel Hernandez livre une profonde et parfois amère réflexion sur la mémoire et sur les abimes de la création littéraire, n'hésitant pas s’interroger sur son propre statut et sur la place de l’écrivain dans sa création.



Un grand livre introspectif et intelligent, qui tranche avec la grande majorité des polars présentés lors du prochain Quais du Polar.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Vingt ans plus tard

C’est dans un petit village de la banlieue de Murcie (Espagne) que s’est noué le drame qui hanta durablement la vie de Miguel Ángel Hernández. Dans leur jeunesse insouciante et sans indices avant-coureurs, son meilleur ami tua sa propre sœur avant de se suicider.

Vingt ans plus tard, le romancier décide d’écrire un roman sur cet évènement incompréhensible et totalement destructeur. En revenant chez lui il retrouve un milieu oppressant et intrusif, il replonge dans son enfance dominée par la religion et les implacables notions de culpabilité, de péché et de remords qui résistent au temps.

C’est tout ce processus d’écriture, de recherches, de rencontres avec les témoins qu’il nous relate dans ce roman/document très troublant mais passionnant.
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Tentative d'évasion

Premier roman commis par un critique d'art qui connaît son sujet sur le bout des doigts, Tentative d’évasion est un livre brillant. Provocant, violent et cru. Mais terriblement intelligent. Il m’a même permis de comprendre deux ou trois choses sur l’art conceptuel et notamment pourquoi les installations et autres œuvres contemporaines me semblent si éloignées de ma conception de l’art. Il nous pousse dans nos retranchements et nous force à interroger notre rapport à l’art. Jusqu’où peut-on aller au nom de l’art ? Une performance artistique peut-elle tout justifier ? L’art est-il de l’art ou voulons-nous juste croire que c’est de l’art ? Vous l’aurez compris, ça questionne sec, ça travaille sans relâche au niveau des petits neurones, tout ceci avec une fluidité et une clarté dans le discours qui rend l’ensemble parfaitement accessible aux néophytes comme moi.



Un petit mot sur l’histoire, sans trop la déflorer. Marcos, professeur et critique d’art se trouve face à une installation du célèbre Jacobo Montes, Tentative d’évasion, exposée à Paris au Centre Georges Pompidou. Des années plus tôt, Marcos alors étudiant a été l’assistant de Montes lorsqu’il a conçu cette œuvre. Aussitôt, les souvenirs resurgissent de cette époque où Marcos, entre fascination et répulsion a été entraîné au cœur même du processus de création de l’artiste à la réputation sulfureuse. Une expérience dont il n’est pas sorti indemne (et ce sera la même chose pour le lecteur).



Mais peut-on se fier aux apparences ? L’artiste ne joue-t-il pas avec la réalité ? Ne voyons-nous pas seulement ce que nous voulons voir ? Avec une maîtrise impressionnante, l’auteur prend son lecteur dans une sorte de toile d’araignée tissée avec des fils qui changent d’aspect à chaque fois que l’on pense s’être enfin fait un avis, ou avoir trouvé la bonne distance. Nous sommes bien dans le règne de l’illusion.



Si « l’art est une forme d’expérience », si « l’artiste fait toujours semblant », si ce même artiste ne fait qu’empiler les métaphores alors pas de doute, ce Tentative d’évasion est une véritable œuvre d’art. Qui se lit en plus comme un thriller. Très fort !
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Tentative d'évasion

Etonnant livre que celui-ci, qui s’interroge sur la création et son rapport au réel en se jouant des codes de la fiction.

L’art contemporain est au centre de ce roman; son héros, Marcos, est un jeune étudiant espagnol en histoire de l’art qui va se trouver au contact de Jacobo Montes, un artiste renommé à l’aura sulfureuse.

Lorsque s’ouvre le livre, Marcos se trouve à Beaubourg, devant une œuvre de Montes à laquelle il a contribué plusieurs années auparavant. Terriblement énigmatique, cette installation le replonge dans les affres qu’il avait alors connues. Elle supposait en effet la participation volontaire d’un individu choisi parmi les êtres les plus démunis et les plus fragilisés de la société : les immigrés clandestins. L’artiste «engagé» prétendait mettre en lumière l’absence de limite à ce que l’on est réduit à accepter pour survivre.

Montes demanda alors à un clandestin de s’enfermer dans une caisse pendant une semaine, sans rien à boire ni à manger, avec un orifice juste assez grand pour ne pas le priver d’oxygène, mais suffisamment étroit pour provoquer inconfort et malaise. Bien entendu, il ne sera pas autorisé à sortir pour faire ses besoins...

Chaque jour d’enfermement permettra au jeune homme d’empocher une somme de plus en plus importante, jusqu’à toucher le « jackpot » de 6 000 euros, au terme d’une semaine de cet avilissement volontaire. Le tout étant en permanence filmé.

Si Marcos est d’abord flatté d’avoir été choisi pour assister l’artiste, il est saisi d’effroi devant les conditions de la réalisation de l’œuvre. Au final, le dispositif imaginé par l’artiste suggère inévitablement à l’observateur que le jeune homme a perdu la vie dans l’acceptation de cet intolérable marché. Qu’en est-il vraiment ? Cette question ne cessera de tarauder Marcos, tandis que Montes pose une autre question : quelle différence entre la proposition qu’il a faite au jeune clandestin - accepter des conditions inhumaines et précaires contre de l’argent, et celles qui lui sont faites dans «la vraie vie» ?



Ce que l’on perçoit et le raisonnement qui en découle ont-ils force de vérité ? L’art est-il un miroir de la société ? A-t-il pour vocation de reproduire le réel ? Ou bien produit-il du réel ? L’art est-il et doit-il être moral ? L’évolution ultime de l’art conceptuel peut-il mener à la disparition de l’œuvre, sa concrétisation devenant une formalité superfétatoire ? Et au bout du compte, quel est le rapport entre l’art et la vie réelle ? Telles sont les passionnantes questions que soulève ce roman.



Mais là où elles prennent toute leur saveur et où le trouble saisit vraiment le lecteur, c’est lorsque Marcos, cherchant à analyser cette expérience, renonce à écrire un essai qui serait pourtant le prolongement logique de son parcours d’étudiant, pour envisager d’écrire un roman, seul moyen selon lui de prendre le recul nécessaire pour appréhender ce qu’il a vécu. Le narrateur, par un effet de réflexivité, endosse alors le rôle d’auteur, celui du livre que nous sommes précisément en train de lire...

Lorsqu’on sait que Miguel Angel Hernandez est lui-même un jeune critique d’art et professeur d’art contemporain, le trouble ne fait que s’accroître : quel lien entre lui-même et le narrateur de la fiction que nous tenons entre les mains ? Où commence la création artistique ? Où se place la frontière entre fiction et réalité ? L’effet est tout à fait jubilatoire.

Je ne vous révélerai rien des remerciements placés, de manière très classique, au terme de l’ouvrage. Mais sachez qu’ils revêtent un intérêt inhabituel !



En nous plongeant dans l’univers hermétique et dérangeant des performances artistiques et en jouant avec son lecteur, Hernandez nous fait vivre une expérience tout à fait déconcertante qui fait de ce roman une sorte de performance littéraire. J’ai adoré !


Lien : http://delphine-olympe.blogs..
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Vingt ans plus tard

Dans la nuit de Noël, Nicolàs âgé de 18 ans tue sa sœur aînée Rosi puis se suicide en se jetant dans un ravin. Vingt ans plus tard, son meilleur ami, devenu universitaire et écrivain, se souvient. Que s’est-il passé réellement cette nuit-là ? Après une amnésie de plus de 20 ans, l’auteur se tourne vers son passé pour tenter de comprendre pourquoi l’ami de son enfance a commis cet horrible meurtre. Alternant la reconstitution du passé et la progression de son enquête, l’auteur nous fait partager ses questionnements, ses peurs et ses doutes quant à la légitimité d’écrire sur ce crime sanglant. Progressivement, il se rend compte que la question du pourquoi importe peu. C’est finalement le processus libératoire de l’écriture qui permet à l’écrivain de mettre des mots sur ce qu’il a vécu, adolescent, et qu’il avait occulté pendant plus de vingt ans. Puis il prend conscience que dans la reconstitution des évènements, Nicolàs a éclipsé la victime, que Rosi n’a pas d’identité propre. Toute l’enquête s’est focalisée sur le meurtrier laissant dans l’ombre cette jeune fille arrachée à la vie d’une façon dramatique. L’auteur s’attache à rendre un visage à Rosi et ce faisant, il passe au-delà des apparences, là où tout n’est que souffrance : celle de la famille et des amies qui n’en finissent pas de vivre avec cette violence qui leur arraché un être cher. Peut-on aimer sans pardonner se demande l’auteur.

Renonçant à consulter le dossier judiciaire, il met fin à son enquête et laisse partir les fantômes du passé, là où ils appartiennent, dans ce Verger de Murcie où les citronniers continuent de fleurir et d’embaumer l’air du soir.

Roman méditatif, Vingt ans plus tard est un travail sur la mémoire et l’impossibilité de faire revivre le passé. « Les mots échouent toujours, l’écriture n’arrive jamais au fond des choses ».



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Tentative d'évasion

Un roman étonnant qui raconte l'histoire d'un "grand" artiste, assisté par un étudiant. L'artiste veut montrer que la société ne voit pas ce qu'il se passe juste devant son nez, mais au fil des pages on se rends compte que l"artiste" ne montre pas plus, et en profite bien. Et l'étudiant se trouve mal dans sa tête, se pose, comme nous, beaucoup de questions sur le rôle et la place de l'art dans la société.

Un très bon livre, on a du mal à le poser, même si au début je me suis demandé s'il allait me plaire. Je vous ai donné la réponse.
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Vingt ans plus tard

Il y a vingt ans, la veille de Noël, mon meilleur ami a tué sa soeur et s’est jeté dans un ravin.



Des années durant, le narrateur a préféré éviter de revenir sur l’événement qui traumatisa tout un village et dont la presse régionale se fit l’écho. Vingt ans durant lesquels le narrateur s’est éloigné de ses origines, tant géographiques que sociales, devenant un historien de l’art et un écrivain reconnu. Vingt ans au terme desquels ce terrible épisode revenait le hanter et faire la matière d’un nouveau livre.



Celui-ci mettra pourtant longtemps à voir le jour. Avoir accès aux archives judiciaires, renouer avec les proches des protagonistes, mais surtout faire face à son propre effroi, à ses propres questionnements sur son ami le plus proche, il y a là tout un cheminement dont l’auteur ne néglige aucun détail.



Mais surtout, au fil de l’écriture, la question centrale connaît un déplacement, et là se situe sans doute le véritable coeur du récit. S’agit-il vraiment de mettre le doigt sur les raisons qui conduisirent un jeune homme au crime et au suicide ? Sur une vérité à tout jamais inaccessible ? Ou s’agit-il plutôt de mettre au clair des sentiments ambivalents et contradictoires ? D’éclairer chez l’auteur une douloureuse zone d’ombre ?



Plus qu’une enquête sur un drame familial, Miguel Angel Hernandez nous entraîne dans une intéressante réflexion sur la mémoire et sur l’écriture, et lève le voile sur les errements et les vertiges présidant à la création littéraire.



Peut-être ce récit n’est-il pas aussi brillant que l’étourdissante Tentative d’évasion à laquelle l'auteur espagnol nous avait invités voici quelques années, mais en s’inscrivant explicitement dans la veine d’un Javier Cercas, d’une Delphine de Vigan ou d’un Emmanuel Carrère, il explore les méandres d’une littérature s’interrogeant sur son propre statut et sur la place de l’écrivain dans sa création. Et ça, personnellement, ça m’intéresse toujours !




Lien : https://delphine-olympe.blog..
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Vingt ans plus tard

En racontant son retour sur les lieux d’un crime, le romancier espagnol signe un texte autobiographique magnifique plein de douleur et de questions irrésolues.
Lien : https://www.lesinrocks.com/l..
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