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Citations de Mikella Nicol (60)


Allen-Collinson relate une course de soir où elle s'est sentie menacée, alors qu'un pick-up duquel émanaient des voix masculines a soudainement bifurqué pour rouler dans sa direction à travers les champs. Tandis que le véhicule approchait, son corps s'est crispé, sa cadence et le rythme de son cœur s'accélérant. Elle s'est mise à courir en zigzags. Jusqu'à ce qu'elle comprenne que le camion ne la poursuivait pas, mais suivait sa propre route. Ses réponses phy-siologiques et stratégiques avaient été les mêmes que si elle avait véritablement été pourchassée, car elle ne pouvait oublier vingt-quatre années de situations similaires. Une fois le camion disparu, il n'est resté que le sentiment d'avoir été ridicule.
(P. 108)
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Le discours du fitness, qui promet santé et accomplissement personnel, présente cet entraînement comme une préparation aux difficultés de la vie. Or il ne prépare à rien, puisqu'il nous maintient dans un état d'insatisfaction à propos de notre apparence. Il serait une source de dépas-sement, mais qui conditionne à se soumettre à l'examen des regards. À un long affinage qui fera de nous l'objet passif d'une contemplation. Dans un article, la professeure Moira Howes affirme que les valeurs du fitness, appliquées à l'exercice physique, sont à l'opposé du concept d'aventure. Le sport d'aventure, dont le plus accessible reste sans doute la randonnée, serait plus susceptible de procurer des bienfaits personnels et permettrait de cultiver certaines vertus, dont le courage et la persévérance. À côté, Pidéologie du fitness, axée sur un « bien externe'» (amé-liorer son apparence physique), paraît bien terne.
(P. 106)
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Dans son analyse féministe de la course à pied, Jacquelyn Allen-Collinson, sociologue et coureuse britannique, ne peut dissocier la pratique de son sport du harcèlement verbal et physique venant d'hommes et d'adolescents. Cette violence serait inherenteà l'expérience de la course chez les femmes :
«[C]ourir dans un espace public est [...] profondément et structurellement influencé par ma difficulté, en tant que femme, à ce qu'on me garantisse "un droit incontestable" d’occuper cet espace.
(P. 107)
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Jeté en pâture aux autres, mon corps m'est inconnu. Je lui cherche une objectivité, mais il ne peut y en avoir, puisque la beauté réside dans le regard de celui qui regarde. Et j'oublie qu'il y a d'autres vérités du corps que la beauté ou la laideur, d'autres juges que ces étrangers.
(P. 84)
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Rapidement, « le féminisme » devient le sujet de la soirée, sans que je stoppe le train, […]
Le féminisme peut-il vraiment adopter les codes du capitalisme, et de manière si frontale? me demandent-ils. L'égalité des sexes, est-ce que ça consiste à prendre le pouvoir des mains des hommes?
[…]
Je pourrais céder à l'envie d'argumenter, mais c'est un piège. Nous sommes toutes tombées dedans.
(P. 77)
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J'ai grandi dans un monde où la transformation d'une femme était un événement public dont on devait se réjouir. […] Au terme de leur transformation, souvent subie et non choisie, les jeunes premières se ressemblaient toutes, façonnées selon les mêmes codes que, malgré moi, j'intégrais par ricochet.
(P. 67)
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Toute ma vie, j'ai accepté et poursuivi la mission de changer mon corps. J'ai pratiqué plusieurs sports, puis je me suis tournée vers la gym, jusqu'à découvrir finalement les séances d'entraînement gratuites sur internet. Au bout du compte, j'ai affiné et musclé ma silhouette, mais est-ce que la pulsion de me modifier ne demeurait pas pour autant ? Quand on est déjà mince, que nous reste-t-il à améliorer, sinon chercher à devenir plus mince encore?
(P. 70)
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Parfois, je suis fatiguée de m'entretenir comme une plante, de couper ce qui dépasse pour que quelque chose de plus beau repousse. Parfois, je considère que l'entraînement n'aboutit à rien d'autre qu'à ma propre perte.
(P. 62)
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L'expression même, se mettre en forme, implique un éternel labeur, un chemin entre soi et soi au bout duquel le but ultime est sans cesse reporté. Et, bien que, dans les efforts consacrés à la quête du corps sublime, « il devienne démesurément gratifiant que vos progrès soient remarqués (un kilo perdu, un compliment au sujet de votre teint)», la ligne d'arrivée apparaît comme un perpétuel mirage. Il n'y a pas de fin ; on n'est jamais mise en forme. C'est un parcours dont les deux extrémités sont une défaite.
En littérature, on appelle un narrateur non fiable celui en qui le lectorat ne peut avoir tout à fait confiance. Le narrateur non fiable se contredit, exagère les faits, ment par omission; il manque de crédibilité. Dans sa version compromise de l'histoire racontée, les lectrices et les lecteurs sont laissés à eux-mêmes. En ce sens, on peut dire que les influenceuses du fitness sont des narratrices non fiables de l'acceptation de soi.
(P. 60)
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La philosophe des sciences Moira Howes souligne que les discours genrés propagés par l'idéologie du fitness compromettent les effets positifs indéniables de l'activité physique' en faisant appel à des motivations extrinsèques. La recherche du bikini body, par exemple, cette injonction misant sur l'insécurité des femmes, prétend qu'il existe un seul type de silhouette que l'on peut exhiber sans honte à la plage. Les hommes, eux, sont encouragés à acquérir de la force, à se montrer compétitifs. On les somme d'occuper plus de place (sous forme de muscles et non de gras). Or, un nombre croissant d'études démontrent que celles et ceux qui s'entraînent pour satisfaire les exigences reliées à leur genre sont davantage susceptibles d'abandonner la gym et de développer une dysmorphophobie, une dépression, des troubles alimentaires ou les trois.
(P. 57)
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Le fitness peut-il être chose qu'une armée de filles qui « entretiennent ces attentes patriarcales envers elles et les autres femmes» ?
C'est plus compliqué, évidemment. Quand on parle de minceur féminine comme d'un effacement de soi dans l'espace, on oublie qu'elle est d'abord une parure. Dans notre société, la minceur est aussi un moyen d'apparaître : un tour de magie qui imprime notre image dans les yeux des autres. Le point de disparition devient celui de l'apparition.
Dans cette optique, le fitness se transforme en un vecteur de pouvoir, ou plus précisément d'empowerment, de prise de pouvoir: « L'aérobie, la musculation et les saines habitudes alimentaires, par exemple, sont décrites comme des manières d'exercer ses choix, de commander, de contrôler et de maîtriser son corps et, conséquemment, de maîtriser sa vie?.» Malheureusement l'équation healthy-means-beautifull-means-thin] est rapidement posée, au détriment d'une véritable poursuite de la santé, puisque les entraîneuses font valoir sur leurs plateformes des comportements qui peuvent causer du tort, comme le surentraînement.
Pour faire court, la beauté est le vrai pouvoir.
(P. 54)
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Ensuite, elles nous vantent le fitness comme un outil infaillible pour atteindre la beauté. Même si on appelle le fitness l'« industrie du bien-être», non sans élégance, les buts vers lesquels il tend sont surtout esthétiques, concen-trés sur un résultat de transformation de l'apparence. Cette «beauté » s'atteint par le travail des muscles et par la diabolisation du gras. Néanmoins, la peur de devenir trop athlétique est souvent citée parmi les objections que les adeptes opposent aux entraînements intégrant de la musculation', car des muscles très visibles généreraient des complexes chez les femmes?. La minceur reste l'objectif principal. Pour ne pas compromettre l'aspect fragile que l'on associe à la féminité, la sportive marche en funambule sur le fil tendu entre une silhouette « ferme » et « trop définie ». Elle aspire à une force invisible.
(P. 52)
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Mes rires pour les maladresses, la douceur sur la nuque, les bagarres, l'orgasme, la tombée de la nuit. Mes rires de chagrin aussi. Ma façon de le toucher pour dire "je t'aime" ou pour dire "va-t'en", toucher l'épaule ou les paupières pour dire "je te crois". L'infiniment intime avec lequel il est parti. p.88
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Elle sortait dans les soirs en se demandant comment s'éteignent les flammes sur lesquelles on ne souffle pas. Elle le cherchait. Il lui semblait que si elle s'imposait à lui une dernière fois, elle rafraîchirait l'odeur du sapin dans sa mémoire. p.86
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Il était là. Il se tenait là, étranger. Je le sentais, dans mon dos, près de Chloé. Face à l'eau, mes yeux sont devenus humides. j'ai pensé courir me jeter dans le lac, ou prendre la barque et ne plus revenir.
Je me suis retournée. Il était là.
Il était venu m'emprisonner dans l'amour qui blesse.
Sa bouche articulerait des excuses floues, des excuses de pleine lune. Il déposerait la tempête contre mes os. p.43
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"Nous avons vécu le bonheur duquel on ne se relève pas."
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Dans ce monde, il fallait ressembler aux autres.
Chaque jour servait à construire le prochain.
Chaque corps servait à construire son propre corps.
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Chloé avait dû se construire un visage, chaque jour, chaque matin était consacré à bâtir une deuxième figure sur celle que l'on ne devait pas voir. Il lui fallait prendre son visage et en faire un joli mensonge.
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Dans la chambre, j'ai trouvé Clara en amas de brindilles. Elle m'a demandé de lui mettre le feu.
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Une petite honte me monte à la gorge: on nous a inculqué que chaque jour sert à construire le prochain, et moi je perds mon temps.
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