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Citations de Mikella Nicol (60)


Dans mes vidéos, l'espace d'entraînement est presque toujours blanc. Mais contrairement à celui de ma chambre, il ne s'agit pas d'un blanc de vide, mais bien de pureté.
En Occident, le blanc symbolise la paix, la sagesse, l'innocence, ou même le Divin. Il incarne le Soi supérieur qu'on peut atteindre en devenant une meilleure version de nous-mêmes. Le blanc, c'est le début. Rien n'est encore arrivé ou, au contraire, on a fait table rase pour mieux recommencer.
Après un cours avec Kelli, ma nouvelle chambre m'apparaît en comparaison encombrée, presque sale. Les objets m'agressent, je voudrais qu'il n'y en ait pas. Quand je m'entraîne, je me purifie. J'évacue mes saletés, mes toxines, je me vide de ma crasse d'humaine, pour tendre vers le blanc intérieur, immatériel, de la pureté qui m'est proposée.
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Je m’appelle Clara et je veux qu’on entende dans mon prénom les éclats de l’été, tombés sur le sol gelé. Que mon nom sonne comme un brise-glace dans la stérilité de l’hiver qui s’en vient.
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(p. 84)

Jeté en pâture aux autres, mon corps m'est inconnu. Je lui cherche une objectivité, mais il ne peut y en avoir, puisque la beauté réside dans le regard de celui qui regarde. Et j'oublie qu'il y a d'autres vérités du corps que la beauté ou la laideur , d'autres juges que ces étrangers.
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À I'instar de leur décor qui embellit avec les années, parfois même d'une vidéo à l'autre, les influenceuses se font toujours plus « belles». L'ensemble de leur mise en scène évolue, devient plus léchée et uniforme. Leurs chaines formant un système cohérent d'images, leur apparence ne peut échapper à la scénographie. Mes entraîneuses se ressemblent de plus en plus entre elles, comme les studios dans lesquels elles se meuvent. Et les discours d'acceptation de soi qu'elles profèrent tombent par conséquent en désuétude. Alors pourquoi je les écoute ?
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De même, pour nous, les femmes, la perspective d'être vues en train d'arborer un corps qui se laisse aller nous incite à le tenir en laisse, chacune dans l'usine de la maison ou de la gym : ''Il en résulte une production de corps dociles qui se surveillent, s'évaluent et se disciplinent eux-mêmes."
Page 86
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Je souffre, et pourtant mon corps continue à vivre sans moi.
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Quelques jours après la représentation, dans ma nouvelle chambre, j'ai choisi un entraînement de pilates sur internet. À quatre pattes au sol, en sueur, j'ai écouté l'instructrice me sommer d'«aimer la brûlure. La brûlure est votre amie* ». Me rappelant Marguerite Porete sur le bûcher, j'ai ri jaune. Est-ce que la brûlure était mon amie ?

*« [L]ove the burn. The burn is your friend. » 10-Minute Booty Shaping Work-out, Popsugar Fitness, sur YouTube (...)
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Deux choses restent à moi : la chambre et le corps. C'est dans l'une que je sculpte l'autre. Je le prépare dans ce lieu intime pour le livrer au monde une fois prêt. Une forme de structure m'encadre ici en tant que femme seule, qui ne peut plus se définir, qui erre. Je sais intuitivement que la mal-aimée, l'abandonnée, doit reprendre le contrôle de son apparence, puisque C'est sûrement dans son laisser-aller que s'est joué le désamour.
Cette faute que la société rejette sur les femnes en ca d'echec a même engendré un concept, le revenge boy. Apparemment, se venger par son corps veut dire l'amincir et le rattermir jusqu'à faire payer nos détracteurs par le désir ou la jalousie et, plus souvent, jusqu'à ce que notre ex regrette d'être parti ; c'est transformer « votre corps en couteau supersexy [qui] poignarde un ex ou la méchante de l'école secondaire ». En s'engageant à atteindre les standards de beauté, la femme délaissée redéploie son capital de séduction ; elle s'affine pour dévoiler son noyau, son cœur, pour que l'homme comprenne enfin ce qu'il a perdu.
Le concept s'est cristallisé dans la téléréalité Revenge Body With Khloé Kardashian, lancée en 2017. Khloé, qui a maigri et changé d'apparence de manière radicale à la suite de son divorce médiatisé en 2013, devient le symbole du corps vengeur.
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(p. 45-46)

En 2018, la plateforme YouTube répertoriait quelque neuf millions de chaînes actives sous le thème "santé et fitness". Les influenceurs se sont emparés du marché, rebaptise "industrie du bien-être". Plus que jamais, "s'entraîner, ce n'est pas que rester en forme : la frontière entre le fitness et le mouvement du sélf-help (ou la croissance personnelle, ou auto-aide) est devenue floue". Car, par le biais de ces activités, il est aussi de notre responsabilité d'entretenir notre santé mentale. Les vidéos que je consomme sont ponctuées d'interventions valorisant l'empathie envers mon corps, mes capacités. Le simple fait de m'engager dans l'activité de fitness est un pas dans la bonne direction, un accomplissement en soi; "rien qu'en étant ici aujourd'hui, vous avez déjà réussi", dit Amy. Le fitness serait le remède désigné pour guérir, parmi un ensemble de choix menant au mieux-être. [...] Dans une chambre blanche, pourtant toujours impure, je m'entraîne comme si j'allais sortir le mal de moi.
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Depuis mon adolescence, j'oscille entre deux instances structurantes : la recherche de ce qu'on m'a vendu comme la beauté, et la présence d'un homme. Quand j'obtiens cette dernière, je peux oublier la première, un peu. Est-ce que ma quête de la beauté n'est qu'un moyen d'accéder au couple, qui me permet enfin de me reposer? Je circule sur cet axe comme une bille sur un boulier, incapable d'imaginer d'autres voies.
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Je m'applique à parfaire mon corps comme si je le préparais pour le combat. Chaque muscle est une nouvelle arme dont je me dote. Chaque muscle est entraîné.Mais à quoi ? Je suis sculptée comme un objet, mais les objets ne peuvent pas se défendre. Personne ne les craint.
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ma peine de cœur avait ouvert mon ventre pour que les curieux puissent y voir grouiller la douleur
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J'aurais bien tracé mon portrait autrement qu'à travers mes amants, mais j'ignorais comment.
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Moi je suis venue une dernière fois contempler mes souvenirs comme on regarde de loin des enfants jouer dans un parc. Revoir la petite fille que j'ai été chatouiller l'herbe en regardant mon père scier des planches pour construire une balançoire. J'étais le centre du monde, quand ma mère m'amenait l'eau et m'apprenait à nager. Qu'est-ce qui a basculé pour que je doive porter le monde en mon centre?
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Ce n'était pas une peine romantique que j'avais, mais une peine-gastro, quotidienne, de laquelle on ne parle pas avec les autres, de même que la chiasse qui nous a gardés éveillés toute une nuit.
Page 66
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Au terme de leur transformation, souvent subie et non choisie, les jeunes premières se ressemblaient toutes, façonnées selon les mêmes codes que, malgré moi, j'intégrais par ricochet.
Page 68
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L'expression même, se mettre en forme, implique un éternel labeur, un chemin entre soi et soi au bout duquel le but ultime est sans cesse reporté. Et, bien que, dans les efforts consacrés à la quête du corps sublime, ''il devienne démesurément gratifiant que vos progrès soient remarqués (un kilo perdu, un compliment au sujet de votre teint)", la ligne d'arrivée apparaît comme un perpétuel mirage. Il n'y a pas de fin ; on n'est jamais mise en forme. (...)
Page 60
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Il me jette cette citation de Margaret Atwood au visage : " Les hommes ont peur que les femmes se moquent d'eux. Les femmes ont peur que les hommes les tuent." "Je ne sais plus qui a écrit ça", précise-t-il, mais moi, je le sais.
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Quand Chloé, mon amie, avait eu besoin de creuser ses sols pour retrouver un peu d’assurance, il y avait eu la forêt dénuée de préjugés pour l’accueillir.

Quand j’avais voulu crier les barrières érigées autour de mon cœur, qui avaient empêché l’homme que j’aimais de coller à moi, il y avait eu la lac pour adoucir ma voix.
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Je ne peux pas pardonner aux jours d'avoir retrouvé leur captivité. Nous avions réussi à fuir la séquence, mais on nous a prises par la nuque pour nous déposer dans le courant. La vie est redevenue une rivière triste qui charrie nos morceaux de banquise. Le temps n'a plus le droit de s'arrêter pour qu'on le regarde dans les yeux.
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